Louis-Michel Aury

Louis-Michel Aury, né à Paris le [1] et mort dans l'archipel de San Andrés, Providencia et Santa Catalina le , est un négrier[2] et corsaire français, issu d'une famille de la classe moyenne, ayant œuvré à l'indépendance de plusieurs pays d'Amérique latine, dont le Mexique.

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Après avoir servi dans la marine française et sur divers navires corsaires français, de 1802 à 1810, l'accumulation de ses butins lui a permis de devenir maître de ses propres navires.

En , il quitte la Guadeloupe, deux semaines avant qu'elle ne tombe aux mains des Anglais, et transporte 208 esclaves, sur le William jusqu'à Barataria, près de La Nouvelle-Orléans, tenue par le négrier et pirate Jean Lafitte. Trois hommes l'aident à repartir avec 108 esclaves et Jean Jannet, un ami de Jean Lafitte pour les revendre à Eugène Fortier, du Bayou Lafourche pour 17 000 dollars[3], mais il se fait arrêter un peu plus loin par la marine américaine qui lui confisque son navire[4].

On le retrouve en 1813 en Caroline du Nord, centre d’affaires dynamique qui attire nombre de jeunes immigrants pressés de faire fortune. Il a alors 25 ans et pendant quelques années, ses aventures plus ou moins légales, comme le trafic d'esclaves, lui permettent d’accumuler assez d’argent pour acheter son propre bateau et se lancer à son compte avec des lettres de marque vénézuéliennes pour attaquer les navires espagnols. Il a ensuite été commissionné comme commodore dans la marine de la Nouvelle-Grenade (aujourd'hui la Colombie), à des frais personnels considérables, en a dirigé le blocus espagnol et a évacué des centaines de personnes dans ses navires de la ville forteresse assiégée de Carthagène des Indes (Colombie) à Haïti. En Haïti, Aury s'est opposé à Simón Bolívar, qui souhaitait devenir le commandement unique des forces révolutionnaires, après l'avoir dans un premier temps aidé à constituer une force militaire contre l'Empire espagnol.

En 1815, il se met au service d'un groupe d'associés de La Nouvelle-Orléans qui projettent une attaque des rebelles mexicains sur la côte du Texas et contre les ports royalistes, dans le cadre de la révolte mexicaine contre l'Espagne. Il installe alors sa base sur l'île de Galveston où il sera chassé en 1817 par le pirate et trafiquant d'esclaves français Jean Lafitte. Il abandonne alors le Texas, pour collaborer avec Gregor MacGregor, aventurier écossais dans la campagne de libération de la Floride, alors espagnole, et progressivement reprise par les Américains à partir de 1810. Il s'installe ainsi comme négrier à Amelia Island, à la frontière de la Floride espagnole[2]. Le « scandale de l'île d'Amélia » est à l'origine d'une loi votée à l'initiative du président américain James Monroe, en 1818, peu après son arrivée à Amélia, qui offre une récompense aux esclaves ou aux associés de négriers donnant des informations permettant de faire saisir des navires. La vente issue de la saisie est partagée en deux, la moitié pour l'informateur et l'autre pour l'État[5].

Avec les commerçants de Kingston, Benoît Chassériau et Jean-Baptiste Pavageau et l’armateur corsaire Jean-Baptiste de Novion, Aury avait imaginé en 1820 conquérir Panama alors une possession de l’Espagne. Ce projet visait à donner à la France le moyen de renforcer et sécuriser son commerce dans cette région du monde. Consulté officieusement, le ministre de la Marine et des Colonies, Pierre-Barthélémy Portal, déclina leur offre audacieuse [6].

Devenu ensuite corsaire sous patente argentine, il a hissé le drapeau bleu et blanc de Buenos Aires dans l’île de Providence (aujourd’hui colombienne) et sur les nombreux navires de son armada durant trois années, faisant face au régime des Bourbons, avant de mourir en 1821 à l'âge de 35 ans dans l'archipel de San Andrés, Providencia et Santa Catalina.

Bibliographie

  • Une autre 'affaire de Panama' ou le projet de conquête de quatre Français en 1820 (Louis-Michel Aury, Benoît Chassériau, Jean Pavageau and Jean-Baptiste de Novion), par Jean-Baptiste Nouvion, Revue d'histoire diplomatique, Paris, Éditions A. Pedone, no 2, 2019 pp. 159–174
  • Jean-Baptiste Nouvion, Patrick Puigmal (préface), L'ami des Colombiens, Benoît Chassériau (1780-1844), Paris, LAC Editions, 2018 sur Google Livres (ISBN 978-2-9565297-0-5)[7]
  • Rebel without a Cause : The adventure of Louis Aury, by Robert C. Vogel, Laffite Society Chronicles, VIII,
  • Vida de Luis Aury : corsario de Buenos Aires en las luchas por la independencia de Colombia y Centroamérica, par Carlos A. Ferro, Tegucigalpa : Departamento de Relaciones Públicas de la Jefatura de Estado, 1973
  • La Presencia de Luis Aury en Centro América, par Héctor Humberto Samayoa Guevara, Guatemala, 1965

Références

  1. Paris, État civil reconstitué, vue 65/101.
  2. "The Slave Trade: The Story of the Atlantic Slave Trade: 1440-1870", par Hugh Thomas, page 614
  3. William C. Davis, The Pirates Laffite, The Treacherous World of the Corsairs of the Gulf
  4. William C. Davis, The Pirates Laffite: The Treacherous World of the Corsairs of the Gulf, p. 59.
  5. "The Slave Trade: The Story of the Atlantic Slave Trade: 1440-1870", par Hugh Thomas, page 616
  6. [Une autre 'affaire de Panama' ou le projet de conquête de quatre Français en 1820 (Louis-Michel Aury, Benoît Chassériau, Jean Pavageau and Jean-Baptiste de Novion), par Jean-Baptiste Nouvion, Revue d'histoire diplomatique, Paris, Éditions A. Pedone, no 2, 2019 pp. 159–174
  7. Notice biographique Le Figaro - Evene - Jean-Baptiste Nouvion

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