Ligue d'Action française

La Ligue d'Action française est une organisation de propagande et de recrutement du mouvement monarchiste l'Action française.

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Fondée en 1905, la ligue avait pour objectif de s'établir dans la plupart des régions de France afin :

  • d'y recruter des militants,
  • d'organiser des réunions et de distribuer le quotidien L'Action française,
  • et de fonder des périodiques adaptés aux divers auditoires sollicités : L'Action française agricole, L'Action française du dimanche et L'Almanach d'Action française.

À la veille de la Première Guerre mondiale, on estime à 300 le nombre de sections de la ligue (elles devaient compter un minimum de 40 membres)[1]. Les principales régions représentées sont : le Nord et le Pas-de-Calais, la région parisienne (Seine et Seine-et-Oise) et le Sud (Sud-Ouest et Sud-Est) incluant les Bouches-du-Rhône (d'où Charles Maurras était originaire, Martigues) et le Gard.

La ligue a longtemps été présidée par Bernard de Vesins, dit le « colonel-comte », puis par l'amiral Schwerer. La commission de propagande (fondée en 1920) était dirigée par le capitaine Robert de Boisfleury et Charles Maurras. Marius Plateau occupait le poste de secrétaire général jusqu'à son assassinat en 1923. La ligue disparaît après la manifestation antiparlementaire du 6 février 1934[2].

Serment

  • Le ligueur d'Action française devait prêter serment[3], il s'agissait d'un engagement contraignant qui le distinguait du simple « allié » ou sympathisant :
« Français de naissance et de cœur, de raison et de volonté, je remplirai tous les devoirs d'un patriote conscient.
Je m'engage à combattre tout régime républicain. La République en France est le règne de l'étranger. L'esprit républicain désorganise la défense nationale et favorise des influences religieuses directement hostiles au catholicisme traditionnel. Il faut rendre à la France un régime qui soit français.
Notre unique avenir est dans la Monarchie, telle que la personnifie Mgr le Duc d'Orléans, l'héritier des quarante rois qui, en mille ans, firent la France. Seule, la Monarchie assure le salut public, et, répondant de l'ordre, prévient les maux publics que l'antisémitisme et le nationalisme dénoncent. Organe nécessaire de tout intérêt général, la Monarchie relève l'autorité, les libertés, la prospérité et l'honneur.
Je m'associe à l'œuvre de la restauration monarchique.
Je m'engage à la servir par tous les moyens[4],[5]. »

Sociologie

« La majorité des effectifs provient de la bourgeoisie », par contre « la part des ouvriers est très faible et elle n'ira qu'en diminuant »[6]. L'Action française « devient peu à peu le refuge d'un conservatisme strict »[7].

Selon l'historien Jacques Prévotat, « un des traits les plus frappants de l'emprise de l'Action française est la crédulité et la naïveté avec lesquelles les ligueurs accueillent sans l'ombre d'esprit critique les démonstrations des chefs du mouvement[8] ».

Concernant les femmes, la plupart des ligues nationalistes, au début du XXe siècle, comme celle de l'Action française, ne leur sont pas ouvertes[9]. Cependant, les liens étroits établis avec les milieux catholiques conservateurs ont permis le contact avec des groupements féminins.

Bruno Dumons, dans L'Action française : culture, société, politique, écrit :

« L'attachement à la fidélité monarchiste, enraciné en 1830 au sein de nombreuses dynasties familiales du catholicisme intransigeant, a trouvé dans l'univers feutré des grandes dames de la noblesse de solides partisans. Il est donc possible pour elles de conserver les deux formes de fidélité, à l'Église et au Roi, qui sous-tendent un engagement, sinon une adhésion de cœur à l'Action française. C'est pourquoi un certain nombre de dames de l'Armorial de France conçoivent de manière logique d'apporter leur soutien et leur énergie à l'organisation de Charles Maurras. Mais cet apport féminin va demeurer fragile et ponctuel. […]
Deux figures de proue ont mené une forte activité politique au sein de l'Action française : la marquise de Mac Mahon, grande voyageuse et conférencière, et la comtesse de Courville, femme de mondanité et de réseaux. Toutes deux ont œuvré à la mobilisation des sections des dames royalistes[10]. »

Notes et références

  1. Jacques Prévotat, L'Action française, Paris, PUF, Que sais-je ?, 2004, p. 45.
  2. Décret du 13 février 1936 (JO du 14 février 1936, p. 1 882). tableau des dissolutions [PDF], page 1.
  3. Léon Daudet, Vers le roi, 1934
  4. Joly 2006, p. 701.
  5. Repris dans Jacques Prévotat, ibid., p. 52-53. Charles Maurras est vraisemblablement l'auteur de ce texte.
  6. Ariane Chebel d'Appollonia, op. cit., p. 153.
  7. Ariane Chebel d'Appollonia, op. cit., p. 182.
  8. Jacques Prévotat, L'Action française, Paris, PUF, collection « Que sais-je ? », 2004, p. 123.
  9. Bertrand Joly, Dictionnaire biographique et géographique du nationalisme français (1880-1900), Paris, Champion, 1998.
  10. Cf. Bruno Dumons, « L'Action française au féminin. Réseaux et figures de militantes au début du XXe siècle », dans Michel Leymarie et Jacques Prévotat, L'Action française : culture, société, politique.

Bibliographie

  • Claude Hauser & Catherine Pomeyrols (éd.), L'Action française et l'étranger : usages, réseaux et représentations de la droite nationaliste française, L'Harmattan, 2001, 148 p. (ISBN 2-7475-1778-0).
  • Laurent Joly, « Les débuts de l'Action française (1899-1914) ou l'élaboration d'un nationalisme antisémite », Revue historique, Paris, Presses universitaires de France, no 639 « Religion et société », , p. 695–717 (lire en ligne).
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