Jitsi

Jitsi (du bulgare : жици (« fil métallique ») prononciation : /ˈʒi.tsi/, anciennement SIP Communicator) est une application libre multiplateforme de messagerie instantanée, voix sur IP et visioconférence. C'est une application OpenSource qui utilise Jitsi Videobridge pour fournir une haute qualité d'appel en respectant la vie privée avec chiffrement de bout en bout.

Jitsi
Capture d'écran de Jitsi Meet (avril 2021).
Informations
Première version
Dernière version 2.10.5550 ()[1]
Dépôt github.com/jitsi/jitsi
Écrit en Java et JavaScript
Système d'exploitation GNU/Linux, BSD (d), Microsoft Windows et macOS
Environnement Android, iOS, Linux, Microsoft Windows, OS X
Type Téléphonie Internet
Licence Apache v2
Site web jitsi.org

Historique

SIP Communicator a été créée à l'origine dans le cadre du doctorat d'Emil Ivov[2] au sein du LSIIT, un laboratoire de l'université de Strasbourg[3].

En 2009, Emil Ivov crée l'entreprise Blue Jimp et embauche certains des plus gros contributeurs du projet. L'entreprise propose un support payant ainsi que des développements personnalisés[4].

Le , SIP Communicator intègre le protocole Jingle et change de nom pour s'appeler Jitsi[5]. Dans sa version 1.0 sortie le , Jitsi s'exécute sur les systèmes Solaris, Windows, macOS, FreeBSD et la plupart des distributions GNU/Linux. La version 2.0 est sortie le [6].

En 2014, avec pour base un prototype créé par Philipp Hancke, la communauté Jitsi initie une application de conférence en ligne, le projet Jitsi Meet. L'année suivante, l'éditeur de logiciels Atlassian rachète Blue Jimp. Jitsi reste cependant en source ouverte ainsi que basé sur la communauté[4].

En 2018, l'entreprise 8x8 fait l'acquisition de Jitsi[7].

La plateforme de 8x8 qui offre Jitsi Meet a vu son nombre d'utilisateurs passer de 200 000 à 20 millions en quelques mois pendant la pandémie de Covid-19[8].

En février 2020, Infomaniak lance kMeet, une solution de visioconférence gratuite et respectueuse de la vie privée. Disponible à travers ses applications iOS, Android, Windows, Linux et MacOS, kMeet utilise Jitsi Meet (en partenariat).

Fonctionnalités

Jitsi est une alternative libre aux applications de téléphone et téléconférence en termes de fonctionnalités[9]. Il propose en particulier les services suivants[10] :

  • Téléphonie gratuite en VoIP avec d'autres utilisateurs Jitsi (XMPP et SIP) ;
  • Téléphonie vers les fixes et mobiles par internet, au travers de SIP ;
  • Chiffrement intégré (en SIP et en XMPP) via différents protocoles comme OTR, SRTP ou ZRTP[11]. Il a été recommandé par Jacob Appelbaum[12] et des membres de Telecomix pour communiquer avec les participants des printemps arabes ;
  • Multiplateforme ;
  • Bonne qualité sonore, sans temps de latence (en fonction de la qualité de la connexion internet) ;
  • Partage d'écran ;
  • Conférences audio ou vidéo à plusieurs avec Jitsi Videobridge[13],[14] ;
  • Connexions possibles avec d'autres protocoles via des passerelles XMPP : envoi de SMS, de courriels, etc.

En pratique, comme d'autres logiciels plus anciens, Jitsi permet d'agréger différentes messageries, c'est un client de messagerie instantanée multi-protocoles. Par exemple, un utilisateur Jitsi peut ouvrir un compte Google Hangouts et communiquer directement dans Jitsi avec ses contacts Google Hangouts qui, quant à eux, n'ont pas Jitsi.

Protocoles

Jitsi prend en charge les protocoles suivants :

Technologies

Le logiciel est codé majoritairement en java à l'aide de l'infrastructure logicielle OSGi[15]. Certaines parties sont toutefois propres à chaque système notamment pour capturer les images venant de la caméra. Il utilise les protocoles SRTP et ZRTP et peut utiliser le DNSSEC. Le logiciel utilise un système extensible via des plugins[15]. Il peut utiliser plusieurs codecs audios (SILK, G.722, Speex et Opus) et vidéos différents (H.264, H.263 ou VP8).

Une version portable est aussi disponible[16].

Jitsi consomme notablement plus de données que des applications similaires en mode visioconférence (35 Mo transféré en une minute contre 1,13 Mo pour GoToMeeting[17]) et a donc un impact carbone d'environ 1.4 gEqCO2 par minute (Zoom : 0.28 gEqCO2 ; Google Meet : 0.85 gEqCO2)[17].

Utilisateurs

Le logiciel est intégré à la liste des logiciels libres préconisés par l’État français dans le cadre de la modernisation globale de ses systèmes d’informations (SI). Il a été choisi par l’État français comme le système de « webconférence » des agents des services de l'État français, et le gère sur ses propres serveurs pour garantir la confidentialité des échanges[18].

Le service en ligne Framatalk[19] de visioconférence proposé par Framasoft utilise l'application Jitsi Meet (en).

Jitsi Meet

Interface HTML5 de Jitsi Meet.

Jitsi Meet est une application en JavaScript utilisant WebRTC. Utilisable sur les navigateurs web les plus courants (Chromium et ses dérivés sont recommandés) Jitsi Meet permet de faire de la visioconférence. Des applications sont disponibles pour Android et iOS (créée par 8x8, elle fonctionne aussi bien sur leurs serveurs que ceux d'autres organisations), mais également pour Windows, macOS et Linux.

Fondamentalement, les salles de visioconférence sont définies via une URL unique et aucun compte utilisateur n'est requis. Les participants peuvent éventuellement définir un nom de leur choix. Chaque participant peut ouvrir une salle de visioconférence et en inviter d'autres. Étant donné qu'aucune donnée personnelle ne doit être enregistrée, Jitsi peut être utilisé de manière anonyme.

Liste de contacts Jitsi (2011).

Cependant, des droits de modération peuvent être attribués : les salles peuvent être protégées par mot de passe ou les participants ne peuvent être admis que sur demande. Dans une visioconférence en cours, les participants individuels peuvent être mis en sourdine ou entièrement supprimés. Les droits de modération sont généralement accordés au premier participant qui entre à la conférence. Cependant, il est administrativement possible que seuls les utilisateurs authentifiés puissent créer de nouvelles salles de conférence. Ceux-ci ont alors également les seuls droits de modération.

Jitsi Meet offre les fonctions supplémentaires suivantes :

  • Partage d'écran avec affichage de la caméra de l'orateur dans l'image[20] ;
  • Un chat ;
  • Statistiques sur le temps de conversation des participants pendant la visioconférence ;
  • Diffusion en direct de la visioconférence sur YouTube ou PeerTube ;
  • Enregistrement de la conférence sur Dropbox ;
  • Flou d'arrière-plan et arrière-plans virtuels[21] ;
  • Écouter la visioconférence par composition d'un numéro téléphonique et composition d'un code pin[22].

La partie serveur du service peut fonctionner sur les serveurs de Jitsi, ou bien être installée sur un système Linux.

Les flux vidéos sont chiffrés pour garder une confidentialité dans les échanges[23].

Meetup Wikipedia de Wellington, utilisant Jitsi.

Jitsi Videobridge

Le mode pair-à-pair est utilisé pour une réunion à deux participants, avec chiffrement de bout en bout.

À partir de trois utilisateurs et plus, les flux passent par Jitsi Videobridge. C'est une solution de vidéo conférence qui permet les communications vidéos à plusieurs usagers, supportant WebRTC. Videobridge permet à des centaines de vidéos de tourner depuis le même serveur.[24] Jitsi Videobridge ne fusionne pas les flux vidéos en une vidéo composite, mais relaye seulement la vidéo reçue à tous les participants.[25]

Notes et références

Notes

    Références

    1. « Release 2.10 », (consulté le )
    2. Emil Ivov Petrov, Optimisations des communications temps réel sur le protocole IP (thèse de doctorat en informatique), Université de Strasbourg, (présentation en ligne)
    3. « Communiqué de presse - Un outil de visioconférence et de messagerie instantanée à l’Université de Strasbourg », sur Université de Strasbourg, (consulté le )
    4. (en) « About Jitsi », sur Jitsi.org (consulté le ).
    5. (en) « Blog », sur Jitsi (consulté le )
    6. « Jitsi 2.0 est sorti - LinuxFr.org », sur linuxfr.org (consulté le ).
    7. (en) « 8x8 Acquires Jitsi Video Communications Technology From Atlassian », sur investors.8x8.com (consulté le ).
    8. (en) « ‘It was quite a ride’ – Jitsi’s Emil Ivov on scaling up the video conferencing platform during a pandemic », sur The Daily Swig | Cybersecurity news and views, (consulté le ).
    9. (en) « Vidéo ("Emil Ivov, FOSDEM 2012 A real Skype alternative using standards compliant FLOSS") »
    10. (en) « What is Jitsi? - open source video conferencing API's, SDKs, and installers », sur Jitsi, jitsi (consulté le ).
    11. (en) « Jitsi.org - develop and deploy full-featured video conferencing », sur Jitsi (consulté le ).
    12. (en) « More Secrets on Growing State Surveillance: Exclusive with NSA Whistleblower, Targeted Hacker », sur Democracy Now!, (consulté le )
    13. (en-US) « Jitsi Videobridge - scalable open source video conferencing for developers », sur Jitsi (consulté le )
    14. Vincent Lucas, « Jitsi 2.0 est sorti - LinuxFr.org », sur linuxfr.org, (consulté le )
    15. (en) « The Architecture of Open Source Applications: Jitsi », sur aosabook.org (consulté le ).
    16. Version portable de Jitsi sur Framasoft ou sur Sourceforge
    17. Thierry LEBOUCQ, « Quelle application mobile de visioconférence pour réduire votre impact ? », sur Greenspector (consulté le ).
    18. « WebConférence de l'État », sur webconf.numerique.gouv.fr, (consulté le )
    19. « Framatalk - Visioconférence », sur Framasoft (consulté le )
    20. (en) Saúl Ibarra Corretgé, « Introducing: Presenter Mode », sur jitsi.org, (consulté le ).
    21. (en) Saúl Ibarra Corretgé, « March update: virtual backgrounds, new toolbar UI and more! », sur jitsi.org, (consulté le ).
    22. https://www.01net.com/astuces/jitsi-meet-10-astuces-pour-maitriser-le-service-de-visioconference-gratuit-comme-un-pro-1897564.html.
    23. (de) Kristian Kißling, « Jitsi Meet soll E2E-Verschlüsselung erhalten », sur linux-magazin.de, .
    24. (en) 8x8 Inc, « Jitsi Videobridge — callstats.io », sur www.callstats.io (consulté le ).
    25. (en) jitsi/jitsi-videobridge, Jitsi, (lire en ligne).

    Voir aussi

    Articles connexes

    Lien externe

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