Kenneth Ier

Kenneth Ier d'Écosse (en gaélique : Cináed mac Ailpín et gaélique écossais : Coinneach mac Ailpein, anglicisé en Kenneth MacAlpin), né vers 810[1] et mort le [2] à Forteviot, est considéré comme le fondateur de la monarchie écossaise. Le Duan Albanach lui attribue un règne de trente ans sur les Scots et la Chronique picte un règne de seize ans sur les Pictes.

Origine

Dans la généalogie des rois d'Écosse[3], son père, Alpin, apparaît comme le fils d'Eochaid, fils d'Áed Find, un célèbre roi de Dal Riada. Les Synchronismes de Flann Mainistreach, l'incluent aussi comme Kenneth parmi les « Rois d'Écosse ». Toutefois des chercheurs modernes mettent parfois en cause sa royauté et également son ascendance royale remontant à Áed Find, et l'impute aux résultats d'omissions ou d'erreurs de copistes dans plusieurs textes[2].

Règne

Roi des Scots

Kenneth apparaît lui-même pour la première fois dans les annales des quatre maîtres compilées au XVIIe siècle. Sous l'année 835, où il est rapporté que le seigneur d'« Airgialla » peut-être dans les Hébrides et pas l'Airgialla/Oriel en Irlande « Gofraid mac Fergusa, vient en Alba, pour renforcer le Dal Riata, à la demande de Kenneth MacAlpin »[4].

Ce fait serait très explicable si l'événement était situé plusieurs années après 835. Mais bien que les faits dans les Annales des quatre maîtres soient en fait antidatés d'au moins quatre ans, il ne semble pas qu'il s'agisse d'une raison liée au texte parce que cette entrée ne doit pas appartenir, comme le reste de celles de l'année à la section de 836[2]. Cette année-là, Eoganán, un petit-fils du frère d'Áed Find, Fergus, devient roi de Dalriada. L'oncle d'Eoganán Constantin et ensuite son père Oengus ont récemment gouverné ou peut-être seulement contrôlé le Dal Riada depuis une vingtaine d'années et les pictes également[5].Eoganán ou Uven apparaît à son tour dans les listes royales des deux royaumes.

En 839, Eoganán, son frère Bran, et Áed mac Boanta ainsi que « de nombreux autres » sont tués dans une désastreuse bataille contre les « païens », probablement des Danois [6]. Dans le royaume picte, il est suivi par un certain Uurad qui règne pendant trois ans. Le royaume de Dal Riada semble dans ce contexte n'avoir été entre les mains d'Alpin le père de Kenneth pour une seule année 839/840. Il est ensuite indiqué qu'il est tué par les Pictes comme le note la très postérieure « chronique de Huntingdon », qui est en la matière une autorité contestable. L'année 834 qui est avancée pour la mort d'Alpin est interférée d'une liste royale fautive et n'a aucune autorité[2].

Roi des Pictes

La source la plus importante sur Kenneth est la Chronique des Rois d'Alba, un récit règne par règne qui s'étend de Kenneth à la fin du Xe siècle. Selon cette Chronique Kenneth tient le Dal Riada, pendant « quatre ans  » avant de « venir en Pictavia ». Puis ayant « détruit les Pictes », il règne sur la Pictavia pendant seize ans soit 842 à 858 en prenant en compte la date de sa mort relevée par les Chroniques d'Irlande[7].

La liste royale montre que l'année où Kenneth « vient en Pictavia  » le roi des Pictes Uurad cesse de régner, et qu'un fils d'Uurad; Bred, lui succède et meurt probablement la même année. Trois rois pictes suivants sont nommés par un groupe de Listes royales pictes, dont les règnent totalisent six ans de 842 à 848. Le dernier d'entre eux, Drust X des Pictes, est « tué à Forteviot », ou selon d'autres à « Scone ». Ce fait se réfère à l'histoire connue en Irlande et en Écosse au XIIe siècle comme la traîtrise de Scone, dans laquelle les nobles pictes invités par les Scots à un conseil ou une fête sont traitreusement tués. Quelle que soit la part de vérité qu'il y ait peut-être dans ce récit, son origine est aussi ancienne qu'Hérodote et il est supposé que la mort de Drust termine une période de six années d'opposition des Pictes à Kenneth. La tradition suivante décrit Kenneth mac Alpin comme le premier à régner sur les Pictes et les Scots, elle consiste à simplifier grandement le développement d'une situation qui s'étend sur au moins un demi-siècle[2].

Le principal acquis politique de Kenneth Ier semble en fait d'avoir établi une nouvelle dynastie qui étend sa souveraineté sur l'ensemble de l'Écosse, et par le fait que les Scots dominent désormais le pays des Pictes dont la langue et les institutions disparaissent rapidement[2].

Poussée vers le Lothian

Selon la « Chronique des Rois d'Alba » qui fait suite à celles des Pictes, une fois devenu roi, Kenneth Ier envahit six fois la « Saxonia » c'est-à-dire le Lothian il brûle Dunbar et s'empare de Melrose.Il doit toutefois faire face aux Bretons du royaume de Strathclyde que les chroniques d'Irlande n'avaient pas évoqué depuis plus d'un siècle mais qui brûlent Dunblane. La Chronique note également que sous son règne « Pictavia » est dévastée par les Danari (c'est-à-dire les Vikings « danois ») de Clunie à Dunkeld[2].

Relations avec l'église

Après le massacre en 825 de la communauté d'Iona et le martyr de Blathmac entre les mains des vikings[8], l'abbaye était quasi abandonnée. Selon la Chronique des Rois d'Alba vers 849 Kenneth transfère les reliques de Colomba d'Iona vers l'église qu'il a fait édifier pour cela à Dunkeld sur le fleuve Tay dans l'actuel Perthshire. La même année les Chroniques d'Irlande notent que Innrechtach ua Finsnechtai (mort en 854), l'abbé d'Iona, vient se réfugier en Irlande et s'établit à Kells édifiée entre 807/814 avec les reliques de « Colum Cille ». Il s'agit donc d'un véritable partage de l'héritage de Colomba avec la création d'une église pour les Pictes du sud[9]. Seize ans plus tard en 865 les Annales d'Ulster relèvent d'ailleurs la mort de Tuathal mac Artgus, au nom typiquement gaélique, qu'elles qualifient de « primespscop » de Fortriú et d'abbé de Dunkeld[10].

Mort et postérité

Kenneth serait mort d'une tumeur, à Forteviot, « avant les ides de février le 3e jour de la semaine »[11], soit probablement le mardi [2], Kenneth Ier, désigné dans son obituaire comme rex Pictorum[12] est reputé par les Listes royales, comme ses successeurs jusqu'au XIe siècle, avoir été inhumé dans l'île de Iona[2]. Son frère Donald Ier, lui succède selon la règle de la tanistrie. Kenneth Ier laisse toutefois deux fils qui accéderont au trône après 862 et deux filles :

Notes et références

  1. (en) John Middleton, World Monarchies and Dynasties, Routledge, , 1067 p. (ISBN 978-1-317-45158-7, lire en ligne)
  2. (en) Marjorie Ogilvie Anderson, « Kenneth I, Cináed mac Alpin; Kenneth Macalpine (d. 858) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
  3. Ms. Brit. Mus. Cott. Faustina A. VIII
  4. Annales des quatre maîtres AM: 835 (recte 839).
  5. (en) Alex Woolf From Pictland to Alba 789~1070, The New Edinburgh History of Scotland. Edinburgh University Press, Édimbourg (2007) (ISBN 978-0-7486-1234-5) « The dynasty of Wrguist » p. 57-67
  6. Annales d'Ulster: AU 839.9
  7. (en) Alex Wollf op. cit. p. 93-98
  8. Annales d'Ulster AU 825.17.
  9. (en) Alex Woolf op. cit. p. 98-99
  10. Annales d'Ulster : AU 865.6.
  11. Annales d'Ulster : AU 858.2 et Chronique des Rois d'Alba
  12. (en) Marjorie Ogilvie Anderson King & Kingship in Early Scotland (1973) (ISBN 0-7011-1930-6) p. 197
  13. (en) Alex Woolf op. cit. p. 257.

Sources

  • (en) Marjorie Ogilvie Anderson « Kenneth I, Cináed mac Alpin; Kenneth Macalpine (d. 858) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
  • (en) Marjorie Ogilvie Anderson introduction Nicholas Evans, King & Kingship in Early Scotland, Edinburgh, Scottish Academic Press réédition 2011, , 310 p. (ISBN 978-1-906566-30-2), p. 196-200.
  • (en) J.P.M. Calise, Pictish Sourcebook, Documents of Medieval Legend and Dark Age History, Londres, Greenwood Press, , 365 p. (ISBN 0313322953), p. 199-200 Cináed mac Alpin (Kenneth mac Alpin, Kenneth son of Alpin) King of Scots Dál Riata (? 841-858) and Picts (c.843/48 ? -858).
  • Michel Duchein, Histoire de l'Ecosse des origines à 2013, Paris, éditions Taillandier, coll. « Texto », , 787 p. (ISBN 979-1021001060)
  • (en) A.A.M. Duncan, Scotland: the making of the kingdom, Édimbourg, , p. 56-59.
  • (en) Alfred P. Smyth, Warlords and Holy Men. Scotland AD 80~1000, Edinburgh, Edinburgh University Press, , 279 p. (ISBN 0-7486-0100-7), p. 176-185
  • (en) Ann Williams, Alfred P. Smyth and DP Kirby, A bibliographical dictionary of Dark Age Britain, Londres, , 253 p. (ISBN 1-85264-047-2), p. 166.
  • (en) Alex Woolf, From Pictland to Alba, 789–1070, vol. 2, Edinburgh, Edinburgh University Press, coll. « The New Edinburgh History of Scotland », , 384 p. (ISBN 978-0-7486-1234-5), p. 89, 93-106,112,115,196,220-221,223,241,244,257,299,305,318,320,322,341,351,358..

Sources primaires

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