Joseph-Henri-Joachim Lainé

Joseph-Henri-Joachim[1], vicomte Lainé, né le à Bordeaux et mort le à Paris, est un avocat et homme politique français.

Pour les articles homonymes, voir Lainé.

Joseph Henri Joachim Lainé

Buste du vicomte Lainé au palais du Luxembourg (Paris)
Fonctions
Président de la Chambre des députés des départements

(10 mois et 24 jours)
Prédécesseur Jean-Denis Lanjuinais, Président de la Chambre des représentants
Successeur Étienne-Denis Pasquier

(9 mois et 9 jours)
Prédécesseur Claude Ambroise Régnier, Président du Corps législatif
Successeur Jean-Denis Lanjuinais, Président de la Chambre des représentants
Ministre de l'Intérieur

(2 ans, 7 mois et 22 jours)
Prédécesseur Vincent-Marie Viénot de Vaublanc
Successeur Élie Decazes
Ministre sans portefeuille

(1 an, 9 mois et 24 jours)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Bordeaux
Date de décès
Lieu de décès Paris
Sépulture Saucats
Nationalité Royaume de France
Résidence France

Présentation

Le vicomte Lainé en 1820.
Le vicomte Lainé en 1844.
Le vicomte Lainé vers 1850.

Origines et jeunesse

Les parents de Lainé, Guillaume Lainé et Jeanne Ravel[2], sont arrivés de Saint-Domingue en 1763. Leur fortune, sans être extravagante, leur permit de devenir les nouveaux seigneurs de Laguloup, à Saucats[3]. Ils ont poursuivi l’activité familiale dans le négoce entre Bordeaux et les Antilles, où ils conduisaient encore des affaires et possédaient des esclaves.

Après des études au collège de Guyenne[4], Lainé fut reçu avocat au barreau de Bordeaux en 1789 et plaida ensuite avec un grand succès à Paris. L'année suivante, sa mère le rappela pour l'envoyer aux colonies défendre leur fortune en péril suite aux révoltes d'esclaves. Il servit en qualité de garde national contre les captifs insurgés de Saint-Domingue. S'étant opposé à l'émancipation instantanée des esclaves lors d'une assemblée générale, il reçut un coup de sabre au visage. Conscient que tout espoir de conserver leurs possessions était perdu, il revint en France en 1792. Il bénéficiera néanmoins de l'indemnité affectée aux anciens colons[5].

Carrière politique

Nommé administrateur du district de La Réole en 1793, il reprend son métier d'avocat pendant le Directoire. Nommé membre du Corps législatif en 1808, il fit, dans cette assemblée, preuve d’une indépendance singulière. Le , il est aux côtés de Lynch, maire de Bordeaux, pour livrer la ville aux Anglais et au duc d’Angoulême. Pendant les Cent-Jours, Lainé s'enfuit en Angleterre, accompagnant la duchesse d'Angoulême : Napoléon revenu annonce qu'il pardonne à tous, excepté à ses deux « plus grands ennemis », Lynch et Lainé[6],[7].

Préfet provisoire de la Gironde de fin mars à , il fut à nouveau député sous la Restauration, président de la Chambre des députés en 1814-1815 et 1815-1816 et ministre de l'intérieur entre 1816 et 1818 en remplacement du comte de Vaublanc, pair de France, sans jamais cesser de faire paraître en lui le partisan de la liberté constitutionnelle. Il fit voter le 5 février 1817 une nouvelle loi électorale. Il fut nommé ministre d'État du 21 décembre 1820 au 14 décembre 1821. C’est lui qui s'écria douloureusement, en 1830, à l’occasion des ordonnances : « Les rois s’en vont ! »

Il est aussi, avec le baron Portal, un représentant du lobby des armateurs négriers, et s'opposa à l'interdiction de la traite. Le , il fit annuler l'élection comme député de l'Abbé Grégoire, fervent défenseur de l'abolition de l'esclavage, mais aussi régicide, pour cause d'« indignité nationale »[8].

Nommé par ordonnance (mais non élu) membre de l’Académie française, il remplace Hugues-Bernard Maret en 1816. Dans son rôle d’homme public, Lainé n’a pas laissé d’écrits. Son éloquence, au jugement des contemporains, était chaleureuse et entraînante.

Il était devenu le 10 mai 1820, officier de la Légion d'honneur, et commandeur le 1er mai 1821[9].

Il mourut célibataire et pauvre, après avoir fait bénéficier les indigents de Bordeaux de son traitement de député.

Il est inhumé au cimetière de Saucats.

Tombe de Lainé à Saucats.

Hommages

Notes et références

  1. Parfois cité comme Joseph-Louis-Joachim Lainé. Conformément à l’usage de l’époque, il n’utilisait pas publiquement de prénom devant son nom.
  2. Vendée Militaire, « Généalogie de Joseph-Henri-Joachim Lainé », sur geneanet.org (consulté le )
  3. Louis Bergeron, Guy Chaussinand-Nogaret, Jean Valette et Jean Cavignac, Grands notables du Premier Empire : notices de biographie sociale, CNRS Éditions, , 105 p. (ISBN 978-2-222-03853-5, lire en ligne)
  4. Annales du barreau français : ou choix des plaidoyers et mémoires les plus remarquables, tant en matière civile qu'en matière criminelle, depuis le maistre et patru jusqu'a nos jours, avec une notice sur la vie et les ouvrages de chaque orateur, B. Warée, (lire en ligne)
  5. Ordonnance du roi concernant l'exécution de la loi du 30 avril-13 mai 1826, relative à la répartition de l'indemnité affectée aux anciens colons de Saint-Domingue
  6. Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne..., Paris, 1843-1865, tome 25, p. 556-558.
  7. Michaud,Biographie universelle ancienne et moderne..., Paris, 1843-1865, tome 22, p. 558-562.
  8. Eric Saugera, Bordeaux port négrier XVIIe-XIXe siècles, Paris, Karthala, , 384 p., p. 155
  9. « Dossier de la légion d'honneur du vicomte Lainé », sur culture.gouv.fr (consulté le )

Annexes

Article connexe

Bibliographie

  • Noëlle Dauphin, « Le président Lainé et l’apprentissage du parlementarisme sous la restauration », dans Jean Garrigues (dir.), Les Présidents de l'Assemblée nationale de 1789 à nos jours, Paris, Classiques Garnier, coll. « Rencontres » (no 157), , 344 p. (ISBN 978-2-8124-5019-8, présentation en ligne), p. 13-36.
  • Émile de Perceval, Le vicomte Lainé, Champion, 1926.
  • « Joseph-Henri-Joachim Lainé », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]

Liens externes

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