Johann Michel

Né en 1972, Johann Michel est un philosophe et un politiste français[1].

Pour les articles homonymes, voir Michel.

Professeur à l'Université de Poitiers[2], Johann Michel est également chercheur statutaire au CEMS de l'EHESS[1] et membre honoraire de l'Institut Universitaire de France[3].

Ses premiers travaux universitaires sont consacrés à l’œuvre de Paul Ricœur dont il est un spécialiste. Il a publié notamment Paul Ricœur. Une philosophie de l'agir humain (2007[4],[5]), tiré de sa thèse de doctorat de philosophie (soutenue à l’EHESS en 2001[6]) et Ricœur et ses contemporains[7],[8](2013) dans lequel il engage un dialogue avec les penseurs post-structuralistes (Derrida, Bourdieu, Foucault, Deleuze). Il a par ailleurs édité plusieurs ouvrages du philosophe (Paul Ricœur, Écrits et conférences 3. Anthropologie philosophique[9], 2013 ; Paul Ricœur et Cornelius Castoriadis, Dialogue sur l’histoire et l’imaginaire social, Paris, éditions de l’EHESS, 2016[10]). Il a co-fondé en 2010 la revue internationale Études ricoeuriennes/Ricoeur studies[11]. Il est membre du conseil scientifique du Fonds Ricœur[12].

Agrégé de science politique[13], Johann Michel a contribué à renouveler les réflexions sur les politiques de la mémoire (Gouverner les mémoires, 2010[14]), et notamment sur les transformation de la mémoire de l’esclavage dans la France contemporaine (Devenir descendant d'esclave[15], 2015). Il a récemment publié un Que sais-je sur le Devoir de mémoire[16],[17](2018). Il a été membre du Comité National pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage[18] de 2016 à 2019.

Spécialiste d'herméneutique et de philosophie des sciences sociales, Johann Michel cherche à élaborer depuis une quinzaine d'années une anthropologie interprétative (en considérant l’interprétation comme une activité centrale de la condition humaine)[19]. Dans ce domaine, il a d’abord construit les principes d’une sociologie d’inspiration herméneutique (Sociologie de soi. Essai d’herméneutique appliquée, 2012[20]), puis élargi sa réflexion à une épistémologie herméneutique des sciences sociales (Quand le social vient au sens, 2015[21]), avant de proposer une synthèse des grands courants de philosophie des sciences sociales (La fabrique des sciences sociales d'Auguste Comte à Michel Foucault[22], 2018).

L'aboutissement de ce travail a donné lieu à la publication d'un ouvrage Homo interpretans (2017)[23] dans lequel Johann Michel vise à transformer l’herméneutique à partir d’une anthropologie sociale et philosophique[24]. Selon Jean-François Côté, Homo interpretans « se place dans la catégorie très restreinte des livres programmatiques appelés, sinon à faire école, du moins à ouvrir un immense champ de questionnements et d’analyses en sciences humaines, en devenant leur point de référence[19]. » Traduit en anglais en 2019 par David Pellauer, Homo interpretans, towards a transformation of hermenutics[25], est considéré par Hans Joas comme « the most ambitious and most comprehensive new approach in the area of hermeneutics”[26].

Johann Michel travaille actuellement à l'élaboration d'une anthropologie philosophique de la réparation dans un dialogue renouvelé avec les sciences sociales.  Il vient de faire paraitre Le réparable et l’irréparable (2021)[27] dans lequel la réparation est pensée comme un phénomène global de la condition humaine, sans caractère unifié. C’est de manière analogique que J. Michel articule les champs multiples de la réparation dans leur domaine propre : modèle biologique (la cicatrisation), modèle psychologique (le travail de deuil), modèle religieux (expiation, purification), modèle moral (l’excuse), modèle juridique (la compensation du dommage)[28].

Notes et références

  1. « Johann Michel », sur http://cems.ehess.fr (consulté le )
  2. « Johann Michel », sur univ-droit.fr (consulté le )
  3. « Les membres - Institut Universitaire de France », sur www.iufrance.fr (consulté le )
  4. Daniel Frey, « Johann Michel, Paul Ricoeur. Une philosophie de l’agir humain, (Passages) Paris, Cerf, 2006 », Revue d'Histoire et de Philosophie religieuses, vol. 89, no 1, , p. 117–118 (lire en ligne, consulté le )
  5. « "Esprit" fait un tour d'horizon de la "pensée Ricoeur" », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  6. « Catalogue SUDOC », sur www.sudoc.abes.fr (consulté le )
  7. « Ricœur et ses contemporains / Revue Tête-à-tête », sur France Culture (consulté le )
  8. « Paul Ricœur, philosophe en philosophant avec les autres », sur L'Humanité, (consulté le )
  9. « Son anthropologie philosophique - Ép. 3/4 - La pensée de Paul Ricoeur », sur France Culture (consulté le )
  10. (en) Maria Cristina Clorinda Vendra, « Johann Michel. Dialogue sur l’histoire et l’imaginaire social. Cornelius Castoriadis et Paul Ricœur », Études Ricoeuriennes / Ricoeur Studies, vol. 8, no 2, , p. 100–105 (ISSN 2156-7808, DOI 10.5195/errs.2017.417, lire en ligne, consulté le )
  11. « Études Ricoeuriennes / Ricoeur Studies », sur ricoeur.pitt.edu (consulté le )
  12. « Études Ricoeuriennes / Ricoeur Studies », sur ricoeur.pitt.edu (consulté le )
  13. Décret du 22 août 2016 portant nomination des membres du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage (lire en ligne)
  14. Geoffrey Grandjean, « Michel Johann, Gouverner les mémoires. Les politiques mémorielles en France, Paris, Presses Universitaires de France, 2010, 207 p. », Cahiers de Science politique, (ISSN 1784-6390, lire en ligne, consulté le )
  15. Rocío Munguia Aguilar, « Johann, Michel. — Devenir descendant d'esclave. Enquête sur les régimes mémoriels », Cahiers d’études africaines, no 225, , p. 189–191 (ISSN 0008-0055, lire en ligne, consulté le )
  16. « Le devoir de mémoire de Johann Michel », sur Revue Études - Culture contemporaine (consulté le )
  17. « Dimanche en politique en Poitou-Charentes : La Grande Guerre 14-18 » (consulté le )
  18. « Site du CNMHE, Comité national pour la Mémoire et l'Histoire de l'Esclavage », sur http://www.cnmhe.fr, (consulté le )
  19. Jean-François Côté, « À propos d’un ouvrage récent de Johann Michel », Laval théologique et philosophique, vol. 75, no 1, , p. 143–149 (ISSN 0023-9054 et 1703-8804, DOI 10.7202/1067507ar, lire en ligne, consulté le )
  20. Clément Lefranc, « Sociologie du soi », sur Sciences Humaines (consulté le )
  21. (en) Martin Aranguren, « Book Review: Johann Michel, Quand le social vient au sens (Bruxelles: PIE Peter Lang, 2015) », Journal of French and Francophone Philosophy, vol. 23, no 2, , p. 137–139 (ISSN 2155-1162, DOI 10.5195/jffp.2015.693, lire en ligne, consulté le )
  22. Jean Zoungrana, « Johann Michel, La Fabrique des sciences sociales. D’Auguste Comte à Michel Foucault. Paris, Presses universitaires de France, coll. Une histoire personnelle de…, 2018, 216 pages », Questions de communication, no 34, , p. 437–441 (ISSN 1633-5961, lire en ligne, consulté le )
  23. Christian Leduc, « Jean-Baptiste Rauzy, La Doctrine leibnizienne de la vérité. Aspects logiques et ontologiques, Paris, Librairie Philosophique J. Vrin, coll. « Bibliothèque d’histoire de la philosophie », 2001, 353  pages. », Philosophiques, vol. 30, no 2, , p. 479 (ISSN 0316-2923 et 1492-1391, DOI 10.7202/008663ar, lire en ligne, consulté le )
  24. Jean-François Côté, « Une sociologie herméneutique ? Pour et contre Homo interpretans. Discussion de l’ouvrage de Johann Michel Homo interpretans, Paris, Éditons Hermann, 2017 », SociologieS, (ISSN 1992-2655, lire en ligne, consulté le )
  25. (en) 1 08 van der Heiden-Michel, « Homo Interpretans: Towards a Transformation of Hermeneutics », sur Notre Dame Philosophical Reviews (consulté le )
  26. Johann Michel et Hans Joas, Homo interpretans : towards a transformation of hermeneutics, (ISBN 978-1-78660-882-6, 1-78660-882-0 et 978-1-78660-883-3, OCLC 1078213253, lire en ligne)
  27. « Comment réparer l'irréparable ? », sur France Culture (consulté le )
  28. « Le réparable et l'irréparable », sur Hermann, (consulté le )
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