Le Train vers le paradis

Le Train vers le paradis (polonais Pociąg do nieba), est un monument de Wrocław, en Pologne.

Histoire

Le monument a été commandé par la ville de Wroclaw à la mémoire des victimes du nazisme et avec la participation financière de la société de développement de Wroclaw Archicom pour célébrer ses 20 ans d'activité commerciale dans la ville [1].

Description

C'est le plus grand monument de Wrocław, œuvre d'Andrzej Jarodzki. Il s'agit d'une locomotive à vapeur de type BR 52, d'une longueur de 30 mètres pour un poids de 80 tonnes. De fabrication allemande, ce type de locomotive a été utilisé par le Troisième Reich durant la Seconde Guerre mondiale pour tracter, entre autres, des trains de déportés vers les camps de concentration nazis. Après la guerre, cet exemplaire fut attribué à la Pologne comme dommage de guerre et servit encore une quinzaine d'années avant d'être déclassé et d'être finalement acquis par Archicom. Un autre exemplaire identique rouille non loin de là, dans l'ancienne gare désaffectée de Wroclaw Świebodzki (pl).

Controverse

Lors sa création en , cette œuvre était dédiée à la mémoire des victimes du nazisme sans précision de race, de religion ou d'ethnie. Elle fut aussitôt critiquée tant sur le plan esthétique (en tant que sinistre épave industrielle partiellement rouillée et dont l'avant semble ensanglanté) que sur le plan idéologique (ni les nazis, ni leurs victimes athées, agnostiques et juives ne songeaient au « paradis » mais seulement à la mort infligée et subie). En effet, le concept de « paradis » et plus largement d'« au-delà » est présent dans la Bible catholique, mais absent de la Torah et du judaïsme[2].

Dans ce contexte, la montée des nationalismes et des intolérances religieuses tant en Pologne qu'en Israël alimente une polémique mémorielle entre les deux pays, où chaque coalition conservatrice au pouvoir cherche à rassembler l'électorat autour de ses valeurs. Aux yeux des orthodoxes israéliens, évoquer le paradis en mémoire des persécutions nazies, revient à exclure les juifs de la commémoration symbolisée par cette œuvre, pour la réserver aux seuls chrétiens. Selon Benjamin Netanyahu, le titre « Le train pour le paradis » est donc une provocation aussi cynique que la phrase Arbeit macht frei le travail rend libre ») à l'entrée des camps nazis[3]. Aux yeux du parti conservateur et catholique polonais Droit et justice et de son président Jarosław Kaczyński, les israéliens cherchent à culpabiliser la Pologne occupée en la rendant co-responsable des crimes commis par les occupants et en oubliant que les Polonais aussi ont été victimes du nazisme[4],[5].

Notes et références

  1. « Le Train vers le ciel à Wroclaw », sur Culture Actuelle, (consulté le )
  2. Axel Ringier, (pl) Le train pour le paradis de Wrocław sur Podróże du 20 octobre 2010 .
  3. Jakub Iwaniuk, Controverse entre Israël et la Pologne à propos de la mémoire de la Shoah in: Le Monde du 16 février 2019 sur
  4. Piotr Smolar et Jakub Iwaniuk, Crise diplomatique ouverte entre Israël et la Pologne sur fond d’accusations d’antisémitisme, in: Le Monde du 19 février 2019 sur .
  5. « Statements by Mateusz Morawiecki and Sebastian Kurz » [archive du ], sur www.securityconference.de (consulté le )

Bibliographie

(en) Otto Friedrich, The Kingdom of Auschwitz : 1940-1945, Harper Perennial, , 128 p. (ISBN 978-0-06-097640-8), p. 2–3.

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