Jiu-jitsu brésilien

Le jiu-jitsu brésilien (portugais : jiu-jitsu brasileiro; japonais : ブラジリアン柔術, burajirian jūjutsu), est un art martial, un sport de combat et un système de défense personnelle dérivé de techniques du judo et du ju-jitsu importées du Japon au Brésil par Mitsuyo Maéda vers 1920, puis développé par la famille Gracie.

Pour les articles homonymes, voir JJB.

Jiu-jitsu brésilien

Autres noms Gracie Jiu-jitsu

Abréviations : JJB, BJJ (pour l'anglais Brazilian jiu-jitsu)

Domaine Grappling
Pays d’origine Brésil
Fondateur Hélio Gracie
Dérive de Judo (Kōdōkan, Kosen)
Sport olympique Non

Le jiu-jitsu brésilien promeut le concept qu'une personne peut se défendre face à un opposant plus lourd et fort en utilisant les techniques appropriées, plus particulièrement en amenant le combat au sol et en appliquant des techniques d'étranglement, de clé articulaire ou de compression musculaire.

Histoire

Sensei Mitsuyo Maeda (1904)
Maître Hélio Gracie (2004)

Mitsuyo Maéda, né au Japon en 1879, pratique d'abord le sumo, avant d'entrer au Kōdōkan, l'école de judo de Jigorō Kanō, en 1897. En 1904, alors 4e dan de judo, il part aux États-Unis, avec Tsunéjiro Tomita, pour faire la démonstration de cette nouvelle discipline en affrontant des lutteurs. Il effectue un premier séjour au Brésil en 1907, puis en 1914 à Belém. Il participe alors à l'établissement de la colonie japonaise au Brésil en 1920. Au cours de ces séjours au Brésil, il participe à des combats de lutte libre (vale-tudo) pour montrer la supériorité du Kōdōkan et pour gagner un peu d'argent. Il est alors surnommé « Conde Koma ». Durant cette période, il est aidé par Gastão Gracie, descendant d'une famille écossaise. En remerciement, il enseigne l'art du combat à son fils, Carlos Gracie, qui l'enseigne à son tour à ses frères, Oswaldo, Gastão Jr et George Jr (Gastao et Cesalina Gracie avaient huit fils). Devenu leader du clan Gracie, le jeune élève Carlos, attiré par le combat réel, utilise les techniques apprises par le Maéda. Carlos Gracie commençe à tester lui-même ces techniques en lançant lui aussi des défis. Carlos Gracie a alors la réputation de combattre n'importe qui, sans distinction de taille ou de poids. Il demeure invaincu et devient une légende au Brésil.

Helio Gracie est un autre frère de Carlos, mais le médecin lui avait déconseillé de pratiquer, en raison de sa santé fragile et il se contente donc de regarder et d'écouter l'enseignement de son frère. À l'âge de 16 ans, il remplace Carlos lors d'un cours, en se servant de ce qu'il avait mémorisé. Il commence ainsi la pratique du ju-jitsu, mais focalise sa pratique sur le travail au sol. Une première tentative d'imposer cet art martial face à l'école japonaise échoue ainsi en 1951, avec la défaite d'Helio Gracie face au champion du Japon de Judo, Masahiko Kimura. Celui-ci récidive cependant 8 ans plus tard en venant à bout de Santana, champion de Gracie jiu-Jitsu (1 victoire et 1 nul).

Technique

Contrairement à la majorité des arts martiaux, qui privilégient le combat debout, pieds et poings, le jiu-jitsu brésilien se focalise sur le combat au sol, domaine extrêmement technique et où le gabarit joue moins.

Cela s'avère d'autant plus juste si l'un des deux adversaires a fait le choix de combattre au sol. En effet, on peut souvent forcer un adversaire à aller au sol, alors qu'en revanche on ne peut jamais obliger l'autre à combattre debout.

Dès lors, la victoire dans un combat libre entre deux adversaires passe généralement par une maîtrise des techniques de combat au sol. Il en résulte une place nettement moins importante laissée en matière de projections ou de techniques de frappe du jiu-jitsu brésilien par rapport aux autres arts martiaux.

Ainsi de nombreux jiu-jitsukas affrontent lors de combats libres, des lutteurs, des boxeurs ou des karatékas dans le cadre de compétitions internationales telles que le Pride Fighting Championships ou l'Ultimate Fighting Championship, et s'imposent comme de redoutables combattants. Même si les jiu-jitsukas se font amener au sol, et se retrouvent à combattre dos au sol, il s'agit d'une position (appelée dans la garde) intéressante en pur jiu-jitsu brésilien qu'il faut savoir maîtriser en combat libre.

Tout comme au sambo, les pratiquants du jiu-jitsu brésilien pratiquent le combat au sol total. Ils ont à leur disposition tout un arsenal de clés de bras (épaule, coude, poignet), de clés de jambe (genou, cheville, pied), de clés de cou, et d’étranglements. Le jiu-jitsu brésilien représente une spécialisation du combat au sol, avec la redécouverte de nouvelles positions caractéristiques comme la garde (où dos au sol, on enserre la taille de l’adversaire entre ses jambes), qui permet de se protéger des techniques de soumission, tout en étant capable de s’en délivrer.

Le jiu-jitsu brésilien et son application en vale-tudo (« tout est permis » en portugais) se sont révélés particulièrement efficaces lors de la création en 1993 des Ultimate Fighting Championships (UFC) qui virent la victoire de Royce Gracie, ou encore à l'occasion des défis remportés par Rickson Gracie.

Grades

Une ceinture bleue de jiu-jitsu brésilien avec trois barrettes.

Comme au judo ou au karaté, le jiu-jitsu brésilien utilise un système de ceintures de couleurs afin de marquer la progression des pratiquants. Les débutants commencent leurs parcours avec la ceinture blanche, tandis que la ceinture noire est elle attribuée aux pratiquants les plus aguerris. Un système de « barrettes »[1] attachées à un bout de la ceinture est aussi parfois mis en place afin d'indiquer l'avancement entre les ceintures[2].

Enfants
(moins de 16 ans)
Blanche
Grise
Jaune
Orange
Verte
Adultes
(16 ans et plus)
Blanche
Bleue
Violette
Marron
Degrés de la ceinture noire
(19 ans et plus)
Noire 0-6
Rouge et noire 7-8
Rouge 9-10

Tenue

Le jiu-jitsu brésilien, comme le judo et le ju-jitsu, est traditionnellement pratiqué avec un keikogi, souvent appelée kimono. La tenue est composée d'un pantalon et d'une veste en coton fermée par une ceinture. Comparé au judogi, le kimono de jiu-jitsu brésilien est souvent plus resserré au niveau des manches et du pantalon afin de rendre plus difficile leur saisie. La variété des couleurs rencontrées est aussi plus importante. Si le blanc reste la couleur originelle de la tenue, il n'est pas rare de voir des kimonos bleus, noirs voire rouges ou encore effet camouflage sur les tapis[3]. L'ajout de patchs sur la veste et le pantalon est aussi une pratique commune, notamment pour afficher son école. Les règlements de compétition n'autorisent toutefois que les tenues unies de couleur blanche, bleue ou noire, et l'application de patchs uniquement sur des zones définies[4].

Le jiu-jitsu brésilien peut aussi se pratiquer sans kimono, dit « no gi ». Dans ce cas, les combattants ne peuvent saisir la tenue et sont généralement vêtus d'un short et d'un rash guard (en).

Règlement de compétition

Six aires de combat lors d'une compétition de jiu-jitsu brésilien à Ipatinga.

Si plusieurs organismes et fédérations proposent de légères variantes du règlement pour la pratique du jiu-jitsu brésilien ou discipline analogue de grappling en compétition, les règles éditées par l'International Brazilian Jiu-Jitsu Federation (IBJJF) s'imposent en référence depuis les années 1990 et le développement de ce sport à travers le monde. Les Championnats du monde organisés par cette fédération depuis 1996 sont d'ailleurs considérés comme la plus prestigieuse compétition de jiu-jitsu brésilien[5].

Le règlement de l'IBJJF[6] opposent les participants selon leurs grades, leurs catégories d'âge et de poids. Cependant, une compétition dite absolute peut rassembler tous les compétiteurs du même grade et de la même catégorie d'âge, qu'importe leurs poids.

Lors d'un combat de jiu-jitsu brésilien, deux combattants se font face sur une aire de combat carrée composée de tapis, d'une taille allant de 64 m2 à 100 m2. La surface centrale est entourée de tapis, généralement d'une couleur différente, constituant la « zone de sécurité ». Si les concurrents viennent à sortir de cette zone de combat, le match est mis en pause le temps que l'arbitre les ramène au centre dans la même position.

Un seul arbitre est présent sur les tapis et fait autorité dans les décisions qu'il donne via des gestes codifiés. Le but de l'opposition est de faire abandonner son adversaire à l'aide d'une technique de soumission avant la fin du temps imparti. Des points sont aussi distribués par l'arbitre au cours du combat, suivant les actions effectuées, et permettent de déterminer un vainqueur si aucun des concurrents n'a pu faire abandonner l'autre avant la fin du chronomètre.

Passage de garde : 3 points

Critères d’attribution des points :

  • le combattant a passé les jambes,
  • le dos de l’adversaire est tourné vers le sol,
  • le combattant marque le contrôle sans laisser d’espace entre les deux corps pendant au moins trois secondes avant de changer de position,
  • l’adversaire ne maintient pas le bras de l’attaquant en contrôle de type « garde ouverte ».

Les points ne sont pas attribués si :

  • l’attaquant doit sans cesse bouger son corps et s’adapter pour contrôler l’adversaire, sans réussir à stabiliser trois secondes la position,
  • l’adversaire repasse à quatre pattes,
  • si l’adversaire reprend immédiatement dans la garde ou demi-garde,

Dans ces cas, l’attaquant marque « avantage ».

Remarques :

  • Le passage de demi-garde est considéré comme un passage de garde : 3 points
  • Si un combattant est repris dans la demi-garde et ressort sa jambe, il a comptabilisé un nouveau passage de garde.
  • Le passage de la garde à la demi-garde est compté «avantage» si l’attaquant a le bassin plaqué contre son adversaire (si l’adversaire arrive à maintenir de la distance et à reste sur le côté, il n’y a pas d’avantage).

Projection : 2 points

Critères d’attribution des points :

  • La projection est nette (une grande partie du dos de l’adversaire touche le sol) même si l’attaquant reste debout
  • La projection n’est pas nette (adversaire tombant sur le côté) mais l’attaquant contrôle la position d’arrivée au sol

Les points ne sont pas attribués si :

  • l’adversaire arrive sur les fesses ou le côté et passe immédiatement à quatre pattes

Dans ce cas, l’attaquant marque « avantage »

Remarques :

  • Si les deux genoux de l’adversaire sont au sol lorsque commence l’attaque, il ne peut être marqué qu’ « avantage ». Si un des deux genoux est levé, il est marqué deux points.
  • Si les deux adversaires s'assoient simultanément en position de garde assise (double « pull-guard »), le premier à se relever se verra attribué un « avantage ».

Renversement : 2 points

Il s’agit d’une technique démarrée d’une position inférieure qui amène l’attaquant à une position supérieure.

Critères d’attribution des points :

  • L’adversaire était au-dessus de l’attaquant au début de la technique
  • L’adversaire arrive sur le côté, les fesses ou le dos
  • L’attaquant contrôle la position d’arrivée

Les points ne sont pas attribués si :

  • L’attaquant commence l’action au-dessus de l’adversaire (les retournements type «Judo» lorsque l’adversaire est à quatre pattes)
  • L’adversaire est renversé mais revient immédiatement dans la garde

Dans ces deux cas, l’attaquant marque « avantage ».

Remarques :

  • Les renversements peuvent être exécutés depuis la garde ou la demi-garde.
  • Les deux points sont marqués même si l’attaquant arrive dans la demi-garde de l’adversaire
  • Les sorties de contrôles (croix, montée…) ne sont pas des renversements et ne donnent ni points, ni avantages

Passage en position montée : 4 points

Critères d’attribution des points :

  • l’attaquant est tourné vers le visage de l’adversaire (pas de points pour montée inversée)
  • la position doit être maintenue 3 secondes
  • l’adversaire peut être à plat dos, sur le côté ou sur le ventre
  • au moins un des deux genoux de l’attaquant doit être au sol
  • un bras de l’adversaire peut-être pris sous les jambes mais pas les deux

Les points ne sont pas attribués si :

  • un pied de l’attaquant est toujours pris entre les jambes de l’adversaire

Remarques :

  • passage de garde + montée = 3+4 points

Genou sur estomac : 2 points

Critères d’attribution des points :

  • le genou du côté des jambes de l’adversaire est sur son abdomen

Les points ne sont pas attribués si :

  • le genou du côté de la tête de l’adversaire est sur le sol

Passage dans le dos : 4 points

Critères d’attribution des points :

  • la position est stabilisée 3 secondes
  • les deux crochets sont passés aux hanches
  • un bras de l’adversaire peut-être pris sous les jambes mais pas les deux

Les points ne sont pas attribués si :

  • le corps de l’adversaire est entouré par les jambes en triangle
  • un seul crochet est passé

Remarques :

  • les points sont accordés que l’adversaire soit à quatre pattes, ventre en l’air ou ventre vers le sol.

Situations particulières

Pour prendre dans la garde depuis la position debout : - Il est nécessaire de tenir le kimono de l’adversaire (manche, revers, pantalon…) sinon, il est comptabilisé comme une « faute modérée ». - Si l’adversaire tient le pantalon et soulève la jambe de celui qui s’assoit, il marque 2 points.

Notes et références

  1. « Jiu-jitsu brésilien. Entraînement et remise de grade », sur Le Télégramme, (consulté le ).
  2. (en) « Graduation System », sur IBJJF (consulté le ).
  3. (en) Brandon Groce, « How to Pick The Right GI for Brazilian Jiu Jitsu », sur Applied MMA, (consulté le ).
  4. (en) « IBJJF Gi Regulations Decoded », sur Gi Reviews.net (consulté le ).
  5. (en) « 20 Years of Mundial », sur BJJ Heroes (consulté le ).
  6. (en) « Rule Book - General Competition Guidelines » [PDF], sur IBJJF.org (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Les grands champions du passé, 2e partie, Karaté Bushido no 318 () p. 35-36, éd. Européenne de Magazines
  • Gracie, Helio. Gracie Jiu-Jitsu, 2007

Liens externes

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  • Portail du Brésil
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