La France (Antoine Bourdelle)

La France est une œuvre d’Antoine Bourdelle. La première maquette date de 1922 mais l’ouvrage connut une histoire mouvementée. Aucune des réalisations ne semble correspondre au projet d’origine.

Le projet

Vers 1922, la France souhaitant honorer et remercier les combattants américains venus à son secours en 1917 décide de faire ériger un monument à la mémoire de ces derniers. On choisit alors un lieu symbolique : Le Verdon-sur-Mer, port qui vit partir en 1777 La Fayette et ses troupes et débarquer en 1917 les renforts américains.

Deux architectes pressentis, Ventre et Damour, avaient imaginé de construire un phare devant lequel serait placée « La France » scrutant l’horizon dans l’attente des Alliés.

Un sculpteur renommé à l’époque, Bartholomé, est pressenti pour la commande, mais devant l’urgence, il préfère demander à son collègue Bourdelle de l’exécuter. Ce dernier d’abord refuse, puis se vit convaincre par son confrère du devoir patriotique du travail.

Bourdelle conçoit un projet colossal pour une œuvre d’envergure. La statue en bronze devait mesurer neuf mètres de haut, trois mètres quarante de large et un mètre quarante de profondeur.

Bourdelle représente La France en Pallas Athénée, déesse de la guerre, dans la position hiératique de l’attente, scrutant à l’horizon l’arrivée des renforts. La déesse est armée d’un bouclier et d’une lance garnie de rameaux d’oliviers, symboles de paix, car dans l’esprit de l’époque, la France bien qu’armée reste pacifique. La statue est flanquée des serpents de la Sagesse.

Madame Rhodia Dufet-Bourdelle, fille de l’artiste, raconte que la nièce du sculpteur, Fanny Bunand-Sevastos, femme d’une exceptionnelle beauté, sert de modèle, tandis que Florence Bryant Colby, secrétaire de la famille Bourdelle, pose pour les bras.

Il existait donc en 1923 plusieurs maquettes du projet dont on tira plusieurs exemplaires en bronze.

Les tirages[1]

Une première statue fut employée par Bourdelle pour son Monument aux Morts de la Guerre de 1914 – 1918 à Montauban, sa ville natale. L’ouvrage, inauguré en 1932, se situe actuellement sur l’esplanade du cours Foucault.

Une deuxième épreuve servit à orner l’entrée du pavillon du livre réalisé par l'architect Huiliard pendant l’exposition des arts décoratifs de 1925. En attendant une hypothétique construction d’un Palais des Arts Décoratifs Modernes à Paris, elle fut entreposée au musée des marbres où elle fut en fait abandonnée. C’est là que Maurice Petsche, sous-secrétaire d’Etat aux Beaux-arts et député de l'arrondissement de Briançon, la découvre, gisant au sol sans emploi. Prenant aussitôt contact avec la veuve de l’artiste, il en fit l’acquisition pour sa ville. Haute de quatre mètres cinquante cinq, elle est placée sur une terrasse du fort du Château, le regard porté face à la vallée de la Durance.

L’exemplaire le plus important en dimensions (neuf mètres de haut) fut d’abord placé en à l’entrée de la Foire d’Alger. Cet exemplaire, le numéro trois, a été fondu par Rudier. Il fut ensuite placé sur les terrasses du musée des Beaux-arts d’Alger où il surplombait la Méditerranée. Ce monument connut un sort dramatique peu avant l’indépendance de l’Algérie : symbole de la France et du gaullisme, compte tenu de la dédicace de 1948, elle fut plastiquée par l’OAS dans la nuit du . Le socle fut pulvérisé et « La France » disloquée.

Au terme de nombreuses péripéties, les morceaux récupérés furent transportés en France, réparés, et une nouvelle statue fut érigée au Musée du Souvenir à Coëtquidan. La statue est toutefois amputée du groupe de serpents et d’une partie de la lance ornée de rameaux d’oliviers.

Une quatrième épreuve tirée du même modèle (fondue par Hohwiller) fut érigée le sur le parvis du Musée d’Art Moderne de Paris au Palais de Tokyo. Destinée à commémorer l’Appel du 18 Juin 1940, elle fut installée à cet emplacement par le général Edgard de Larminat, à la mémoire des combattants de la France Libre. Elle remplaça un modèle en plâtre doré placé là pour l’exposition de 1937 dans l’attente d’un « Apollon » qui n’était pas encore terminé.

Bourdelle fit plusieurs études pour la tête de la statue. L'une d'entre elles, en plâtre était visible dans son atelier. Un autre exemplaire, tiré en bronze, est exposé dans le hall d'accès de la mairie du 15e arrondissement de Paris.

Pour approfondir

Bibliographie

  • Dossier de l'Art no 10 de janvier/.
  • Bourdelle par Ionel Jianou et Michel Dufet Edition Arted 1970.
  • Cléopâtre Bourdelle-Sevastos, Ma vie avec Bourdelle, Paris-Musées et Editions des Cendres, 2005 (ISBN 2-87900-938-3)

Articles connexes

Notes et références

  1. Cet article est inspiré des données du numéro 45, 2e trimestre 2010, de Mémoire Vive, publiées sur le site cdha.fr du Centre de Documentation Historique de l’Algérie

Liens externes

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