Libation

Une libation est un rituel religieux consistant en la présentation d'une boisson en offrande à un dieu, en renversant quelques gouttes sur le sol ou sur un autel. Les liquides offerts en libations étaient variés, le plus souvent du vin, du lait ou de l'huile d'olive. C'est une forme de sacrifice. Il fut très pratiqué dans les religions de l'Antiquité.

Scène de libation, médaillon d'un kylix de Macron, v. 480 av. J.-C., musée du Louvre

Dans l'Antiquité : Méditerranée et Moyen-Orient

La Bible évoque la libation à plusieurs reprises.

« Et Jacob dressa un monument dans le lieu où Dieu lui avait parlé, un monument de pierres, sur lequel il fit une libation et versa de l'huile. »

 Genèse, 35.14

« Vous y joindrez une offrande de deux dixièmes de fleur de farine pétrie à l'huile, comme offrande consumée par le feu, d'une agréable odeur à l'Éternel; et vous ferez une libation d'un quart de hin de vin. »

 Lévitique, 23.13

« Car pour moi, je sers déjà de libation, et le moment de mon départ approche. »

 2 Timothée, 4.6

Un holocauste est toujours accompagné d'une libation de vin[1].

En Grèce antique, la libation (spondè) est accompagnée d'une prière ou d'un vœu. Elle peut être accomplie à tout moment de la journée, pour invoquer la bienveillance divine. Lors des banquets, elle clôt le dîner (δεῖπνον / deĩpnon) et débute la beuverie (πότος / pótos)[2],[3]. Théophraste la décrit comme un « toast en l'honneur du bon démon »[4].

Dans sa Lettre aux Romains, Ignace d'Antioche compare le martyre des chrétiens à une libation.

Dans l'Apocalypse, les sept coupes ultimes de la colère de Dieu (Apo 16 : 1) sont en réalité des phiales, c'est-à-dire des coupes plates à libation. Le versement de leur contenu a des effets particulièrement néfastes.

Dans le monde

Le chef de Bouaké et ses notables effectuant des libations à la cérémonie de la flamme de la paix

La libation a toujours été très pratiquée dans les traditions africaines. On la retrouve encore de nos jours en Afrique Noire. En Amérique Latine, et notamment en Bolivie, au Pérou et au Chili, elle perdure en hommage à la "Pacha Mama", déïté de la terre, à laquelle sont offertes quelques gouttes de vin ou de bière avant leur consommation.

Renouveau moderne

Dans l’Ásatrú, les pratiquants versent à l’aide d’une corne à boire de l’alcool (souvent de l’hydromel ou de la bière) pour honorer les dieux germano-nordiques et les ancêtres.

Dans la culture hip-hop américaine, la libation consiste à verser une petite quantité de liqueur de malt, ou autre alcool, sur le sol, en hommage à des camarades enterrés (« dead homies ») ou en prison, ou simplement pour consacrer une nouvelle entreprise.

Notes et références

  1. (en) « But every holocaust or thank-offering was to be accompanied with a libation of wine »  : Emil G. Hirsch, Kaufmann Kohler, M. Seligsohn, Isidore Singer Jacob Zallel Lauterbach, Joseph Jacobs, Jewish Encyclopedia, 1901-1906, Sacrifice
  2. Plutarque, Banquet des sept sages, 5, 150d ; Xénophane, frag. B1 (Diels-Kranz) = Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne) XI, 462c.
  3. Robin Nadeau, Les manières de table dans le monde gréco-romain, Rennes, 2010, p. 174.
  4. Théophraste, frag. 572 Fortenbaugh = Athénée XV, 693c-d.

Voir aussi

Articles connexes

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