Le Cri

Le Cri (en norvégien : Skrik) est une œuvre expressionniste de l'artiste norvégien Edvard Munch dont il existe cinq versions (deux peintures, un pastel, un au crayon et une lithographie) réalisées entre 1893 et 1917. Symbolisant l'homme moderne emporté par une crise d'angoisse existentielle, elle est considérée comme l'œuvre la plus importante de l'artiste. Le paysage en arrière-plan est le fjord d'Oslo, vu d'Ekeberg. L'une des cinq versions a été vendue par Sotheby's à New York pour un montant de 120 millions de dollars. Elle détient ainsi, le , le record de vente d'une peinture aux enchères[1]. Elle est aujourd'hui, la cinquième plus chère œuvre vendue aux enchères[2].

Pour les articles homonymes, voir Le Cri (homonymie).

Description

Munch a exécuté cinq versions du tableau, dont les plus fameuses sont une tempera sur carton au musée Munch d'Oslo (de 83,52 cm de haut sur 66 cm de large), et une peinture à l'huile, tempera et pastel à la Galerie nationale d'Oslo (91 cm de haut sur 73,5 cm de large). Une troisième version appartient également au musée Munch. Une quatrième appartenait au milliardaire norvégien Petter Olsen, avant d'être vendue aux enchères à un acheteur anonyme, le , pour la somme record de 119,92 millions de dollars[3]. Il dépasse donc le Nu au plateau de sculpteur de Picasso qui a été vendu 106,5 millions. La cinquième version est une lithographie réalisée en 1895 à Berlin.

Citation de l'artiste

Le , Munch a écrit dans son journal :

« Je me promenais sur un sentier avec deux amis — le soleil se couchait — tout d'un coup le ciel devint rouge sang. Je m'arrêtai, fatigué, et m'appuyai sur une clôture — il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir de la ville — mes amis continuèrent, et j'y restai, tremblant d'anxiété — je sentais un cri infini qui passait à travers l'univers et qui déchirait la nature[4]. »

Inspiration

Momie Chachapoya présentée au musée d'Ethnographie du Trocadéro à partir de 1882.

Selon Donald Olson, professeur d'astrophysique à l'université du Texas, ce coucher de soleil d'un rouge flamboyant était vraisemblablement provoqué par les cendres émises lors de l'éruption du volcan Krakatoa[5],[6].

Le tableau a une grande ressemblance avec plusieurs momies, dont une momie chachapoyas retrouvée au Pérou[7]. Selon l'historien de l'art Robert Rosenblum[8],[9], Munch aurait découvert la momie lors d'une exposition à Paris et s'en serait inspiré pour peindre la première version de son tableau[10]. La même momie aurait aussi inspiré Paul Gauguin[10],[9].

Vols

Le , Le Cri de la Galerie nationale d'Oslo a été volé. Des groupes anti-avortement actifs en Norvège ont alors été soupçonnés. Trois mois plus tard, le tableau est proposé au gouvernement norvégien pour une rançon de 1,2 million de dollars américains. Le gouvernement refuse et le tableau est retrouvé le , lors d'une descente effectuée par la police norvégienne et préparée en collaboration avec la police britannique et le Getty Center[11].

Dix ans après, le , l'un des Cri du musée Munch, le plus célèbre, ainsi que la Madone, ont été volés lors d'une attaque à main armée[11]. Selon le journal suédois Svenska Dagbladet, le tableau aurait été brûlé. Toutefois, le , la police norvégienne a annoncé avoir retrouvé les deux tableaux volés dans un état jugé « assez bon »[12]. Le la Cour d'appel d'Oslo condamne trois des voleurs ayant pris part au vol à main armée de ce tableau[13] ; la peine la plus sévère, neuf ans et demi de prison, a été prononcée à l'encontre de Tharaldsen, le chauffeur de la voiture (mais cette sentence porte aussi sur une autre attaque à main armée pour laquelle il a également été condamné). Björn Hoen, l'un des chefs de l'opération, a écopé de neuf ans et Stian Skjold, l'un des deux assaillants, de cinq ans et demi. Le deuxième assaillant serait mort d'une surdose d'héroïne le selon la police norvégienne[réf. nécessaire].

Influence

Peinture

L'artiste islandais postmoderne Erró en a fait plusieurs détournements dans ses peintures, dont son tableau Le Cri de 1967.

Cinéma

Un graffiti librement inspiré du tableau de Munch, près de la voie de chemin de fer entre Sehnde et Lehrte en Allemagne.

Le personnage de Ghostface personnifié dans la série de films d'horreur Scream arbore un masque d'Halloween directement inspiré de la figure du tableau de Munch[14]. Dans le film L'Étrange Noël de monsieur Jack, la figure du tableau est représentée sous la forme d'une statue dans le cimetière de la ville d'Halloween. Dans l'épisode 6 de la partie 1 de la série La casa de papel, les braqueurs possèdent un masque s'inspirant du tableau.

Dans Les Looney Tunes passent à l'action (2003) de Joe Dante, Daffy Duck, Bugs Bunny et Elmer Fudd « entrent » dans plusieurs tableaux sur musée du Louvre, dont Le Cri.

Animation

Dans l'émission américaine Beavis et Butt-Head, le tableau apparaît dans un épisode intitulé Butt is it Art?. Le tableau apparaît également sous forme de « film » dans le film Les Looney Tunes passent à l'action[15]. La série télévisée américaine Les Simpson montre à plusieurs reprises le tableau. Dans un épisode de la neuvième saison, le personnage du tableau apparaît pour jouer au baby-foot avec Homer. Le tableau apparaît aussi lors d'un épisode où Lisa a des problèmes avec son père (Homer fait une mascotte). Un des garnements l'avait volé. Dans un épisode de la vingtième saison (intitulé Burns est piqué), le tableau fait une apparition lorsque des milliardaires tirent sur le tableau à l'aide d'arcs. Dans l'épisode 21 de la saison 1 des Sorciers de Waverly Place (intitulé Tableaux vivants), le personnage sort magiquement de la toile. Dans Persepolis (film d'animation en noir et blanc inspiré du roman graphique du même nom), le personnage principal pousse un cri tandis que son visage se métamorphose en celui du personnage du tableau.

Le tableau a également inspiré les séries d'animations japonaises. Dans un des épisodes de la deuxième saison de School Rumble, le personnage masculin principal, Harima Kenji, prend les traits du personnage du tableau pour hurler sa terreur devant son rédacteur en chef. Dans le premier épisode de Great Teacher Onizuka, lorsque Onizuka apprend qu’il peut, grâce à son métier, épouser une fille de 16 ans alors qu’il en a 22, pris d'émotion, le visage du personnage devient celui du personnage du Cri[16]. Dans l'épisode 18 de Nicky Larson, intitulé Prémonitions, le tableau apparaît en arrière-plan. Dans le deuxième OAV de Magical Girl Kokoro à plus ou moins 18 minutes et 58 secondes, une scène apparaît dans laquelle l'un des personnages fait une tête qui ressemble fort à celle du Cri[réf. nécessaire]. Dans le deuxième épisode de Another, à plus ou moins 2 minutes et 45 secondes de l'épisode, un personnage peint un tableau qui ressemble au Cri de Munch, il l'appelle même par la suite Le Cri du citron ; ce personnage s'était effectivement inspiré de Munch[17]. Il apparaît également dans l'OAV 4 de Naruto. Le héros, Naruto Uzumaki, pousse un cri de dépit et se retrouve dans le tableau : il a alors la même expression et le fond est identique.

Littérature

L'écrivain québécois Vincent Thibault s'est inspiré du Cri pour composer la nouvelle Le Secret fardeau de Munch, Éditions De Courberon, 2009.

Laurent Graff publie en 2006 Le Cri, Le Dilettante, inspiré du vol du Cri.

Bande dessinée

  • Chez Kek : À la 3e case de la planche « Pochtron », les trois personnages prennent la posture et le visage de l'homme du tableau.
  • Nestor Burma : Le dessinateur Jacques Tardi y fait visiblement référence dans la première vignette de l'adaptation en bande dessinée de Nestor Burma : Brouillard au pont de Tolbiac, le roman de Léo Malet (« Paris. La nuit, sur le pont de Tolbiac, un homme rôde. Dans son regard, la folie ») (Éditions Casterman, 1982).
  • Ranma ½ : Les personnages prennent régulièrement les traits du personnage du tableau lorsque, pendant un monologue ou une discussion, ils sont surpris par la personne visée.
  • Sentaï School : À la fin de l'épisode 25, The S files, lorsque Angus Wing embrasse Sinobi Jesper, la tête de son frère Keiji évoque le célèbre tableau.
  • W.I.T.C.H. : Dans un numéro, un monstre hante un des personnages principaux. Il a été inspiré par Le Cri ; à la fin du numéro, le nom du tableau est cité.
  • Cathy's Book : À la première page, le personnage du tableau a été reproduit.
  • Great Teacher Onizuka : Dans le premier épisode, Onizuka, choqué, les mains collées aux joues, et ayant sa tête qui prend la forme du personnage du tableau. Le ciel lui aussi devient rouge.
  • Le Vol du Cri, bande dessinée de 2006 réalisée par Annequin et Jullian, évoque longuement ce tableau, dans le cadre d'une intrigue fantastique au musée des beaux-arts de Lyon.
  • L'Anniversaire d'Astérix et Obélix - Le Livre d'or : Le tableau est parodié par Uderzo à la page 45.
  • Détective Conan, épisode 774 : Le tableau apparait avec deux autres œuvres de Munch et que Jirokichi Suzuki possède.
  • Sherlock Holmes et les Vampires de Londres, tome 1, page 39 : Le tableau est exposé sur les murs de la résidence de Selymes. Il s'agit d'un anachronisme car l'aventure est censée se passer en 1891, soit avant que l’œuvre ne soit peinte.
  • Devilman, tome 5 page 181. On retrouve aussi cette référence dans la réadaptation animée de 2018 Devilman Crybaby à la fin de l'épisode 1.
  • Les P'tites Poules, par C. Jolibois et C. Heinrich, tome 3: Le jour où mon frère viendra.

Musique

  • Le Cri a été utilisé par différents groupes pour leurs pochettes ou affiches : Clair Obscur pour La Cassette noire (F), Red Lorry Yellow Lorry pour This Today (GB), Laibach (SLO)… On le trouve également sur la pochette de l'album The Screamers de John Cerminaro (en), sur l'album de même nom de Morgen.
  • Jean Guidoni a interprété en 1982 la chanson Qui crie ? (texte : Pierre Philippe, musique : Astor Piazzolla), dans son album et spectacle Crime passionnel, qui a pour inspiration le tableau d'Edvard Munch.
  • Sorti en 2015, le titre du premier album du musicien français Xavier Ridel, alias Waterwalls, Silent Skrik, est une référence au tableau Le Cri[18],[19].

Jeux vidéo

Le Cri apparaît dans Angry Birds Seasons de Rovio Entertainment, à l'arrière-plan des niveaux. [réf. souhaitée].

Informatique

Le glyphe représentant le point de code Unicode U+1F631 dans le bloc des émoticônes, intitulé « visage criant de peur » est librement inspiré du tableau Le Cri[20],[21].


Notes et références

  1. Judith Benhamou-Huet, « 119,9 millions de dollars pour « Le Cri » », sur lepoint.fr, .
  2. « Vente record du "Salvator Mundi" : les dix tableaux les plus chers vendus aux enchères », sur europe1.fr, (consulté le )
  3. « Record historique pour le Cri, adjugé 119,9 millions $ », sur Cyberpresse.ca, (consulté le ).
  4. Peter Aspden, « So, what does ‘The Scream’ mean? », sur le Financial Times,
  5. « Krakatoa provided backdrop to Munch's scream », sur Reuters, (consulté le ).
  6. (en) « Why the sky was red in Munch's 'The Scream' », sur Reuters, (consulté le ).
  7. Ulrich Bischoff, Edvard Munch : 1863-1944, Taschen (présentation en ligne), p. 54.
  8. Robert Rosenblum, « Edvard Munch: Some Changing Contexts », Edvard Munch: Symbols & Images, , p. 1-10.
  9. Stefan Ziemendorff, « Edvard Munch y la Momia de un sarcofago de la Cultura Chachapoyas », Catedra Villarreal, vol. 3, no 2, , p. 197-212 (ISSN 2310-4767).
  10. Hannah Vickers, « The Scream was inspired by a Peruvian mummy », sur peruthisweek.com, .
  11. Karin Müller, 100 crimes contre l’art, Marseille, L'Écailler, , 254 p. (ISBN 978-2-36476-021-9), p. 85.
  12. « Le Cri et La Madone de Munch retrouvés », sur Le Figaro (consulté le ).
  13. « De lourdes peines de prison pour le vol du « Cri » », sur TF1, (consulté le ).
  14. Tony Magistrale Abject terrors: surveying the modern and postmodern horror film p. 186.
  15. « Les Looney Tunes passent à l'action / Joe Dante / 2003 » (consulté le ).
  16. « kaze-anime », sur Kaze-anime.
  17. (fr) « Another 02 », sur .
  18. « Waterwalls », sur data.bnf.fr (consulté le )
  19. « À découvrir absolument », sur www.adecouvrirabsolument.com (consulté le )
  20. (en) « Unicode Character 'face screaming in fear' (U+1F631) », sur www.fileformat.info (consulté le ).
  21. (en) « 😱 Face Screaming in Fear Emoji » (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Norbert-Bertrand Barbe, Le Cri d'Edvard Munch: un cas paradigmatique de mise en scène des codes iconiques propres à une époque, Bes Éditions, coll. « Travaux Panofkiens » (no 5), , 110 p. (ISBN 9782354241933)

Article connexe

Liens externes

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