Léon Alègre

Léon Alègre, né à Bagnols-sur-Cèze le et mort le dans sa ville natale[1], est un peintre, historien régionaliste et collectionneur français. Il fonda le premier musée cantonal de France à Bagnols-sur-Cèze en 1859 à partir de ses collections personnelles.

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Biographie

Léon Alègre, issu d’une famille de teinturiers, poursuit ses études, d’abord au collège de Bagnols, puis au collège de Montélimar, qu’il abandonne en classe de 4e pour aider son père à la teinturerie. Il continue seul son instruction. Son grand-père collectionneur lui transmet l’amour de l’art. Il suit les cours de dessin de Joseph Lacroix, artiste établi à Bagnols. Humaniste, historien, archéologue, il a parcouru le monde et couvert ses carnets de croquis.

La Société de Bienfaisance

Dans la lignée d’Henri Dunant, fondateur de la Société de Secours aux blessés militaires, Léon Alègre organise une antenne bagnolaise, la « Société de Bienfaisance ». C’est au début de la Guerre franco-allemande de 1870 que se réunit pour la première fois ce comité. Sa première action est l’envoi de vin du Midi destiné en priorité aux soldats et blessés de Strasbourg. Elle est constituée par Léon Alègre, président, Auguste Mallet, médecin et Cabrol, notaire, trésoriers, Naud, secrétaire. Toute la ville se mobilise. Les ouvrières des filatures offrent aussi une journée de travail et le produit en est de 300 francs. Avec le soutien de la municipalité, 118 prisonniers de guerre en Prusse, reçoivent des aides. Auguste Mallet crée aussi une ambulance, c’est-à-dire un hôpital de campagne, une infirmerie ou un véhicule (ambulance mobile).

Le Bureau de bienfaisance existait déjà en 1846 avec l’aide des Dames de Nevers. Léon Alègre en est le receveur municipal spécial et en gère en particulier les recettes. Il s’agit principalement de venir en aide aux Gardes mobiles, recrutés en septembre, encore sur place. Le Comité se réunit plusieurs fois par semaine pour étudier la situation des familles les plus pauvres. Pour augmenter ses ressources des quêtes et des collectes sont organisées, vingt-neuf familles sont ainsi secourues. Léon Alègre souhaite « éteindre la mendicité à Bagnols », il faut se hâter d’organiser une caisse de dons charitables, afin de sauver ceux de nos compatriotes de la ville qui sont sans travail et sans pain » . Il attribue une subvention de 300 francs aux victimes d’une des inondations de la Cèze.

La création de la Bibliothèque-Musée

En 1858, Léon Alègre crée la première bibliothèque musée cantonale de France. D'abord installée dans un local exigu appartenant à la mairie situé en haut de la place du marché, c'est en 1868 que les collections de la Bibliothèque-musée prennent place au deuxième étage de l'hôtel Madier (mairie actuelle). Après le legs du docteur Mallet de son hôtel particulier en 1879, la bibliothèque devient distincte du musée et s'installe à l'hôtel Mallet.

Les collections de la Bibliothèque s’enrichissent petit à petit de dons et de legs. À la disparition de Léon Alègre, son ami Léopold Truphémus puis sa fille Marie Garidel-Alègre prennent la succession de la conservation. La bibliothèque, devenue médiathèque municipale Léon-Alègre, est transférée à l'Espace Saint-Gilles en 2001.

Le musée, installé dans huit salles du deuxième étage de l'Hôtel de Ville, a une vocation "encyclopédique". Fondé à partir des collections personnelles de Léon Alègre, on y côtoie des tableaux, des dessins mais aussi des fossiles, des animaux empaillés, des machines à vapeur ou en encore vestiges antiques.

Le musée a connu une nouvelle dimension lorsqu'Albert André en est devenu le conservateur en 1917 et a choisi de privilégier l'accrochage d'œuvres contemporaines grâce à son amitié avec de nombreux artistes et collectionneurs, notamment Renoir avec lequel il est fortement lié ou encore le critique d'art George Besson. Albert André fonde ainsi le premier musée d'art contemporain de province, véritable musée de l'amitié.

Le Félibrige

« Le soir de dimanche, j’avais rendez-vous avec les félibres… Nous avons dîné avec Mistral & Mathieu. Ce dernier va publier ses poésies et le jour où son ouvrage paraîtra, il nous paye un bon dîné… un repas anacréontique — homme seul s’entend — un repas antique où tous les poètes seront couronnés de lierre… nous avons beaucoup ri. Le lundi matin Mistral a posé. J’ai presque achevé sa tête… Mais à l’année prochaine ! Mistral devient bienfaiteur de la bibliothèque, il m’a donné des médailles antiques » (Lettre envoyée par Léon Alègre à sa fille Marie, ). Depuis cette rencontre Frédéric Mistral et Léon Alègre deviendront amis, une correspondance entre eux est conservée à la Médiathèque Léon-Alègre. Frédéric Mistral viendra visiter la Bibliothèque-Musée et signera son livre d’or. Il se lie d’amitié avec les autres fondateurs du Félibrige comme Joseph Roumanille, Théodore Aubanel, Anselme Mathieu ; certains de ses poèmes en langue provençale sont édités dans l’Armana Prouvençau publié en Avignon par Roumanille[2].

La crèche

En 1878, Léon Alègre a l’idée de faire créer une crèche où les ouvrières des filatures de soie pourraient laisser leurs enfants pendant leur journée de travail. Elle serait installée grâce à l’initiative privée et placée soit à la maison de Charité, soit au-dessus de la Salle d’Asile. Il propose que la quête à la mairie, lors des mariages, participe à son fonctionnement. Sa réalisation sera pour plus tard. Eugénie Thome, femme de Joseph Thome, subventionnera ce projet pour qu’il voie le jour en 1889.

Publications et distinctions

En 1879, il publie les deux volumes des Notices biographiques du Gard, canton de Bagnols, chez Alban Broche, imprimeur-libraire à Bagnols-sur-Cèze.

En 1881, il est fait officier de l’Instruction publique, pour sa création de bibliothèque pédagogique dans les écoles primaires, son initiative auprès des instituteurs.

En 1882, le Musée Léon-Alègre reçoit le prix Wickham pour la fondation du premier musée cantonal de France[3].

Le , il est fait chevalier de la Légion d’honneur, une réception à la mairie sera organisée le de la même année[4].

Le , il décède dans sa maison de Bagnols-sur-Cèze. Ses funérailles sont célébrées aux frais de la ville, le .

Publications

  • Notice historique sur le Pont-Saint-Esprit, 1854 ; rapport adressé à la Société française d'archéologie pour la conservation des monuments historiques
  • Monuments celtiques du Gard,1862; texte et dessins couronnés par l'Académie de Nîmes
  • La Baronnie de Bagnols de 1100 à 1814, 1872
  • Le Gard, notions géographiques, statistiques, historiques et biographiques sur le département, 1871

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • « Alègre (Léon) », dans Dictionnaire biographique du Gard, Paris, Flammarion, coll. « Dictionnaires biographiques départementaux » (no 45), (notice BnF no FRBNF35031733, lire en ligne), p. 17-24.

Liens externes

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