Le Sphinx des glaces

Le Sphinx des glaces est un roman fantastique de Jules Verne, publié en 1897.

Le Sphinx des glaces

L’Halbrane pris dans les glaces.

Auteur Jules Verne
Pays France
Genre Roman fantastique - Roman de découvertes
Éditeur Hetzel
Date de parution 1897
Illustrateur George Roux
Série Voyages extraordinaires
Chronologie

Cette œuvre se présente comme une suite au roman d'Edgar Allan Poe – auquel il est dédié –, Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, publié en 1838. Alors que le texte de Poe offre une fin fantastique, voire mystique, Jules Verne donne une explication d'ordre rationnel à la fin du récit.

Historique

Illustration originale de George Roux pour le roman.

Le roman paraît d'abord en feuilleton dans le Magasin d'éducation et de récréation du 1er janvier au , puis en gr. in-8° (In octavo), dès le de la même année chez Hetzel[1].

Résumé

1re Partie : En 1839, l’Américain Jeorling, minéralogiste, de passage aux îles Kerguelen, cherche à retourner dans son Connecticut natal. Il rencontre Len Guy,  le capitaine de la goélette l'Halbrane ; celui-ci accepte tant bien que mal de l’emmener. Le départ a lieu le .

Une fois à bord, le capitaine lui parle du roman d’Edgar Allan Poe Les Aventures d'Arthur Gordon Pym et lui montre le message trouvé dans une bouteille laissé par le capitaine de la Jane (navire évoqué dans le livre de Poe) aux abords des îles Kerguelen. Il est convaincu que tout ceci a bel et bien existé. Il lui demande alors : « Avez-vous connu la famille Pym sur l’île de Nantucket ? » Puisque Pym est mort et Poe introuvable, son but est de retrouver le compagnon métis : Dick Peters.

Peu avant d’arriver sur l’île Tristan d’Acunha, l’Halbrane croise, sur un bloc de glace à la dérive, le cadavre gelé de Patterson, le second de la Jane commandée par William Guy, le frère de Len Guy, un livre de bord dans sa poche : plus de doute, l’histoire est vraie. Il y aurait des survivants, il faut partir à leur recherche et retrouver son frère absolument.

Le , à Port Egmont dans les îles Falkland, le capitaine Len Guy ordonne une remise en état du bateau et embauche dix-neuf marins dont un étrange petit homme trapu : Hunt. « Voulez-vous de moi ? », dit-il. Au cours d’une tempête, le mystérieux Hunt se jette à la mer pour secourir un marin tombé à l’eau : Martin Holt.

Arrivés le sur l’îlot Bennet, ils découvrent un bout de bois avec  les traces du nom de la Jane. Dans l’île de Tsalal, aucun arbre et ni rivière comme décrit dans le livre, mais chaos et désolation. Jeorling imagine alors un tremblement de terre pour justifier ce changement radical. On y retrouve le collier du chien de Pym.

2e partie :  Le capitaine Len Guy, désolé de ne pas trouver de survivants, décide de faire demi-tour avant que la saison hivernale arrive. On découvre que Hunt n’est autre que Dirk Peters. Le , le ton monte : les engagés veulent rentrer. Jeorling promet deux-mille dollars par degré de latitude gagné.

Un énorme iceberg, bloqué par un haut-fond, bascule et soulève dans les airs l’Halbrane. On décide de la vider de sa cargaison. Sous le dégel, la glace se rompt et la goélette coule dans l'eau gelée. Un autre iceberg vient les libérer en les heurtant.

Suivant la dérive de l’iceberg, ils accostent sur une terre. Treize mutins s’emparent de l’unique canot restant. Demeurés sur terre, les neuf autres découvrent une embarcation où se trouvent William Guy et trois autres matelots de la Jane : retrouvailles entre les deux frères. Le , départ en canot.

En s’éloignant du pôle Sud, ils découvrent un massif en forme de sphinx. Tout objet métallique est alors violemment arraché. Arrivés au pied de celui-ci, ils découvrent le corps de Pym mort, plaqué par son arme le long de la façade du Sphinx ; Dirk Peters en meurt de chagrin.

Le , ils repartent et, le , un navire américain, le Tasman les récupère.

Suite

En 2016, le journaliste et romancier français Richard Gaitet publie L'Aimant – roman magnétique d'aventures maritimes (éditions Intervalles[2]), qui se présente comme une suite contemporaine du Sphinx des glaces.

Personnages

  • Jeorling, minéralogiste d'origine américaine, narrateur du roman. Esprit cartésien qui va découvrir peu à peu que le roman de Poe est une réalité.
  • Len Guy, capitaine de l'Halbrane, 45 ans. Physionomie non pas dure, mais impassible. Taciturne et introverti. Frère de William Guy.
  • Hurliguerly, natif de l'île de Wight, 44 ans, bosseman de l'Halbrane. « La poitrine large à contenir deux paires de poumons – et je me demandai s'il ne les possédait pas, tant il dépensait d'air dans l'acte de la respiration. »[3]
  • Jem West, 32 ans, second de l' Halbrane. Marin dans l'âme, tout nerfs et tout muscles. Il parle peu, mais « si l'Halbrane avait un cœur, c'était dans la poitrine de Jem West qu'il battait »[4].
  • Fenimore Atkins, aubergiste à Port-Christmas dans l'archipel des Kerguelen, originaire de la même région que Joerling, patron du Cormoran Vert.
  • Betsey Atkins, épouse de Fenimore Atkins. « Vaillante matrone », elle lui a donné dix fils.
  • Martin Holt, maître-voilier à bord de l' Halbrane.
  • Hardie, maître-calfat.
  • Rogers, matelot anglais.
  • Drap, matelot anglais.
  • Francis, matelot anglais.
  • Gratian, matelot anglais.
  • Burry, matelot anglais.
  • Stern, matelot anglais. Tous membres de l'équipage de l'Halbrane.
  • Endicott, cuisinier de l'Halbrane, natif de la côte d'Afrique, une trentaine d'années.
  • Patterson[5], 40 ans environ, second de la Jane.
  • William Guy[5], commandant de la Jane, frère de Len Guy, brave homme très ouvert.
  • Glass[5], ex-caporal de l'artillerie anglaise, régnant sur Tristan d'Acunha.
  • Hearne, marin américain, 44 ans, originaire de Glasgow. Recruté aux Falklands. Maître de pêche. Audace farouche.
  • Hunt, 44 ans, homme de petite taille, superacuité du regard de ses petits yeux, bouche presque sans lèvres fendue d'une oreille à l'autre. Alias Dirk Peters[6].
  • Allen[5], matelot de la Jane.
  • Parker[5]. Verne en fait le frère de Martin Holt, Ned Holt. Il fut dévoré par les survivants du Grampus.
  • Trinkle, marin rescapé de la Jane.
  • Roberts, marin rescapé de la Jane.
  • Covin, marin rescapé de la Jane.
  • Forbes, marin de la Jane, mort après la fuite de l'île Tsalal.
  • Lexton, marin de la Jane. Il subit le même sort.
  • Arthur Gordon Pym, personnage principal du roman d'Edgar Poe. Chez Verne, son corps est retrouvé crucifié sur la terre du Sphinx.
  • Tigre, chien d'Arthur Gordon Pym. Devenu enragé.
  • L' Halbrane, goélette anglaise. Navire de commerce.
  • Le Paracuta, canot où sont retrouvés les survivants de la Jane.
  • Le Tasman, trois-mâts américain de Charleston, recueille les douze rescapés de l'incroyable voyage.
  • La Jane et Le Grampus, navires déjà présents dans Les Aventures d'Arthur Gordon Pym.

Notes et références

  1. Piero Gondolo della Riva. Bibliographie analytique de toutes les œuvres de Jules Verne. Tome I. p. 126-127. 1977.
  2. « L’Aimant », (consulté le )
  3. Le Sphinx des glaces. Première partie. Chapitre II.
  4. Le Sphinx des glaces. Première partie. Chapitre IV.
  5. Personnage du roman d'Edgar Poe.
  6. Voir Les Aventures d'Arthur Gordon Pym.

Annexes

Bibliographie

  • Mario Turiello. Les Aventures d'Arthur Gordon Pym et Le Sphinx des glaces. Études de Critique Littéraire. Castrovillari. François Patitucci. 1901. 54 pages. Repris in Bulletin de la Société Jules-Verne 165. Mars 2008.
  • Edmond P. Géhu. La Géographie polaire dans l'œuvre de Jules Verne. III. "Le Sphinx des glaces". Bulletin de la Société Jules Verne 11. A.S. Paris. 1938.
  • Démètre Ioakimidis et Pierre Strinati. Tékéli-li. La postérité littéraire d'Arthur Gordon Pym. in Fiction. Paris. no 74. Janvier 1960.
  • Henri Robillot. D'un pôle à l'autre. in Viridis Candela. Dossiers acénotètes du Collège de Pataphysique. Paris. 1961.
  • Alfred Adler. Hatteras: Verzweiflung im Namen der Wissenschafft. München: Fink. 1970.
  • Charles-Noël Martin. Préface. Éditions Rencontre. Lausanne. 1970.
  • J.-M. Santraud. Dans le sillage de la baleinière d'Arthur Gordon Pym: "Le Sphinx des glaces", "Dan Yack". in Études Anglaises. Paris: Didier, vol. 25, no 3. 1972.
  • Jean Richier. Note sur la constellation du marin. L'Herne 25. Jules Verne. Paris. 1974.
  • Y. Gonzalez. L'influence d'Egar Allan Poe sur Jules Verne: Les Aventures d'Arthur Gordon Pym. Mémoire. Nantes. 102 pages. 1977-78.
  • Marie-Hélène Huet. Itinéraire du texte. Jules Verne et les Sciences humaines. Colloque de Cerisy. Paris. Union générale d'éditions. 1979.
  • Jean-Pierre Picot. Du sphinx des glaces au sphinx des tropiques. Bulletin de la Société Jules Verne 62. 1982.
  • Volkmar Berg. Phantastische Antarkatis-Romane. Edgar Allan Poes Arthur Gordon Pym und seine Wiederaufnahme bei Jules Verne und H. P. Lovecraft. in Quarber Merkur. Juin 1984.
  • Volker Dehs. Imagination, réalité et fantastique dans "Le Sphinx des glaces" de Jules Verne. Mémoire. Nantes: Université. 72 pages. 1986.
  • Pascal-Emmanuel Gallet. Le Sphinx des glaces, ou la divine querelle. in Le Paysage blanc. Regards croisés. 1987. Repris dans la postface du roman au Livre de Poche.
  • Jean-Pierre Picot. Jules Verne et "Les Mille et une nuits". Actes du colloque international «Dimensions du Merveilleux». Oslo. 1987.
  • Jean-Pierre Picot. Schéhérazade et le Sphinx. Jules Verne explorateur de la mort sur le pas d'Edgar Poe. Jean Emelina & Denise Terrel (Ed.) in "Edgar Poe et la raison visionnaire". Nice Université. 1988.
  • Mireille Gouaux. Les Aventures d'Arthur Gordon Pym et Le Sphinx des glaces: une intertextualité exemplaire. Jean Emelina & Denise Terrel (Ed.) in "Edgar Poe et la raison visionnaire". Nice Université. 1988.
  • Norbert Miller. Eine verhüllte menschliche Gesttalt… «Antarktische Winterwunder bei E. A. Poe und Jules Verne.». Zürich. Décembre 1988.
  • Olivier Dumas. Mort et Naissance dans le "Sphinx des glaces". Bulletin de la Société Jules Verne 89. 1989.
  • Mariella Di Maio. Jules Verne et le voyage au second degré ou un avatar d'Edgar Poe. Romantisme, 1990.
  • Nathalie Soubeyrand. Les Suites de "The Narrative of Arthur Gordon Pym" de Edgar Allan Poe. Mémoire de maîtrise. Université de la Sorbonne Nouvelle. Paris III. 209 pages. 1990.
  • Jean-Yves Gillon. Les trois "questes" du "Sphinx des glaces". Mon frère qui m'appelle. Bulletin de la Société Jules Verne 107. 1993.
  • David Meakin. Like Poles Attracting: Intertextual Magnetism in Poe, Verne and Gracq. Leeds: Maney & Son. 1993.
  • Florent Montaclair. Suite et évènement, la paternité littéraire des Aventures d'Arthur Gordon Pym d'Edgar Poe. Jules Verne et H. P. Lovecraft. Les belles Lettres. 1997.
  • Florent Montaclair. L'Influence des "Aventures d'Arthur Gordon Pym" d'Edgar Allan Poe sur "Le Sphinx des glaces" de Jules Verne. L'Intertextualité. Paris. Les Belles Lettres. 1998.
  • Lionel Dupuy. Le Sphinx des glaces. Les territoires de l'étrange. in "Jules Verne, l'homme et la terre". La Clef d'argent. 2006.
  • Lionel Philipps. Repentirs de l'anthropophagie dans le "Sphinx des glaces". Bulletin de la Société Jules Verne 165. Mars 2008.

Liens externes

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