Louis-Isaac Lemaistre de Sacy

Louis-Isaac Lemaistre (ou Lemaître), sieur de Sacy (né à Paris le , mort au château de Pomponne le ), prêtre proche de Port-Royal, est un théologien, bibliste et humaniste français. Il est surtout connu par sa traduction de la Bible, la plus répandue au XVIIIe siècle, dite aussi « Bible de Port-Royal ».

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Repères biographiques

Louis-Isaac Lemaître de Sacy est l'un des cinq fils du huguenot Isaac Le Maistre (mort en 1640) et de Catherine Arnauld, l'une des sœurs d'Angélique Arnauld. Lorsqu'en 1638 ses frères aînés Antoine et Simon renoncent à leurs carrières pour se retirer à Port-Royal, Louis-Isaac les rejoint pour s'occuper d'éducation.

Il publie en 1650 un recueil de prières, les Heures de Port-Royal où il traduit, sous le pseudonyme de J. Dumont[2], les hymnes liturgiques, ouvrage qui connaît un grand succès. On lui doit également, en 1662, sous le pseudonyme de Sieur de Beuil, prieur de Saint Val, une traduction de L'imitation de Jésus-Christ

Mais les persécutions frappent Port-Royal depuis 1654 (voir Jansénisme). Sacy est emprisonné à la Bastille le et il y restera jusqu'au [3],[4]. Il profite de ces loisirs cloîtrés pour achever la traduction de l'Ancien Testament commencée par son frère Antoine à partir de la Vulgate, et devient ainsi le maître d'œuvre d'une traduction en langue française de la Bible, dite "Bible du Port-Royal" ou "Bible de Sacy". Après sa libération, Louis-Isaac consacre une grande partie de son temps à la révision de sa traduction et à la rédaction des Commentaires dont il veut accompagner chacun des livres de la Bible.

De 1672 à 1684, date de sa mort, Louis-Isaac Lemaistre de Sacy publie dix livres supplémentaires de la Bible. Utilisant les manuscrits laissés par de Sacy, son disciple, Pierre Thomas du Fossé (1634-1698) poursuivra cette tâche[5], et en entreprendra la publication, étalée entre 1685 et 1693.

En 1696, paraît en 32 volumes La Sainte Bible contenant l'Ancien et le Nouveau Testament.

Une Bible en français

Page de titre du Nouveau Testament publié par Louis-Isaac Lemaistre de Sacy en 1667.

Les premières versions de la Bible en français sont de longs romans en vers tels le poème anglo-normand sur la Bible, ou la Bible de Macé de La Charité. La première version française de la bible en prose sans glose remonte au XIIe siècle et fut faite par Pierre de Vaux, chef des Vaudois : il ne resterait qu'un seul exemplaire de La Noble Leçon. Ensuite il eut celle de Guyart des Moulins, composée sur la fin du XIIIe siècle et imprimée en 1488:

Puis celle de René Benoît, publiée à Paris en 1566, avec des notes marginales mais qui fut censurée comme contenant certaines "hérésies" de Calvin.

La traduction de Le Maistre de Sacy est beaucoup plus connue que les précédentes et a été beaucoup reproduite. Ce fut vraiment la première traduction de la Bible accessible au grand public qui ne connaissait pas le latin.

L'initiative de la traduction de la Vulgate, que sont les quatre Évangiles et de l'Apocalypse, vient du frère de Louis-Isaac l'avocat Antoine Le Maistre (1608-1658). Mais cette traduction ne lui convenait pas.

À la mort de son frère (1658), Louis-Isaac entreprend donc avec ses amis de Port-Royal, tels que Blaise Pascal, Robert Arnauld d'Andilly, Pierre Nicole, Pierre Thomas du Fossé et autres, sa révision et la complète avec les autres livres contenant des textes en grec dans le Nouveau Testament. Cette nouvelle traduction sera publiée, sans nom d'auteur[6], à Mons en 1667. Elle prendra le nom de "Nouveau Testament de Mons".

Elle se présente sous forme de 2 volumes in-octavo, « avec des explications du sens littéral et du sens spirituel, tirées des Saints Pères », et plusieurs exemplaires sont offerts à des personnalités en vue de l'aristocratie[7]. Une nouvelle version, corrigée par Beaubrun, sera publiée à Paris en 1717 en 3 volumes in-folio, avec un quatrième volume contenant les livres apocryphes de l'Ancien Testament, les écrits des temps apostoliques, les préfaces de Saint-Jérôme et des dissertations sur différentes matières bibliques.

Beaucoup de traductions dans le siècle qui suivit ne furent en fait que des reprises de la traduction de Le Maistre de Sacy[réf. nécessaire].

Caractères de la Bible de Sacy

Portrait de Lemaistre de Sacy d'après Philippe de Champaigne.

Certains théologiens reprochent à la traduction de Lemaistre de Sacy de s'écarter parfois de la lettre sans motif apparent. D'autres la considèrent comme sobre et élégante. Quant aux explications, on leur reprocha à l'époque de trop favoriser les thèses de Jansénius.

La Bible de Port-Royal a été élaborée à la suite des travaux en logique effectués par l'abbaye de Port-Royal à Paris (voir Logique de Port-Royal). Cette logique a voulu s’appuyer sur les mathématiques dont elle pensait pouvoir transposer le modèle dans les autres domaines du savoir et de l’exercice de la raison, comme aussi sur le terrain de la formation syntaxique et grammaticale des énoncés du langage, proposant ainsi un idéal de langage rationnel qui voulait concilier l’esprit de finesse et l’esprit de géométrie soit le discours par excellence.

Œuvres

  • La Vie de Dom Barthélemy des martyrs, religieux de l'ordre de S. Dominique, archevesque de Brague en Portugal. : Tirée de son histoire écrite en espagnol et en portugais par cinq auteurs, dont le premier est le Père Louis de Grenade. Avec son esprit et ses sentiments pris de ses propores escrits. Nouvelle édition., Paris, Pierre Le Petit, (lire en ligne)
  • Sieur de Royaumont, prieur de Sombreval [Isaac-Louis Le Maistre de Sacy], L'Histoire du Vieux et du Nouveau Testament, représentée avec des figures et des explications, Paris, P. Le Petit, (notice BnF no FRBNF40360685, lire en ligne sur Gallica)

Notes et références

  1. C'était du moins la thèse d'Ulysse Moussalli, expert auprès des musées, qui a redécouvert ce tableau : Ulysse Moussalli, Le vrai visage de Blaise Pascal, éditions Plon,  ; cf. également Notice sur le site du Musée.
  2. D’après M. Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes, vol. 3, Paris, Barrois l'Aîné, (réimpr. 2e), « PSE », p. 100.
  3. Sainte-Beuve, Port Royal, vol. II, Paris, (réimpr. 4e), p. 248, et vol. IV, p. 378.
  4. D’après Pierre Flament, « Recension critique du livre de G. Delassault : Le Maistre de Sacy et son temps », Revue de l'histoire des religions, vol. 154, no 1, , p. 113-114 (lire en ligne).
  5. D'après Biographie universelle, ancienne et moderne, vol. XV, Michaud, , « Fossé (Pierre Thomas du) », p. 317
  6. Sainte-Beuve rapporte à ce sujet un écho des spéculations entourant la paternité de cette traduction : Causeries du lundi, Paris, Garnier, , « Nouvelle Galerie de femmes célèbres », p. 43.
  7. Cf. P. René Rapin, de la Compagnie de Jésus, Mémoires sur l'Église et la Société, la Cour, la ville et le Jansénisme. 1644-1669, vol. III, Paris, , p. 391

Voir aussi

Bibliographie

  • Bible de Sacy, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1680 p. (ISBN 2-221-05867-4)
  • Abbé Dardenne, L’enseignement Théologique en France, vol. III, Paris,
    Les principales versions françaises de la Bible et du Nouveau Testament.
  • Odette Barenne, Une grande bibliothèque de Port-Royal: inventaire inédit de la bibliothèque de Isaac-Louis Le Maistre de Sacy (), Paris : Etudes augustiniennes, 1985
  • Geneviève Delassault (éd.), Choix de Lettres inédites de Louis-Isaac Le Maistre de Sacy (1650-1683), Paris, Nizet, 1959.
  • Geneviève Delassault, Le Maistre de Sacy et son temps, Paris, Nizet, 1957.

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