La Dame de Shanghai

La Dame de Shanghai (The Lady from Shanghai) est un thriller américain d'Orson Welles, sorti en 1947.

La Dame de Shanghai
Affiche originale de 1947.
Titre original The Lady from Shanghai
Réalisation Orson Welles
Scénario Orson Welles
d'après le roman de Sherwood King (de)
Acteurs principaux
Sociétés de production Columbia Pictures
Pays d’origine États-Unis
Genre Film noir
Durée 87 minutes
Sortie 1947


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Michael O'Hara fait la connaissance de la ravissante Elsa Bannister, qu'il sauve peu après d'une agression.

Mariée à Arthur Bannister, un riche avocat âgé, peu scrupuleux, boiteux et de retour de Shanghaï, Elsa fait embaucher Michael sur le yacht de son mari. O'Hara tombe alors sous le charme d'Elsa, sous le regard indifférent de son mari quand, à l'occasion d'une escale, George Grisby, l'avocat associé de Bannister, fait à O'Hara une singulière proposition : le tuer sans risque contre 5 000 dollars (dans un complot pour simuler sa propre mort), avec l'argument qu'on ne peut pas être poursuivi en Californie tant que le cadavre d'un homme n'est pas retrouvé par la police.

À court d'argent, Michael O'Hara hésite puis...

Fiche technique

Image tirée de la bande-annonce du film.

Distribution

Et, parmi les acteurs non crédités :

Production

Genèse

La légende veut que Orson Welles, ayant besoin d'argent pour monter un spectacle à Boston, appela le producteur Harry Cohn, le patron de la Columbia et lui proposa de réaliser immédiatement un film pour lui contre la somme qu'il lui fallait. Cohn, en acceptant, demanda quel en serait le titre. Welles regarda autour de lui, trouva un roman policier et lut le titre : La Dame de Shanghaï, bien que le film soit basé sur If I Die Before I Wake (1938) de Sherwood King.

Welles a prétendu n'avoir jamais lu le livre original[réf. nécessaire].

Tournage

La Dame de Shanghai fut tourné dans les studios de Columbia Pictures ainsi qu'à San Francisco, Sausalito et Acapulco. Les lieux figurés à l'écran sont New York (dont Central Park), la mer des Antilles et San Francisco.

Le tournage du film débuta de façon difficile : les relations entre Rita Hayworth et son mari Orson Welles se détériorèrent, au point qu'elle entama une procédure de divorce.

Rita Hayworth était, à l'époque, la star de la Columbia, notamment grâce au film Gilda (1946). Sa longue chevelure rousse dans ce film était devenue un symbole hollywoodien. Pour La Dame de Shanghai, Welles lui imposa une coupe courte et blonde[n 1]. Nombre de critiques insinuèrent alors que c'était une vengeance envers cette femme dont il était en train de divorcer, ce que Welles a toujours nié[n 2].

Orson Welles était très ami avec l'acteur Errol Flynn. Et c'est ce dernier qui prêta son yacht pour le film. Welles ajouta à propos de Flynn : « Un soir à bord de son yacht, lors du tournage du film, il me fit goûter de la cocaïne, la 1ère et seule fois de ma vie. J'ai trouvé ça très agréable mais comme je lui ai dit, si j'avais une seconde vie, je serais cocaïnomane mais on en n'a qu'une seule... donc j'ai arrêté immédiatement ! »[1]. Errol Flynn apparaît dans le film sous la forme d'un caméo, sans être crédité au générique.

Accueil critique

Rita Hayworth dans le film.

« Rita Hayworth n’a jamais été aussi belle que dans La Dame de Shanghai, allongée sur un rocher, pendant une baignade en mer ou courant dans la nuit mexicaine, vêtue d’une robe blanche féerique. Mais Orson Welles l’avait parée pour ses funérailles et le désastre était irréparable. Le massacre dans les miroirs fut celui d’un mythe qui ne se releva jamais. Par son génie esthétique, Orson Welles a tiré vengeance, moins de la star dont il allait ensuite se séparer définitivement que du système hollywoodien. Sans souci de construire logiquement l’intrigue, il a créé un univers d’images et de formes à la limite de l’onirisme. Chaque plan porte une charge d’insolite, de jeu entre les apparences trompeuses et la réalité. Les hommes d’affaires du clan Bannister sont assimilés à des requins (ce qui visait les producteurs d’Hollywood) et tout, ou presque, prend, dans ce film, un sens symbolique : la fameuse scène où Michael et Elsa s’embrassent devant un aquarium peuplé de poissons monstrueux, la fuite dans le quartier chinois et la dégringolade, par le toboggan, dans le palais des mirages soudain transformé en chambre infernale. Magnifique coup d’éclat de l’auteur de Citizen Kane, qui allait bientôt prendre le chemin de l’exil. »

 Jacques Siclier, Le Monde[2].

Sur le site agrégateur de critiques Rotten Tomatoes, le film obtient un score de 83 % d'avis favorables, sur la base de 46 critiques collectées et une note moyenne de 8,10/10 ; le consensus du site indique : « Énergique et inventif, [La Dame de Shanghai] surmonte ses lacunes du script avec certaines des scènes brillamment conçues par Orson Welles »[3].

Autour du film

  • La scène la plus célèbre du film a lieu dans un labyrinthe de miroirs, brisés lors d'une fusillade. Des plans identiques seront repris par la suite en hommage à Orson Welles dans plusieurs films :
    • dans Le Troisième homme (1949) de Carol Reed, à la fin du film on peut voir Orson Welles dans les égouts faire face à plusieurs entrées de couloirs, comme autant de miroirs obscurs d'où lui parviennent les appels des hommes qui le pourchassent, sans qu'il puisse savoir si emprunter l'un ou l'autre pourrait lui donner une chance de s'échapper. C'est une sorte de transposition en négatif de la scène de La Dame de Shanghai (la scène est souterraine et nulle lumière ne provient de ces portes miroirs), mettant en jeu l’ouïe au lieu de la vue ;
    • dans Opération Dragon (1973) de Robert Clouse, le « procédé » de la galerie des glaces sera repris lors du combat final de Bruce Lee ;
    • dans Meurtre mystérieux à Manhattan (1993) de Woody Allen ;
    • dans Inception (2010) de Christopher Nolan ;
    • dans Skyfall (2012), à la fin du générique d'ouverture, le personnage de James Bond brise de nombreux miroirs lui faisant face avec son arme.

Notes et références

Notes

  1. D'après Patrick Brion, « Rita Hayworth, semble-t-il, participe volontairement à cette modification pour prouver qu'elle peut aussi être une actrice aux multiples facettes. » — Patrick Brion, Regards sur le cinéma américain, 1932-1963, éditions de la Martinière, 2001, p. 400.
  2. « Le sujet du film est exactement celui du livre. Que je n'avais pas lu. Ainsi, la théorie qui veut et a été imprimée des milliers de fois, comme quoi il s'est agi d'un acte de vengeance contre Rita et que tout ça était un vaste complot dans lequel je voulais corroder son image et ainsi de suite, n'a pas de sens puisque tout est dans le livre. Elle-même a lu le livre et a voulu jouer le personnage pour montrer qu'elle était une actrice dramatique. » — Patrick Brion, op. cit., p. 400.

Références

  1. Barbara Leaming, Orson Welles, éd. Fayard/Mazarine, 1986, 560 p.  (ISBN 978-2863742259)
  2. Jacques Siclier, Le Monde, 20 février 1982.
  3. (en) « The Lady from Shanghai (1948) », Rotten Tomatoes (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

  • Zaca, le yacht appartenant à Errol Flynn où furent tournées certaines scènes du film.

Liens externes

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