Littérature féminine

L'expression « littérature féminine » peut désigner la littérature écrite par des femmes, celle qui leur est destinée, ou bien encore, pour Jean Lionnet par exemple[1], la part de cette littérature jugée « bien-pensante » par opposition à celle des femmes « qui pensent ».

Formule très contestée parmi les universitaires féministes, elle désigne selon Béatrice Slama un concept qui institutionnalise en lui-même la différence comme infériorité[1], et qui est définie comme « la littérature du manque et de l'excès » ; manque d'imagination, de logique, d'objectivité, de pensée métaphysique, de composition, d'harmonie et de perfection formelle, et excès de facilité, de facticité, de mots, de phrases, de mièvrerie, de sentimentalité, de désir de plaire, de ton moralisateur et de narcissisme[2].

Cette formule fut inspirée par trois auteures défendant la place des femmes dans la littérature à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle. Constance Pipelet incite en 1797 les femmes à écrire tout en tenant leur rôle de mère. En 1800, Madame de Staël constate les inégalités entre les hommes et les femmes dans la littérature. Félicité de Gehlis revendique et met en avant les différences entre hommes et femmes dans la littérature en 1811[3].

La littérature féminine peut évoluer différemment selon le contexte culturel. La littérature féminine Africaine est vue comme non représentatif de la société Africaine dite patriarcale. Elle reste une vision nouvelle et a du mal à se développer sans être comparé systématiquement au poids de la présence masculine. Pour avoir plus de chance dans ce milieu et se faire remarquer plus  facilement par la presse il faut être un homme, des pseudonymes sont donc souvent utilisés. La littérature féminine Africaine met en place une libération et affirmation du genre féminin dans une société où la voix féminine a du mal à se faire entendre tout en gardant les valeurs traditionnelles. Cette image implique la réussite de la femme sur différents plans : morale, traditionnel et intellectuel[4].

La littérature féminine de l'urgence

La littérature de l'urgence est née durant la décennie noire qu'a connue l'Algérie. Une vingtaine d'années après l'indépendance, une autre guerre se déclenche. En effet, pendant les années 1990, une guerre civile a éclaté en Algérie. Cette littérature est marquée par le sceau de la violence, la terreur et l'affolement[5].

Cette nouvelle écriture (graphie de l'horreur) est née pour témoigner d'un moment de l'histoire de l'Algérie[6] c'est l'urgence de témoigner[7].

Rachid Mimouni et Rachid Boudjedra sont les pionniers qui ont commencé à écrire durant cette période. Néanmoins, l’atmosphère n’était pas encourageante. Ces écrivains étaient en danger, mais ils voulaient faire voir au reste du monde la situation que vivait le peuple algérien. L'élite algérienne était ciblée par les terroristes, notamment Tahar Adjaout, journaliste et écrivain, qui a été assassiné.

Certains auteurs ont écrit en réaction à la guerre civile. Ainsi, plusieurs genres ont apparu (essais, chroniques, poèmes et romans). Ils sont publiés en France et en langue française.

Ces écrivains écrivent sous l’influence du contexte sociopolitique du pays. Les femmes, en particulier, écrivent en prenant des risques car la prise de parole féminine est considérée comme une transgression de règle. Certaines ont été obligées de changer de nom, comme Maissa Bey, son vrai nom étant Samia Benameur[8]. Ces écrits avaient pour objectif de rompre le silence, de témoigner et dénoncer l’injustice vécue par les femmes ; pour elle, écrire dans l’urgence est un acte de dévoilement et d’engagement car les mots sont plus dangereux que les armes[9]. En effet, l’écriture féminine explose et prend une autre tournure avec l’œuvre d’Assia Djebbar : « Femme d’Alger ».

En outre, l’écriture de l’urgence est caractérisée par le désir de rendre visible l’invisible Ces auteures écrivaient pour décrire la situation du pays et des femmes. Parmi ces femmes écrivaines qui ont contribué à la littérature de l'urgence : Nina Bouraoui, Malika Mokkedem, Assia Djebbar, Messaoudi Khalida et Imaksen Naïla.

Cette littérature féminine de l’urgence a traité plusieurs thématiques : le statut de la femme, la liberté, le savoir, la religion, la politique et la société.

Ces écrivaines avaient le même engagement et le même but qui est de dénoncer et faire connaitre cette guerre. Elles ont mis en relation la fiction au réel dans leurs écrits. Elles ont quitté leur pays et elles ont continué à écrire.

Références

  1. Slama 1981, p. 52
  2. Slama 1981, p. 53
  3. Sophie Milquet, « Un autre genre d’histoire littéraire : femmes & littérature », Acta Fabula, no vol. 13, n° 2, (ISSN 2115-8037, lire en ligne, consulté le )
  4. « L’écriture féminine dans le roman francophone d’Afrique noire - La Revue des Ressources », sur www.larevuedesressources.org (consulté le )
  5. Jean rostand, Introduction générale (ekladata.com), p. 2
  6. Jean Rostand, Introduction générale (ekladata.com), p. 2
  7. « la littérature de l'urgence » (consulté le )
  8. Maïssa Bey
  9. « Mémoire de master » (consulté le )

Bibliographie

  • Béatrice Slama, « De la « littérature féminine » à « l'écrire-femme » : Différence et institution », Littérature, no 44, (lire en ligne), pp. 51-71
  • Jin Siyan, « La littérature féminine dans la Chine d'aujourd'hui », Perspectives chinoises, no 74, (lire en ligne), pp. 44-54
  • Henri Chambert-Loir, « Les femmes et l'écriture : La littérature féminine indonésienne », Archipel, no 13, (lire en ligne), pp. 267-282
  • Akrour Lamia « Etude de la condition de la femme face à la violence du terrorisme intégriste dans le recueil de nouvelle « Oran, langue morte » d’Assia Djebar », Blida , 2010
  • Boubaa Mohammedi Tabti « Regard sur la littérature féminine algérienne », un exposé fait au stand algérien du Salon du livre de Paris, le .
  • Bey Maïssa, « Au commencement était la mer », Marsa, 1996.
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