Klioutchevskoï

Le Klioutchevskoï (en russe : Ключевской Вулкан), aussi appelé Klioutchevskaïa Sopka (en russe : Ключевская сопка) est le plus haut sommet et le volcan le plus actif de la péninsule du Kamtchatka, en Russie[1]. Il est également le point culminant de la Sibérie[2], devançant le mont Béloukha (dans l'Altaï). C'est un stratovolcan basaltique[1] de 4 750 mètres[1] à 4 835 mètres d'altitude né il y a environ 6 000 ans. Il fait partie de la ceinture de feu du Pacifique. Au large du Kamtchatka, une fosse océanique de 10 500 mètres de profondeur et des séismes témoignent de la subduction, à la vitesse de 10 cm/an, de la plaque pacifique sous la plaque eurasienne ; comme tous les volcans de la péninsule du Kamtchatka, le Klioutchevskoï est donc un volcan de subduction. Il a été classé, avec les autres volcans du Kamtchatka, au patrimoine mondial par l'UNESCO depuis 1996 (révisé en 2001).

Klioutchevskoï

Vue du Klioutchevskoï enneigé.
Géographie
Altitude 4 835 m
Massif Groupe volcanique du Klioutchevskoï (Kamtchatka)
Coordonnées 56° 03′ 18″ nord, 160° 37′ 54″ est
Administration
Pays Russie
Kraï Kamtchatka
Raïon Oust-Kamtchatsk
Ascension
Première 1788 par Daniel Gauss et deux autres alpinistes
Géologie
Âge ≈ 6 000 ans
Roches Andésite, andésite basaltique, basalte, picro-basalte
Type Volcan de subduction
Activité Actif
Dernière éruption 9 avril 2019 au 20 mars 2021
Code GVP 300260
Observatoire Institut de volcanologie et de sismologie
Géolocalisation sur la carte : Kraï du Kamtchatka
Géolocalisation sur la carte : Russie

Premières ascensions

Ce volcan aux pentes raides et symétriques se situe à une centaine de kilomètres de la mer de Béring. Il fut escaladé pour la première fois en 1788 par Daniel Gauss et deux autres membres de l'expédition Billings. C'est une ascension dangereuse, puisque lors de la deuxième tentative connue, en 1931, plusieurs membres de l'expédition ont été tués par des projections volcaniques. En 1992, Denis Urubko réalisa l'ascension en solitaire en hiver.

Activité éruptive

Vue du sommet du Klioutchevskoï.

Le premier témoignage écrit d'une éruption du Klioutchevskoï est dû à Vladimir Atlassov, un des explorateurs du Kamtchatka, en 1697. Depuis sa formation il y a 6 000 ans, cet imposant cône volcanique n'a pas connu de période d'inactivité majeure. Généralement couvert de glace et de neige, il a connu plus de 80 éruptions en 200 ans, généralement de type stromboliennes ou vulcaniennes avec émissions de lave. De 1932 à 1987, 12 éruptions latérales ont eu lieu de 450 à 3 900 m d'altitude en raison d'une activité sismique[1]. Il détient le record mondial actuel de rejet de lave, avec plus de 800 km3 de lave émise en 1 000 ans. Ces laves sont généralement des basaltes magnésiens à alumineux (selon leur degré de différenciation). Des études semblent montrer que le magma qui alimente le Klioutchevskoï est en fait le magma parental à l'origine de la série calco-alcaline (andésites, dacites) émise par le volcan Bezymianny tout proche (Almeev et al., 2003). Bon nombre de ces éruptions ont eu lieu au niveau de fissures radiales situées sur ses flancs, mais le volcan est aussi capable d'éruptions sommitales violentes.

Éruption de vue de l'espace. Le Bezymianny est en bas, un peu au nord, le Kamen, et encore plus au nord, le Klioutchevskoï, aussi en activité.

Le , par exemple, une violente éruption sommitale a émis 30 millions de mètres cubes de lave, 50 millions de mètres cubes de projections diverses et un panache de cendres qui s'est élevé jusqu'à 20 kilomètres d'altitude. La dernière éruption date du  : ce fut une éruption sommitale de type explosif avec quelques émissions de lave ; elle a eu pour conséquence la formation d'un lahar, à cause de la fonte partielle du glacier Ehrman.

Le Klioutchevskoï présente une activité de fumerolles non négligeable, dont la température varie entre 50 °C et 900 °C. Les gaz émis contiennent, outre du soufre et du dioxyde de carbone, de nombreux éléments (au moins 31), en particulier les éléments Cu, Pb, Mo, Zn, Bi et Ag.

Philatélie

En 1965, l'URSS a émis un timbre à l'effigie du Klioutchevskoï.

Légendes

Les Itelmènes constituent un peuple indigène du Kamtchatka dont les légendes parlent souvent des volcans en général, et du Klioutchevskoï en particulier. Par exemple, les légendes de la création de la péninsule du Kamtchatka ont été transmises oralement depuis des temps immémoriaux (on a estimé que la présence de ce peuple sur ces terres dure depuis au moins 5 200 ans). Cette création fait intervenir le grand dieu Kutkh (le Corbeau) qui aurait plongé dans l'océan, saisi entre ses griffes le fond de la mer et l'aurait tiré jusqu'à la surface comme un poisson. Au sommet, à l'endroit où il a planté ses griffes, le terrain serait resté « inachevé », ouvert, et constituerait la bouche des volcans.

Les volcans ont toujours eu une mauvaise réputation chez les Itelmènes. Ils considèrent que leur sommet est habité par de puissants « esprits » ou « démons » appelés Gomouly ou gomouls ou kamouli. Selon la légende, la nuit, ces Gomouly descendent le volcan et partent jusqu'à la mer pour pêcher des poissons et des baleines et reviennent avec une baleine suspendue à chaque doigt. Les baleines sont alors grillées sur un feu, ce qui expliquerait les feux et lumière visibles au-dessus des volcans la nuit, et la fumée visible le jour. Les Itelmènes sont persuadés qu'il y a des monceaux d'os de baleine au sommet du Klioutchevskoï, mais ils ne se sont jamais aventurés jusque-là pour vérifier la légende…

Vladimir Atlassov écrivit au sujet du Klioutchevskoï : « Si quelqu'un grimpe jusqu'à mi-chemin du sommet de la montagne, il entendra un rugissement si fort qu'il en devient à peine tolérable. Ceux qui poursuivront l'ascension ne reviendront jamais. Et personne ne saura ce qu'il leur est arrivé sur la montagne. »[réf. nécessaire]

Notes et références

  1. (en) Vyacheslav Zobin, Developments in Volcanology, vol. 6 : Introduction to Volcanic Seismology, Elsevier, , 474 p. (ISBN 9780444513403, ISSN 1871-644X, DOI https://doi.org/10.1016/S1871-644X(03)80205-X, présentation en ligne), chap. 5 (« Volcano-tectonic earthquakes at basaltic volcanoes »), pages 67-91
  2. La Sibérie est ici envisagée dans son acception la plus large, qui inclut l'Extrême-Orient russe.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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