Langues baltes

Les langues baltes forment une sous-branche des langues indo-européennes, relevant du groupe des langues balto-slaves, avec les langues slaves.

Langues baltes
Pays Lettonie, Lituanie
Nom des locuteurs baltophones
Classification par famille
Codes de langue
ISO 639-2 bat
ISO 639-5 bat
IETF bat

Classification

Les linguistes ont éprouvé beaucoup de difficultés à établir la relation précise des langues baltes par rapport aux autres langues indo-européennes[1].

Le regroupement balto-slave des langues baltes et des langues slaves est aujourd'hui largement accepté[2],[3].

Une minorité de chercheurs soutient que les langues baltiques forment une branche distincte[4].

Certains rapprocheraient le balto-slave du groupe daco-thrace de l'ensemble thraco-illyrien, en y incluant notamment l'albanais[5].

Bien que d'origine indo-européenne, ces langues ont une partie de leur lexique emprunté aux langues finno-ougriennes, du fait de la présence parmi leurs locuteurs, durant des siècles, de minorités finno-ougriennes dont les Estoniens de Ludza sont les reliquats actuels (voir Langues dans les pays baltes).

Sous-branches

Ce groupe se divise en deux sous-groupes :

Seuls le lituanien et le letton sont encore parlés aujourd'hui et, des langues disparues, seul le vieux-prussien est attesté par des textes.

Distribution

Distribution géographique des langues baltes.

En 2020, environ 4 millions de personnes parlent le lituanien (surtout en Lituanie) et 2 millions parlent le letton (surtout en Lettonie).

Histoire

Depuis au moins les années 1980, il est fermement établi que les langues balto-slaves, baltes et slaves présentent un fort substrat ouralien, même si de nombreux détails font encore l'objet de controverses. Dans l'ensemble, la région de la Baltique présente les mêmes caractéristiques que la région des Balkans : les caractéristiques linguistiques sont réparties différemment entre les langues. Quant aux sources des caractéristiques baltes, certaines peuvent être attribuées aux langues ouraliennes et d'autres à l'indo-européen, en particulier au germanique. Les langues indo-européennes ont très probablement acquis des caractéristiques baltes d'origine ouralienne grâce à un apprentissage imparfait des langues indo-européennes par des locuteurs ouraliens, avec changement (comme dans le cas du balte et du slave) ou sans changement (comme dans le cas du germanique) ; les caractéristiques d'origine germanique sont probablement entrées dans les autres langues par voie d'emprunt, bien qu'un apprentissage imparfait soit également une possibilité[6].

Certaines preuves historiques indiquent également que les locuteurs de diverses langues ouraliennes sont passés aux langues baltes et slaves à mesure que les groupes indo-européens ont pris le contrôle de nouvelles régions. Les premières chroniques montrent des locuteurs de langue balte et ceux de langue ouralienne en contact avant le VIe siècle après J.-C. Les locuteurs finniques le long de la côte sud du golfe de Finlande (entre Narova et Saint-Pétersbourg) et près de la côte de la mer Blanche ont commencé à passer au russe au XIIIe siècle[6].

Au sein de la famille des langues indo-européennes, le balto-slave et le proto-germanique faisaient partie d'un même ensemble[réf. nécessaire]. Ces deux parlers ont progressivement divergé. Le balto-slave s'est à son tour scindé en deux, vers le IXe siècle av. J.-C., donnant le proto-slave et le proto-balte. Cette parenté explique les similitudes qui existent entre le groupe des langues slaves et celui des langues baltes. Il existe, de nos jours, au moins 289 mots communs à ces deux groupes. Certains linguistes considèrent que ces deux groupes n'en font, en réalité, qu'un seul, alors que d'autres estiment qu'ils ont divergé au point de constituer deux groupes séparés.

Vers le Ve siècle av. J.-C., le proto-balte s'est divisé pour former les sous-groupes des langues baltes orientales et des langues baltes occidentales. À partir du Ve siècle, une nouvelle division a eu lieu au sein des deux sous-groupes et a donné naissance à une dizaine de langues assez proches.

Les langues baltes semblent avoir conservé tous des éléments archaïques de leur ancêtre commun — le proto-balte — ainsi que des caractéristiques saillantes du proto-indo-européen. L'usage des langues baltes fut longtemps limité à la tradition orale et les Baltes eux-mêmes n'ont commencé à se servir de l'écriture que relativement récemment. Des traces du vieux prussien, parlé en Prusse-Orientale, ont été préservées par des traductions du XVIe siècle et un glossaire allemand-prussien écrit au XIVe siècle, mais la langue elle-même a disparu au début du XVIIIe siècle. Avec la christianisation et la germanisation de la Prusse, le vieux-prussien disparut vers la fin du XVIIe siècle. Les premières traces de lituanien remontent à 1547. Les premiers textes écrits en letton sont apparus en 1585. Les autres langues du balte ne sont attestées que dans les chroniques, quelques anthroponymes et toponymes, et par les traces qu'elles ont pu laisser dans les langues qui leur ont succédé sur le territoire. De toutes les langues baltes suffisamment documentées, c'est le vieux-prussien qui est le plus conservateur en égard aux caractéristiques saillantes de l'indo-européen d'origine.

L'écriture dans les langues baltes résiduelles ne se répand vraiment qu'au milieu du XIXe siècle, notamment parce que la Lettonie et la Lituanie n'étaient pas des États indépendants et que les autorités étrangères tentaient d'imposer dans la communication écrite les langues du colonisateur.

Notes et références

  1. (en) Ancient Indo-European Dialects, University of California Press (lire en ligne), p. 139–151
  2. (en) J. P. Mallory, In search of the Indo-Europeans : language, archaeology and myth, Thames and Hudson, (ISBN 978-0-500-27616-7, lire en ligne)
  3. (en) J. P. Mallory, Encyclopedia of Indo-European culture, Taylor & Francis, , 829 p. (ISBN 978-1-884964-98-5, lire en ligne), p. 46
  4. (en) Hans Henrich Hock et Brian D. Joseph, Language history, language change, and language relationship : an introduction to historical and comparative linguistics, Walter de Gruyter, , 602 p. (ISBN 978-3-11-014784-1, lire en ligne), p. 53
  5. Dans une perspective paléolinguistique ou phylogénétique, les linguistes Eqrem Çabej, Eric Hamp, Georgiev, Kortlandt, Walter Porzig, Sergent et d'autres, partant de la toponymie côtière de l'Albanie qui est d'origine grecque et latine, de l'influence slave et du lexique albanais commun avec les langues baltes, considèrent que le proto-albanais s'est formé, bien au nord-ouest de l'Albanie actuelle et loin de l'Adriatique, à partir d'un substrat carpien, vers le VIe siècle, sachant que les Carpiens, avant de s'installer dans les Balkans dans le sillage des Goths, proviennent de l'actuelle Moldavie et parlaient une langue dacique, rattachée à l'ensemble thraco-balte par le linguiste Cicerone Poghirc (dans Philologica et Linguistica, Ausgewählte Aufsätze, Festsammlung Zum 55 Geburtstag (1953-1983), Studienverlag Dr. N. Brockmeyer, Bochum 1983). Les détracteurs de cette thèse affirment, pour leur part, que le lexique commun à l'albanais et aux langues baltes est en fait simplement indo-européen mais ne s'est conservé que dans ces deux ensembles.
  6. (en) Sarah Grey Thomason, Language Contact, Edinburgh University Press, .

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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