Les Barjots

Les Barjots est le surnom de l'Équipe de France masculine de handball entre 1993 et 1996 ou, par extension si on inclut Les Bronzés, entre 1992 et 1996.

Elle symbolise notamment une génération à qui le sport professionnel, en plein essor, n'a rien enlevé de l'esprit amateur. Les joueurs de Daniel Costantini ont ainsi donné à la France sa première médaille olympique dans une compétition internationale de handball et également le premier titre mondial à la France en sport collectif en 1995.

Description

Contexte

En 1985, l'équipe de France est reléguée en division C après un Mondial B raté terminé à la 11e place. La même année, Jean Férignac devient Directeur technique national et nomme Daniel Costantini à la place de Jean Nita à la tête de l'équipe de France[1]. Costantini prend alors en main cette équipe qui a besoin de transformer complètement les méthodes de travail jusque-là utilisées. Il déclare disposer de joueurs pouvant potentiellement intégrer le haut niveau mondial et qu'il faut simplement le temps et les moyens (très réduits jusqu'alors dans ce sport) adéquats au développement d'un collectif solide.

Avec l'aval de la fédération qui a vu ses espoirs de qualification automatique aux JO de 1992 s'envoler à la suite de leur attribution à Barcelone, il entreprend d'importantes modifications de la préparation avec notamment des séances physiques très exigeantes. Ainsi l'objectif de l'« Opération 89 »[2] est de construire une équipe compétitive pour le Championnat du monde B 1989 organisé en France, y obtenir la qualification pour le Mondial A 1990 pour y décrocher une première qualification olympique.

Malgré les différends opposant Costantini et Férignac[3],[2], ce changement radical se fait sentir rapidement puisque la France remporte le Championnat du monde C 1986 mais termine ensuite huitième du Championnat du monde B 1987.

Un nouveau départ pour l'« Opération 89 » a lieu[4] : une vingtaine de joueurs ont été passés au crible (une moitié est restée, l'autre a été remplacée par plusieurs espoirs), un premier entraîneur adjoint (Jean-Luc Pagès) a été nommé[5] et pas moins de quatre-vingts matchs sont programmés du 15 septembre 1987 au 15 février 1989, date du début du Mondial B 89

Au Championnat du monde B 1989 organisé en France, les Bleus atteignent leur objectif en terminant cinquième, ce qui leur permet de se qualifier pour le championnat du monde 1990. Pour cette compétition, Daniel Costantini intègre notamment deux jeunes espoirs, Stéphane Stoecklin et Jackson Richardson qui sera d'ailleurs élu meilleur joueur de la compétition. Les Français remportent leur premier match du championnat du monde face à l'Algérie et accrochent des nations plus réputées comme la Hongrie ou la grande Roumanie. Grâce à un parcours honorable, la France se donne le droit de disputer un match historique pour la 9e place et une qualification aux Jeux olympiques de Barcelone face à l'Islande. Les Français vont se donner corps et âmes pour remporter ce match 29 à 23 et se qualifier pour le tournoi olympique. Daniel Costantini a réussi une partie de son pari d'emmener l'équipe de France aux Jeux olympiques[6].

Durant cette période, les résultats de la France ont été les suivants :

Les « Bronzés » (1992)

Les « Bronzés » est, par analogie au film homonyme (1978) de Patrice Leconte figurant un groupe de vacanciers dilettantes persuadés de leurs capacités respectives, le surnom de l'équipe de France de handball qui a participé aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992. Avec une nouvelle fois une préparation longue et difficile la France arrive à Barcelone comme une nation en devenir mais encore en manque de résultat. Lors du premier match du tournoi olympique, la France affronte le pays hôte, l'Espagne, un des favoris de l'épreuve. Mais les Espagnols trop sûrs d'eux se font surprendre par des Français intraitables et sûrs de leurs forces[6]. Les futurs Barjots remportent leur premier match olympique face à une nation majeure et démontrent enfin que le handball français s'installe parmi les meilleures nations de ces Jeux[6]. Ils confirment par la suite en gagnant face à l'Allemagne, l'Égypte et la Roumanie. Les joueurs se distinguent en se teignant tous en blond une fois parvenus dans le dernier carré de la compétition olympique pour permettre de détendre l'atmosphère avant le match face à la grande Suède. Cela n'empêchera pas la défaite face à la meilleure équipe mondiale du moment[6] Cependant, ils parviennent à se remobiliser très vite pour la médaille de bronze glanée face à l'Islande. Les « Bronzés » ont donné à la France sa première médaille dans une compétition internationale de handball[6].

Les « Bronzés » médaillés aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992 sont : Philippe Médard, Pascal Mahé, Philippe Debureau, Denis Lathoud, Denis Tristant, Gaël Monthurel, Éric Quintin, Jean-Luc Thiébaut, Philippe Gardent, Thierry Perreux, Laurent Munier, Frédéric Perez, Jackson Richardson, Stéphane Stoecklin, Frédéric Volle, Alain Portes.

Les « Barjots » (1993-1996)

Lors du championnat du monde 1993 en Suède, l'équipe de France confirme sa médaille olympique en disputant sa première finale mondiale, perdue face à la Russie 19-28. Puis, deux ans plus tard, emmenés notamment par Denis Lathoud, Jackson Richardson et Frédéric Volle, les Français s'imposent en finale face à la Croatie 23-19 : le titre de champion du monde 1995 est l'aboutissement d'un travail difficile de plus de 50 ans, avec la première étoile sur le maillot bleu obtenue en Islande. Ce trophée est le premier titre mondial remporté par la France dans un sport collectif.

Initiée en 1995 avec les départs de Philippe Gardent, Thierry Perreux et Éric Quintin, la fin des Barjots est actée à Atlanta lors des Jeux olympiques 1996 après une décevante 4e place, à l'issue de laquelle des piliers des premières conquêtes comme Frédéric Volle, Denis Lathoud et Pascal Mahé ont également pris leur retraite internationale[6],[7].

Durant cette période, les résultats de la France ont été les suivants :

Origine du surnom « Barjots »

Le surnom de « Barjots » est dû à l'état d'esprit général des joueurs qui abordaient les compétitions dans des conditions toujours particulières, perdant face à des équipes abordables pour ensuite enchaîner des matches nettement meilleurs face à de grosses équipes. Les joueurs avaient aussi l'habitude de fêter des titres ou des médailles avec des coupes de cheveux très particulières à une époque où cela n'était pas courant. D'autres pratiques telles que le bizutage pour les nouveaux étaient fréquentes[6]. Cette équipe a pu démontrer que malgré un certain penchant pour la fête, il était possible de réaliser de grandes choses en gardant un état d'esprit d'amateur et de camaraderie au sein du groupe. La plupart des joueurs évoluant dans les mêmes clubs, l'équipe de France était pour eux l'occasion de se réunir et de s'amuser tout en faisant du handball.

Récompenses

Au cours de cette période, plusieurs joueurs de l'équipe de France ont été honorés à titre individuel :

Daniel Costantini et l'équipe de France de 1995 ont été honorés Gloire du sport, respectivement en 2011 et en 2015.

Sélections en compétitions internationales (1992-1996)

NomPoste JO92[8] CM93[9] CE94[10] CM95[11] CE96[12] JO96[13]
Daniel CostantiniSélectionneur6e7e4e
Philippe DebureauArrière droit
Philippe MédardGardien de but
Alain PortesAilier gauche
Denis TristantArrière droit
Frédéric PerezGardien de but
Jean-Luc ThiébautGardien de but
Philippe GardentPivot6e
Laurent MunierDemi-centre6e
Thierry PerreuxAilier droit6e
Éric QuintinAilier gauche6e
Frédéric VolleArrière gauche6e4e
Denis LathoudArrière gauche7e4e
Pascal MahéDéfenseur7e4e
Gaël MonthurelPivot6e7e4e
Stéphane StoecklinArrière droit6e7e4e
Jackson RichardsonDemi-centre6e7e4e
Christian GaudinGardien de but6e7e4e
Patrick LepetitDemi-centre6e
Philippe SchaafArrière droit6e7e4e
Philippe JuliaAilier droit
Yohann DelattreGardien de but6e4e
Bruno MartiniGardien de but6e7e4e
Marc WiltbergerArrière gauche6e7e
François-Xavier HouletDemi-centre6e
Guéric KervadecPivot6e7e4e
Grégory AnquetilAilier droit7e4e
Patrick CazalArrière droit
Stéphane CordinierAilier gauche7e4e
Stéphane JoulinAilier droit7e4e
Franck MauriceAilier gauche7e
Raoul PrandiDemi-centre7e4e
Éric AmalouAilier gauche4e

Notes et références

  1. « Costantini, Proust et les poèmes kurdes », sur L'Humanité.fr, (consulté le )
  2. « Costantini : "D'abord l'Italie, après on verra !" », Hand-ball : bulletin fédéral, Fédération française de handball, no 225, , p. 14 à 17 (lire en ligne, consulté le )
  3. « Journal de l’année 1988 », sur Larousse.fr, Larousse (consulté le )
  4. « Costantini : "Tout le monde tiendra le choc" », Hand-ball : bulletin fédéral, Fédération française de handball, no 237, , p. 6 à 9 (lire en ligne, consulté le )
  5. « Jean-Luc Pagès : "une entente parfaite" », Hand-ball : bulletin fédéral, Fédération française de handball, no 237, , p. 51 (lire en ligne, consulté le )
  6. « L'épopée des Barjots », sur sportvox.fr, (consulté le )
  7. Laurent Chasteaux, « «Les Bronzés», générique de fin », sur L'Humanité.fr, (consulté le ).
  8. (en) « Médaillés de bronze aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992 », sur Site officiel des Jeux olympiques (consulté le )
  9. « Handball hebdo n°21 : Les seize Français », Fédération française de handball, (consulté le ), p. 6
  10. « Championnat d'Europe des nations au Portugal : Les seize heureux élus... », Handball hebdo, Fédération française de handball, no 66, , p. 7-11 (lire en ligne, consulté le )
  11. (en) « Compte-rendu officiel du Championnat du monde masculin de handball 1995 (dont effectif du champion) » [PDF], sur Site officiel de la Fédération internationale de handball (consulté le )
  12. « Prandi, le Bleu qui se remet en question », L'Humanité, (consulté le )
  13. (en + fr) « Effectif de l'équipe de France masculine de handball aux Jeux olympiques d'Atlanta en 1996 », sur sports-reference.com (consulté le )

Voir aussi

Liens internes

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