Josée Laval

Josée Laval, née Josette Pierrette Laval le à Paris et morte le dans cette même ville, est une figure du régime de Vichy. Elle est la fille de Pierre Laval et l'épouse de René de Chambrun.

Biographie

Pierre Laval en 1913, peu après la naissance de Josée Laval

Famille

Josée Laval est la fille unique de Pierre Laval (1883-1945) et Jeanne Claussat (1888-1959), fille du maire radical-socialiste de Châteldon et sœur du député Joseph Claussat (1874-1925)[1].

Durant son enfance, elle développe une grande admiration envers son père[2].

Mariage et Seconde Guerre mondiale

Le , Josée Laval épouse le comte René de Chambrun en la basilique Sainte-Clotilde de Paris. Parmi les témoins, se trouvent le général Pershing et Alice Roosevelt Longworth.

Le couple se lie d'amitié avec de nombreuses personnalités. Parmi elles, Louise de Vilmorin, Marie-Laure de Noailles, Florence Gould, André Fraigneau, Coco Chanel, Stanislas et Armand de La Rochefoucauld ou Henri Sauguet.

Durant la guerre, Josée Laval profite de la place importante tenue par son père pour mener une existence mondaine et dépensière. Elle partage alors sa vie entre Paris et le château familial de Châteldon.

Amie de Paul Morand, elle se fait surnommer « Chérie-chérie » par ce dernier. Elle entretient également un salon fréquenté par de nombreuses figures de la collaboration tels que Xavier Vallat, René Bousquet, Fernand de Brinon et Otto Abetz[3],[4].

À la Libération, elle se cache dans les environs de Paris avec son mari. Par la suite, elle tente vainement d'innocenter Pierre Laval dont elle souhaite une libération rapide[2] ; elle ne peut cependant empêcher son exécution le à la prison de Fresnes. Marquée par cette épreuve, elle préfère oublier la guerre.

Tableaux volés à des collectionneurs juifs entre 1939 et 1945

Dans les années 1950, les héritiers d'Adolphe Schloss découvrent chez les Chambrun un des 333 tableaux de maîtres des écoles du Nord ayant fait partie de la collection paternelle, cachée par eux en 1939 au château de Chambon (19), où le 1943 elle fut confisquée par quatre membres de la Gestapo française de la rue Lauriston accompagnés du lieutenant de police allemand Hess, puis, en dépit d'une intervention du gouvernement de Vichy en vue d'une vente, finalement livrée aux Allemands le par décision d'Abel Bonnard. Le à l'Hôtel des Ventes de Versailles, un tableau signé Braque, Le guéridon au paquet de tabac (1930), mis en vente par Josée de Chambrun, est saisi en sa présence par Paul Rosenberg, venu exprès de New-York, dont de nombreux tableaux avaient été pareillement confisqués à Floirac en .

Si l'origine de propriété de ces deux œuvres de valeur par les Chambrun n'est pas connue, elle n'est peut-être pas sans rapport avec les relations entre Pierre Laval et Otto Abetz, qui organisa dès des spoliations des collectionneurs juifs ou des administrations françaises[5].

Dernières années

En 1955, Josée entreprend avec son époux la rénovation du château de La Grange-Bléneau, dernière résidence du marquis de La Fayette. Au cours des travaux, les nombreuses archives mises au jour entraînent la création de la Fondation Josée-et-René-de-Chambrun, reconnue d'utilité publique le .

Outre la conservation du château de La Grange-Bléneau et du château de Châteldon, la fondation milite pour la réhabilitation de Pierre Laval[6].

En 2017, la fondation prête des œuvres et des souvenirs de La Fayette à l'exposition La Fayette La traversée d'une vie au musée Hèbre de Rochefort-sur-Mer (17).

Josée Laval, comtesse de Chambrun, meurt en , à l'âge de 80 ans. Elle est inhumée au cimetière du Montparnasse à Paris[7].

Postérité

Un documentaire de télévision intitulé Les Carnets de Josée Laval[8] lui est consacré en 2018 ; il décrit notamment sa vie sous l'Occupation. La critique du journal Le Monde écrit à ce propos : « À chaque lecture [d'un extrait de ses Carnets], un immense sentiment de honte nous envahit tant le déni des horreurs nazies agite ce passé qui ne passe pas »[9].

Alexandre Jardin (né en 1965), qui la connut enfant, l'évoque également dans Des gens très bien (2011), où apparaît aussi Paul Morand.

Bibliographie

  • Yves Pourcher, Pierre Laval vu par sa fille : d'après ses carnets intimes, Paris, Tallandier, , 740 p. (ISBN 979-10-210-0709-3)
  • Yves Pourcher, Moi, Josée Laval : roman, Paris, Le Cherche Midi, , 256 p. (ISBN 978-2-7491-4440-5)

Notes et références

  1. « Généalogie de Pierre LAVAL », sur Geneanet (consulté le )
  2. « «Josée, la fille unique de Laval, avait une admiration sans limites pour son père» », Bibliobs, (lire en ligne, consulté le )
  3. Le Point, magazine, « La vie mondaine des collabos », sur Le Point.fr (consulté le )
  4. Yves Pourcher, Moi, Josée Laval, Cherche Midi, , 136 p. (ISBN 978-2-7491-4441-2, lire en ligne)
  5. Hector Feliciano, Le musée disparu - Enquête sur le pillage des œuvres d'art en France par les nazis, 1995, pp. 185 et 186
  6. « Fondation Chambrun », sur www.fondation-chambrun.org (consulté le )
  7. Collectif Sarka-SPIP, « cimetière de PICPUS - Cimetières de France et d'ailleurs », sur www.landrucimetieres.fr (consulté le )
  8. Paule Muxuel & Bertrand de Solliers, Les carnets de Josée Laval (documentaire de télévision, France 3, diffusé le 07/08/2018).
  9. Marie-Béatrice Baudet, « L'insoutenable légèreté de Josée Laval », Le Monde, 05-06/08/2018
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