Lev Philippovitch Wolkenstein

Lev Philippovitch Wolkenstein (Лев Фили́ппович Волькенште́йн en russe) (1858-1935, Courbevoie, France) était un juriste et avocat russe issu de la famille Wolkenstein, une famille judéo-allemande ayant prospéré dans l'Empire Russe au milieu du XIXe siècle, à Taganrog et Kichinev. Politiquement libéral, il était cadet, membre du Parti constitutionnel démocratique[1],[2],[3].

Biographie

Lev Philippovitch (Isaak-Leib Falkevitch ou Govshiyovitch) naît en 1858 à Berdytchiv dans un famille de Juifs de Galicie, les Wolkenstein[4]. Son père Govshiya Falik Wolkenstein est marchand de la troisième guilde et gestionnaire de domaine pour l'aristocratie polonaise. C'est un maskil qui souhaite donner une éducation à ses fils dans le contexte de l'antisémitisme de l'Empire Russe. Lev Philippovitch Wolkenstein avait trois demi-frères, Ossip Philippovitch Wolkenstein, qui sera un homme d'affaires et politique de Rostov-sur-le-Don, Akim Philippovitch Wolkenstein, médecin militaire ayant acquis la noblesse héréditaire et Emmanuel Philippovitch dont on sait peu de choses mais dont on retrouve la trace comme marchand à Kichinev en 1870, et un frère Mikhaïl Philippovitch Wolkenstein.

Ossip Philippovitch Wolkenstein s'installe en 1863 à Taganrog et élèvera ses deux demi-frères à la mort de Govshiya Falik en 1862. Lev Philippovitch Wolkenstein et Mikhaïl Philippovitch Wolkenstein[5] devinrent tous les deux avocats.

Lev Philippovitch Wolkenstein étudiera au gymnasium classique pour garçons de Taganrog (ru) en même temps qu'Anton Tchekhov[6] dont il devint l'ami. C'est lors de son entrée au gymnasium que ses prénoms sont russifiés.

Il étudia ensuite à la Faculté de droit de l'université d'État de Saint-Pétersbourg [7]. En 1888, il est avocat assistant et participe au procès Maximenko, celui d'une femme accusée d'avoir empoisonné son mari et qui fut acquittée. Un célèbre avocat russe Fyodor Plevako (ru) et le médecin de la prison Mark Krasso ont également participé à ce procès. [7]

Maison de rapport de Lev Wolkenstein (2015)

Dans les années 1890, il devint avocat du tribunal de Novotcherkassk. [7] En 1890, il achète une maison à Rostov-sur-le-Don au coin de la rue Staro-Pochtovaya (maintenant rue Stanislavskogo) et de la ruelle Kazansky (maintenant la voie Gazetny) et la restaura; elle connut comme Maison de revenus Lev Wolkenstein (ru). À partir du milieu des années 1890, Wolkenstein vécut dans cette maison avec sa femme Sofia Efremovna Wolkenstein (1961-1940), [8] ses filles Alicia, Olga et Eugenia et son jeune fils Yuri (George) Wolkenstein (1892-1963)[9]. Selon Tchekhov, en 1896, Wolkenstein avait également une datcha à Kislovodsk. La maison est devenue un maison de rapport. Le bâtiment existe toujours et maintenant considéré comme une monument architectural régional[10].

Tchekhov rendait visite à son ami dans cette maison[11]. Lev Philippovitch Wolkenstein et Anton Tchekhov aimaient fréquenter le théâtre fondé par Vladimir Ivanovitch Asmolov [12], le théâtre le plus grand et le plus célèbre de Rostov-sur-le-Don à cette époque. En 1910, Vladimir Asmolov le vendit à Lev Philippovitch Wolkenstein et Iosif Moiseevich Fain (russe : Иосиф Моисеевич Файн )[13]. Il travaillait également comme juriste pour le journal Pryazovskyi Kray (ru).

Après la révolution d'Octobre, Lev Philippovitch émigrera de Russie vers la France. Il a passé les dernières années de sa vie à Paris et a écrit pour la Russie illustrée (en russe : Иллюстрированная Россия). Dans ce magazine en 1934 [7] il publia ses souvenirs sur Anton Tchekhov[14] [8].

Le 20 mai 1935 Lev Wolkenstein est mort à Courbevoie. [8] Sa veuve Sofia Efremovna Wolkenstein a vécu quelques années de plus. Elle meurt le à Vulaines et est enterrée au nouveau cimetière de Neuilly avec son mari[8]. Le fils de Lev Wolkenstein, George Wolkenstein eut un fils, Alexis Wolkenstein, banquier; le fils d'Alexis Pierre Wolkenstein est professeur de médecine.

Anecdote concernant Anton Tchekhov et Lev Philippovitch Wolkenstein

Lorsque Tchekhov était en septième année au gymnasium et Lev Philippovitch Wolkenstein en huitième année de premier cycle, tous les élèves de la classe à l'exception de Lev Philippovitch Wolkenstein, refusèrent d'écrire une dissertation sur le sujet qui leur était posé. Cela provoqua un conflit entre Lev Philippovitch Wolkenstein et ses camarades de classe. L'un d'eux le traita de « zhyd », nom péjoratif pour désigner les Juifs en russe. Lev Philippovitch Wolkenstein le gifla au visage. Pour cette réaction et cette bagarre, il fut expulsé du gymnasium. Après cela, Tchekhov incita ses camarades de classe à écrire une déclaration collective selon laquelle tous quitteraient le gymnasium si Wolkenstein ne serait pas réintégré. Cela eut l'effet attendu et il fut réintégré puis diplômé du gymnasium. [7]

Famille Wolkenstein : Branche de Lev Philippovitch

Lev Wolkenstein en face de son fils Georg (Youra) et de son frère Mikhaïl à Rostov-sur-le-Don.

La famille Wolkenstein est une famille judéo-allemande (ashkénaze) ayant prospéré dans l'Empire russe à partir de Taganrog et de Kichinev au milieu du XIXe siècle.

Première génération

Lev Philippovitch eut quatre frères :

Les frères Wolkenstein eurent de nombreux descendants, avocats, artistes, et scientifiques en Russie, en France et en Grande-Bretagne.

Deuxième génération

Lev Philippovitch Wolkenstein et Sofia Efremovna née Lion eurent quatre enfants

  • Olga Lvovna Wolkenstein (1889-1950) qui épousera Anatole Chapiro (1881-1940) et n'aura pas d'enfant. Elle mourra tragiquement dans un accident de voiture qui coûtera la vie à sa mère Eugénia Wolkenstein (remariée à Vladimir Diamantidi) et à Boris Lourie, le dirigeant des thés Wissotzky, le mari de sa nièce Anna Wissotzky.
  • Alicia Lvovna Wolkenstein (?) épousera Vladimir (Semyon) Borisovitch Sharf, dont elle aura deux enfants Andrew (1915-1990) et Marina Sharf (1918-2011), nés tous les deux à Kislavodsk.
  • Georg Lvovitch Wolkenstein (1892-1963) deviendra avocat. Il épousera Olga Diamantidi, qui mourra du typhus pendant la révolution. Il s’engagera dans l’armée des volontaires. Il épousera en 1928 Léa Zalgaller dont il aura un fils Alexis Wolkenstein (1932-2002).
  • Eugénia Lvovna Wolkenstein (1896-1950). En premières noces Eugénia épouse Georg Vladimirovitch Asmolov (1892-1927); il s'agit du fils de Vladimir Ivanovitch Asmolov[15], magnat du tabac qui fondera un théâtre et le vendra au père d'Eugénie. Elle divorcera rapidement après quelques années en 1917. Elle épousera en secondes noces, Ilya Davidovitch Wissotzky (1880 (Moscou)-1924 (Paris)), l'héritier des thés Wissotzky : elle aura deux enfants de ce mariage, Dimitri et Anna Wissotzky. En troisièmes noces, elle épousera Vladimir Diamantidi (1881 (Taganrog)-?), fils d'un armateur pontique de la mer Noire; Vladimir Diamantidi était également le frère d’Olga Diamantidi, la première femme de George Wolkenstein.

Troisième génération

Alicia Lvova Wolkenstein eut deux enfants avec Vladimir Sharf :

  • Andrew Sharf (1915-1990) marié à Eva Sharf deviendra professeur d’histoire byzantine à l’Université Bar Ilan (Tel-Aviv). Ils n’auront pas d’enfant.
  • Marina Sharf ((1918-2011) fut connu sous le nom de Mother Thekla, nonne chrétienne orthodoxe. Elle fut la conseillère spirituelle de John Tavener.

Eugenia Lvovna Wolkenstein eut deux enfants avec Ilya Wissotzky :

  • Dimitri Wissotzky né le 27 novembre 1919 à Rome et mort en 1992.
  • Anna Wissotzky se mariera avec Boris Lourie, collaborateur de son père dans la compagnie des thés Wissotzky; Boris Lourie en deviendra dirigeant. Elle aura deux enfants, Serge Lourie (1946) et Michael Lourie (1948).

George Lvovitch Wolkenstein eut un fils avec Léa Zalgaller :

  • Alexis Wolkenstein (1932-2000), économiste et banquier, il fut directeur général adjoint du Crédit Lyonnais[16]


Galerie

Notes et références

  1. (ru) « Доходный дом Волкенштейна », dans Википедия, (lire en ligne)
  2. (en) « Lev Philippovitch Wolkenstein », dans Wikipedia, (lire en ligne)
  3. (ru) « Волкенштейн, Лев Филиппович », dans Википедия, (lire en ligne)
  4. Chuvakov, V. N., Чуваков, В. Н., Rossiĭskai︠a︡ gosudarstvennai︠a︡ biblioteka. Otdel literatury russkogo zarubezhʹi︠a︡. et Российская государственная библиотека. Отдел литературы русского зарубежья., Nezabytye mogily : rossiĭskoe zarubezhʹe : nekrologi 1917-1997 : v shesti tomakh, Rossiĭskai︠a︡ gos. biblioteka, 1999-2007 (ISBN 5-7510-0169-9, 978-5-7510-0169-8 et 5-7510-0170-2, OCLC 44713002, lire en ligne)
  5. Famille Wolkenstein
  6. Voloshinova, V. F. et Voloshinova, Li︠u︡bovʹ,, Ant. Chekhov i Rostov-na-Donu : literaturno-kraevedcheskoe issledovanie rostovskogo kruga A.P. Chekhova (ISBN 978-5-902477-66-2 et 5-902477-66-2, OCLC 529433391, lire en ligne)
  7. Волошинова et Волошинова 2009.
  8. Незабытые могилы 1999.
  9. « Алфавит евреев, имеющих ученые степени, Ростовских н/Д купцов и мещан, проживающих в г. Ростове-на-Дону – Донская Государственная Публичная Библиотека – Vivaldi », sur vivaldi.dspl.ru (consulté le )
  10. (ru) « Памятники регионального значения, находящиеся на учёте в Администрации Ростовской области на 1 января 2009 г. », Памятники Дона, ВООПиК (consulté le )
  11. (ru) Vera Vorochinova, « Tchekhov à Rostov sur le Don », http://dspl.ru/Opac-Kray/molot/2010/01_22_11.pdf,
  12. « Асмоловский театр (1883-1920) », sur web.archive.org, (consulté le )
  13. (ru) Владимир Сидоров, Энциклопедия старого Ростова и Нахичевани-на-Дону, vol. 1, Ростов-на-Дону (lire en ligne), « Асмоловский театр (1883-1920) »
  14. Варламова 2010.
  15. « Проект "История российского предпринимательства" », sur www.facebook.com (consulté le )
  16. « Le Crédit Lyonnais réorganise son état-major », sur Les Echos, (consulté le )
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