Johannes Palmer Hartmann

Johannes Palmer Hartmann (né à Copenhague le et mort à Gand le ) est un horticulteur danois, fondateur des Établissements horticoles J.P. Hartmann à Gand.

Pour les articles homonymes, voir Hartmann.

Biographie

Son père était le compositeur Emil Hartmann (1836-1898), descendant de plusieurs générations de compositeurs. Le nom «Palmer Hartmann» lui a été donné à la naissance, en souvenir de sa grand-mère Emma Hartmann (1807-1851), qui composait sous le pseudonyme Frederik Palmer. Il ne désigne donc pas au départ, contrairement à ce qu’on pourrait croire, le «Hartmann des palmiers» (qu’il deviendra avec son horticulture).

Passionné de fleurs dès son jeune âge, Hartmann fait des études à la Landbohoejskole (da) (Haute Ecole agricole) à Copenhague où il obtient son diplôme en 1894. Il entreprend par la suite une formation internationale auprès de diverses grandes horticultures européennes. Après Berlin, Paris, Londres et Saint-Pétersbourg, il visite Gand, alors capitale mondiale de l'horticulture et y fait l’acquisition d’un champ à Mont-Saint-Amand-lez-Gand adapté à la culture des azalées, fondant ainsi sa propre horticulture[1].

Sans capital propre aucun (son père étant compositeur), il s’endette et fait d'abord construire six petites serres et une remise. En 1899 cependant, un incendie détruit la moitié de l'entreprise, mais après s’être remis au travail, son horticulture devient en quelques années la plus grande de la ville de Gand, puis d’Europe[2].

En 1905, Hartmann épouse sa cousine Ellen Hartmann (1877-1918). Il fait construire en 1908 à côté de son entreprise une imposante villa par l‘architecte danois Carl Harald Brummer (1864-1953), villa qui existe encore. Il sera rapidement intégré dans la vie culturelle accueillante de Gand. De nombreux artistes-peintres (principalement de l’école de Laethem-Saint-Martin, comme Émile Claus, Anna De Weert ou Jenny Montigny), musiciens (Carl Nielsen ou le compositeur néerlandais Julius Roentgen), et écrivains (Cyriel Buysse ou Virginie Loveling) sont accueillis dans la villa Hartmann, en sus de multiples connaissances danoises. Son épouse, elle-même bonne pianiste, décède en 1918 des suites d’une longue maladie, en pleine guerre, à un moment où il est impossible de communiquer avec les siens au Danemark.

Après la première guerre mondiale, l’horticulture connaît un développement fulgurant. Johannes Hartmann sera un des principaux participants aux Floralies Gantoises. Aux Floralies de 1923, 1928, 1933 et 1938, il obtient chaque fois une cinquantaine de prix. En 1923 et 1938, il reçoit le prix d’honneur de la reine Elisabeth.

Hartmann a développé de nouvelles espèces d’hydrangeas dont l’hortensia macrophylla Tovelit et l’hortensia Sigyn Hartmann.

En 1923, il est nommé consul du Danemark à Gand et soutiendra ainsi de nombreux compatriotes. C’est à son initiative et grâce à son financement que seront construits, sur les plans de l’architecte Carl Brummer, et à la mémoire de sa femme, l’église et home de marins scandinave («Skandinaviske Sœmandskirke og hjemmet») dans le port de Gand aux fins d'accueillir et héberger les marins scandinaves de passage.

En 1924, il se remarie avec Sigyn Kemp (1893-1983), de nationalité danoise, qui était venue à Gand soigner les blessés de guerre. Elle lui donnera cinq enfants, dont Oluf Palmer Hartmann (1925-2008), qui reprendra l’horticulture après son décès, les deux artistes-peintre Ellen Waelbroeck-Hartmann (1926-1999) et Alfred Palmer Hartmann (1928-1989), un fils Johannes Palmer Hartmann (1926-1937), décédé à 11 ans de poliomyélite, et Bodil Mingers-Hartmann, infirmière. En été, la famille séjourne au Danemark, dans le manoir Fuglsang, qu’habite Bodil Neergaard (1867-1959), sœur de Johannes Hartmann, et dans lequel se déroule une riche vie culturelle, avec des concerts privés donnés tous les soirs par certains des meilleurs musiciens de l’époque.

Quand Hartmann décida en 1897 de s’installer à Gand, son père lui dit que «c’est sans doute une bonne idée d’établir une horticulture à Gand, mais saches que si une guerre européenne éclate, la Belgique en sera le champ de bataille comme elle l’a toujours été en Europe». Et Hartmann vivra effectivement deux guerres mondiales commencées et largement menées sur le sol belge. Celles-ci seront difficiles pour son horticulture, avec les dégâts nombreux causés aux serres, les ouvriers mobilisés pour la défense de la patrie, et la nécessité de reconvertir momentanément son entreprise en culture de tomates et autres légumes. Pendant la guerre, les habitants du quartier se réfugieront volontiers dans la cave spacieuse qui leur servira de "bunker". Quand un officier allemand vient demander à Hartmann de libérer sa maison pour en faire le quartier général de leur armée, Hartmann - prévenu - avait fait mettre ses enfants bien emmitouflés au lit, et répondit que malheureusement, ceux-ci souffraient d’une épidémie de scarlatine, ce qui lui permit d’éviter cette réquisition.

Les Établissements horticoles J.P. Hartmann

L’entreprise, fondée en 1897, connut une croissance rapide. En 1924, elle comprenait déjà 80 serres. En 1928, Hartmann fit construire un impressionnant jardin d’hiver.

En 1948, grâce notamment à l’application des méthodes les plus modernes de culture, l’horticulture avait atteint une superficie de 50.000 m², dont 12.000 m² étaient couverts de 100 serres, 2.000 m² de 4 grandes remises qui servaient à l’emballage, et de deux espaces couverts pour les araucarias. L’eau était pompée dans 3 châteaux d’eau de 20 m de hauteur. Chacun de ces réservoirs avait une capacité de 200.000 litres, ce qui parfois suffisait à peine pour l’arrosage, la consommation journalière pouvant s’élever à un million de litres. Le personnel comportait, selon les saisons, jusqu’à 125 ouvriers. Chaque année, un million de graines de cocotiers étaitent importées du Brésil et 45 mille graines de kentias étaient importées d'Australie. Ces graines étaient alors distribuées à des horticulteurs de la région qui les faisaient germer et livraient ensuite les plantes à Hartmann pour exportation. Hartmann estimait que le climat tempéré de Gand était idéal pour la culture des plantes, avec beaucoup de lumière, mais jamais de soleil brûlant pour les cultures. Le sol sablonneux fertile venant des alluvions de l’Escaut et les larges nappes phréatiques étaient des atouts supplémentaires.

L'horticulture était spécialisée dans les palmiers, azalées, araucarias, hortensias, lauriers et bégonias, et un grand nombre d’autres espèces. Hartmann exportait également dans le monde entier. Son horticulture était toujours arrangée avec soin. Il aimait suspendre des coupes florales décoratives dans ses serres, mélanger les espèces, tel qu’orangers et citronniers au milieu d’une culture d’araucarias, et veiller à ce que chaque point de vue soit toujours pictural. De sa correspondance et des articles de presse de l’époque, on voit que l’horticulture était en permanence visitée par des curieux. Le clou de la visite était immanquablement le jardin d’hiver, rempli d’une végétation exotique luxuriante, dominée par des palmiers, fougères arborescentes et bananiers, strelitzias ou azalées, et parcouru par un ruisseau agrémenté d’une fontaine pompéienne.

En 1948, Johannes Palmer Hartmann décède à 78 ans, le soir de Pâques, des suites d’une brève maladie. Après une première cérémonie à Gand, au cours de laquelle famille et amis défileront devant le cercueil, entouré de fleurs, celui-ci sera amené par navire au Danemark où l’enterrement se fera à partir de la Cathédrale Notre Dame de Copenhague, remplie pour l’occasion de lilas blancs, bouleaux et bougies, et d’où le cortège partira après la cérémonie pour l’enterrement au cimetière d’ Ordrup.

Dans sa nécrologie écrite pour Berlingske Tidende, l’écrivain Johannes Lehmann (1896-1980) célébrera «l’exceptionnel artiste dans son domaine, dans le plus grand style», «artiste et fils d’artiste en tout ce qu’il faisait», et vivant en son «extraordinairement belle demeure au milieu de l’horticulture». Il indique que «dès qu’il y avait des invités - et quand n’y en avait-il pas? - on était accueilli par une mer de musique». Il parle des lettres que Hartmann envoyait régulièrement à famille et amis, «caractéristiques par leur étrange mélange baroque de sérieux et d’humour, toujours pleines d’optimisme et de la conviction que les revers étaient là pour être vaincus».

Hartmann est fait Chevalier du Dannebrog en 1915, Chevalier de l’Ordre de la Couronne en 1923, Officier de l’Ordre de Léopold en 1934, titulaire de la médaille de liberté de Christian X en 1946, et Commandeur de l’Ordre de Dannebrog en 1948.

Son fils Oluf Palmer Hartmann poursuivit la gestion de l’entreprise jusqu’en 1974 après quoi celle-ci fut fermée et un quartier résidentiel érigé à la place, mais la rue porte encore le nom de Johannes Palmer Hartmann (Johannes Hartmannlaan)[3].

Notes et références

  1. (nl) André Maes, Meer dan een naam : Een laan voor Johannes Hartmann in Sint-Amandsberg, Sint-Amandsberg, Roger Poelman, , 8 p.
  2. (da) Inger Soerensen, Johannes Palmer Hartmann og hans kreds, Danemark, Ole Klitgaard, , 1135 p.
  3. « Plan de Gand », sur Google Maps

Bibliographie

  • The World’s horticulture in word and picture, Belgium, p. 81-107
  • René De Herdt, Floralies gantoises, Éditions Erasmus 1994
  • https//www.gent-geprent.com Plantenkwekerij Hartmann in St Amandsberg, avec plusieurs photos
  • Inger Soerensen, Johannes Palmer Hartmann og Hans Kreds, Ole Klitgaard, 2012, 2 volumes, 1135 pages
  • 200 Jaar Siertelt in de Gentse Rand, Deens Imperium in Gent, Universiteit Gent
  • Portail du jardinage et de l’horticulture
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