Label indépendant

Un label indépendant est une structure de production de disques indépendante des grandes compagnies de l'industrie du disque. Les labels indépendants ont existé pratiquement dès le moment où le marché des enregistrements musicaux s'est créé. Même si l'industrie du disque s'est par la suite centralisée, les labels indépendants ont constitué une part significative, bien que réduite, du marché. Les années 1960 et 1980 sont considérées les périodes les plus prospères pour les labels indépendants.

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Ils peuvent jouer le rôle d'intermédiaire entre les majors et les artistes émergents. Inversement, certains labels indépendants font l'acquisition des droits d'enregistrements anciens, provenant eux-mêmes d'anciens labels indépendants ou bien d'artistes ayant racheté leurs droits aux majors chez qui ils avaient signés, et permettent ainsi de remettre à disposition du public des enregistrements devenus introuvables[1]

Histoire

Années 1920-1940

Pour bien saisir tout l'enjeu historique de la musique indépendante il convient de remonter dans l'histoire des maisons de disques jusque dans les années 1920 aux États-Unis. À cette époque, les grandes compagnies de l'industrie du disque (les majors) comme Columbia Records (depuis intégrée à Sony BMG Music Entertainment) étaient bravées par quantité de petites enseignes discographiques qualifiées d'indépendantes, spécialisées dans la musique noire (essentiellement blues et jazz). La crise économique de la fin de la décennie (la Grande Dépression) mina la plupart de ces labels qui finirent en banqueroute ou, dans le meilleur des cas, furent absorbés par un major.

Le terme indépendant appliqué à la musique ressurgit aux États-Unis dans les années 1950. Les grandes corporations contrôlaient le marché du disque en payant des compositeurs et en cherchant ensuite des interprètes pour les présenter au public. Le système de distribution était organisé de manière que tous leurs disques et chansons soient diffusés dans l'ensemble du pays. Sans un tel système, dont ne bénéficiaient évidemment pas les petites enseignes, il était pratiquement impossible pour un disque de remporter un succès significatif.

Depuis 1912 existait l'ASCAP (American Society of Composers, Authors and Publishers, équivalent américain de la SACEM française), par l'intermédiaire de laquelle les compositeurs et éditeurs protégeaient leurs intérêts, et qui concédait les droits de diffusions aux médias (essentiellement radiophoniques à cette époque). Cette association voyait d'un mauvais œil la diffusion de la musique noire sur les radios, si bien qu'elle censurait systématiquement les chansons de blues ou de jazz publiées par les labels indépendants. Ainsi, non seulement introuvable dans les commerces, la musique indépendante n'était de plus pas diffusée par les radios nationales. C'est alors que, pour contrer cet état de fait, commencèrent à apparaître des radios pirates[2], qui émettaient depuis des débarras vétustes ou des embarcations suffisamment éloignées des côtes.

En 1939 une association de radios et de DJs mit en marche une association rivale, BMI (Broadcast Music Incorporated), destinée à représenter de nombreux compositeurs et éditeurs jusqu'alors ignorés. L'ASCAP se démena pour que les radios nationales ne programment pas de chansons de la BMI; de nombreuses chansons furent censurées comme Such a Night de Johnnie Ray (pour de prétendues connotations sexuelles), mais le virus était en marche et se propageait déjà dans la population. La BMI survécut, ses revenus et sa popularité grandirent rapidement lorsqu'un nouveau genre nommé rock 'n' roll naquit des mains d'artistes noirs tels Little Richard, Bo Diddley ou Chuck Berry.

Années 1950 : apparition du rock

C'est un label indépendant de Chicago, Chess Records, qui publie en 1951 Rocket 88 d'Ike Turner et les Kings of Rhythm (crédité au saxophoniste-chanteur du groupe, Jackie Brenston), souvent considéré comme le premier disque de rock'n roll[3]. Le disque avait été enregistré dans le studio Sun, plus tard propriété de Sun Records, autre petit label indépendant emblématique des débuts du rock, qui publie notamment les cinq premiers disques d'Elvis Presley[3].

Années 1960-1970 : la contre-culture

Dans les années 1960, avec l'avènement du mouvement hippie et le développement de la notion de contre-culture, se dégage l'idée d'une musique marginale, underground (souterraine), réservée aux initiés. Des labels indépendants importants comme Island Records et Virgin Records (qui publie les premiers disques de Gong et de Mike Oldfield) sont fondés, respectivement en 1962 et 1973[3]. Tous deux ont été absorbés par un major au cours des années 1990.

Depuis 2000 : l'ère de l'internet

Aujourd'hui la frontière entre les labels indépendants et majors s'est beaucoup réduite, en effet, beaucoup de grands artistes tels que Madonna, Coldplay, Prince, ont quitté leur maison de disque pour se lancer seul, avec iTunes et internet, et la disparition progressive des supports physiques, plus besoin de grand-chose, à part d'une bonne agence de presse.

Les nouveaux talents peuvent désormais s'enregistrer, publier une vidéo sur Youtube, et espérer se faire remarquer par un producteur ou label pour les aider à lancer leur carrière dans la musique. Il est cependant encore possible d'envoyer une démo à un label[4], mais les chances d'écoute sont moindres à moins d'être assez organisé pour faire un suivi et les relances nécessaires pour avoir une réponse, positive ou négative.

Notes et références

  1. Aurélie GAM, « Petits labels indépendants deviendront grands… » (version du 3 mai 2012 sur l'Internet Archive), 5 mai 2008.
  2. Daniel Lesueur, Pirates des Ondes, Paris/Budapest/Torino, L'Harmattan, , 285 p. (ISBN 2-7475-1989-9, lire en ligne).
  3. Michka Assayas, Dictionnaire du rock, article "rock indépendant".
  4. « 5 conseils pour envoyer une démo à un label de musique », sur Marketing Musical par Up For Music, (consulté le ).

Voir aussi

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