La Licorne (bateau)

La Licorne est un trois-mâts fictif qui apparaît dans Les Aventures de Tintin dans les albums Le Secret de La Licorne et dans Le Trésor de Rackham le Rouge, respectivement publiés en 1943 et 1944, pendant la Seconde Guerre mondiale. Le vaisseau y joue un rôle prépondérant. Son nom provient de sa figure de proue ornée d'une licorne.

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Modèle réduit du Brillant, vaisseau de la flotte de Louis XIV qui a inspiré Hergé pour le dessin de La Licorne.
Vue arrière du Brillant, au Musée national de la Marine.

Inspirations

La Licorne d'Hergé s'inspire du Brillant, bâtiment construit au Havre, en France, en 1690 par le maître charpentier Salicon et orné par Jean Bérain père. Ce faisant, il attribue à un navire de ligne un rôle de vaisseau marchand qu'il n'était pas conçu pour tenir, puisque ses ponts étaient occupés par les batteries. On a d'ailleurs peine à imaginer qu'un petit navire pirate ait tenté d'attaquer un vaisseau de 40 canons, qui l'aurait envoyé par le fond d'une seule bordée à 600 mètres de distance, sans le laisser approcher. De plus, les navires de guerre transportaient un détachement de soldats de marine équipés de mousquets, qui auraient empêché tout abordage.

La figure de proue s'inspire de celle du The Unicorn, frégate anglaise construite en 1745. Hergé a eu recours aux services d'un fabricant de maquette de bateau pour trouver un vaisseau français qui réponde aux besoins de son histoire. En , l'adresse à laquelle on peut obtenir les plans du bateau, ainsi que plusieurs autres informations sur le navire sont publiés dans le magazine Les amis d'Hergé[Note 1],[1].

L'auteur demande aussi l'aide de son ami Gérard Liger-Belair[2], maquettiste et spécialiste de la marine ancienne, qui imagine le navire, Hergé corrigeant ses dessins au fur et à mesure de la construction. De même qu'il a peut-être été inspiré par la couverture d'un numéro de 1936 de la revue Wandelaer et sur l'eau. Mais il est sûr qu'il a consulté l'ouvrage d'Alexandre Berqueman, L'Art et la Mer, qu'il fait figurer dans l'appartement de Sakharine en guise de remerciement[3].

Histoire

Dans la version originale ainsi que dans la plupart des traductions, le navire fait partie de la flotte de Louis XIV et est commandé par le chevalier François de Hadoque[4]. Dans la version anglaise, La Licorne (The Unicorn) est un bateau du XVIIe siècle voguant sous l'Union Jack, le pavillon britannique, et commandé par Sir Francis Haddock. Le commandant est néanmoins toujours l'ancêtre du capitaine Haddock.

Dans Le Secret de La Licorne, Tintin apprend que La Licorne faisait les voyages entre les Antilles et l'Europe. En 1698, le navire quitte Saint-Domingue pour l'Europe avec une cargaison de rhum quand il est abordé et capturé par des pirates conduits par Rackham le Rouge. Le pavillon pirate, puis le pavillon rouge, est hissé par les pirates, signalant qu'il ne sera fait aucun prisonnier. Pendant la bataille, le chevalier de Hadoque tue ou blesse plus de la moitié des pirates, mais il est assommé par une poulie et perd conscience.

Le pavillon sans quartier ayant été hissé, les blessés et les survivants sont achevés et jetés à la mer. Lorsque le chevalier reprend conscience, il est attaché à un mât de son vaisseau. Le vaisseau pirate est fortement endommagé et coule, poussant Rackham le Rouge à transférer son trésor, volé trois jours plus tôt à un navire espagnol, à bord de La Licorne. La nuit venue, le vaisseau mouille dans la crique d'une île.

François de Hadoque parvient à se libérer et s'échappe à bord d'un canot, non sans avoir mis le feu à la sainte-barbe, la salle de stockage des munitions et de poudre, causant ainsi l'explosion et le naufrage de son propre navire.

Épave

Dans Le Trésor de Rackham le Rouge, Tintin et ses amis, à bord du Sirius, retrouvent l'épave de La Licorne située à 20° 37′ 42″ de latitude nord et 70° 52′ 15″ de longitude ouest par rapport au méridien de Paris. Hergé a fait preuve de rigueur en choisissant des coordonnées vraisemblables mais il a commis une erreur : en 1698, ce n'était pas le méridien de Paris qui était utilisé mais le méridien de l'île de Fer.

L'épave contient encore quelques objets précieux, mais surtout la cargaison de rhum, qui est restée intacte malgré l'explosion.

Maquettes

Le chevalier François de Hadoque a construit trois maquettes identiques de La Licorne. Elles sont détenues respectivement par Tintin, les frères Loiseau et par Ivan Ivanovitch Sakharine. Tintin offre au capitaine Haddock la première et le marin achète les deux autres afin de les exposer dans la salle de la marine du château de Moulinsart.

Notes et références

  1. Le modéliste qui a aidé Hergé à créer La Licorne, Gérard Liger-Belair, était un Français qui possédait à Bruxelles une boutique consacrée à sa passion. Pour le remercier de ses connaissances, de son expertise, de son intérêt pour les navires anciens et de son expérience dans la conception de maquettes, une édition spéciale 2 en 1 comprenant Le Secret de La Licorne et du Trésor de Rackham le Rouge a été publiée avec les plans originaux de La Licorne, tels que dessinés par le modéliste.
  1. Yves Horeau et Al., « Tintin, Haddock et les Bateaux », Belgique, Éditions Moulinsart, (ISBN 2-930284-19-6), p. 58
  2. J-L Truc, « Tous les secrets de la Licorne, Haddock est Hadoque », sur Ligne claire,
  3. Thomas Sertillanges et Michel Vergé-Franceschi, "Les événements de 1930 à 1944 qui ont inspiré l'oeuvre d'Hergé, (ISBN 978-2-7466-3509-8 et 2-7466-3509-7)
  4. François Xavier, « Tous les secrets de la Licorne enfin dévoilés », sur L'Internaute,

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Yves Horeau, Philippe Godin, Jean-Claude Chemin, Jean Piquemal et Yveline Yvernogeau, Tintin, Haddock et les Bateaux, Belgique, editions Moulinsart, , 58 p. (ISBN 2-930284-19-6)
  • Jacques Hiron, Dominique Maricq et Yves Horeau, Tous les secrets de « La Licorne », Gallimard / Éditions Moulinsart, 2017, 183 p. (ISBN 978-2742450503)

Liens externes

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