L'Île au trésor (film, 1950)

L'Île au trésor (Treasure Island) est un film américain réalisé par Byron Haskin, adapté du roman L'Île au trésor de Robert Louis Stevenson et sorti en 1950.

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L'Île au trésor
Titre original Robert Louis Stevenson's Treasure Island
Réalisation Byron Haskin
Scénario Lawrence Edward Watkin
Acteurs principaux
Sociétés de production Walt Disney Productions
Pays d’origine États-Unis
Genre aventure
Durée 96 min
Sortie 1950


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Dans un port anglais au XVIIIe siècle, Jim Hawkins aide sa mère à l'auberge. Un ancien pirate vient un jour y prendre ses quartiers et abreuve le jeune garçon de ses aventures maritimes. L'homme meurt subitement ; Jim et sa mère ouvrent son coffre qui contient une mystérieuse carte au trésor.

Grâce au docteur Livesey et au chevalier Trelawney, une expédition est montée pour partir à la recherche du trésor. Parmi les membres de l'équipage, le cuisinier Long John Silver, un vieux marin à jambe de bois, intrigue Jim Hawkins.

Fiche technique

Sauf mention contraire, les informations proviennent des sources concordantes suivantes : Leonard Maltin[2], John West[3] et IMDb[4]

Distribution

Source : Dave Smith[5], Leonard Maltin[2], John West[3] et IMDb[4]

Voix françaises

Sorties cinéma

Sauf mention contraire, les informations suivantes sont issues de l'Internet Movie Database[6].

Origine et production

Durant les années 1940, le studio Disney ajoute petit à petit à la production des films d'animation, celle des films en prises de vue réelles. Au début, les compilations contiennent seulement quelques séquences en prises de vue réelles, puis de plus en plus. Le film Danny, le petit mouton noir (1949) ne comporte que quatre courtes séquences en animation[7].

Droits d'adaptation et développement du scénario

Les droits d'adaptation du roman L'Île au trésor (1881) de Robert Louis Stevenson ont été acquis par Disney un peu par hasard[3]. La régulation entre studios américains dans les années 1930 et 1940 pour l'adaptation d'œuvres du domaine public était que du type « premier arrivé, premier servi » et chaque année la demande d'adaptation devait être renouvelée[3]. Walt Disney souhaitait adapter Tom Sawyer mais c'est MGM qui avait réclamé les droits le premier comme pour de nombreuses œuvres[3]. Disney a donc demandé à son équipe de réclamer toute œuvre que MGM aurait oublié de réclamer[8]. Ce ne fut pas le cas de Tom Sawyer mais une année MGM a raté le renouvellement de L'Île au trésor qui fut donc récupéré pas Disney et conservé pour plus tard[8]. Le scénariste Lawrence Edward Watkin, ancien professeur de littérature anglaise, venait d'achever le scénario de L'Île aux phoques (1948) et cherchait une nouvelle tâche quand il a découvert que le studio possédait les droits sur L'Île au trésor[8]. Il a commencé le développement du scénario puis l'a présenté à Disney qui a accepté d'en faire un film[8].

Le studio Disney franchit le pas de la production de films uniquement en prise de vue réelle à cause d'actifs financiers bloqués au Royaume-Uni[8],[5]. À la fin de l'année 1948, les fonds de la société bloqués dans les pays étrangers, dont le Royaume-Uni, dépassent les 8,5 millions d'USD[9]. Walt Disney décide de créer un studio en Grande-Bretagne, Walt Disney British Films Ltd[9]. Aidé par son distributeur RKO Pictures, qui est dans une situation similaire[2], Disney lance la production d'une adaptation de L'Île au trésor, dont les droits sont détenus depuis plusieurs années[8].

Lors de la production du film, Disney envisage d'insérer trois séquences d'animation dans lesquelles Long John Silver raconte des histoires tirées du Roman de Renart, un projet de long métrage d'animation lancé dans les années 1930 mais avorté[10]. Walt Disney change ensuite d'avis et L'Île au trésor devient le premier long métrage de Disney sans animation[10]. Un élément du projet se développera indépendamment et, en , Disney paye 5 000 USD pour réaliser l'adaptation de Chantecler[11] basé sur le personnage éponyme du Roman de Renart.

Bobby Driscoll en 1950.

Afin de ne pas perdre une partie de son public américain, Walt Disney a fait appel à des acteurs de son studio, dont Bobby Driscoll qui incarne Jim Hawkins[2]. Bien que Walt ne s'est pas trop engagé dans le film, visitant seulement les sites de tournage, il laisse au scénariste et au réalisateur une grande latitude pour un projet de film budgété à 1,8 million d'USD[2].

Tournage

Le tournage du film a lieu durant l'année 1949 en Angleterre[2]. Le , Walt revient à Londres pour trois semaines, entre autres pour superviser la production de L'Île au trésor[12]. Durant ce voyage il fait la connaissance du dessinateur Harper Goff qu'il rencontre dans une boutique de trains miniatures et qu'il embauche[13]. Mais la production a été plus difficile qu'elle ne l'aurait méritée[8].

L'un des premiers problèmes rencontrés est venu du choix du jeune acteur Bobby Driscoll, seul Américain de toute la distribution[8]. Le réalisateur Byron Haskin évoque ainsi un accessoiriste qui après avoir été licencié a porté plainte non pas sur l'âge minimum légal pour travailler enfreint par Driscoll mais sur le fait qu'il n'avait pas de permis de travail au Royaume-Uni, l'âge requis pour lui en délivrer un n'étant pas atteint[8]. Par la suite le studio a dû, selon Bill Walsh, réaliser les prises de vues comme une partie d'un jeu illégal, changeant régulièrement d'endroit ou depuis l'arrière d'un camion[8]. John West précise que la législation britannique n'a jamais été appliquée pour les films britanniques ce qui a permis de produire, à la même époque, des films comme Première Désillusion (1948), Oliver Twist (1948) ou Les Grandes Espérances (1946)[8]. Le juge a autorisé le studio à ce que Bobby Driscoll reste six semaines en Angleterre, non pas pour finir le film, mais pour préparer sa défense[14]. À la fin de cette période la décision du juge était celle prévue, Driscoll a dû rentrer aux États-Unis et Haskin a dû utiliser un jeune acteur britannique, plus jeune que Driscoll, pour le reste du tournage, comme doublure[14]. Heureusement la majorité des scènes en gros plans avait été tournées et donc Haskin n'a fait que des scènes en plan élargi[14]. Toutefois la scène du tonneau de pommes a été refaite avec la doublure britannique[14].

Pour réaliser les décors à moindre frais mais en ayant une certaine qualité, le studio engage Peter Ellenshaw, artiste de Matte painting ayant œuvré entre autres sur Le Voleur de Bagdad (1940)[15]. Pour les scènes avec un navire, un vrai bateau a été transporté au sein des studios mais aussi en mer[15]. Le tournage du film s'est réparti sur trois équipes, une en mer, une en extérieur et une en intérieur, réalisé aux Denham Film Studios[15] dans le Buckinghamshire près de Londres. Le film a été tourné le long des côtes de Cornouailles et de la baie de Falmouth[5].

La scène de Jim Hawkins blessé retournant au fort est inspirée du film Les Grandes Espérances de David Lean et a été tournée en utilisant des arbres avec de larges troncs présents aux studios de Denham[16]. Bien que conçue par Haskin, c'est Russel Lloyd, réalisateur pour la seconde équipe et responsable des extérieurs, qui a tourné la scène[16]. Perce Pearce, exclu par Haskin du plateau principal, avait accompagné Lloyd sur la seconde équipe et l'avait convaincu d'ajouter des crocodiles dans un marais, des oiseaux terrifiants battant des ailes et des hurlements d'animaux[16]. Haskin précise que Pearce semblait vouloir terroriser la doublure de Driscoll et que l'effet initial était détruit par ces ajouts[16]. Haskin a fait supprimer la plupart des ajouts au montage effectué à Hollywood[16].

À l'instar de La Rose et l'Épée , sortie quelques années plus tard en 1953, la production a été perturbée par une grève des électriciens britanniques qui provoquaient des coupures trois ou quatre fois par jour[17].

Sortie et accueil

À la demande de NBC, Disney produit une émission télévisée spéciale pour Noël 1950 nommée One Hour in Wonderland qui reprend le principe Mickey et le Haricot magique de Coquin de printemps (1947) présentée par Edgar Bergen et ses marionnettes Mortimer Snerd et Charlie McCarthy[18]. L'émission se présente comme une fête aux studios Disney durant laquelle les enfants découvrent des extraits des productions en cours dont L'Île au trésor et Alice au pays des merveilles[18].

Malgré les efforts du studio Disney, l'accueil du film n'a pas été celui attendu, trop américain pour les Britanniques et pas assez fidèles à l'œuvre originale pour les intellectuels américains[15]. En raison de ce faible succès l'idée d'utiliser Bobby Driscoll comme vedette d'une adaptation de Robin des Bois a été annulée, mais le film Robin des Bois et ses joyeux compagnons a, lui, été produit avec Richard Todd[16]. Le magazine Parents insiste sur le fait que le film est principalement à destination des pères et de leurs garçons écoliers[19]. Le New York Times écrit que le film est pour les hommes qui rêvent à des excitations que les inhibitions de l'âge leur refusent d'accomplir, aventures toutes masculines[19].

En raison de son faible succès en salle, le film a été rediffusé à la télévision et en 16 mm[15]. Durant la saison 1954-1955, lors de la diffusion de l'émission Walt Disney Presents, une version en deux épisodes du film a été présentée[20]. Le film a été diffusé à la télévision dans l'émission Walt Disney Presents sur ABC en deux épisodes, le 5 janvier et le [21].

Lors d'une tentative de ressortie du film en 1975, le studio et sa filiale de distribution Buena Vista Distribution, ont dû retirer des scènes jugées trop violentes pour ne pas avoir un film Disney estampillé d'un accompagnement parental recommandé[5],[15],[22]. La scène montrait un pirate se faire tirer dessus en pleine tête[22].

Le film est sorti en vidéo en 1981 et 1992[5].

Analyse

L'île au trésor est un film en prise de vue réelle né de la diversification du studio Disney[23]. Pour Leonard Maltin, le film essaye d'être fidèle au livre de Stevenson, moins « Disney » que la plupart des productions suivantes, en partie en raison du sujet lui-même[2]. La principale différence notée par Leonard Maltin est le côté plus mature du personnage de Jim, un peu moins naïf vis-à-vis de Long John Silver par exemple[24]. La scène finale diffère de Stevenson par l'aide de Jim apportée à Silver pour s'échapper[24]. Maltin compare le jeu d'acteur de Driscoll à celui de Jackie Cooper dans la version de 1934 réalisée par Victor Fleming, Cooper semblant plus artificiel et engoncé que Driscoll[24]. De plus le film offre à Robert Newton un rôle qu'il maîtrise devenant Long John Silver[24]. Pour John West, le film est excellent et il le considère comme la meilleure adaptation du roman de Stevenson[3]. Pour Steven Watts, le film remporte un certain succès et devient le premier d'une série de films apportant un genre rafraîchissant au studio[25]. Mais les réactions positives ont été réduites par la masculinité du film[19]. Watts précise que L'Île au trésor est un exemple de l'importance centrale de la nature masculine dans le développement personnel autour de l'individualisme prôné par Disney[26]. L'environnement de pirates autour de Jim Hawkins est plein de danger, d'épreuves, d'avidité et d'exploits à réaliser, expériences qui font grandir le jeune homme[19]. Aucune femme n'apparaît dans le film, la masculinité sature le film et de nombreux adjectifs virils parsèment les commentaires des critiques[19].

Le dessinateur de comics Robert Crumb a indiqué que sa passion pour le dessin est née avec ceux réalisés par son frère dans leur jeunesse et inspirés des aventures de Long John Silver et de Jim qu'ils avaient vu dans cette adaptation Disney[27], son frère avouant une fascination pour Bobby Driscoll[28].

Notes et références

  1. AlloCine, « L'Île au trésor » (consulté le )
  2. (en) Leonard Maltin, The Disney Films : 3rd Edition, p. 97.
  3. (en) John G. West, The Disney Live-Action Productions, p. 210.
  4. (en) L'Île au trésor sur l’Internet Movie Database
  5. (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia, p. 569
  6. (en) L'Île au trésor sur l’Internet Movie Database
  7. (en) John Grant, The Encyclopedia of Walt Disney's Animated Characters, p. 222.
  8. (en) John G. West, The Disney Live-Action Productions, p. 211.
  9. (en) Richard Holliss, Brian Sibley, The Disney Studio Story, p. 60.
  10. (en) John Grant, The Encyclopedia of Walt Disney's Animated Characters, p. 283.
  11. (en) Charles Salomon, The Disney That Never Was, p. 82.
  12. (en) Michael Barrier, The Animated Man: A Life of Walt Disney, p. 221.
  13. (en) Neal Gabler, The Triumph of American Imagination, p. 482
  14. (en) John G. West, The Disney Live-Action Productions, p. 212.
  15. (en) Leonard Maltin, The Disney Films : 3rd Edition, p. 100.
  16. (en) John G. West, The Disney Live-Action Productions, p. 213.
  17. (en) John G. West, The Disney Live-Action Productions, p. 192.
  18. (en) J. P. Telotte, The Mouse Machine: Disney and Technology, p. 99
  19. (en) Steven Watts, The Magic Kingdom, p. 297
  20. (en) J. P. Telotte, The Mouse Machine: Disney and Technology, p. 101
  21. (en) Leonard Maltin, The Disney Films : 3rd Edition, p. 357.
  22. (en) Mark Arnold, Frozen in Ice : The Story of Walt Disney Productions, 1966-1985, p. 178.
  23. (en) Sean Griffin, Tinker Belles and Evil Queens, p. 45
  24. (en) Leonard Maltin, The Disney Films : 3rd Edition, p. 99.
  25. (en) Steven Watts, The Magic Kingdom, p. 286
  26. (en) Steven Watts, The Magic Kingdom, p. 296
  27. (en) Sean Griffin, Tinker Belles and Evil Queens, p. 78
  28. (en) Sean Griffin, Tinker Belles and Evil Queens, p. 82

Liens externes

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