Léon Bonnat

Léon Joseph Florentin Bonnat, né à Bayonne le et mort à Monchy-Saint-Éloi le , est un peintre, graveur et collectionneur d'art français.

Pour les articles homonymes, voir Bonnat.

Biographie

Les débuts

Originaire de Bayonne, Léon Bonnat vit entre 1846 et 1853 à Madrid, où son père Joseph Bonnat est libraire et où il étudie la peinture auprès de José de Madrazo y Agudo et de Federico de Madrazo y Küntz. Il arrive à Paris en 1854, et devient l'élève de Léon Cogniet à l'École des beaux-arts. Sa Résurrection de Lazare lui vaut un deuxième prix au prix de Rome en 1857.

L’étude des maîtres espagnols au musée du Prado a fait que sa peinture soit à l’avant-garde de la peinture française dans les années 1850, opposant le néo-classicisme et utilisant une palette de tons terreux et de fonds neutres, ainsi qu’un coup de pinceau lâche et déterminé.

Il entreprend un voyage en Italie au début des années 1860, puis en Grèce et au Moyen-Orient à la fin des années 1870, à la suite desquels il délaisse les sujets historiques et religieux, se consacrant aux scènes de genre et plus particulièrement au portrait.

Le portraitiste

On lui doit ainsi environ deux cents portraits de personnalités de son temps, parmi lesquels ceux de Louis Pasteur, Alexandre Dumas fils, Henri Germain, Victor Hugo, Dominique Ingres, Joseph-Nicolas Robert-Fleury, Hippolyte Taine, Sosthènes II de La Rochefoucauld duc de Doudeauville et son épouse Marie princesse de Ligne, de leur fils Armand de La Rochefoucauld, et parmi les personnalités politiques, ceux de Léon Gambetta, Jules Ferry, Armand Fallières, Adolphe Thiers, Jules Grévy, Émile Loubet, le duc d'Aumale[1] ou Ernest Renan.

Il est aussi l'auteur du Martyre de Saint-Denis au Panthéon de Paris.

Dans son Autoportrait du musée du Prado, on peut voir comment sa peinture a évolué vers des formes plus audacieuses, en grattant le pinceau et en utilisant la spatule, avec un colorisme étendu, ce qui lui valut d'être considéré comme un peintre académique.

Le professeur

Nommé chef d'atelier de peinture de 1888 à 1905, à l'École des beaux-arts de Paris, où il forme de nombreux élèves, il est élu l'année suivante membre de l'Académie des beaux-arts.

Entre 1900 et 1922, il dirige les Musées nationaux.

Directeur de l'École des beaux-arts en 1905 en remplacement de Paul Dubois décédé, il le restera jusqu'à sa mort.

Il avait été nommé Grand-croix de la Légion d'honneur le [2].

Il meurt à Monchy-Saint-Éloi en 1922, léguant une importante collection de peintures, de dessins et de sculptures au musée Bonnat-Helleu à Bayonne. Il est inhumé au cimetière Saint-Étienne de Bayonne.

Bonnat était un excellent professeur, selon les élèves qui ont traversé ses salles de classe. Il était chargé d'instiller la liberté d'interprétation et la liberté d'exécution, ce qui est commun à tous les professeurs de l'École, tout en leur faisant connaître la peinture espagnole et en recommandant un voyage à Madrid pour visiter le musée du Prado. Il était donc l'introducteur de "la manière de peindre à l'espagnole", ce qui influencerait l'évolution de la peinture française.

Réception critique

Théophile Gautier rédige une dizaine de critiques sur les tableaux de Bonnat dans Le Moniteur universel. Il dira de ses Paysans napolitains qu'ils sont une « petite merveille[4] ». Il figure ainsi parmi les premiers exposant de la Société nationale des beaux-arts en 1863.

La critique cependant n'a pas toujours épargné Bonnat, qui se plaint dans une lettre à Théophile Gautier du  : « on me maltraite fort cette année[5] ». Il fait allusion à la réception d’Antigone conduisant Œdipe aveugle, dont le réalisme semble vulgaire aux critiques habitués aux représentations d'une Grèce classique idéalisée.

Mais il a ses défenseurs, comme Théodore Véron qui voit paradoxalement en lui une des « têtes du mouvement réaliste », et loue à propos d'un Christ « cette dramatique interprétation du Sauveur […] [qui] troubla la plupart des esprits bornés aux sempiternels clichés. Ce fut une révolte générale contre cette insurrection de la pensée libre[6] ».

La dominante brune des toiles de Bonnat a fait l'objet de nombreuses plaisanteries scatologiques chez ses détracteurs, notamment de la part d'Alphonse Allais dans ses chroniques[7].

Collections publiques

Aux États-Unis
  • New York, Metropolitan Museum of Art
    • Aigle liant un lièvre, dit aussi An Eagle catching an Hare, 1898, gravure[8]
    • Jeune fille romaine à la fontaine, dit aussi Roman Girl at a Fountain, 1875, huile sur toile[9]
    • La lutte de Jacob, dit aussi Jacob Fighting with the Angel, 1876, gravure[10]
    • Pays Basque, Saint-Jean-de-Luz, dit aussi Basque Country, Saint Jean de Luz, 1898-99, gravure[11]
    • Paysanne égyptienne et son enfant, dit aussi An Egyptian Peasant Woman and Her Child, 1869-70, huile sur toile[12]
    • Portrait de John Taylor Johnston (1820-1893), 1880, huile sur toile[13]
En France
En Italie

Galerie

Élèves

Annexes

Tombe de Léon Bonnat, cimetière Saint-Étienne de Bayonne.

Bibliographie

  • Dictionnaire Bénézit[22].
  • Vincent Ducourau et Arlette Sérullaz, Dessins français du XIXe siècle du musée Bonnat à Bayonne, Réunion des musées nationaux, Paris, 1979.
    Catalogue de l'exposition au musée Bonnat.
  • Les dessins de la collection Léon Bonnat au musée de Bayonne, Paris, Presses universitaires de France, 1925-1926, 90 p. (lire en ligne).
  • Guy Saigne, Léon Bonnat, le portraitiste de la IIIe République, Paris, Mare et Martin, 2017, 704 p. (ISBN 979-10-92054-75-0)

Iconographie

Liens externes

Notes et références

  1. 1890, Chantilly, musée Condé.
  2. « Dossier de l'ordre de la Légion d'honneur de Joseph Florentin Léon Bonnat », base Léonore, ministère français de la Culture
  3. Collection d'autoportraits du Musée des Offices, (it) Wolfram Prinz (et aut.), « La collezione di autoritratti : Catalogo generale », dans Gallerie degli Uffizi, Gli Uffizi, Florence, Centro Di, (1re éd. 1979), 1211 p. (ISBN 88-7038-021-1), p. 816.
  4. Le Moniteur universel, 12 juin 1866.
  5. Théophile Gautier, Claudine Lacoste-Veysseyre, Pierre Laubriet, Correspondance générale, Genève/Paris, Librairie Droz, , 606 p. (ISBN 2-600-00075-5), lettre 3405, p. 71.
  6. Théodore Véron, Le salon de 1876 : mémorial de l'art et des artistes de mon temps, Poitiers, .
  7. Alphonse Allais, L’Arroseur, Paris, Juven et Cie, (lire sur Wikisource), « Véritable Révolution dans la Mousqueterie française », p. 98-100.
  8. (en) « Collection. An Eagle Catching a Hare », sur The Met (consulté le )
  9. (en) « Collection. Roman Girl at a Fountain », sur The Met (consulté le )
  10. (en) « Collection. Jacob Fighting with the Angel », sur The Met (consulté le )
  11. (en) « Collection. Basque Country, Saint Jean de Luz », sur The Met (consulté le )
  12. (en) « Collection. An Egyptian Peasant Woman and Her Child », sur The Met (consulté le )
  13. (en) « Collection. John Taylor Johnston (1820–1893) », sur The Met (consulté le )
  14. « peinture,tableau,(D.701) », sur webmuseo.com (consulté le )
  15. « Musée d'Orsay: Notice d'Oeuvre », sur www.musee-orsay.fr (consulté le ).
  16. Catalogue de la 28e exposition des beaux-arts d'Amiens.
  17. Camille Bourget.
  18. Dagenais, Jean-Guy (coll.), Delfosse, Georges dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003, consulté le 2 février 2019.
  19. Notice du musée d'Orsay : Crâne aux yeux exorbités de Julien-Adolphe Duvocelle.
  20. Williamson, Moncrieff, Harris, Robert dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 février 2019.
  21. Lacroix, Laurier, Suzor-Coté, Marc-Aurèle de Foy dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003, consulté le 2 février 2019.
  22. (en) « Bonnat, Léon Joseph Florentin (1834-1922), Painter, watercolourist, draughtsman », entrée du Dictionnaire Bénézit référencée dans la base Oxford Index.
  23. Notice du catalogue, musée Bonnat-Helleu.
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