Khaled Nezzar

Khaled Nezzar, né le à Seriana, dans l'actuelle wilaya de Batna en Algérie, est un général major et un homme politique algérien.

Pour les articles homonymes, voir Nezzar.

Khaled Nezzar

Naissance
Seriana (Algérie)
Origine Algérie
Allégeance Algérie
Arme Armée de libération nationale
Armée nationale populaire
Grade Général-major
Années de service 19491993
Commandement Chef d'État-Major
Conflits Guerre d'Algérie
Guerre civile algérienne
Autres fonctions Ministre de la Défense nationale (1990-1993)
Famille Lotfi Nezzar (fils)

Il est chef d'État-major de l'Armée nationale populaire de 1988 à 1990 puis ministre de la Défense nationale entre 1990 et 1993. Il est actuellement à la retraite.

Biographie

Khaled Nezzar nait à Seriana dans l'actuelle wilaya de Batna en Algérie, alors départements français. Fils de Rahal Nezzar, sous-officier de l'armée française ayant fait la Seconde Guerre mondiale, il intègre l'école militaire préparatoire de Miliana en 1949, puis celle de Koléa en 1950 et enfin celle d'Aix-en-Provence de 1951 à 1953. Il rejoint alors l'école de Strasbourg puis l'École nationale des sous-officiers d'active à Saint-Maixent-l'École, d'où il sort sous-officier. Le , Il déserte de l'Armée française et rejoint l'Armée de libération nationale.[1]

En 1964, il intègre l'Académie militaire Frounze, en Union soviétique, puis en 1975, l’École de Guerre à Paris. Nommé commandant des forces terrestres en 1986.

Le , il est nommé chef d'État-major de l'Armée nationale populaire.

Événements d'octobre 1988

Le éclatait, en Algérie, une violente contestation qui accouchera de réformes politiques sans précédent. Le soulèvement populaire a tout d’abord commencé à Alger, puis s’est étendu dans tout le pays. Lors des manifestations, les participants se sont attaqués aux symboles de l’état comme les propriétés du parti unique (le Front de Libération nationale), les mairies et les postes de police. Les principales causes des événements furent la détérioration des conditions de vie, le chômage endémique, l'effondrement de l'économie, l'exclusion, la privation et la bureaucratie. Dès le 6 octobre, le président Chadli Bendjedid proclame l'état de siège et en confie la responsabilité au général Khaled Nezzar. Ce dernier aurait donné le feu vert aux forces armées de tirer sur les manifestants à Alger. Plus de 500 personnes, manifestants civils, ont trouvé la mort et 15 000 autres ont été arrêtés. Pour justifier le nombre important de manifestants tués le , Nezzar a dit que ses hommes n’étaient pas formés pour ce genre de mission et qu’il y avait un manque de moyens.[2]

Ministre de la Défense

Le , Khaled Nezzar est le principal artisan du coup d'État qui interrompt le processus électoral qui aurait certainement conduit le Front islamique du salut (FIS), parti islamiste, au pouvoir. Le président Chadli Bendjedid démissionne la veille et un Haut Comité d'État (HCE) est mis en place. C'est le coup d'État des « janviéristes ». De 1992 à 1994, Khaled Nezzar a été l'un des cinq membres de ce Haut Comité d'État (HCE) présidé par Mohamed Boudiaf. Après l'assassinat de ce dernier, le , Ali Kafi, représentant du FLN le remplace à la présidence du HCE, dont le général Nezzar reste le principal membre. L'Algérie a connu alors une période de guerre civile qui dura environ 10 ans. Cette guerre civile, fit selon les estimations, entre 60 000 et 200 000 morts ou disparus.

Khaled Nezzar échappe à un attentat le , un fourgon bourré d'explosifs a été mis à feu à distance au passage de son cortège, l'explosion n'a pas fait de victimes[3]. Il se retire de la vie politique à l'arrivée de Liamine Zeroual la même année.

Après son départ de la politique

Affaire Souaidia

Par ailleurs, le général Nezzar a porté plainte pour diffamation contre Habib Souaïdia, auteur du livre La sale Guerre publié en 2001 et dénonçant l'utilisation de la torture par l'armée et d'exécutions extrajudiciaires. L'éditeur étant français et l'auteur résidant en exil en France, c'est le tribunal correctionnel de Paris qui est saisi. Il se prononce pour la relaxe de Souaïdia.

Affaire TRIAL

Arrêté à Genève le à la suite d'une dénonciation de l'ONG TRIAL, puis à la plainte de deux victimes, l'accusant de crimes de guerre commis durant les premières années de la guerre civile algérienne (1992-2000). Khaled Nezzar a été entendu deux jours durant par le Ministère public de la Confédération (MPC). Il a été remis en liberté sur la promesse de participer à la suite de la procédure[4]. Invoquant son immunité, le général Nezzar a contesté la procédure ouverte à son encontre.

Le , le Tribunal pénal fédéral suisse a rendu une décision historique en considérant qu'il était exclu d'invoquer une immunité pour des faits si graves qu’ils pourraient constituer des crimes internationaux, en l'occurrence des crimes de guerre. Toutefois, en , le parquet suisse décide de classer l'affaire[5]. La décision a été cassé en par le Tribunal pénal fédéral; ce dernier estime en effet que les conditions de la notion de conflit armé telles que définies par le CICR sont remplies[6]. La procédure pénale va dès lors reprendre.

L'affaire est relancée en 2019[7].

Manifestations de 2019 en Algérie

Dans un contexte des manifestations de 2019 en Algérie, le général Nezzar est convoqué le par le tribunal militaire de Blida, entendu comme témoin par le juge d'instruction dans l'affaire impliquant Saïd Bouteflika, les généraux à la retraite Toufik et Tartag ainsi que Louisa Hanoune.

Le , le tribunal militaire de Blida a émis des mandats d'arrêt internationaux à l'encontre de Khaled Nezzar, de son fils Lotfi et de Farid Benhamdine, homme d'affaires proche de Khaled Nezzar[8]. Ils sont accusés de complot et d'atteinte à l'ordre public[9].

Le , il diffuse une vidéo où il appelle l'armée au soulèvement[8]. La tentative de censure de cette vidéo provoque le blocage de YouTube et de Google en Algérie[10].

Le procès a eu lieu le [11] en l'absence de Khaled Nezzar, de son fils Lotfi Nezzar et de Farid Benhamdine. Considérés en état de fuite, le tribunal militaire de Blida a prononcé une peine de 20 ans de prison à leur encontre[12].

Le , il rentre en Algérie et rejoint son domicile sans être arrêté, ni le concerné ni les autorités officielles n'ont fourni une communication pour justifier cet état de fait[13].

Publications

  • Recueil des mémoires du général Khaled Nezzar : Tome 1, Ma carrière militaire, Éditions Chihab, Alger, 2018
  • Journal de guerre, Éditions Publisud, Paris, 2004 (ISBN 2-8660-0835-9)
  • Algérie : échec à une régression programmée, Éditions Publisud, Paris, 2004 (ISBN 2-8660-0796-4)
  • Algérie, arrêt du processus électoral, enjeux et démocratie, Éditions Publisud Paris, Alger, 2001 (ISBN 2-86600-948-7)
  • L'Armée algérienne face à la désinformation, Édition Médiane, Paris, 2003 (ISBN 2-915161-01-1)
  • Sur le front égyptien, Édition Alpha, Alger, 2010 (OCLC 778780986)
  • Le sultanat de Bouteflika, Éditions Apic (Alger), Transbordeurs (Paris), 2003 (ISBN 2-912728-07-X)

Notes et références

  1. AW, « Mémoires du général Nezzar – Algeria-Watch » (consulté le )
  2. (ar) « Nezzar: « Je ne suis pas responsable des tueries d’octobre 1988 » », sur الشروق أونلاين, (consulté le )
  3. « Attentat manqué contre le ministre de la Défense », L'Humanité, (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Khaled Nezzar a été interrogé à Genève », sur rts.ch, Radio Télévision Suisse, (consulté le ).
  5. La justice suisse rejette les plaintes contre le général Nezzar, El Watan, 17 janvier 2017.
  6. « Le Tribunal pénal fédéral refuse de classer l’affaire Nezzar », Le Temps, (lire en ligne, consulté le )
  7. « La justice suisse relance une affaire contre Khaled Nezzar », sur Al HuffPost Maghreb, (consulté le ).
  8. « Algérie : Mandat d’arrêt international à l'encontre de Khaled Nezzar », sur Observ'Algérie, (consulté le )
  9. « Poursuivi pour des faits graves, Khaled Nezzar risque la peine de mort — TSA », sur TSA, pagesTSA-Tout-sur-lAlgérie135765743142770, (consulté le ).
  10. « Algérie : YouTube et Google bloqués après la diffusion d’une vidéo du général Nezzar – JeuneAfrique.com », sur JeuneAfrique.com, jeuneafrique1, (consulté le ).
  11. « Le procès de Toufik, Said Bouteflika, Hanoune, Tartag et Nezzar aura lieu le 23 septembre », sur Al HuffPost Maghreb (consulté le )
  12. « Condamnation de Saïd Bouteflika, Toufik et Tartag : Le verdict est tombé », sur Observ'Algérie, (consulté le )
  13. « Khaled Nezzar est rentré au pays : L’accusation de complot abandonnée ? », sur elwatan.com, (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Annuaire 2000 de l'Association des Anciens Enfants de Troupe (AET), page 249 et page 341
  • Hichem Aboud, La mafia des généraux , Éditions JC Lattès, Paris, 2002 (ISBN 2-7096-2337-4)

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la politique
  • Portail de l’histoire militaire
  • Portail de l’Algérie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.