L'Urbanisme, utopies et réalités

L'Urbanisme, utopies et réalités est une anthologie parue dirigée par Françoise Choay et qui regroupe les écrits et les théories sur l'urbanisme de nombreux auteurs.

Résumé

À travers l'étude d'exemples significatifs, Françoise Choay compare les théories urbaines depuis le XIXe siècle jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, qui forment les fondements d'une nouvelle science, l'urbanisme.

Ces théories reposent d'abord sur une lecture critique de la ville classique, éclairée par le nouvel ordre économique émergent qu'est le capitalisme et son cortège de mutations sociales et territoriales : l'îlot mono-fonctionnel, le quartier d'affaires, la gare, l'automobile,…
La ville classique apparaît inadaptée au machinisme.

Cette nouvelle donne inspire techniciens comme artistes d'une vision fantasmatique d'un avenir meilleur dans un territoire idéal ; la ville, support et produit de l'activité humaine, est un fait culturel. Cette conscience révèle le possible de tous les rêves, toutes les utopies, mais fait également apparaître l'imbrication étroite entre projet urbain et projet sociétal.

Françoise Choay montre la nature théorique des premières visions de l'urbanisme : l'inexactitude de l'analyse répandue de la ville classique désordonnée qui évacue la question du changement d'ordre, les divergences et controverses qui apparaissent dès les théoriciens primitifs et qui concernent autant le projet social que sa mise en forme spatiale. Ces travaux, ancrés dans l'abstraction du raisonnement politique n'engendrent que des modèles utopiques, sans existence réelle, et des projets de société, évacuant la question de la forme. Cela seul ne saurait fonder une science, fût elle humaine.

Dès les penseurs primitifs, l'auteur détermine des grands courants de pensée, persistants dans la seconde phase de « l'urbanisme », que s'approprient les spécialistes en faisant un objet autre qu'exclusivement politique comme l'avait fait Jules Verne au début de ce savoir  :

  • L'urbanisme progressiste (Charles Fourier, Robert Owen, Jean-Baptiste Godin, ) : universaliste, l'urbaniste ambitionne d'améliorer l'homme ; la science doit promouvoir le bien-être individuel. L'analyse fonctionnelle structure le modèle en unité auto-suffisantes juxtaposables, composées sur un mode symbolique ; le logement en est le centre. La nature devient "le lieu" de la ville. Mais ce modèle souffre d'un manque de lisibilité ; en imposant un cadre spatial nouveau sous-tendu de l'idée du rendement, il flirte avec l'autoritarisme ; enfin, il explore peu les possibilités techniques qui pourtant le fondait : l'urbanisme de science-fiction est resté et restera imaginaire. Y compris ce qui est le principe urbain par Tony Garnier.
  • L'urbanisme culturaliste (John Ruskin, William Morris, Camillo Sitte) la ville est une totalité culturelle au service du groupement humain ; elle doit créer un climat existentiel propre à développer les besoins de spiritualité du groupe, organisé autour des bâtiments communautaires. Ses outils sont l'histoire, l'archéologie, la poésie ; L'urbaniste milite pour la conservation d'une ville polaire, identifiable et distincte de la campagne. Hélas, cet urbanisme se fonde sur la nostalgie et évacue le progrès comme fondateur de l'urbain ; « le mouvement historiciste se ferme à l'histoire ». L'idée de la cité se substitue à la présence de la cité.

L'assise scientifique de l'urbanisme est une illusion persistante: « l'urbanisme» est de fait un champ philosophique où s'affrontent des valeurs pour ou contre la société mécanisée.

Les doutes et les difficultés de l'aménageur subsistent, mais il dispose d'apports théoriques exploitables car contradictoires, d'outils opérationnels (la statistique, la sociologie, l'histoire, la morphologie…) garde-fous de l'imaginaire et des tentations démiurgiques et d'une lecture sensée des opérations effectivement réalisées.

La ville est un objet socialisé qui dialogue avec une société, non avec les spécialistes; c'est l'essence du progrès démocratique. Elle n'est pas réductible à des fonctions vitales, à la reproduction aveugle d'un état existant, ou à un modèle utopique quelconque. La ville est une langue vivante, qui doit être intelligible, c'est ce qu'a fait Victor Hugo dans la philosophie de l'architecture « cet art roi » (sic)[1]. Et une autre voie est possible : la ville « naturaliste » de Frank Lloyd Wright se fonde sur son rejet et se développe aujourd'hui de façon autonome autour de l'individualisme du plaisir et du refus des contraintes ; c'est la problématique actuelle du « péri-urbain anti-urbain » contre les centres anciens paupérisés. CHOAY

Table (sommaire du livre)

   (Les patronymes Choay ci-après respectent la typographie ed. 1979 de la Table p.447).

__Préambule p.7 L'urbanisme en question
    (voir supra)

_Chap. I LE PRE-URBANISME PROGRESSISTE

  1. p.89 Robert Owen
  2. p.95 Charles Fourier
  3. p.106 Victor Considérant
  4. p.120 Étienne Cabet
  5. p.131 Pierre-Joseph Proudhon
  6. p.136 Benjamin Ward Richardson
  7. p.142 Jean-Baptiste Godin
  8. p.145 Jules Verne
  9. p.150 Herbert-George Wells

_Chap. II LE PRE-URBANISME CULTURALISTE

  1. p.155 Augustus Welby Northmore Pugin
  2. p.159 John Ruskin
  3. p.168 William Morris

_Chap. III LE PRE-URBANISME SANS MODELE

  1. p.181 Friedrich Engels
  2. p.192 Karl Marx
  3. p.197 Pierre Kropotkine
  4. p.204 N. Boukharine et G. Préobrajensky

_Chap. IV L'URBANISME PROGESSISTE

  1. p.209 Tony Garnier
  2. p.220 Georges Benoit-Lévy
  3. p.224 Walter Gropius
  4. p.233 Charles-Édouard Jeanneret dit Le Corbusier
  5. p.250 Stanislas Gustavovitch Stroumiline

_Chap. V L'URBANISME CULTURALISTE

  1. p.259 Camillo Sitte
  2. p.277 Ebenezer Howard
  3. p.290 Raymond Unwin

_Chap. VI L'URBANISME NATURALISTE

  1. p.297 Franck Lloyd Wright

_Chap. VII TECHNOTOPIE

  1. p.315 Eugène Hénard
  2. p.321 rapport Buchanan
  3. p.335 Iannis Xenakis

_Chap. VIII ANTHROPOPOLIS

  1. p.345 Patrick Geddes
  2. p.354 Marcel Poète
  3. p.358 Lewis Mumford
  4. p.367 Jane Jacobs
  5. p.379 Leonard J. Duhl
  6. p.384 Kevin Lynch

_Chap. IX PHILOSOPHIE DE LA VILLE

  1. p.403 Victor Hugo
  2. p.409 Georg Simmel
  3. p.422 Oswald Spengler
  4. p.429 Martin Heidegger

Notes et références

  1. Note de l'édition 1832 de Notre Dame de Paris, F. Choay, ce livre p.403.

Bibliographie

Choay, L'urbanisme, utopie et réalités : Une anthologie, Seuil, coll. « Essais », , 448 p. (ISBN 978-2-02-005328-0).

Voir aussi

Article connexe

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