Junayd

Abû l’Qasim al-Junayd ibn Muhammad al-Khazaz al-Baghdadi (arabe : أبو القاسم الجنيد بن محمد الخزاز القواريري), plus connu sous le nom de Junayd (arabe : الجنيد) (né en 830 à Hamadan — à l'époque dans le Califat abbasside, aujourd'hui en Iran — et mort en 910 à Bagdad) est une haute figure de la spiritualité musulmane de la période classique (VIIe siècle au Xe siècle), unanimement célébré comme un très grand maître soufi (« Le seigneur de la Tribu spirituelle » est l'un de ses surnoms).

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Al-Junayd est reconnu comme étant un descendant du Prophète de l'Islam Mahomet via son petit-fils Al Hussein ibn Ali ibn Abi Talib.

Sa pensée

Il représente avec Harith al-Muhasibi une orientation spirituelle où la lucidité l’emporte sur l’ivresse. En cela, il prône une certaine prudence pour ce qui est des témoignages d’expériences mystiques qui pourraient égarer les croyants de la loi révélée.

Néanmoins, il puise dans le Coran et la Sunna les explications des déclarations de certains soufis comme Bistami, Ibn 'Aṭâ, ou encore Al Hallaj qu’il eut d’ailleurs un temps pour disciples. Selon lui le ravissement spirituel prend sa source dans le pacte ontologique (Mithaq) que Dieu conclut avec Ses créatures en leur demandant – « Ne suis-Je point Votre Seigneur ? »[1].

Cet engagement primordial de l’humanité rejaillit chez les soufis sous la forme de l’ivresse, du ravissement, voire de l’extinction en Dieu où la créature se confond avec son Créateur comme la goutte d’eau dans l’océan.

Ainsi les propos extatiques de certains soufis sont-ils éclairés : « Celui qui s’abîme dans les manifestations de la Gloire s’exprime selon ce qui l’anéantit; quand Dieu le soustrait à la perception de son moi et qu’il ne constate plus en lui que Dieu, il Le décrit. » Cela n’est pas sans rappeler les paroles d’al-Hallaj sur la Vérité (al-Haqq). Aussi Junayd considère-t-il que l’état d’extinction (fana) doit être impérativement dépassé pour parvenir à la sobriété extérieure et donc à un soufisme socialement possible. Un proverbe soufi exprime cette réalité : « Il faut avoir le corps dans la boutique et le cœur dans la Présence divine. »

L’enseignement de Junayd, compilé dans des épîtres où il traite aussi bien de la métaphysique de l'Être que des règles de la Voie, permirent à l’Islam de s’appuyer sur des bases solides avant de déployer les grands systèmes de sa théologie mystique. Son énorme influence lui valut le surnom de « Prince de l’Ordre » et la grande majorité des futures confréries soufies remonteront de fait à la « Voie de Junayd. »

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

De Junayd

  • Enseignement spirituel : Traités, lettres, oraisons et sentences, traduits et présentés par Roger Deladrière, éd. Sindbad, Paris, 1983 (ISBN 2727400802)

Sur Junayd

  • Hujwirî (Traduit du persan, présenté et annoté par Djamshid Mortazavi), Somme spirituelle, Paris, Sindbad, , 482 p. (ISBN 2-7274-0149-3), p. 159-161
  • Farid-ud-Din 'Attar (Traduit d'après le ouïgour par A. Pavet de Courteille), Le mémorial des saints, Paris, Editions du Seuil, , 309 p. (ISBN 2-02-004468-4), p. 264-268
  • Louis Massignon, La Passion de Hallâj : Martyr mystique de l'Islam, t. 1, Paris, Gallimard, , 708 p. (ISBN 2-07-071891-3), « Sahl Tustarî », p. 116-120

Liens externes

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