L'Opération diabolique

L'Opération diabolique (Seconds) ou simplement Opération diabolique au Québec est un film américain réalisé par John Frankenheimer et sorti en 1966. Il s'agit d'une adaptation du roman Seconds de David Ely.

L'Opération diabolique
Titre québécois Opération diabolique
Titre original Seconds
Réalisation John Frankenheimer
Scénario Lewis John Carlino
Musique Jerry Goldsmith
Acteurs principaux
Sociétés de production Joel Productions Inc.
John Frankenheimer Productions
Pays d’origine États-Unis
Genre science-fiction
Durée 100 minutes
Sortie 1966


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Il est présenté en compétition officielle au festival de Cannes 1966.

Synopsis

Arthur Hamilton est un homme d'âge mûr, marié, travaillant dans une banque à un poste haut placé. Un soir, il reçoit un coup de téléphone de Charlie Evans, un ancien ami qu'il croyait mort. Charlie, qui l'avait déjà appelé hier, le convainc qu'il n'est pas mort, et lui propose un rendez-vous le lendemain. Hésitant, Arthur finit par se rendre à l'adresse donnée, où se trouve une blanchisserie. De là, il est envoyé vers un abattoir, où il est mené dans un fourgon et convoyé jusque dans un bâtiment. Il est reçu par Ruby, qui lui explique qu'il peut s'engager dans un programme lui permettant de démarrer une nouvelle vie en échange de 30 000 dollars. Cet argent couvre entre autres les frais de chirurgie esthétique, et l'acquisition et la transformation d'un cadavre qui permet de simuler sa mort. N'acceptant pas tout de suite, d'une part Ruby le menace, d'autre part le créateur de la compagnie le convainc qu'il n'a pas d'attache solide dans sa vie actuelle. Il finit par signer le contrat.

S'ensuit la chirurgie esthétique qui change son visage et le rajeunit, puis la rééducation. Enfin, pour découvrir sa future carrière, il effectue une analyse sous substance psychotrope, qui révèle qu'il souhaite être un artiste peintre. La compagnie lui fournit alors une nouvelle identité : Antiochus Wilson, peintre diplômé d'une école d'art, qui a déjà réalisé plusieurs expositions, et qui habite à Malibu.

D'abord mal à l'aise avec cette nouvelle identité, il rencontre Nora, une femme avec qui il entame une relation. Cette relation lui permet de commencer à apprécier sa nouvelle vie. Mais lors d'une fête où il boit plus que de raison il trahit sa véritable identité auprès de ses invités qui se révèlent être dans le même cas que lui. Le lendemain, Charlie l'appelle et lui explique que Nora est une employée de la société qui lui a fait changer de vie.

Déstabilisé, Wilson va retrouver son ancienne femme en se faisant passer pour un ami de son défunt mari. Il se rend compte qu'il était déjà très loin d'elle lorsqu'il était à ses côtés. Sortant désabusé de cette entrevue, il demande à revenir au centre où il avait signé le contrat pour changer une nouvelle fois d'identité. On lui demande avec insistance de parrainer une personne qu'il connait, et pourrait devenir à son tour client de la compagnie, mais il n'indique personne. On le place dans une salle d'attente où il rencontre son ami Charlie qui était dans la salle d'attente pendant tout le temps de l'expérience de Wilson. Charlie est emmené pour quitter la salle d'attente.

Alors qu'il est en train de dormir, le créateur de l'entreprise vient le réveiller, et lui parle de l'échec de sa nouvelle vie, puis annonce abruptement qu'il doit aller en chirurgie. Il est placé sur un brancard, se fait attacher, et durant son transfert au bloc opératoire, il comprend qu'il va servir de cadavre pour un autre client. Au bloc opératoire, le chirurgien prend connaissance de l'opération à mener : créer une hémorragie cérébrale qui aurait été causée par un accident de voiture.

Fiche technique

 Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

Distribution

Production

Genèse et développement

Le scénario est basé sur le roman Seconds de David Ely, publié en 1964[2].

Distribution des rôles

John Frankenheimer est hésitant à choisir Rock Hudson pour le rôle principal. Il le trouve bien en dessous d'acteurs comme Laurence Olivier et Kirk Douglas, qu'il envisageait pour ce rôle. Mais les producteurs ne voulaient pas de Laurence Olivier, alors jugé peu bankable. Le réalisateur se laissera finalement convaincre pas l'agent de Rock Hudson, qui passera une audition. John Frankenheimer avouera finalement plus tard qu'il a parfaitement incarné le personnage[3].

Initialement, un seul acteur devait incarner Arthur Hamilton et sa version « remodelée » Tony Wilson. L'idée de prendre deux acteurs différents est suggérée par Rock Hudson, qui ne se pensait pas assez convaincant pour les deux rôles et ne voulait jouer que Tony Wilson. Il parvient à convaincre John Frankenheimer. Ce dernier fait alors appel à John Randolph. Il n'avait plus tenu de rôle majeur dans un film depuis des années, après avoir été inscrit sur la liste noire de Hollywood regroupant des artistes soupçonnés de liens avec le parti communiste. Deux autres acteurs du films, Jeff Corey et Nedrick Young, ont eux aussi été inscrits sur cette liste[3].

Evans Evans (en) et Leonard Nimoy ont décroché un rôle mais leur scène sera coupée au montage[4].

Tournage

Le tournage a lieu de juin à août 1965. Il se déroule en Californie  notamment à Malibu et Los Angeles (aéroport international de Los Angeles)  ainsi qu'à New York (Grand Central Terminal) et Scarsdale dans l'État de New York[5].

La maison offerte à Tony Wilson dans le film appartenait à l'époque au réalisateur, puis revendue après le tournage. La maison de Nora avait également été habitée un temps par le réalisateur[3].

Accueil critique

Lors de sa présentation au festival de Cannes 1966, les journalistes européens sont globalement très négatifs envers le film. Certains étaient si hostiles que le réalisateur John Frankenheimer préféra rester à Monaco, où il tournait Grand Prix[4].

Lors de sa ressortie en version restaurée en 2014, le film reçoit des critiques majoritairement positives. Pour Samuel Douhaire de Télérama, Seconds est un « film radical et méconnu, quasi invisible depuis sa sortie, désastreuse, en 1966. Dès le générique, signé par le virtuose Saul Bass, les très gros plans anamorphosés d'un visage en état de panique donnent le ton : c'est un cauchemar paranoïaque que va raconter le réalisateur d'Un crime dans la tête. Dès les premières séquences, le héros est traqué par la caméra, dans un monde qui semble vaciller autour de lui.... [..] C'est l'occasion pour le cinéaste de railler l'émergence de la contre-culture hippie à travers une scène délirante (et un peu longue) d'orgie bachique. Mais aussi de dénoncer les mirages du rêve américain : la nouvelle vie d'Arthur Hamilton est aussi superficielle, aussi contrainte, aussi angoissante que la première. Les cadrages déformants à la courte focale, le noir et blanc hyper contrasté et la musique dissonante de Jerry Goldsmith entretiennent le malaise. Jusqu'à la tétanisante scène finale, d'une violence inattendue. »[6].

Pour Vincent Ostria des Inrockuptibles, Seconds est une « œuvre visuellement splendide à laquelle a œuvré une armada d'artisans géniaux (en dehors de Frankenheimer) : d'abord le chef opérateur James Wong Howe, virtuose légendaire du noir et blanc, ensuite Saul Bass, le meilleur designer de génériques, et enfin le compositeur Jerry Goldsmith. [...] Seconds, thriller prépsychédélique, dont l'apogée est une folle bacchanale nudiste, a la force et la classe de ces œuvres dissonantes des sixties, a priori juste insolites mais qui en fait flirtent éhontément avec la folie (comme Répulsion ou Docteur Folamour, par exemple). Un de ces cauchemars éveillés qui poussent jusqu’à l’incandescence la fonction primale du cinéma, qui est de figurer un rêve collectif, pour le meilleur et pour le pire. »[7].

Distinctions

Aux Oscars 1967, James Wong Howe est nommé à l'Oscar de la meilleure photographie en noir et blanc. Rock Hudson est nommé dans la catégorie du meilleur acteur international aux Bambi 1967.

En 2015, le film est sélectionné au National Film Registry par le National Film Preservation Board pour conservation à la Bibliothèque du Congrès aux États-Unis[8].

Postérité et héritage

Malgré un accueil glacial au festival de Cannes 1966, L'Opération diabolique acquiert ensuite un statut de film culte. Le réalisateur s'en amusera plus tard « c'est le seul film, réellement, qui est passé d'échec à classique sans même avoir été un succès ». Le film est notamment inclus dans le livre 1001 films à voir avant de mourir[4].

Grand admirateur de John Frankenheimer, Roger Avary a écrit un remake du film intitulé 2NDS. Le film, qui devait être réalisé par Jonathan Mostow, ne verra finalement jamais le jour[4].

Notes et références

  1. Sarah Vajda, « Une autre vie que la vôtre », sur Mauvaise Nouvelle, (consulté le )
  2. Le roman est publié en français, sous le titre Les Doubles aux Éditions Stock en 1964.
  3. Secrets de tournage - Allociné
  4. (en) Trivia sur l’Internet Movie Database
  5. (en) Locations sur l’Internet Movie Database
  6. Samuel Douhaire, « Seconds : l'opération diabolique », sur Télérama, (consulté le ).
  7. Vincent Ostria, « Comrades », sur Les Inrockuptibles, (consulté le ).
  8. (en) Awards sur l’Internet Movie Database

Liens externes

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