Jean de Le Mote

Jean de Le Mote est un poète originaire du Hainaut, actif dans les années 1330 à 1350 dans sa province natale, en Angleterre et en France. Quatre de ses œuvres poétiques sont conservées, mais une partie de sa production est perdue.

Biographie

La date de naissance de Jean de Le Mote est inconnue ; les traits dialectaux de sa langue, ainsi que le sujet de sa première œuvre conservée, Le Regret Guillaume comte de Hainaut, composée en 1339, indiquent qu'il est originaire du Hainaut[1]. En 1340, il est à Paris, protégé de l'orfèvre et banquier Simon de Lille qui est au service du roi de France Philippe VI ; il compose pour lui deux poèmes, un roman en vers et un texte allégorique[1]. Il a été au service de Philippa de Hainaut à la cour d’Angleterre où il est qualifié de « menistrallus », ce qu'il indique qu'il était également musicien[2].

Sa date de mort n'est pas connue.

Œuvres conservées

  • Le Regret Guillaume comte de Hainaut, 1339

Ce poème en 4 581 vers a été composé en l'honneur de Guillaume Ier de Hainaut, comte de Hainaut, de Hollande et de Zélande, à la demande de sa fille Philippa de Hainaut, reine d'Angleterre[3]. Il associe la plainte funèbre et l'allégorie : le narrateur compose en songe une chanson qu'il veut porter à un puy ; en chemin, il parvient à un château où trente dames, qui sont autant de figures allégoriques : Débonnaireté, Humilité, Largesse ... se sont enfermées pour pleurer la mort du comte. La partie narrative est en octosyllabes à rimes plates ; les complaintes des dames sont en forme de ballade[2].

  • Le Parfait du paon, 1340

Ce roman en vers (3 921 alexandrins en laisses monorimes et huit ballades) est dédicacé à son protecteur Simon de Lille[4] ; c'est l'une des nombreuses continuations des Vœux du paon de Jacques de Longuyon[5].

  • La Voie d'enfer et de paradis, fin 1340

Le dédicataire de ce poème allégorique en 4 620 douzains de vers octosyllabiques, qui appartient au genre des « voies de l’au-delà » ou « voies de Paradis »[6], est également Simon de Lille[7]. Un rêveur veut visiter l'enfer ; Désespérance et Meurtre l'y conduisent et lui font rencontrer en chemin les sept péchés capitaux. Quand le rêveur veut repartir, il comprend qu'il est damné et la Mort le transperce ; mais sa dévotion à la Vierge le sauve et il se retrouve en Paradis - il se réveille alors[8].

  • Ballades, vers 1350

Il s'agit de quatre ballades à sujet mythologique, écrites dans le cadre d'un échange poétique avec Philippe de Vitry et Jean Campion[9],[10]. Selon Silvère Menegaldo, Jean de Le Mote, qui a écrit au total quarante-deux ballades, a contribué à populariser de genre poétique[2].

Références

  1. Sylvie Lefèvre 1992.
  2. Silvère Menegaldo 2015.
  3. Peter F. Dembowski, « Jehan de Le Mote et ses Regret Guillaume, comte de Hainaut », dans Convergences médiévales. Épopée, lyrique, roman. Mélanges offerts à Madeleine Tyssens, Bruxelles, De Boeck (collection : Bibliothèque du Moyen Âge, 19), 2001, p. 139-147.
  4. Janet F. van der Meulen, « Simon de Lille et sa commande du Parfait du paon. Pour en finir avec le Roman de Perceforest », dans Patrons, Authors and Workshops: Books and Book Production in Paris around 1400, éd. Godfried Croenen et Peter Ainsworth, Louvain, Paris et Dudley, Peeters (collection : Synthema, 4), 2006, p. 223-238
  5. Edmond A. Emplaincourt, « Le parfait du paon de Jean de Le Mote et la formation du deuxième cycle de la croisade », dans Romania, n° 102, 1981, p. 396-405 En ligne.
  6. Francis Bar, Geneviève Hasenohr, Georges Keith et Alexandre Micha, « Voies de Paradis », dans Dictionnaire des lettres françaises: le Moyen Âge, éd. Geneviève Hasenohr et Michel Zink, Paris, Fayard, 1992, p. 1489-1491.
  7. Mary A. Rouse et Richard H. Rouse 1997.
  8. K. A. Nyman, « Quelques observations sur le cycle poétique des visions et la Voie d'enfer et de paradis de Jehan de le Mote », dans Neuphilologische Mitteilungen, n° 12:7-8, 1911, p. 174-182.
  9. (en) F. N. M. Diekstra, « The poetic exchange between Philippe de Vitry and Jean de le Mote: a new edition », dans Neophilologus, vol. 70, n° 4, 1986, p. 504-519.
  10. Silvère Menegaldo, « Erreurs en la matière ? A propos du recours parfois déroutant à la référence mythologique (ou non) dans la poésie lyrique au XIVe siècle », dans Matières à débat. La notion de « matiere » littéraire dans la littérature médiévale, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017, p. 615-630.

Voir aussi

Éditions

  • Li regret Guillaume comte de Hainaut. Poëme inédit du XIVe siècle par Jehan de le Mote publié d'après le manuscrit unique de Lord Ashburnham, édition par Auguste Scheler, Louvain, Lefever, 1882, 220 p. Lire en ligne.
  • Jean de Le Mote, Le parfait du paon, édition critique de Richard J. Carey, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1972 (collection : Studies in the Romance Languages and Literatures, 118), 1972, 206 p.
  • La Voie d'Enfer et de Paradis: an unpublished poem of the fourteenth century by Jehan de le Mote, édition par M. Aquiline Pety, Washington, Catholic University of America Press, 1940, 186 p.
  • « Ballades mythologiques de Jean de la Mote, Philippe de Vitri, Jean Campion », édition d'Edmond Pognon, dans Humanisme et Renaissance, n° 5, 1938, p. 385-417.

Bibliographie

  • Silvère Menegaldo, Le dernier ménestrel ? Jean de Le Mote, une poétique en transition (autour de 1340), Genève, Droz, coll. « Publications Romanes et Françaises » (no CCLXV), , 428 p..
  • (en) Mary A. Rouse et Richard H. Rouse, « The Goldsmith and the Peacocks: Jean de le Mote in the Household of Simon de Lille, 1340 », Viator, vol. 28, , p. 281-304 (ISSN 0083-5897).
  • Sylvie Lefèvre, « Jean de Le Mote », dans Dictionnaire des lettres françaises, t. 1 : Moyen Âge, Paris, Fayard, , p. 806-807.
  • Laurent Brun, « Jean de Le Mote », sur ARLIMA, (consulté le ).

Liens externes

  • Portail du Moyen Âge
  • Portail de la littérature
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.