Les Restos du cœur

Les Restaurants du cœur – Les Relais du cœur, connus sous le nom de Les Restos du cœur[2], sont une association loi de 1901 à but non lucratif et reconnue d'utilité publique, créée en France par Coluche en 1985[3].

Pour les articles homonymes, voir Cœur.

Les Restaurants du cœur
Les Relais du cœur
Cadre
Forme juridique Association loi de 1901
But Lutte contre la pauvreté
Zone d’influence  France métropolitaine
Fondation
Fondation 1985
Fondateur Coluche
Identité
Siège Paris, France
Personnages clés Coluche, Jean-Jacques Goldman, Véronique Colucci
Président Patrice Douret[1]
Secrétaire général André Beillard[1]
Trésorier Lionel Hesclowicz[1]
Méthode

Missions sociales visant à l'insertion socio-professionnelle :

  • Aide alimentaire
  • Les Restos Bébés du Cœur
  • Logement & hébergement
  • Emploi [Ateliers et chantiers d'insertion (ACI); Soutien à la recherche d'emploi]
  • Aide aux gens de la rue
  • Ateliers de français et d'accompagnement scolaire
  • Accès à Internet accompagné
  • Accès aux droits et à la justice
  • Conseil budgétaire et microcrédit
  • Culture, loisirs et départs en vacances
  • Accès à la santé
  • Aide aux SDF
  • Autres services d'aide à la personne : vestiaire, coiffure, etc.
Financement Dons, donations, legs
Membres 2 000
Bénévoles 75 000
Slogan On compte sur vous !
Site web restosducoeur.org

Cette association a pour particularité d'avoir bénéficié du soutien de plusieurs personnalités françaises, dès ses débuts, et d'une vaste médiatisation, ce qui retient l'attention de la classe politique, permets d'établir de nouvelles lois[4], et attire la participation de nombreux bénévoles.

Les Restos du cœur se composent de 11 antennes nationales, de 117 associations départementales[5] et de 2 013 centres[6].

L'aide alimentaire permet une aide d'urgence mais représente surtout le point de contact privilégié pour permettre un accompagnement vers l'autonomie.

But (non lucratif)

Ancien autobus de la Compagnie des transports strasbourgeois, offert aux Restos du Cœur

Fondés par Coluche en 1985, Les Restos du cœur, association reconnue d'utilité publique, « ont pour but d'aider et d'apporter une assistance bénévole aux personnes démunies, notamment dans le domaine alimentaire par l'accès à des repas gratuits, et par la participation à leur insertion sociale et économique, ainsi qu'à toute l'action contre la pauvreté sous toutes ses formes[7]. »

Actuellement, les Restos du Cœur continuent à aider les personnes en difficulté.

Création

La création des Restos du cœur intervient dans le contexte de la fin de l'« utopie de gauche » marquée par le « tournant de la rigueur » pris par le gouvernement Pierre Mauroy tant au niveau économique qu'au niveau sociétal[8]. L'origine des Restos revient à Daniel Balavoine : en octobre 1983 dans des chroniques sur la radio parisienne Ici et Maintenant !, il commence par un billet d'humeur en interpelant le gouvernement et les patrons de la grande distribution pour qu'ils puissent se réunir et qu'ils créent une banque alimentaire. Mais la radio a une faible diffusion et son idée n'est pas suivie. Ce projet est repris deux ans plus tard par Coluche qui crée les Restos du cœur dont le premier parrain est Balavoine[9].

Le secrétaire et factotum de Coluche, Jean-Michel Vaguelsy, raconte comment l'idée a germé un jour de février 1985. Alors que Coluche vient de signer au fisc un chèque de 3 millions de francs aux impôts, il s'exclame : « Tu te rends compte, avec tout le pognon que je donne, si tous les mecs qu'ont du blé comme moi s'y mettaient, on pourrait régler le problème ». Quand sa cuisinière Anita lui apprend qu'un repas revient à quinze francs, l'humoriste calcule qu'avec l'argent de ses impôts, il peut offrir 200 000 repas[10].

S'étant engagé contre la famine en Éthiopie en interprétant avec d'autres artistes, la chanson SOS Éthiopie, l'humoriste est interpellé par des lettres et un auditeur d'Europe 1 sur la nouvelle pauvreté en France[11]. Le [12], Coluche, en direct sur Europe 1, se révolte contre les gaspillages alimentaires d’une société de consommation et dénonce la destruction des surplus agricoles en France et en Europe[13] :

« Quand il y a des excédents de nourriture et qu’on les détruit pour maintenir les prix sur le marché, on pourrait les récupérer et on essaiera de faire une grande cantine pour donner à manger à tous ceux qui ont faim (…) J’ai une petite idée comme ça (…) si des fois il y a des marques qui m'entendent, s'il y a des gens qui sont intéressés pour sponsoriser une cantine gratuite qu'on pourrait commencer à faire à Paris et puis qu'on étalerait dans les grandes villes de France, nous on est prêts à aider une entreprise comme ça, qui ferait un resto qui aurait comme ambition au départ de servir 2 000 à 3 000 repas par jour gratuitement. »

L’idée est lancée. L'ami de Coluche, Aldo Martinez, propose pour générique de l'aventure « Les cantines du cœur » mais son imprésario Paul Lederman le trouve trop misérabiliste et choisit « Les restos du cœur »[14]. Dès le , les statuts de l'association sont déposés. La médiatisation et l'organisation des premiers centres régionaux de distribution ainsi que leur approvisionnement sont assurées par des étudiants des écoles de commerce, fédérés par l'un de leurs camarades étudiant à Sup de Co, Alexandre Lederman, fils de l'imprésario de Coluche[15]. Le premier restaurant du cœur ouvre ses portes en France le sous une tente dans un terrain vague du 19e arrondissement de Paris. Quinze jours plus tard, sont mises en place une vingtaine d'antennes régionales qui distribuent 60 000 paniers-repas jusqu'au 21 mars[10].

La même année, au Parlement européen, le député belge José Happart a pris la parole et dénoncé une situation économique dont sont victimes des millions de personnes :

« N’est-il pas inadmissible que le coût des soins de santé et des charges dues à la pauvreté sera plus important que celui d’une aide alimentaire fournie à la société concernée ? »

Il demande donc que ces surplus chèrement stockés et détruits soient mis à la disposition de ceux qui en ont besoin, invitant Coluche à Strasbourg pour montrer son initiative. Le Programme Européen d’Aide aux plus Démunis (PEAD) sera institué en 1987[16].

Résultats

  • En 1985-1986, 8,5 millions de repas sont distribués par 5 000 bénévoles[17].
  • En 1988-1989, 25 millions de repas sont distribués par 9 000 bénévoles[18].
  • En 2008-2009, près de 100 millions de repas ont été distribués par les Restos du cœur. Le nombre de repas servis depuis la création dépasse le milliard[19] ;
  • En 2009-2010, plus de 103 millions de repas sont distribués aux gens dans le besoin.[20]
  • En 2012-2013, le nombre de bénéficiaires des restaurants du cœur est évalué à 900 000 personnes pour la 28e campagne d'hiver.
  • En 2015-2016, le nombre de repas servis depuis la création a dépassé 2 milliards.
  • En 2016-2017, 130 millions de repas sont distribués par 72 000 bénévoles[21] à 860 000 personnes accueillies à travers 2 027 centres d'accueil[22].

Aides

Aide alimentaire

Les Restos du cœur aident toute l'année les personnes démunies, avec une campagne d'hiver de novembre à mars, et une campagne d'été d'avril à octobre.

Les bénévoles distribuent :

  • des paniers-repas équilibrés, à cuisiner chez soi ;
  • des repas chauds, pour les sans-abri ;
  • une aide spécifique pour les bébés dans les centres Restos bébé du Cœur ;
  • des produits d'hygiène.

Aide au logement

« Disposer d’un toit est une étape élémentaire de l’insertion sociale. L’aide au logement prend des formes diverses, qui vont de l’hébergement d’urgence à l’accompagnement vers une location stable[23] ».

Les Restos du cœur viennent en aide aux personnes en difficulté de logement via :

les centres d'hébergement d'urgence
accueil de quelques nuits les personnes avec accompagnement social et éventuellement une aide médicale et psychologique. En 2017-2018 il y a eu 3 843 personnes hébergées en urgence.
les lieux de vie
ces lieux accueillent pour un long séjour, souvent à la campagne afin de retrouver les habitudes d'une vie collective active
les résidences sociales
afin de permettre aux occupants de prendre leur autonomie et de retrouver un logement stable.
l’accès à une location stable
Afin de pouvoir se loger de manière correcte, même avec des revenus limités.

Les Restos bébés du cœur

Ceux-ci remplissent une mission d'aide pour les parents en précarité par la fourniture de :

  • une aide alimentaire adaptée aux bébés de moins de 18 mois,
  • une aide matérielle appropriée (vêtements, couches, produits de puériculture et d’hygiène, jeux pour enfants et prêt de matériel),
  • des conseils en pédiatrie et diététique, un espace de partages et d’échanges avec d’autres parents et des bénévoles (puéricultrices, sage-femmes, infirmières, pédiatres, assistants sociaux).
  • une garde des bébés de moins de 12 mois[réf. nécessaire].

Au total, 70 Restos bébés du cœur sont situés dans toute la France[24] et aident chaque année près de 40 000 bébés[24].

Les personnes accueillies

Les personnes accueillies bénéficiant de ces aides sont des personnes dans la précarité, et malheureusement tous les profils sont représentés, qu'il s'agisse de personnes seules ou de familles monoparentales, des chômeurs en fin de droit (la moitié des personnes accueillies sont au chômage, déclarait Olivier Berthe en [25]), de retraités disposant du seul « minimum vieillesse » ou encore de jeunes de moins de 25 ans ne disposant pas du RSA.

Les Restos du cœur parlent d'une pauvreté prenant un autre visage, avec la venue des travailleurs pauvres[26],[27].

En 2016, 926 000 personnes ont été accueillies par les Restos du Cœur. C'est un nombre qui, contrairement à ce que pensait Coluche à sa création, augmente chaque année.

Structure et organisation

L'association nationale

Fondée par l'humoriste et acteur Coluche en 1985, l'association nationale « Les Restaurants du cœur - Les Relais du cœur » est une association loi de 1901. Reconnue d'utilité publique par décret du . (décret, publié au Journal officiel le ) elle a pour objectif d'aider les plus démunis et de participer à la lutte contre l'exclusion sociale

Elle est propriétaire du nom et du logo « Restaurants du cœur », dits « Restos du cœur ».

Chaque année, l'assemblée générale élit un conseil d'administration, qui choisit parmi ses membres le président et le bureau. Ceux-ci mettent en œuvre de façon collégiale la politique des Restos définie par le conseil d'administration en se réunissant chaque semaine. L'association nationale a pour vocation :

  • de centraliser les achats et d'approvisionner les départements en denrées alimentaires
  • d'inciter les départements à s'engager dans l'aide à l'insertion de leurs bénéficiaires et de leur apporter à cet effet l'appui technique et l'aide financière nécessaires
  • d'assurer la formation des bénévoles
  • de veiller à la cohérence des messages grâce aux chargés de missions
  • de contrôler et consolider les comptes des associations départementales, de veiller à leur bon fonctionnement et au respect des règles
  • d'assurer la communication générale des Restos.
  • d'aider et d'apporter une assistance bénévole aux personnes démunies, notamment dans le domaine alimentaire par l'accès à des repas gratuits, et par la participation à leur insertion sociale et économique, ainsi qu'à toute l'action contre la pauvreté sous toutes ses formes.

Leurs différentes actions sont: l'aide alimentaire, le logement, l'insertion par emploi et les Restos bébés du cœur. Les ressources financières étant limitées, les Restos du cœur essaient de réduire le montant des frais généraux (7 % des ressources en 2012-2013). En conséquence, plus de 90 % des ressources sont consacrés aux missions sociales de l'association.

En 2017, les Restos du Coeur ont obtenu le Label IDEAS qui atteste de la qualité de la gestion de cette association [28].

Les associations départementales

Les 119 associations départementales sont réparties dans 96 départements. Autonomes juridiquement, elles fonctionnent sur le même principe que l'association nationale (Assemblées générales, Conseils d'administration, Bureaux) et lui sont liées par un contrat d'agrément.

Dans toute la France, les associations départementales gèrent, animent et coordonnent les actions sur le terrain avec 66 000 bénévoles dans 2 069 centres Restos qui ont accueilli 960 000 personnes en 2012-2013. Elles ont pour vocation de mettre en œuvre toutes les activités d'aide alimentaire, d'aide à l'hébergement, d'aide à l'insertion (à travers les Jardins du cœur par exemple), d'activités culturelles...

Toutes ces activités d'aide à l'insertion contribuent à permettre aux personnes accueillies d'être des gens comme tout le monde.

Cette appellation d'« aide à la personne et à l'insertion » comprend aujourd'hui différents types d'activités parmi lesquelles :

  • les ateliers, chantiers et jardins
  • les camions ou la « maraude » dans les grandes villes, avec des solutions d'hébergement à plus long terme
  • les sorties culturelles

Bien que l'aide alimentaire reste l'activité la plus visible des Restos, elle ne permet pas à elle seule de sortir durablement de l'exclusion. Désormais, l'aide à l'insertion est considérée, aux Restos, comme prioritaire.

Une volonté de transparence

Les Restos du cœur sont attentifs au bon emploi des fonds mis à leur disposition par les donateurs et les collectivités publiques. Organisation essentiellement financée par les donateurs et les collectivités publiques et animée par des bénévoles, les frais généraux sont très réduits (7 % des ressources en 2012-2013), les dépenses superflues sont éliminées. La procédure d'appels d'offres permet d'obtenir les meilleurs prix. Ainsi, plus de 90 % des ressources financières sont consacrées aux actions.

Graphique montrant la répartition des ressources financières des restos du cœur.

Conformément à la législation, les comptes de l'association sont visés par un Commissaire aux comptes.

Votée en 1988, la loi Coluche innove en permettant aux petits donateurs (les plus nombreux) de bénéficier d'avantages fiscaux jusque-là réservés aux grands donateurs. Sa dernière version permet aux donateurs des Restos du cœur de bénéficier d'une réduction d'impôts de 75 % pour un don allant jusqu'à 470 euros. Au-delà, et dans la limite de 20 % des revenus, la réduction est de 66 %. Chaque donateur reçoit :

  • un reçu fiscal, au verso duquel figure le bilan financier agréé par un commissaire aux comptes ;
  • le compte d’emploi des ressources qui détaille les sommes engagées par les Restos.

L’association Les Restaurants du cœur - Les Relais du cœur est membre du Comité de la Charte pour promouvoir le don en confiance, et certifier la transparence de ses activités caritatives et la bonne gestion et utilisation des dons qu’elle reçoit de la part du public.

Depuis 1987, les Restos du cœur bénéficiaient du « Programme européen d'aide aux plus démunis » (PEAD). Après de très fortes inquiétudes liées à la menace planant sur la reconduction de ces fonds, et sur les restrictions d’accès aux surplus agro-alimentaires européens menacés, les Restos du Cœur ainsi que d'autres associations françaises et européennes ont réussi à obtenir de l'Europe la mise en place du FEAD. Cependant, les Restos du Cœur doivent toujours trouver les ressources nécessaires pour financer les actions dans un contexte délicat avec des réductions d'aides et un nombre croissant de personnes accueillies.

Au cours du contrôle de l’association en 2003 par la Cour des Comptes, bien qu’elle ait pu noter dans son rapport officiel l’inadéquation des structures initiales pour suivre une croissance aussi considérable de ses activités, et bien qu’elle suggère certains points pour en rationaliser la gestion (par exemple une plus grande professionnalisation de certaines fonctions clés liées à la comptabilité et les approvisionnements, et une meilleure formation des bénévoles capables d’assurer un contrôle des activités), elle n’ignore pas que l’essentiel de ses activités est effectué avant tout grâce au support vital de ses nombreux bénévoles, et que de nombreux efforts ont été entrepris pour améliorer les autres points, et engranger les fruits de l’expérience. « Après une enquête approfondie sur les opérations liées à la production de l’émission [télévisée annuelle de promotion], la Cour n’a constaté aucun flux financier contestable. » Elle constate aussi que les frais de gestion et de collecte sont parmi les plus bas constatés pour des associations travaillant dans ce domaine d'aide sociale, que si les frais de gestion ont inévitablement augmenté en volume sur la période étudiée, ils se sont aussi très sensiblement réduits en taux. Dès lors, elle conclut et « constate pour sa part que l’emploi des fonds collectés auprès du public est conforme, pour l’essentiel, aux objectifs poursuivis par les appels à sa générosité. »

Les acteurs

Les donateurs des Restos du cœur

Il existe différents types de donateurs :

  • Des jeunes gens aux retraités, des artisans aux multinationales, des mères de famille aux stars ; ils constituent le plus sûr soutien, chacun à sa manière ;
  • Ceux qui offrent généreusement leurs services (prêt de locaux, transport, imprimerie, etc.) ou participent aux diverses manifestations autorisées ;
  • Ceux qui donnent de l'argent, en achetant le CD des « Enfoirés », en léguant leur bien ou en abandonnant leurs droits d'auteur ;
  • Ceux qui font des dons en nature (livres, vêtements, denrées alimentaires, produits d'hygiène, etc.)[29].
  • Subventions de l’Union européenne et autres organismes ;

Les manifestations au profit des Restos sont soumises à une réglementation juridique et fiscale très stricte.

Les interdits de l'association
  • Les collectes/quêtes et ventes sur la voie publique ou à domicile.
  • Les opérations commerciales n'ayant pas eu l'agrément des Restos du cœur.
  • Le mailing de prospections financières hors ceux qui émanent du siège.

Les associations humanitaires rendent des services non marchands et par conséquent ont des difficultés pour trouver des ressources financières permettant de financer leurs actions. Pour promouvoir son action auprès du public et lui permettre de faire appel au don en confiance, la section française de l’organisation, en tant qu’association, adhère au Comité de la Charte.

Les bénévoles

Dès la première campagne des Restos du cœur lancée par Coluche en 1985, les bénévoles étaient 5 000 à répondre présents. Aujourd'hui, ils sont plus de 70 000, à travers toute la France avec un point commun essentiel : la fidélité à cette générosité initiale, l'adhésion à la Charte des bénévoles de l'association, avec une totale indépendance à l'égard du politique ou du religieux. La Charte des bénévoles est constitué de 5 points qui sont garants du bon fonctionnement de l'association. Pour mener à bien leur mission, des formations permettent aux bénévoles d'acquérir les compétences et les techniques nécessaires à leurs missions. Formateurs professionnels et bénévoles expérimentés animent des séminaires où se retrouvent les bénévoles venus de tous les départements.

Des formations sont mises en place afin d'apprendre à :

  • Savoir gérer un centre Restos,
  • Accueillir ceux qui n'osent pas entrer dans une administration,
  • Accompagner ceux qui demandent un soutien moral,
  • Aider ceux qui ont des difficultés à faire face aux loyers de l'appartement qu'ils ont enfin obtenu,
  • Être animateur dans un Atelier ou un Jardin du cœur.

Les artistes

Le créateur Coluche le savait : le meilleur moteur qu'il pouvait offrir aux Restos, c'était sa propre image et celle de ses amis. En un hiver, il a constitué autour de son idée une bande d'Enfoirés.

Lors du lancement officiel des Restos le , il offre à Daniel Balavoine le parrainage de son association. Il fut l'un des premiers artistes à en faire la promotion, multipliant les appels aux dons sur l'antenne d'Europe 1. Le , au cours d'une mission humanitaire en Afrique, l'hélicoptère qui le transporte s'écrase en marge du Paris-Dakar. Daniel Balavoine n'aura été parrain que trente jours.

En , Coluche demande à Jean-Jacques Goldman de lui créer un tube fédérateur, permettant de mobiliser les foules pour récolter plus de dons. Le chanteur compose en trois jours La Chanson des Restos, interprétée par des artistes emblématiques de l'époque de tout bord : Coluche lui-même, deux acteurs (Yves Montand et Nathalie Baye), un homme de télévision (Michel Drucker), un sportif (Michel Platini) et un chanteur (Jean-Jacques Goldman)[30].

Le , en partenariat avec plusieurs radios, Coluche anime un show caritatif sur la chaîne nationale TF1, diffusé l'après-midi, pendant quatre heures : un plateau exceptionnel réunissant des hommes politiques de tous bords, des animateurs de toutes les chaînes de télé et de radio, des artistes de tous genres et des sportifs de toutes disciplines. À l'issue de cette émission, Coluche récolte 20 millions de francs, ce qui permet de distribuer 8,5 millions de repas la première année[31].

En 1989, une première Tournée d'Enfoirés voit Jean-Jacques Goldman, Michel Sardou, Eddy Mitchell, Véronique Sanson et Johnny Hallyday parcourir la France pour recueillir des fonds.

À partir de 1992, le concert des Enfoirés, qui réunit de plus en plus d'artistes et de personnalités du spectacle, du sport… rassemble et encourage les bénévoles des Restos. Il est devenu un événement médiatique très populaire. À chacune de ces occasions, les médias relatent l'action de l'association et rappellent où l'on peut adresser ses dons.

Les Enfoirés soutiennent l'association en abandonnant leurs droits lors des concerts et albums issus de ceux-ci, au profit des Restos du Cœur. Le principal objectif des concerts annuels des Enfoirés est de dégager des ressources financières supplémentaires pour mettre en place les actions de solidarité. De plus, cela constitue une action promotionnelle pour l’association en vue d’attirer de nouveaux donateurs. Cette action une levée de fonds essentielle : plus de 22 millions d’euros en 2012-2013.

Alors qu'ils devaient être provisoire en attendant une solution pérenne permettant de juguler la montée de la pauvreté, les Restos du cœur sont aujourd’hui toujours en activité, et l’appel à la générosité du public est plus que jamais nécessaire, année après année.

Le , les pensionnaires d'On n'demande qu'à en rire (émission de France 2) ont réalisé un sketch pour la 27e saison des Restos du cœur, avec un hommage à Coluche. Le sketch obtient la note de 100/100[32]

Parrains/marraines des Restos du cœur

Chronologie des Restos du cœur

Le nombre de repas distribués n'a cessé d'augmenter (atteignant 100 000 000 en 2009). Malgré cela, et malgré la crise économique et sociale des années 2007-2009, les aides de l'État et de l'Europe diminuent[33].

1985-1986
Le , Coluche, sur les antennes d'Europe 1, lance l'idée : « J'ai une petite idée comme ça. Si des fois y'a des marques qui sont intéressées pour sponsoriser une cantine gratuite qu'on pourrait commencer par faire à Paris …, nous on est prêts à aider une entreprise comme ça qui ferait un resto qui aurait comme ambition, au départ, de distribuer 2 000 à 3 000 couverts par jour. » Les « Restos du cœur » étaient nés, et plus de 5 000 bénévoles distribuent cet hiver-là 8,5 millions de repas.
1986-1987
La deuxième campagne commence sans Coluche, disparu en . Comme il l'avait réclamé au Parlement européen en , la CEE ouvre la porte de ses stocks. En province, des associations autonomes se créent. Fidélisées par un contrat d'agrément, elles porteront les noms et logo : Restos du cœur. Les 6 000 bénévoles distribuent 11,5 millions de repas.
1987-1988
À la fin de l'hiver, les Restos décident d'organiser une « intercampagne » pour continuer à aider les plus pauvres des bénéficiaires durant toute l'année. 7 300 bénévoles distribuent 22 millions de repas.
1988-1989
Le , le Parlement français vote à l'unanimité la « loi Coluche » : « chaque personne ayant fait un don, même modeste, à une association, bénéficie d'une réduction d'impôts ». 8 500 bénévoles distribuent 25 millions de repas.
1989-1990
Les Restos créent les Relais du cœur, qui accompagnent et encouragent les bénéficiaires dans leurs démarches de réinsertion, et les Camions du cœur, qui offrent chaque soir des repas chauds aux sans-abris dans les rues de Paris, et ce, malgré la création du revenu minimum d'insertion. 10 200 bénévoles distribuent 26 millions de repas.
1990-1991
Les Restos signent une convention avec le ministère du logement et lancent les Toits du cœur, dans le but d'aider à l'hébergement de personnes en cours de réinsertion. 11 000 bénévoles distribuent 28 millions de repas.
1991-1992
Les Restos affirment que « l'aide à l'insertion est aussi importante que l'aide alimentaire ». Ils créent les Ateliers et les Jardins du cœur où les bénéficiaires peuvent retrouver les réflexes de la vie sociale ainsi qu'un savoir-faire. 13 200 bénévoles distribuent 29 millions de repas.
1992-1993
Les Restos ouvrent à Val d'Akor une maison de vacances tenue par d'anciens bénéficiaires et une première résidence sociale à Châtellerault, destinée à héberger pour 3 ou 6 mois des personnes en cours de réinsertion. 17 000 bénévoles distribuent 31 millions de repas.
1993-1994
Les premiers Relais bébés ouvrent : distribution de nourriture adaptée aux enfants de moins d'un an et conseils aux jeunes mamans. 20 000 bénévoles distribuent 36 millions de repas.
1994-1995
Les Restos vont plus loin : relais, jardins et toits du cœur se multiplient partout en France. 25 000 bénévoles distribuent 75 millions de repas.
1995-1996
Les Restos inaugurent la Péniche du cœur, amarrée quai d'Austerlitz à Paris, qui accueille 70 personnes sans domicile dans un but de réinsertion, pour une durée allant de deux semaines à trois mois d'hébergement, ainsi que 3 résidences sociales à Poissy, au Mans et à Dijon. 25 000 bénévoles distribuent 50 millions de repas.
1996-1997
Les Restos multiplient les projets d'aide à l'insertion. Ouverture d'une résidence sociale à Chabanais. 31 000 bénévoles distribuent 61 millions de repas.
1997-1998
Les Restos ouvrent leurs premiers ateliers CLE (Communication, Lecture, Écriture) de lutte contre l'illettrisme ainsi que deux résidences sociales à Montbard et Toulon. 35 000 bénévoles distribuent 59 millions de repas.
1998-1999
Au sein des Restos se tient une vaste consultation « les Restos demain ». Organisée dans toute la France, elle réunit plus de 13 000 personnes (bénévoles et bénéficiaires) autour de débats animés sur leur avenir commun. De ces rencontres sortent mille et une interrogations et une évidence : il est temps de « distribuer autrement » l'aide alimentaire et d'améliorer l'écoute et le dialogue. 40 000 bénévoles distribuent 60 millions de repas.
1999-2000
Les 40 000 bénévoles distribuent 55 millions de repas.
2001-2002
Les bénévoles font un tour de France avec un bus et distribuent des repas chauds, équilibrés. 60 millions de repas ont été servis. Mise en place de 10 antennes nationales.
2003-2004
43 000 bénévoles distribuent 66,5 millions de repas. Très forte mobilisation des bénévoles pour sauver « la loi Coluche » en août 2003 lors de l'examen de la loi sur le mécénat[34].
2004-2005
Les restos du cœur ont 20 ans, 75 millions de repas sont distribués. La première collecte nationale est organisée[34].
2005-2006
48 521 bénévoles ont accueilli 676 756 personnes et ont servi 75 millions de repas dans 1 965 centres ou annexes.
2006-2007
81 700 000 repas distribués, 700 000 personnes accueillies par 51 000 bénévoles.
2007-2008
91 millions de repas distribués par 51 500 à 700 000 personnes accueillies dans 1 950 centres. 25 300 bébés de moins de 12 mois aidés dans 250 Restos et Points bébés du cœur.
2008-2009
augmentation des personnes accueillies de 12,5 % en moyenne, soit 800 000 personnes accueillies et 100 millions de repas distribués.
2009-2010
103 millions de repas distribués par 58 000 bénévoles et 830 000 personnes accueillies.
2010-2011
109 millions de repas distribués à 860 000 personnes accueillies, 100 millions de repas distribués de 55 000 bénévoles.
2011-2012
130 millions de repas distribués par 66 000 bénévoles à 1 000 000 personnes accueillies[35].
2012-2013
130 millions de repas distribués par 66 000 bénévoles à 960 000 personnes accueillies[35].
2013-2014
130 millions de repas distribués par 67 600 bénévoles à 1 000 000 personnes accueillies[35].
2014-2015
: 30e anniversaire de l'appel de Coluche sur Europe 1. Du au : 30e campagne des Restos du cœur. 128,5 millions de repas distribués par 69 200 bénévoles, soit un rythme annuel de plus de 130 millions de repas distribués.
2015-2016
Le cap des 2 milliards de repas servis, depuis l'ouverture des « restos du cœur », est franchi, malgré une légère baisse des ressources[36]. En raison de la hausse de la précarité, le nombre de repas distribués est en progression significative entre 2015 et 2016, souvent compris entre 6 et 10 %[37]. Le rythme annuel de distribution de repas semble se situer, en dépit de la stagnation des ressources, autour de 150 millions de repas.
71 000 bénévoles travaillent dans l’un des 2 112 centres et antennes des Restaurants du cœur à travers la France[38].

Autres associations non affiliées

Certaines associations françaises et/ou étrangères, se revendiquent directement et/ou indirectement d’une filiation avec les Restos notamment en utilisant, dans leur dénomination et/ou leur communication, la marque « Restos du Cœur »[39]. Ces associations ne sont affiliées en aucune façon à l'association créée par Coluche[39]. La Fédération des Restos du Coeur de Belgique, dont le 1er resto avait été inauguré par Coluche en 1986[40], demande une participation financière symbolique du bénéficiaire pour les repas et recourt à du personnel salarié pour certains postes (cuisiniers, assistants sociaux), ce qui est contraire à la philosophie de l'association française[39].

Notes et références

  1. Composition du conseil d’administration (CA) national, restosducoeur.org, consulté le 26 juillet 2019
  2. C'est bien l'orthographe utilisée par ses fondateurs, en lieu et place du plus classique restaus.
  3. « En 1985, Coluche lance les Restos du Coeur », RTL.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  4. Loi Coluche votée le 20 octobre 1988 à l’unanimité, sur le site restosducoeur.org.
  5. rubrique organisation., restosducoeur.org
  6. Chiffres clés : 2017-2018 (33e campagne), sur restosducoeur.org, consulté le 10 janvier 2019
  7. But de l'association, sur le site restosducoeur.org.
  8. Henri Fabre, Témoins et acteurs de la Ve république, Éditions Privat, , p. 65.
  9. Thierry Rouault, Daniel Balavoine, Camion Blanc, , p. 57.
  10. Valérie Péronnet, Les Restaurants du cœur, 1985-2000, Lafon, , p. 20-36.
  11. Nathaniel Herzberg, « Éthiopie », sur Le Monde, .
  12. Il y a 25 ans, l’appel de Coluche, sur le site europe1.fr.
  13. Gilbert Garibal, Bénévolat mode d'emploi, Numerilivre, , p. 47.
  14. Valérie Péronnet, Les Restaurants du cœur, 1985-2000, Lafon, , p. 14.
  15. « Restos du cœur : il y a 25 ans, l'appel de Coluche », sur Le Parisien, .
  16. [PDF] Coluche crée les Restos, p. 5, sur le site restosducoeur.org, consulté le 20 janvier 2015.
  17. Valérie Péronnet, Les Restaurants du cœur, Lafon, , p. 251.
  18. Valérie Péronnet, op. cit., p. 252.
  19. Au cours de l’hiver 2008-2009, près de 100 millions de repas ont été distribués par l’association., sur restosducoeur.org, consulté le 27 mars 2019.
  20. Restos du Coeur, RAPPORT ANNUEL - Les Restos Du Coeur 2009/2010 (lire en ligne), p. 6
  21. Les Restos du Cœur lancent leur 32e campagne d'hiver, sur huffingtonpost.fr du 22 novembre 2016, consulté le 23 novembre 2017.
  22. « Restos du cœur : la faim et les moyens », sur ladepeche.fr, .
  23. Aide au logement, sur le site restosducoeur.org.
  24. Les Restos Bébés du Cœur, sur le site restosducoeur.org, consulté le 12 novembre 2014.
  25. « Restos du cœur : un million de bénéficiaires attendus cet hiver », Le Nouvel Observateur, 23 novembre 2013.
  26. restosducoeur.org, 2013.
  27. [PDF]Contribution des Restos du cœur, conférence gouvernementale de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, 10 et 11 décembre 2012.
  28. « Les Restos du Cœur obtiennent le Label IDEAS | via @Carenews », sur www.carenews.com (consulté le )
  29. Voir l'exemple des "cartons" cités dans l'ouvrage d'Alice Précaire, 2021, Un "Resto du Cœur"... sans cœur, Paris, Editions Saint-Honoré.
  30. Fabien Lecœuvre, Le petit Lecœuvre illustré. Dictionnaire : histoire des chansons de A à Z, éditions du Rocher, , p. 87.
  31. Valérie Péronnet, Les Restaurants du cœur, Lafon, , p. 27.
  32. [vidéo] Hommage des humoristes d'On demande qu'à en rire, sur France 2.
  33. « Les Restos du cœur inquiets pour leur campagne d'hiver », NouvelObs.com.
  34. « Notre histoire | Les Restos du Cœur », sur www.restosducoeur.org (consulté le ).
  35. Chiffres clés, sur le site restosducoeur.org, consulté le 4 novembre 2014.
  36. Nos comptes 2015-2016, sur restosducoeur.org, consulté le 29 octobre 2016.
  37. Les Restos du cœur en première ligne face à la hausse de la précarité dans l'Aube, sur lest-eclair.fr du 23 novembre 2016, consulté le 25 novembre 2016.
  38. « Lancement de la 32e campagne des Restos du cœur », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  39. « Présentation | Les Restos du Cœur », sur www.restosducoeur.org (consulté le )
  40. « Restos du cœur: Une solidarité qui passe mal la frontière... », sur Moustique.be, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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