Léopoldine Hugo

Léopoldine Cécile Marie Pierre Catherine Hugo, née le à Paris, et morte noyée le à Villequier (Seine-Inférieure), à l'âge de 19 ans, est la fille aînée du romancier, poète et dramaturge Victor Hugo et d'Adèle Foucher.

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Biographie

Léopoldine lisant, Adèle Foucher, 1837, dessin, 19,2 × 27 cm, maison de Victor Hugo, Paris.

Née le 28 août 1824 au 90 rue de Vaugirard à Paris[1], Léopoldine Hugo est le deuxième enfant de Victor Hugo et Adèle Foucher. L'aîné Léopold n'a vécu que quelques mois. Son père surnomme sa fille Didine ou Didi.

Léopoldine rencontre Charles Vacquerie (1817-1843), fils d'un armateur du Havre, lors d'une visite de courtoisie que les Hugo font aux Vacquerie dans leur maison de Villequier en 1838.

Léopoldine, qui a 14 ans, et Charles, qui en a 21, s'éprennent l'un de l'autre, mais Victor Hugo, très attaché à sa fille, la trouve trop jeune pour envisager un mariage dès l'année suivante. De plus, plusieurs deuils dans la famille Vacquerie retardent ce désir.

Après avoir patienté cinq ans, Léopoldine épouse Charles Vacquerie le en l'église Saint-Paul à Paris, dans la plus stricte intimité.

Le suivant le couple arrive à Villequier. Le lundi matin, , vers dix heures, Charles Vacquerie embarque sur la Seine en compagnie de son oncle, Pierre Vacquerie (1781-1843), ancien marin, et du fils de celui-ci, Arthur (1832-1843), âgé de onze ans. Ils comptent se rendre chez Me Bazire, le notaire de Caudebec, à une demi-lieue de Villequier, où ils avaient affaire. Ils montent dans un canot de course que son oncle venait de faire construire.

Au moment de partir, Charles demande à sa jeune épouse si elle souhaite les accompagner. Celle-ci refuse parce qu'elle n'est pas encore habillée. Les trois voyageurs se mettent en route après avoir promis d'être de retour pour le déjeuner.

Quelques instants plus tard, Charles revient prendre deux lourdes pierres en bas de la maison parce que le canot n’a pas assez de lest. Alors qu'il les met dans le bateau, sa jeune femme s'écrie : « Puisque vous voilà revenus, je vais aller avec vous ; attendez-moi cinq minutes. »

On l'attend, elle monte dans le canot. Madame Vacquerie mère recommande de rentrer pour le déjeuner, regarde le canot s'en aller et pense : « Il fait trop calme, ils ne pourront pas aller à la voile, nous déjeunerons trop tard ». Effectivement, pas une feuille ne tremble sur les arbres. De temps en temps un léger souffle vient un peu gonfler la voile et le bateau avance très lentement. Ils arrivent à Caudebec, où ils rencontrent Me Bazire au sujet de la succession du père de Charles, récemment décédé.

À Caudebec, le notaire veut les persuader de ne pas s'en retourner par la rivière parce qu'il ne fait pas de vent et qu'ils feraient la route trop lentement. Il leur propose donc sa voiture pour les reconduire à Villequier. Les voyageurs refusent et reprennent leur canot.

L'oncle Vacquerie tient la barre du gouvernail lorsque tout à coup, entre deux collines, s'élève un tourbillon de vent[2] qui, sans que rien ait pu le faire pressentir, s’abat sur la voile et fait brusquement chavirer le canot. Des paysans, sur la rive opposée, voient Charles reparaître sur l'eau et crier, puis plonger et disparaître, puis monter et crier encore et replonger et disparaître six fois. Ils croient qu'il s'amuse alors qu'il plonge et tâche d'arracher sa femme qui, sous l'eau, se cramponne désespérément au canot renversé. Charles est excellent nageur[3],[4], mais Léopoldine s'accroche comme le font les noyés, avec l'énergie du désespoir. Les efforts désespérés de Charles restent sans succès. Alors, voyant qu'il ne la ramènera pas avec lui dans la vie, ne voulant pas être sauvé, il plonge une dernière fois et reste avec elle dans la mort.

Pendant ce temps, Madame Vacquerie, attend dans le jardin. Elle a pris une longue-vue et regarde dans la direction de Caudebec. Ses yeux se troublent, elle appelle un pilote et lui dit : « Regardez vite, je ne vois plus clair, il semble que le bateau est de côté. » Le pilote regarde et ment : « Non, madame, ce n'est pas leur bateau », mais, ayant vu le canot chavirer, il court en toute hâte avec ses camarades. Il est trop tard. Lorsque l'on apporte quatre cadavres à Madame Vacquerie, sur ce même escalier d'où ils étaient partis trois heures auparavant, elle ne veut pas les croire morts, mais tous les soins sont inutiles. Léopoldine n'avait que dix-neuf ans et son mari en avait vingt-six, l'oncle Pierre soixante-deux et le cousin Arthur à peine onze.

Léopoldine Hugo repose au cimetière de Villequier (Seine-Maritime), dans le même caveau que Charles Vacquerie.

Léopoldine dans l’œuvre de son père

La mort prématurée et tragique de sa fille et de son gendre aura une très grande influence sur l’œuvre et la personnalité de Victor Hugo.

L'écrivain, sur le chemin de retour après un voyage en Espagne avec sa maîtresse Juliette Drouet, n'apprendra la mort de sa fille que quatre jours plus tard en lisant un exemplaire du journal Le Siècle[5], le . Il est alors à Rochefort, attablé avec Juliette au « Café de l’Europe » (actuel « Café de la Paix »), place Colbert. Arrivé deux jours plus tard à Paris, il ne pourra aller sur la tombe de sa fille qu'en et consacrera à sa mémoire de nombreux poèmes, notamment Demain, dès l'aube… et À Villequier dans Pauca meae, le quatrième livre des Contemplations, ainsi que : « Elle avait pris ce pli... ». Il rencontra bientôt Léonie d'Aunet qui l'aidera à supporter son deuil.

La mort de Léopoldine impressionnera beaucoup sa jeune sœur Adèle âgée de 13 ans, au point d'ébranler la santé psychique de l'adolescente. Celle-ci mourra sept décennies plus tard en hôpital psychiatrique.

Notes et références

  1. (Actuellement : 88, rue de Vaugirard).
  2. C'est à tort que l'on prétend qu'un mascaret a fait chavirer l'embarcation.
  3. Florence Colombani, Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Léopoldine Hugo et son père, Grasset, 2010.
  4. Jacques-Henry Bornecque, « Les leçons de Villequier », Le Monde, , p. 9.
  5. « Nouvelles diverses », Le Siècle, no 244, , p. 2 (lire en ligne)

Bibliographie

  • Charles Constans, Léopoldine Hugo, Rodriguez, Béziers, 1931.
  • Pierre Georgel, Léopoldine Hugo, une jeune fille romantique, MVH, Paris, 1967.
  • Pierre Georgel, L’Album de Léopoldine Hugo, musée VH de Villequier, 1967.
  • Pierre Georgel, Léopoldine Hugo, correspondance, Klincksieck-Bibliothèque du XIXe siècle, Paris, 1976.
  • Henri Gourdin, Léopoldine, l’enfant-muse de Victor Hugo, Presses de la Renaissance, 2007.

Articles connexes

Liens externes

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