Loge lunaire

Les loges lunaires de l'astronomie chinoise (chinois : 二十八宿 ; pinyin : èr shí bā xiù ; litt. « 28 loges nocturnes », 二十八星宿, =èr shí bā xīngxiù, « 28 loges nocturnes stellaires »), également traduits en demeure lunaire[1],[2] ou maison lunaire[3] sont un système de subdivision du ciel utilisé en astronomie chinoise correspondant selon les cas à un découpage similaire à des bandes d'ascension droite, ou alors un découpage de la bande zodiacale. Dans ce second cas, la région concernée correspond à l'intersection de la bande d'ascension droite avec la bande zodiacale. Ces loges lunaires sont au nombre de 28. Comme toujours à l'époque ancienne, ce type de subdivision possédait un intérêt en astronomie (permettre le repérage d'un événement astronomique), ainsi qu'en astrologie, la région se voyant attribuer une certaine symbolique.

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Les 28 loges lunaires de l'astronomie et astrologie chinoise

Ainsi, en astrologie chinoise, les loges lunaires appartiennent à quatre groupes distincts appelés dragon vert de l'est, tortue noire du nord, tigre blanc de l'ouest, et oiseau vermillon du sud, auxquels sont associées diverses symboliques. Ces quatre groupes comportent chacun sept loges lunaires. Les loges lunaires ne sont pas de taille égale, tout comme les constellations modernes du zodiaque.

L'utilisation des loges lunaires comme système de repérage précis est employée dans certains témoignages relatant par exemple l'observation d'une supernova historique, comme SN 1006 ou SN 1604. Leur compréhension actuelle est donc d'un intérêt réel pour l'interprétation de tous ces événements, bien plus soigneusement consignées par les astronomes d'extrême orient qu'en occident.

Définition pratique

Une loge lunaire était repérée par une étoile référente fixée. Cette étoile référente définit la bordure occidentale de la loge, qui correspond en réalité à la ligne passant par cette étoile et joignant les deux pôles célestes. La frontière orientale est alors définie comme par la frontière gauche de la loge suivante. Du fait de la précession des équinoxes, la largeur d'une loge lunaire varie avec le temps, jusqu'à éventuellement devenir nulle, la variation des ascensions droites de deux étoiles référentes les amène à prendre la même valeur (c'est-à-dire être alignées avec les pôles célestes). Ainsi, la loge Zuixi possède l'étoile référente φ1 Orionis, et la suivante, Shen, est basée sur δ Orionis (Mintaka). Ces deux étoiles possèdent désormais presque la même ascension droite, alors que leur ascension droite différait d'environ un degré (ou 4 minutes d'ascension droite) en l'an 700. Il est établi que ceci a d'ailleurs permis aux astronomes chinois de mettre en évidence vers le IVe siècle le phénomène de précession des équinoxes (soit après les astronomes grecs).

La loge peut également correspondre au niveau de l'équateur céleste à un astérisme de taille réduite comprenant deux à un peu plus d'une vingtaine d'étoiles. Selon les cas, la loge lunaire se réfère donc à une bande en ascension droite où se trouve l'astérisme, ou alors à la seule région couverte par celui-ci. Cette ambiguïté rend l'interprétation de certains témoignages historiques délicate. Par exemple, la possible supernova historique SN 386 est basée sur l'idée que la mention que cet événement astronomique se soit produit dans Nandou, doit être prise en tant qu'astérisme (situé dans le plan galactique, et donc signe que l'événement était une probable supernova), et non en tant que bande d'ascension droite, auquel cas l'événement était bien plus probablement une nova.

Liste des loges lunaires

Loge lunaireGroupeÉtoile référenteNombre d'étoilesLargeur approximative en l'an 700 en du
JiaoDragon vert de l'estα Virginis212
KangDragon vert de l'estκ Virginis49
DiDragon vert de l'estα2 Librae415
FangDragon vert de l'estπ Scorpii45
XinDragon vert de l'estσ Scorpii35
WeiDragon vert de l'estμ1 Scorpii918
JiDragon vert de l'estγ Sagittarii411
NandouTortue noire du nordφ Sagittarii626
NiuTortue noire du nordβ Capricorni68
XunuTortue noire du nordε Aquarii412
XuTortue noire du nordβ Aquarii210
WeiTortue noire du nordα Aquarii317
YingshiTortue noire du nordα Pegasi216
DongbiTortue noire du nordγ Pegasi29
KuiTigre blanc de l'ouestζ Andromedae1616
LouTigre blanc de l'ouestβ Arietis312
WeiTigre blanc de l'ouest35 Arietis314
MaoTigre blanc de l'ouest17 Tauri711
BiTigre blanc de l'ouestε Tauri817
ZuixiTigre blanc de l'ouestφ1 Orionis31
ShenTigre blanc de l'ouestδ Orionis1010
DongjingOiseau vermillon du sudμ Geminorum833
YuguiOiseau vermillon du sudθ Cancri53
LiuOiseau vermillon du sudδ Hydrae815
QixingOiseau vermillon du sudα Hydrae77
ZhangOiseau vermillon du sudυ1 Hydrae618
YiOiseau vermillon du sudα Crateris2218
ZhenOiseau vermillon du sudγ Crateris417

Ces loges lunaires d’origine chinoise étaient également en vigueur dans le Japon médiéval.

Ainsi, le « Bansenshūkai », écrit en 1676 par le maître ninja Fujibayashi Yasutake, consacre plusieurs passages à ces étoiles et constellations, dans son cahier 8, volume 17, traitant de l’astronomie et de la météorologie (Traduction d’Axel Mazuer). Le texte original de cet ouvrage présente par exemple un schéma montrant la représentation traditionnelle de ces 28 loges lunaires.

Une reproduction numérique de ce dessin traditionnel peut être vue à ce lien : http://www.ninpo.org/historicalrecords/bnsnshk8-3.htm


Annexes

Notes et références

  1. John Francis Davis (trad. Auguste Pichard), La Chine, t. II, Paris, Librairie de Paulin, (OCLC 833536642, notice BnF no FRBNF30305569, lire en ligne), p. 213
  2. Laurent Puech (Association française pour l'information scientifique) (préf. Jean Bricmont), Astrologie : derrière les mots, Valbonne, Book-e-book.com, coll. « Zététique », , 273 p. (ISBN 978-2-915312-00-3, OCLC 492163431, notice BnF no FRBNF39000531, lire en ligne), p. 95
  3. Charles François Dupuis, Mémoire explicatif du Zodiaque chronologique et mythologique, Paris, Courcier, (notice BnF no FRBNF30382957, lire en ligne), p. 52

Sources

Liens externes

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