Laboratoire P4

La classification P4 d'un laboratoire signifie « pathogène de classe 4 » et le rend susceptible d'abriter des micro-organismes très pathogènes. Dans le monde, les laboratoires de ce type sont également nommés « BSL 4 », de l'anglais : biosafety level 4.

Pour les articles homonymes, voir P4.

Intérieur d'un laboratoire P4

Ces agents de classe 4 sont caractérisés par leur haute dangerosité (taux de mortalité très élevé en cas d'infection), l'absence de vaccin protecteur, l'absence de traitement médical efficace, et la transmission possible par aérosols. La protection maximale exigée pour manipuler ces germes est désignée par le sigle NSB4 (niveau de sécurité biologique 4).

Spécificités

Les laboratoires P4 de sécurité maximale présentent deux grandes spécificités : ils sont totalement hermétiques et constitués de plusieurs sas de décontaminations et de portes étanches, les effluents liquides sont décontaminés chimiquement et stérilisés à la vapeur ; ils disposent aussi de sécurités anti-incendie (on prive l'incendie de son comburant oxygène en injectant un gaz inerte) couplées à des détecteurs de fumées.

Ces laboratoires assurent une protection optimale des chercheurs travaillant dans leurs enceintes. Pour y pénétrer, les personnes accréditées doivent prendre une douche, revêtir un scaphandre (sous pression positive de telle sorte qu'en cas de déchirure accidentelle de la combinaison scaphandre, l'air sortira du scaphandre, plutôt que d'y rentrer, évitant ainsi toute contamination) relié à l'une des prises fournissant de l'air dont le renouvellement est totalement indépendant de l'atmosphère du laboratoire ; quand elles sortent du laboratoire, elles prennent une douche au phénol revêtues de leurs scaphandres. Des caméras surveillent continuellement l'activité du laboratoire ; le personnel ne rentre jamais seul à l'intérieur du laboratoire. Une personne habilitée à entrer en zone P4 doit obligatoirement se trouver dans le poste central de sécurité ; elle pourra ainsi intervenir en zone en cas de problème éventuel (malaise, accident divers…).

Leur emplacement doit se faire en zone protégée (pour éviter les accidents), loin des risques géopolitiques (pour éviter le terrorisme politique), loin de la foule (en cas d'accident).

Principaux agents pathogènes de classe 4

Les principaux agents de classe 4 sont des virus générant :

Origine des laboratoires P4

La création des laboratoires P4 est la conséquence directe de l'incident de laboratoire survenu en Allemagne de l'ouest en 1967 à Marbourg, à l'usine Behring, qui produisait des vaccins à partir des cellules rénales prélevées sur des singes verts d'Afrique. Des chercheurs ont ainsi été contaminés par le virus Marburg qui a provoqué une fièvre hémorragique, apparenté au virus Ebola ; celui-là était moins pathogène que ce dernier, mais il fit toutefois 7 morts sur 31 contaminés.

L'un de ces premiers laboratoires P4 fut le CDC (Center for Disease Control, ou en français : Centre de contrôle des maladies) à Atlanta aux États-Unis.

Localisation

Il existe dans le monde plusieurs laboratoires de classe P4[1],[2],[3] :

Pays Localisation Institution
Afrique du Sud Johannesbourg National Institute for Communicable Diseases
Allemagne Berlin Institut Robert Koch
Allemagne Hambourg Bernhard-Nocht-Institut für Tropenmedizin
Allemagne Greifswald Institut Friedrich Loeffler
Allemagne Marbourg Université de Marbourg, Institut de virologie
Argentine Buenos Aires Servicio Nacional de Sanidad y Calidad Agroalimentaria (en) (SENASA)[4]
Australie Geelong Australian Animal Health Laboratory
Australie Brisbane Queensland Health Forensic and Scientific Services
Australie Melbourne Victoria Infectious Diseases Reference Laboratory (VIDRL)
Australie Sydney Centre for Infectious Diseases and Microbiology Laboratory Service (CIDMLS) et The Institute for clinical Pathology and Medical Research (ICPMR)
Biélorussie Minsk Republican Research and Practical Center for Epidemiology and Microbiology (RRPCEM)
Brésil Pedro Leopoldo Laboratório Nacional Agropecuário du Minas Gerais (LANAGRO MG)[5]
Canada Winnipeg Laboratoire national de microbiologie, Agence de la santé publique du Canada
Chine Harbin Laboratoire de l'Institut de recherche vétérinaire de Harbin[6]
Chine Wuhan Laboratoire de l'Institut de virologie de Wuhan[7]
Corée du Sud Cheongju Centres coréens de contrôle et de prévention des maladies
États-Unis Atlanta Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC)
États-Unis Atlanta Center for Biotechnology and Drug Design, Georgia State University
États-Unis Fort Detrick U.S. Army Medical Research Institute of Infectious Diseases (USAMRIID (en))
États-Unis Galveston Center for Biodefense and Emerging Infectious Diseases, University of Texas Medical Branch
États-Unis Hamilton NIAID Rocky Mountain Laboratories
États-Unis San Antonio Southwest Foundation for Biomedical Research
France Gerland, Lyon Laboratoire Jean Mérieux de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm)
France Vert-le-Petit, Essonne Laboratoire de la DGA[8], au sein du centre « DGA Maîtrise NRBC »
France Brétigny-sur-Orge, Essonne Laboratoire de l'Institut de recherche biomédicale des armées, SSA[9]
Gabon Franceville Centre international de recherches médicales de Franceville (CIRMF)
Hongrie Budapest Országos Epidemiológiai Központ (hu) (Centre national d'épidémiologie)[10]
Hongrie Pécs Szentágothai János Kutatóközpont de l'Université de Pécs
Inde Bhopal National Institute of High Security Animal Diseases (en)[11]
Inde Hyderabad Centre for Cellular and Molecular Biology (en)[12]
Inde Pune National_Institute_of_Virology (en)[13],[14]
Italie Rome Lazzaro_Spallanzani_National_Institute_for_Infectious_Diseases (en)
Italie Milan Hôpital Luigi Sacco (it)[15]
Japon Tokyo National Institute of Infectious Diseases (NIID), Département de virologie I[16]
République tchèque Těchonín Centrum biologické ochrany Těchonín (Centre de protection biologique)[17]
Royaume-Uni Londres Centre for Infections, Health Protection Agency
Royaume-Uni Salisbury Centre for Emergency Preparedness and Response, Health Protection Agency
Russie Koltsovo Centre national de recherche en virologie et biotechnologie (VEKTOR)
Russie Kirov Institute of Microbiology, Russian Ministry of Defense
Russie Serguiev Possad, Moscou Virological Center of the Institute of Microbiology, Russian Ministry of Defense
Suède Solna, Stockholm Swedish Institute for Communicable Disease Control
Suisse Genève Hôpitaux universitaires de Genève[18]
Suisse Mittelhäusern, Köniz Institut de virologie et immunologie (IVI)[19]
Suisse Spiez Laboratoire de Spiez de l'Office fédéral de la protection de la population
Suisse Zurich Institut de virologie médicale de l'Université de Zurich[20]
Taïwan Taipei Laboratoire de recherche médicale de la défense nationale (國防醫學院預防醫學研究所)

Notes et références

  1. (en) E McSweegan, « Hot times for hot labs », ASM News, vol. 65, , p. 743-746
  2. (en) GK Gronvall et N Bouri, « Biosafety Laboratories », Biosecur Bioterror, 4e série, vol. 6, , p. 299-307
  3. (en) AK Hottes, B Rusek et F Sharples, Biosecurity Challenges of the Global Expansion of High-Containment Biological Laboratories : Summary of a Workshop, Natl Academy Pr, , 204 p. (ISBN 978-0-309-22575-5, lire en ligne)
  4. « Risk Analysis:Risk of Importing Foot-and-Mouth Disease in Susceptible Species and Products from a region of Patagonia, Argentina » [archive du ], U.S. Department of Agriculture, National Import Export Services, Veterinary Services, (consulté le ), p. 60–62
  5. « Lanagro/MG é o primeiro do Brasil com nível de biossegurança máximo » [archive du ], MAPA - Ministério da Agricultura, Pecuária e Abastecimento, (consulté le )
  6. « China launches high-level biosafety lab » [archive du ], Xinhua, (consulté le )
  7. « La Chine se dote d'un laboratoire P4 »
  8. « Inauguration du laboratoire biologique P4 de la DGA », sur www.defense.gouv.fr, (consulté le )
  9. « Un laboratoire militaire hautement sécurisé à Brétigny en 2015 », sur Le Parisien, (consulté le )
  10. « Division of Virology » [archive du ], Országos Epidemiológiai Központ (consulté le )
  11. « National Instiute of High Security Animal Diseases » (consulté le )
  12. Modèle:Literatur
  13. (en-US) « India Completes First Biodefense Level 4 Lab », (consulté le )
  14. « Establishment of BSL IV Laboratory » (consulté le )
  15. « Il mondo contaminato: ecco la mappa in cui sono presenti laboratori di biosicurezza », Corriere della Sera vom 26. Juni 2012 (consulté le )
  16. « Department of Virology I », Website National Institute for Infectious Diseases (consulté le )
  17. « Biological Defence Department at Techonin », Website Ministry of Defence & Armed Forces of the Czech Republic, (consulté le )
  18. [vidéo] P4 D, un laboratoire de haute sécurité aux HUG (Genève) sur YouTube
  19. « Institut für Virologie und Immunologie IVI », Website Institut für Virologie und Immunologie (IVI) (consulté le )
  20. « Convention on the Prohibition of the Development, Production and Stockpiling of Bacteriological (Biological) and Toxin Weapons and on their Destruction » [archive du ], Switzerland Federal Department of Defence, Civil Protection, and Sports, (consulté le )

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

  • Portail de la microbiologie
  • Portail de la médecine
  • Portail des risques majeurs
  • Portail des maladies infectieuses
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.