Le Bois-de-Riquet

Le Bois-de-Riquet est un ensemble de sites préhistoriques situés sur la commune de Lézignan-la-Cèbe, dans l'Hérault, en France. On y a recensé à ce jour 7 sites (locus 1 à 7) couvrant l’ensemble des périodes culturelles du Paléolithique et du Néolithique, à partir d'environ 1,2 million d'années jusqu'à environ 3 000 ans av. J.-C., avec une concentration de vestiges lithiques sur la période du Paléolithique moyen ancien (de 350 000 à 150 000 ans)[1].

Le Bois-de-Riquet
Localisation
Pays France
Région Occitanie
Département Hérault
Commune Lézignan-la-Cèbe
Lieu-dit Bois de Riquet
Coordonnées 43° 29′ 37″ nord, 3° 25′ 35″ est
Géolocalisation sur la carte : France
Le Bois-de-Riquet
Géolocalisation sur la carte : Languedoc-Roussillon
Le Bois-de-Riquet
Géolocalisation sur la carte : Hérault
Le Bois-de-Riquet
Histoire
Oldowayen 1,2 Ma
Acheuléen ?
Moustérien ?
Magdalénien ?
3 000 ans av. J.-C.

Situation, géologie

Le bois de Riquet se trouve sur la commune de Lézignan-la-Cèbe à environ 800 m à l'ouest du village, au nord d'une carrière[2].

La Montagne Noire[3] est à km au nord-ouest (à vol d'oiseau)[2]. Deux coulées de basalte (β) provenant du volcan des Baumes[n 1],[4] en proviennent[5] ; originellement situées dans les fonds de vallée, elles forment de nos jours les sommets environnants à la suite d'une inversion du paysage due à l'érosion des anciens flancs de vallée, phénomène caractéristique du Quaternaire ancien[6]. L'une de ces coulées forme la crête qui s'allonge au sud-ouest de Lésignan[5],[7].
Au pied de cette hauteur sur le côté nord-est se trouvent des éboulis de produits basaltiques (Eβ), puis des alluvions anciennes (Fx. Pléistocène moyen, et Fy. Pléistocène supérieur), avec un peu plus loin sur le côté est de Lésigan les alluvions plus récentes (Fz)[7] de la plaine de l'Hérault[5],[4].

Historique

Le site du Bois-de-Riquet est une ancienne carrière de basalte exploitée durant la majeure partie du XXe siècle. Il a été reconnu comme site paléontologique dès 1985 par un chercheur amateur, M. Jean Rouvier[8],[9]

En 2008, Jean Rouvier fait part de ses découvertes à des archéologues, qui entreprennent alors de sonder le site. Les fouilles officielles débutent en 2009 et permettent d'extraire en plusieurs campagnes des milliers d'ossements fossiles d’animaux. Parmi ces vestiges paléontologiques, les archéologues mettent au jour 23 galets aménagés portant des aménagements très anciens d'origine anthropologique[8],[9].

Intérêt du site

Seulement une dizaine de sites sont connus en Europe occidentale pour les occupations humaines antérieures au million d’années. Ils se trouvent principalement près de la Méditerranée (de l'Italie au sud de l'Espagne) et ne dépassent pas 1,6 millions d'années (moitié moins anciennes qu'en Afrique). Bois de Riquet est l'un des plus anciens sites français, avec le Vallonet (Roquebrune-Cap-Martin, Alpes-Maritimes), Pont de Lavaud (Éguzon-Chantôme, Indre - 1,05 Ma)[10], la Terre-des-Sablons (Lunery-Rosières, Cher - 1,15 Ma) et Pont-de-la-Hulauderie (Saint-Hilaire-la-Gravelle, Loir-et-Cher - 1 Ma)[11].

Le site du Bois-de-Riquet contribue à la connaissance des premières occupations d'Europe de l'Ouest, un sujet qui demeure une problématique complexe dans ces années 2010[12].

Oldowayen

Le site 1 (locus 1) se trouve entre 78,11 m et 65,70 m d'altitude, correspondant au haut et au bas du flot de lave basaltique[13]. Il a livré dans sa couche US 2 (unité sédimentaire 2) un total de 23 outils de pierre de type oldowayen. La couche US 2 était recouverte d'une coulée basaltique initialement datée de 1,57 Ma, ce qui lui donnait un âge d'environ 1,6 Ma. La datation de cette couche a depuis été révisée à environ 1,2 Ma, ce qui en fait toujours le plus ancien gisement préhistorique connu en France à ce jour[8],[9].

Cette datation est fondée sur le croisement du paléomagnétisme et de l'âge des nombreux fossiles de paléofaune trouvés sur le site, notamment de lagomorphes (lièvres et lapins), déjà connus en Espagne dans des couches géologiques d'âge équivalent[1].

Acheuléen

La couche US 4 (unité sédimentaire 4) du site 1 correspond à une coulée de boue datant vraisemblablement du début du Pléistocène moyen. Elle a livré un outillage de type acheuléen[14], daté de 760 000 ans[1], soit 100 000 ans de plus que le plus ancien site acheuléen connu jusqu'alors en France, sur le site de La Noira, à Brinay, dans le Cher.

Paléolithique moyen

Le Paléolithique moyen ancien (de 350 000 à 150 000 ans) est représenté sur trois sites, par des nucléus discoïdes bifaciaux, des denticulés et des éclats de type Levallois[1].

Trois autres sites ont livré une industrie moustérienne classique (de 150 000 à 40 000 ans), composée notamment de nucléus à éclat préférentiel, de racloirs latéraux et de racloirs doubles convergents[1].

Paléolithique supérieur

Toutes les périodes culturelles du Paléolithique supérieur sont représentées, mais avec une concentration des vestiges sur le Magdalénien, mis au jour sur trois sites[1].

Néolithique

Le Néolithique est représenté sur deux sites par une industrie chasséenne[1].

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • [Bourguignon et al. 2015] (en) Laurence Bourguignon, Jean-Yves Crochet, Ramon Capdevila, Jérôme Ivorra, Pierre-Olivier Antoine, Jordi Agustí, Deborah Barsky, Hugues-Alexandre Blain, Nicolas Boulbes, Laurent Bruxelles et al., « Bois-de-Riquet (Lézignan-la-Cèbe, Hérault): A late Early Pleistocene archeological occurrence in southern France », Quaternary International, vol. 393, , p. 24-40 (lire en ligne [sur researchgate.net], consulté en ).
  • [Bourguignon et al. 2016] (en) Laurence Bourguignon, Deborah Barsky, Jérôme Ivorra, Louis de Weyer, Felipe Cuartero, Ramon Capdevila, Chiara Cavallina, Oriol Oms, Laurent Bruxelles, Jean-Yves Crochet et Joseba Rios Garaiza, « The stone tools from stratigraphical unit 4 of the Bois-de-Riquet site (Lézignan-la-Cèbe, Hérault, France): A new milestone in the diversity of the European Acheulian », Quaternary, vol. 411, Part B « The Acheulean in Europe: origins, evolution and dispersal », , p. 160-181 (lire en ligne [sur researchgate.net], consulté en ).

Liens externes

Références

Notes
  1. L'ancien volcan des Baumes se trouve sur le bord Est de la Montagne Noire, entre Fontès et Neffiès[4].
Références
  1. « Gisement du Bois-de-Riquet, Bilan des découvertes 2010-2014 » [PDF], sur spn-pezenas.org, Société de Protection de la Nature du Piscénois (consulté en ).
  2. « Lézignan-la-Cèbe et le bois de Riquet, carte interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques » et « Hydrographie » activées. Les distances à vol d'oiseau se mesurent avec l'outil « Mesurer une distance » dans l'onglet « Outils cartographiques » à droite (symbole de petite clé plate).
  3. Bourguignon et al. 2016, p. 2, fig. 1.
  4. Berger, Feist & Freytet 1981, p. 20.
  5. « Lézignan-la-Cèbe et le bois de Riquet, carte géologique interactive » sur Géoportail.
  6. Bourguignon et al. 2016, p. 2.
  7. Berger, Feist & Freytet 1981, p. 18.
  8. Correspondant, « Sur les traces de l'Homo ergaster avec Jean Rouvier », Midi Libre/Hérault/Nizas, (ISSN 2263-5629, consulté le ).
  9. Jérôme Ivorra, « Le Bois de Riquet à l'aube du peuplement européen », Los Rocaires - Bulletin de liaison du Centre de Ressources Développement durable de Valhan, vol. 11, , p. 27-31 (lire en ligne, consulté le )
  10. De « vieux os » dans l'Hérault, sur inrap.fr.
  11. [Airvaux et al. 2012] Jean Airvaux, Jackie Despriée, Alain Turq, María Gema Chacon Navarro, David Pleurdeau, Gilles Courcimault, Marc Jarry et Laurent Bruxelles, « La conquête de l'ouest il y a un million d'années en Europe (Premières présences humaines en France entre 1,2 et 0,5 million d'années) » (Publication accompagnant l'exposition organisée par le Musée national de Préhistoire des Eyzies-de-Tayac avec la collaboration scientifique du Muséum national d'Histoire naturelle de Paris, du Musée de Tautavel, de l'université de Tarragone (Espagne) et de l'UMR PACEA - Université Bordeaux I), éd. Musée national de Préhistoire - Les Eyzies-de-Tayac, (présentation en ligne, lire en ligne [sur academia.edu], consulté en ).
  12. Bourguignon et al. 2015, p. 25.
  13. Bourguignon et al. 2016, p. 3, fig. 2.2.
  14. Bourguignon et al. 2016, résumé.
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