John André

John André, né le à Londres et pendu le à Tappan (New York), est un major anglais, exécuté pour sa participation à la trahison de Benedict Arnold durant la guerre d’indépendance américaine.

John André

Naissance
Londres
Décès
Tappan (en) (New York)
Origine Suisse
Allégeance  Grande-Bretagne
Arme British Army
Grade Major
Années de service 1770 – 1780
Conflits Guerre d'indépendance des États-Unis
Famille Famille André

Biographie

D’une famille huguenote, fils d'Antoine André (1717-1769), négociant-banquier à Londres, et de Marie-Louise Girardot de Chancourt, John André étudie à l'école Saint-Paul, à la Westminster School et à Genève, avant de rentrer en Angleterre à l’âge de dix-huit ans. Destiné à la carrière commerciale, pour laquelle il n’avait aucun goût, il entre dans une maison de banque.

Décrit comme grand, bien fait, d’une beauté remarquable, d’une élégance exceptionnelle, il eut beaucoup d’aventures. La plus sérieuse fut sa passion pour une demoiselle, Honora Sneyd, qu’il voulait épouser. Le père d'André s’oppose à cette alliance, et quelque temps après, Honora Sneyd se marie avec Richard Lovell Edgeworth. André en conçut un tel chagrin qu’il s’engage dans l'armée comme lieutenant.

André demande à partir pour le Canada : il fait partie de l’expédition de Guy Carleton contre le général Montgomery, et se trouve au siège de Montréal, où il est fait prisonnier. Bientôt échangé, il devient aide de camp du général Grey, qui, rappelé en Angleterre, le recommande chaudement à son successeur, le général Clinton.

Officier brillant, d’une bravoure éprouvée et d’une intelligence peu commune, André ne manque pas d’ambition. Sa conversation est éloquente ; il sait et parle aisément plusieurs langues, a beaucoup lu et doté d’une mémoire prodigieuse. Il dessine très bien, excelle dans la caricature, écrit de jolis vers. C'est en outre un musicien accompli. Il exerce sur tous ceux qui l’approchaient un charme indéfinissable.

À Philadelphie, André a connu Peggy Shippen, qui devint Mme Arnold : ils entretiennent une correspondance assidue, « où l’esprit tenait une grande place, dit Xavier Eyma, sans préjudice d’une pointe de sentimentalité assez accusée. »

Benedict Arnold, en renouvelant ses propositions à Clinton, désigna André pour traiter avec lui. Cette mission répugne à André, qui la refuse. Mais Clinton insiste, et finit par lui ordonner de suivre cette affaire. Son rôle se borne d’abord à échanger des lettres, qu’il signe « John Anderson », alors qu'Arnold signe les siennes « Gustavus ». La politique y est traitée sous le couvert de questions commerciales.

Puis, un rendez-vous est pris à Dobbs Ferry, petit village sur l’Hudson, à quelques milles de West Point. Arnold franchit une foule d’obstacles pour s’y rendre et essuie le feu des canonnières anglaises, mais il n’arrive pas à temps, et André est déjà parti.

Un nouveau rendez-vous est donné pour le . André veut qu’Arnold le rejoigne sur le Vulture, bâtiment anglais qui se trouve sur l’Hudson; mais ce dernier insiste pour que l’entrevue ait lieu à terre. Joshua Smith les conduit dans sa maison où se consomme la trahison d’Arnold qui livre au major tous les plans et tous les renseignements nécessaires pour que les Anglais puissent s’emparer de West Point. André donna un acompte sur le prix convenu avec Arnold. Le reste doit être payé le jour où les Anglais entrent dans West Point, jour qui est fixé au .

La capture de John André.

Ce marché conclu, Arnold repart pour son quartier général. Une canonnade des avant-postes américains oblige le Vulture à changer de mouillage. André ne peut le rejoindre et se décide à prendre un déguisement pour regagner New York par terre. Smith s’offre à lui pour servir de guide. Parti avec un passe du général Arnold, André franchit sans difficulté les lignes américaines et se trouve sur un terrain neutre, mais infesté de brigands qui pillaient amis et ennemis. Smith le quitte, en lui recommandant une route pour gagner New York.

André en préfère une autre. Il n’était plus qu’à 27 milles de New York lorsqu’il est arrêté, près de Tarrytown. Les trois miliciens John Paulding, Isaac Van Wart et David Williams qui l’arrêtent lui demandent d’où il vient. André, qui croit avoir affaire à des amis, répond qu’il est « d’en bas », c’est-à-dire de New York. Un des miliciens saisit le cheval d’André par la bride, les deux autres mettent en joue le major, qui s’empresse de leur offrir les 400 livres sterling en or qu’il avait dans ses poches, auxquelles il ajoute sa montre ornée de diamants et tous ses bijoux. Ces offres empressées trahissent de quelle importance est la capture.

Les miliciens dépouillent le major, et trouvent dans ses bottes les papiers dont il est porteur. Ils le conduisent aux avant-postes américains : le colonel John Jameson l’expédie au général Arnold ; mais, sur quelques observations du major Benjamin Tallmadge, il fait revenir André près de lui, informe Arnold de sa capture et écrit à George Washington.

Aussitôt, Arnold se sauve et se réfugie à bord du Vulture. André écrit à Washington une lettre dans laquelle il se défend contre la qualification de traitre. Washington le fait venir au quartier général, et nomme un conseil de guerre pour le juger.

La pendaison du major André.

Nathanael Greene en est le président et deux généraux étrangers, La Fayette et Steuben, en font également partie. André est traité avec beaucoup d’égards : on ne lui fait aucune question blessante. Il avoue franchement tout ce qui est nécessaire à sa condamnation. Le conseil n’appelle aucun témoin ; mais, ayant trouvé que tout se rapportait aux aveux d’André, il le déclare coupable d’espionnage et le condamne à mort, le 1780.

Sir Henry Clinton fait des démarches en faveur du major André auprès de Washington. Celui-ci propose au général anglais d’échanger André contre Arnold. Sir Clinton ne croit pas pouvoir accepter cette proposition. Washington envoie un faux déserteur auprès d’Arnold dans l’espoir de l’enlever mais le coup ne réussit pas. La politique s’oppose à tout acte de clémence.

André écoute sa sentence avec calme ; il demande qu’on lui permette de revêtir son uniforme pour aller à la mort : cette autorisation lui est accordée. Il fait lui-même son portrait dans sa prison, et le donne au colonel Hamilton. Ce qui le préoccupe le plus, c’est le genre de mort qu’il devait subir : on le lui a laissé ignorer. Il écrit à Washington une lettre touchante à ce sujet, et demande à mourir en soldat. Washington consulte alors le conseil de guerre ; la demande est rejetée. La loi punissant l’espionnage par le supplice de la pendaison, le conseil est d’avis qu’il faut faire un exemple.

En apprenant qu’il périrait par le gibet, André dit : « Je suis résigné à la mort, mais je ne puis me faire à celle qui m’est infligée. » Et prenant un instant de réflexion il ajoute : « Après tout, ce n’est qu’un mauvais moment à passer. » Il se met lui-même la corde au cou, et meurt.

« Personne, écrit alors le colonel Hamilton, qui l’assista jusqu’au dernier moment, n’a subi la mort avec plus de justice et en même temps ne l’a moins méritée… Il y avait quelque chose de singulièrement intéressant dans le caractère et dans les malheurs d’André. »

Sa tombe existe encore dans la vieille ville de Tappan. Le gouvernement anglais fait réclamer ses restes, qui lui furent rendus. Un monument en marbre blanc lui a été érigé dans l’abbaye de Westminster.

Le congrès vota une pension de 200 dollars chacun et une médaille aux miliciens qui avaient arrêté André. Un d’eux réclama plus tard une augmentation de pension ; le major Tallmadge fit connaitre les faits, et le Congrès s’en tint à ce qui avait été primitivement accordé.

Bibliographie

  • James Thomas Flexner, The traitor and the spy: Benedict Arnold and John André, New York, Harcourt, Brace, 1953.
  • Alexander Hamilton ; John Laurens, The fate of Major André : a letter from Alexander Hamilton to John Laurens, New York, C.F. Heartman, 1916.
  • Robert McConnell Hatch, Major John André : a gallant in spy’s clothing, Boston : Houghton Mifflin, 1986 (ISBN 9780395353240).
  • Charles Inglis, The case of major John Andre, adjutant-general to the British army, who was put to death by the rebels, October 2, 1780, candidly represented: with remarks on the said case, New York, James Rivington, 1780.
  • Benson John Lossing ; Anna Seward, The two spies: Nathan Hale and John André, New York, D. Appleton and Co., 1886.
  • Winthrop Sargent, The life and career of Major John André, adjutant-general of the British Army in America, Boston, Ticknor and Fields, 1861.
  • Harry Stanton Tillotson, The beloved spy : the life and loves of Major John André, Caldwell, Caxton Printers, 1948.

Sources

  • William Duckett fils, Dictionnaire de la conversation et de la lecture inventaire raisonné des notions générales les plus indispensables à tous. Supplément, t. 1, Paris, Firmin Didot et Cie, 1878, p. 168-69.

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