Le Puits de solitude

Le Puits de solitude (The Well of Loneliness) est un roman anglais de Radclyffe Hall paru en 1928. Dès sa parution, l'œuvre fait scandale pour son sujet, le lesbianisme.

Résumé

Dans les collines de Malvern, près de la Severn, Sir Philip Gordon et Lady Anna Gordon ont une fille prénommée Stephen. Très proche de son père, lecteur de Karl Heinrich Ulrichs, elle remplace le garçon qu'il n'a pas pu avoir.

Stephen grandit comme un garçon manqué, et en se sentant différente des autres. Elle se prend d'affection pour sa professeure de français, Mlle Duphot. Passionnée d'équitation, elle est comparée à une amazone. Lorsque le père de Stephen meurt, elle hérite à vingt-et-un ans d'une confortable rente.

Elle rencontre Violet, qui devient une amie, et Angela Crossby, une femme mariée avec qui elle vit une relation amoureuse platonique, et Stephen prend conscience de son homosexualité. Mais Angela revient vers son époux, laissant Stephen désespérée.

Accablée par ses lectures de la Bible et de Krafft-Ebing, elle trouve un soutien en Puddle, qui l'encourage à écrire et à défendre sa cause. Stephen Gordon écrit deux romans et se lie d'amitié avec Mrs Breakspeare et avec un auteur dramatique, Jonathan Brockett. Il l'emmène à Paris, et lui présente Valérie Seymour, une riche américaine qui tient un salon lesbien sur la Rive gauche (ce personnage est inspiré de Natalie Clifford Barney). Elle y revoit aussi Mlle Duphot.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Stephen retourne en Angleterre. Elle contribue à l'effort de guerre aux côtés de la généreuse Mary Llewellyn. À l'armistice, elle revient à Paris avec Mary. Elles s'installent en Espagne dans une villa à Orotava, puis reviennent à Paris. Mary et Stephen prennent graduellement conscience de la force de leur amour. Mais les gens de la bonne société qui les invitaient commencent à les rejeter.

Une nouvelle épreuve attend Stephen : Martin Hallam, un ami de Stephen, tombe amoureux de Mary, laissant la jeune fille face à un choix entre lui et Stephen. Malgré sa douleur, cette dernière est prête à se sacrifier pour le bonheur de Mary, elle lui fait croire qu'elle l'a trompée avec Valérie Seymour. Le roman s'achève sur ces phrases : « Reconnaissez-nous, oh Dieu, devant le monde entier ! Concédez-nous, à nous aussi, le droit à l'existence ! » (traduction de Léo Lack).

Réception

Le roman, refusé par plusieurs éditeurs, paraît en 1928. Un quotidien, le Sunday Express, publie une critique intitulée « Un livre qui doit être interdit » : « Je préférerais donner à un garçon sain ou à une fille saine une fiole de cyanure d'hydrogène que ce roman », écrit le critique. Le ministre de l'Intérieur exige que le livre soit retiré de la vente.

Malgré leur réticence devant la valeur littéraire du roman, plusieurs auteurs, révoltés par ce scandale homophobe, prennent parti pour Radclyffe Hall : Vita Sackville-West, Edward Morgan Forster, Virginia Woolf, ou Arnold Bennett. Le tribunal d'instance de Londres fait comparaître les éditeurs anglais et français du livre. Le juge récuse sans les entendre les avis favorables d'une quarantaine de témoins, et ordonne la destruction du livre, pour obscénité et immoralité.

Le roman, interdit en Angleterre, est vendu à un million d'exemplaires aux États-Unis d'Amérique entre 1928 et 1943, avec une préface de Havelock Ellis.

Bibliographie

  • Barale, Michèle Aina (1991). "Below the Belt: (Un)Covering The Well of Loneliness", in Diana Fuss (ed.), Inside/Out: Lesbian Theories, Gay Theories, New York, Routledge, 1991 pages 235-258 (ISBN 0-415-90237-1)
  • Doan, Laura et Prosser, Jay, Palatable Poison: Critical Perspectives on The Well of Loneliness, New York, Columbia University Press, 2001 (ISBN 0-231-11875-9)
  • Florence Tamagne, Histoire de l'homosexualité en Europe, Berlin, Londres, Paris, 1919-1939, Paris, Seuil, 2000.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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