La Redoute (entreprise)

La Redoute est une entreprise française de vente à distance qui a commencé cette activité en 1928 par une filature de coton. Elle est fondée en 1837 par Joseph Pollet en tant que filature de laine.

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La Redoute

Création 1837
Fondateurs Pierre-Joseph Pollet
Forme juridique Société anonyme
Slogan « On a tous une raison d'aimer La Redoute »
Siège social Roubaix
 France
Direction Nathalie Balla[1] et Éric Courteille[2]
Directeurs Nathalie Balla
Actionnaires Nathalie Balla ; Éric Courteille ; Groupe Galeries Lafayette (51 %)
Activité Commerce électronique
Produits Mode et décoration
Société mère Groupe Galeries Lafayette
Filiales Relais Colis
Effectif 2000 (2020)
SIREN 477180186
Site web laredoute.fr

Fonds propres 5 100 800 € (négatifs fin 2013)
Dette 101 123 500 € (fin 2013)
Chiffre d'affaires 1 milliard d'euros en 2020
+14,5% par rapport à 2019

Elle est spécialisée dans le prêt-à-porter et la décoration maison.

Histoire

La Redoute est fondée en 1837, lorsque Joseph Pollet, issu d'une famille rurale, agriculteurs dans le Mélantois[3], s'installe à Roubaix. Il y ouvre la première filature de laine peignée et invente de nouveaux procédés. Son fils, Charles, lui succède, monte une filature en 1873 et construit une usine sur un terrain situé rue de Blanchemaille et rue de la Redoute[note 1],[4],[5],[6]. Pour désigner l'entreprise, il choisit l'appellation « Filatures de la Redoute », en référence à la rue de Roubaix où est implantée l'enseigne.

L'entreprise développée par Charles Pollet marche très bien au point que Charles peut se faire construire un « château » à Mouvaux. L'entreprise peut présenter ses productions lors de l'exposition internationale du Nord de la France de 1911. L'entreprise y obtient un diplôme d'honneur pour la qualité des fils simples ou fantaisie fabriqués (l'usine compte alors 1360 ouvriers-ouvrières)[3].

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, en raison des annulations de marchés et pour faire face à la crise du textile, la famille Pollet cherche un moyen d'écouler ses stocks. Elle fait paraître, sous forme publicitaire, une petite annonce dans le quotidien Le Journal de Roubaix du . Intitulée « Pour tricoter », elle propose des laines filées en solde, des écheveaux et des pelotes et préfigure ainsi les futurs magasins d'usine[3]. Les dirigeants, toujours de la famille Pollet, créent un journal mensuel en 1925 intitulé Pénélope où les clientes peuvent trouver conseils pratiques, échantillons, tarifs, organisation de concours de tricoteuses. Le lancement de nouveaux produits (bas, chaussettes,...) pour toute la famille (non plus seulement la femme, mais aussi l'homme, l'enfant), la création d'une bonneterie, l'extension du nombre de clientes amènera à adopter une autre orientation : le catalogue (voir ci-dessous)[7].

En 1928, le fichier des clientes compte 600 000 noms, ce qui incite les Pollet à concevoir un « support spécifique de diffusion et promotion de leurs articles ». Ainsi nait le catalogue de vente par correspondance, avec toute la logistique que ce type de vente suppose pour par exemple enregistrer les commandes, préparer les colis, y inscrire les adresses de livraison[3]. Le premier catalogue de La Redoute est publié en 1928 : sous un petit format de seize pages, une quarantaine d'articles, uniquement centrés sur le tricot. Dès 1933, les premières photographies en noir et blanc apparaissent. Les premiers catalogues sont entièrement dessinés. De 1935 à 1939, la couverture du catalogue montre les salariés sortant de l'usine pour souligner la puissance de l'entreprise[7]. En 1956, la Redoute commence à vendre des produits pour la maison et élargit ainsi sa clientèle. Le catalogue ne cesse de grossir au fil des ans à mesure que les articles proposés concernent de nouveaux domaines d'équipement de la maison, en allant bien au-delà des articles textiles. À la veille du XXIe siècle, on trouve quasiment de tout dans le catalogue : 1218 pages et 66 000 références en 1999[7], date à laquelle la société est leader français de la vente par correspondance[3].

Le développement hors normes de la société est lié aux évolutions sociales : mise en place de la société de consommation et du prêt-à-porter, progrès du marketing, usage et développement des moyens de communication (téléphone, minitel, internet), développement des services à la clientèle, investissements réguliers et massifs[7].

En 1961, l'entreprise cesse les activités industrielles pour ne réaliser que de la distribution[7]. En 1964, la société entre en Bourse[8]. En 1968, La Redoute signe un partenariat avec Finaref pour lancer sa carte de crédit appelée carte Kangourou[9]. En 1970, ouvre le site de colisage de la Martinoire. En 1975, est créé le premier Rendez-Vous Catalogue (boutiques) et, en 1984, l'entreprise s'engage sur la livraison en « 48 h chrono »[7] en s'appuyant notamment sur une société privée de messagerie et de transport (SOGEP), qui avait été mise en route après des grèves postales, les années précédentes.

La Redoute est devenue en 1994 une filiale du groupe Redcats (anciennement « groupe La Redoute »), lui-même faisant partie du groupe Pinault-Printemps-Redoute (devenu PPR puis Kering), après que le Printemps soit devenu le principal actionnaire en 1988-1991[7]. En 1998, l'entreprise rachète le vépéciste américain Brylane[7].

L'ancien siège social de La Redoute à Roubaix.

À partir de 2010, les ventes baissent de 10 % par an et La Redoute perd plusieurs dizaines de millions d'euros par an[10].E n , le groupe Kering annonce chercher un repreneur pour La Redoute[11]. Le , Kering accepte de céder La Redoute à ses dirigeants, Nathalie Balla et Eric Courteille pour un euro symbolique[12],[13]. Le groupe Kering a investi 315 millions d'euros dans la transformation du groupe, et 180 millions dans son volet social[14], avec notamment la suppression de 1 178 postes sur 3 437 sur quatre ans[15]. Le , Kering et la direction de La Redoute signent la cession de l'entreprise à ses dirigeants ainsi que l'ouverture du capital à ses salariés[16] (via le FCPER - fonds commun de placement d'entreprise de reprise[17]).

En 2015, La Redoute accuse un résultat en perte de 40 millions d'euros sur un chiffre d'affaires de 750 millions[18]. Le centre logistique de Wattrelos ferme ses portes en juin 2017, remplacé par un entrepôt neuf de 42 000m² et entièrement automatisé (capacité de 3 500 commandes à l'heure), un investissement de 50 millions d'euros[17].

Le , le groupe Galeries Lafayette annonce le rachat de La Redoute avec une prise de participation majoritaire de 51 % et l’objectif d’en réaliser l’acquisition à 100 % à terme[19].

Activités

Le site internet de La Redoute, et le commerce électronique en général, représentent aujourd'hui[Quand ?] 78 % du CA de la société. Selon marketerz.fr, La Redoute est dixième au classement en 2015 des sites de commerce électronique en France[20].

La Redoute revendique un chiffre d'affaires de 750 M€ en 2016, mais les comptes ne sont plus publiés[21].

La Redoute opère dans onze pays : le Royaume-Uni, la Russie, la Suisse, la Belgique, le Portugal, l’Espagne, la Suède, l'Italie, la Pologne, la Norvège, les Pays-Bas en décembre 2019. La Redoute annonce par ailleurs la création de diffusion de ses services au premier trimestre en 2020 en Allemagne et a déjà développé également des partenariats avec des distributeurs bien positionnés sur des marchés tels que la Chine ou le Maroc. La Redoute a aussi conclu de nouveaux accords de partenariat dans des zones comme l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Inde[réf. souhaitée].

La Redoute a englobé au cours de son histoire de nombreuses marques dont Vert Baudet, Cyrillus, Daxon-Movitex, Empire Stores, sociétés qu'elle n'a pas toujours gardées ; par exemple, Vert Baudet et Cyrillus ont été vendus en 2013 à l'époque du groupe Kering[7].

Le nouvel actionnaire (groupe Galeries Lafayette) privilégie le développement des produits pour la maison avec 10 magasins Ampm, 5 magasins Redoute Intérieurs, 300 M € de chiffre d’affaires,15 % du CA à l’international, 60 % du CA réalisé dans le meuble et 40 % dans la déco[22].

Les préparateurs de commande alignés sur une chaîne de production réalisent 600 gestes à l'heure, selon la CGT[23].

Le buzz de « L'homme nu »

En , le site internet publie une photo d'enfant courant sur la plage avec, en arrière-plan, un homme nu. L'image fait rapidement le tour du web, ce qui contraint l'entreprise à s'excuser[24].

Le mois suivant, Anne-Véronique Baylac — la directrice commerce électronique de l'entreprise — organise un jeu concours afin de permettre aux internautes de trouver des fails volontairement insérés par La Redoute sur son site web[25]. Julien Hatton, le directeur de l'agence de communication Buzznative, qualifie cette stratégie de « très bonne manière de rebondir après un bad (mauvais) buzz » et qu'elle permettra « de recruter de nouveaux clients et notamment parmi les jeunes générations »[26].

Notes et références

Notes

  1. Les quatre sources qui suivent donnent quatre années différentes : « dans les années 1820 » ; « 1831 » ; « 1837 » et « 1873 ».

Références

  1. (en) « Nathalie Balla élue personnalité e-commerce de l'année 2011 », sur ecommercemag.fr, (consulté le )
  2. Co-présidence
  3. François Lecocq, cité dans la bibliographie, p. 30
  4. « La Redoute : historique N°1 de la VPC », Blue (consulté le )
  5. « Au service de ces dames », Stratégies, (consulté le )
  6. Sophie Bourgeois, « La saga des marques : l'histoire de La Redoute », Plurielles, (consulté le )
  7. François Lecocq, option citée, p. 31
  8. 1960-1964 - LSA
  9. (en) Isabelle Condou-Sallard, « La carte Kangourou change de look pour ses 40 ans »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur e-marketing.fr, (consulté le )
  10. A.H., « La Redoute va supprimer près de la moitié de son effectif », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
  11. Lemonde.fr
  12. Kering accepte de céder La Redoute à ses dirigeants, Challenges, 4 décembre 2013
  13. La Redoute reprise par ses propres dirigeants, Le Journal du Dimanche, 4 décembre 2013
  14. « Kering officialise la cession de La Redoute à ses deux dirigeants », sur Challenges (consulté le )
  15. Lefigaro.fr avec AFP, « La Redoute : suppression de 1178 postes », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
  16. Kering officialise la cession de La Redoute à ses deux dirigeants, Challenges, 3 juin 2014
  17. Pauline Darasse, « Comment La Redoute a tordu le cou à son étiquette ringarde », sur Capital.fr, (consulté le )
  18. Prisma Media, « L’incroyable résurrection de La Redoute », sur Capital.fr (consulté le )
  19. Les Galeries Lafayette rachètent La Redoute, Le Monde, 31 août 2017.
  20. « Classement audience : top 15 e-commerce français VU 2015 », sur EmarketerZ, (consulté le ).
  21. « La Redoute », sur www.societe.com (consulté le )
  22. Magali Picard, « les ambitions... », lsa conso,
  23. « Un employé de La Redoute mis à pied pour avoir mangé une clémentine », sur leparisien.fr,
  24. Bérénice Dubuc, « La Redoute: Un homme nu s'invite sur une photo des pages enfant », sur 20 minutes,
  25. Après l'homme nu, La Redoute lance une chasse à l'erreur - Géraldine Dormoy, L'Express Styles, 1er février 2012
  26. Gabriel Vedrenne, « La Redoute ou l'art de rebondir en ligne », sur Europe 1,

Annexes

Bibliographie

  • Marc Grosclaude, « La Redoute : une histoire de mode qui dure plus que 48 heures chrono », La Saga des marques, t. 2, , p. 58-61.
  • François Lecocq, « La Redoute ou la saga des Pollet », dans Cent ans de vie dans la région, Tome II : 1914-1939, La Voix du Nord éditions, n° hors série du , pp. 30-31.

Articles connexes

Liens externes

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