Leonardo d'Alagon

Leonardo d'Alagon ou Alagón ou de Alagón (né à Oristano en 1436 – mort à Xàtiva, 1494) fut le dernier marquis d'Oristano de 1470 à 1478.

Origine

En 1470, à la suite de la mort de Salvatore Cubello, marquis d'Oristano, descendant en ligne masculine du Juge Ugone II d'Arborée, la totalité de son fief revient à l'héritier désigné dans son testament, Leonardo d'Alagon, premier né des huit enfants de sa sœur Benedetta Cubello et du noble Artaldo Alagón y Luna, seigneur de Pina de Ebro, Sástago et d'autres lieux. Artaldo qui descendait lui-même des premiers « ricos hombres » aragonais implantés dans l'île, s'était déjà rebellé contre la couronne: en 1410 à la tête de quatre navires avec Cassiano Doria, il s'empare de Longone défendu par les aragonais. Le marquis Leonardo épouse Maria Linan de Morillo, qui lui donne quatre fils qui n'auront pas d'héritier et deux filles[1],[2].

Marquis d'Oristano et comte de Gocìano

Armoiries du marquisat d' Oristano

Cette succession rendue suspecte du fait du comportement de rebelle de son père Artaldo, est contestée militairement par le Vice-roi de Sardaigne, Nicolò Carroz d'Arborée, seigneur de Mandas et de Terranova Pausania, qui ambitionnant de s'emparer de vastes domaines, assurait que le testament, n'avait aucune, dans la mesure où le roi avait déjà décidé qu'à la mort du de Cubello le marquisat d'Oristano et le comté Goceano seraient incorporé à la Couronne d'Aragon. Le premier incident intervient le dans les environs d'Uras, Alagon s'impose et Carroz doit se retirer à Cagliari[3].

En 1474, par le traité de paix d'Urgell, le roi Jean II d'Aragon (dit le Grand) , reconnaît à Leonardo Alagon ses droits à la succession mais la conduite provocatrice de Carroz rallume la guerre. Le vice-roi n'ose pas affronter ouvertement son rival, il se rend à Barcelone et convainc le souverain d'intervenir contre le marquis qui est accusé de crime de lèse majesté et de félonie et en conséquence la confiscation du fief est prononcé assortie la peine de mort. Par son décret de 1477 le roi étend la condamnation à toute la famille d'Alagon[4].

Le conflit s'étend alors à toute la partie septentrionale de l'île où Alagon se voit promettre l'aide de la république de Genes et du duc de Milan, qui ne se concrétise janmais. Pendant ce temps Carroz reçoit en renfort des troupes bien armées de Sicile et du royaume de Naples[5].

La bataille de Macomer

Le l'armée d'Oristano est définitivement vaincue lors de la bataille de Macomer. Leonardo, avant la débâcle abandonne le champ de bataille avec ses frères, ses fils et le vicomte de Sanluri et ils réfugient à Bosa où ils s'embarquent sur un navire et tentent de rejoindre la Corse. À la suite d'une trahison le navire est détournée vers la Sicile où ils sont arrêtés par l'amiral Villamarin qui les livre au vice-roi de Sicile, qui les conduit à Barcelone[6].

Emprisonnement et mort du marquis

Armoiries des Alagon

Les prisonniers sont ensuite incarcérés au château de Xàtiva dans la province de Valence, où Leonardo et Giovanni de Sena, viconte di Sanluri, meurent en 1494. D'après le chroniqueur Pietro Carboni, leur mort est causée par leur affliction et une profonde douleur morale causée par les tristes événements vécus: ils sont inhumés dans le cimetière souterrain du Château de Xàtiva[7]. Les parents du marquis sont par contre libérés par ordre du roi mais il leur est interdit de retourner en Sardaigne. À partir de 1481 le marquisat d'Oristano devient un domaine de la Couronne et est administré par des fonctionnaires royaux.

Un des fils de Leonardo, Salvatore, réussit néanmoins à revenir dans l'île, lorsqu'il épouse Isabella Bejora Sivilleri, et accède au rang de comte de Villasor: ses descendants obtiennent le titre de marquis. La maison forteresse des Alagon est toujours le monument le plus intéressant de Villasor[8]. La descendance du frère de Leonardo, Francesco, se poursuit pendant de nombreuses générations.

Les armoiries des Alagon s'établissent ainsi: « d'or et d'argent a six palles de noir » le marquis Leonardo y avait ajouté « l'arbre vert déraciné » du Judicat d'Arborée. La défaite du marquis Leonardo est considérée comme l'échec définitif de l'ultime tentative d'établir en Sardaigne un État indépendant. La succession revendiquée par Alagon représentait un élément de la continuité du Judicat d'Arborée ce qui était inacceptable pour la couronne d'Aragon. Selon le chroniqueur catalan Geronimo Zurita, le roi aragonais n'a pas approuvé qu'à la mort de Salvatore Cubello, sans héritier direct, que son petit-fils lui succède et ce dernier est donc le responsable de la guerre qui a éclaté et de sa défaite subséquente. Le titre de marquis d'Oristano fut porté à la suite du roi d'Aragon, par les souverains d'Espagne, les rois de Sardaigne (1720-1861) et enfin les rois d'Italie (1861-1946)[9].

Notes et références

  1. AA. VV., p.  102
  2. Artaldo, Giovanni, Antonio, Salvatore, Eleonora et Maria épouse de Pietro De Altarriba dont la descendance perdure jusqu'à nos jours.
  3. Carta Raspi, p.  220
  4. Cioppi, p. 68
  5. Cioppi, p.  69
  6. Carboni, La battaglia..., p.  39
  7. Carboni, Leonardo.., p.  80
  8. Serra, p.  35
  9. Scarpa Senes, p.  91

Bibliographie

  • (it) AA. VV., Giudicato d'Arborea e Marchesato di Oristano: proiezioni mediterranee e aspetti di storia locale, S'Alvure, Oristano 2000.
  • (it) Proto Arca Sardo, De bello et interitu Marchionis Oristanei, a cura di Maria Teresa Laneri, CUEC, Cagliari 2003.
  • (it) Giovanni Boassa, Due battaglie che cambiarono il destino della Sardegna, PTM, Mogoro 2012.
  • (it) Pietro Carboni, La battaglia di Macomer, La Biblioteca della Nuova Sardegna, Sassari 2013.
  • (it) Id., Leonardo Alagon, 2 vol., La Biblioteca della Nuova Sardegna, Sassari 2013.
  • (it) Raimondo Carta Raspi, Storia della Sardegna, Mursia, Milano 1974.
  • (it) Go Casalis, Vittorio Angius, Dizionario Geografico Storico, Statistico, Commerciale Degli Stati Di S.M. il Re Di Sardegna, Kessinger Publishing, (ISBN 978-11-682-6643-9), 2010, pp. 584.
  • (it) Alessandra Cioppi, Battaglie e protagonisti della Sardegna medioevale, AM-D, Cagliari 2008.
  • (it) Franco Cuccu, La città dei Giudici, vol. I, S'Alvure, Oristano 1996.
  • (it) Francesco Floris, Storia della Sardegna, Newton & Compton, Roma 2007.
  • (es) Carlos Sarthou Carreres, El castillo de Jàtiva y sus històricos prisioneros, E.P.V., Valencia 1951.
  • (it) Arnaldo Satta-Branca, La Sardegna attraverso i secoli, Fossataro, Cagliari 1966.
  • (it) Mirella Scarpa Senes, La guerra e la disfatta del Marchese di Oristano dal manoscritto di G. Proto Arca, ed. Castello, Cagliari 1997.
  • (it) Giovanni Serra, Villasor, <Parte Ippis>, Grafica del Parteolla, Dolianova 1995.
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