Jean Conrad de Kock

Jean Conrad de Kock, né Johannes Conradus de Kock à Heusden le et guillotiné à Paris le , est un avocat, banquier et patriote hollandais.

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Biographie

Fils de Govert de Kock, qui était, entre autres, maire-président de Heusden, il est devenu, après ses études de droit, avocat. En , il a défendu contre le maire d’Amsterdam Joachim Rendorp l’éditeur Jan Hespe, dont la condamnation de celui-ci au pain et à l’eau a creusé le fossé entre les aristocrates et les démocrates hollandais[1]. De Kock considérait que la trop grande influence du stadhouder sur les nominations, contre celle du peuple constituait une menace pour les démocrates patriotes. En , âgé de 29 ans, il est secrétaire de la milice patriotique « l’Unité » à Gorinchem et participe à la rédaction de l’Acte d’engagement des patriotes mécontents de Hollande, d’Utrecht, de Brabant, de Gueldre et de Zwolle[2].

Le , Wijk bij Duurstede, dont il était pensionnaire depuis 1786[3] a été occupée par l’armée fédérale. Envoyé, en juillet de la même année, à Paris comme chargé de mission des corps-libres et des milices patriotiques[4], il fuit, le , avec plus de 40 000 de ses compatriotes, le jour où 30 000 Prussiens entrent à Amsterdam, après que Wilhelmine, la femme du stathouder héréditaire des Provinces-Unies Guillaume V, a réclamé, contre les Constitutionnels hollandais, la protection de son frère, le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume II, la sévère répression à laquelle se livre, avec l'appui des baïonnettes prussiennes, le parti orangiste contre les patriotes.

Le Comité de salut public.

Réfugié en France avec sa femme et ses deux fils Henri et Jean-Pierre, il perd sa femme, Marie-Pétronille Merkus, le et épouse, un an plus tard, une riche veuve bâloise, Anna Maria Kirsberger, veuve de Claude Perret, dont il eut, en 1791, une fille qui ne vécut que quelques mois et, en 1793, un fils, le futur romancier Paul de Kock[5]. En se résignant à l’exil, il n’avait pas renoncé à l’espoir d'affranchir sa patrie, et, en attendant que la France républicaine tende la main à la République batave, sachant qu’un des meilleurs moyens d’assister son pays est d’avoir beaucoup de fonds à son service, il s’occupa d’augmenter sa fortune en s’associant, le , pour 2/3 à l’une des principales maisons de banque parisiennes, la maison Sartorius-Chockard, devenant commissionnaire d’effets français pour les Pays-Bas.

Gardant toujours une rancune envers les Prussiens et leurs alliés les Impériaux, il fonda, le , le « Comité révolutionnaire Batave » qui, combattant toute forme de fédéralisme, enverra au général Dumouriez une légion de volontaires composée de réfugiés hollandais, formés en légion sous les ordres du général Daendels[5]. Vivant non loin du Palais-Royal, le , lors de la prise des Tuileries, les évènements lui donnèrent à réfléchir sur le tour que prenait la Révolution[5]. En , il appuya Coert Lambertus van Beyma au sujet des allocations accordées aux réfugiés et s’impliqua dans l’organisation financière de la Légion Batave. Il publie deux brochures dans lesquelles il se montre en faveur de la mort de Louis XVI et appelle le peuple néerlandais à la rébellion.

Le Tribunal révolutionnaire.

Au commencement de 1793, il se rend, en qualité d’un des douze membres du Comité Batave, à Louvain, au quartier général de l’armée du Nord. Après la défection de Dumouriez dans la nuit du , à la suite de la défaite de Neerwinden, de Kock rentre en France. Le , il se trouve à Lille puis il est de retour à Paris. Son premier souci est de se rendre à sa section, la section Bonne Nouvelle. C'est là qu'il fera la connaissance de Jacques René Hébert. Une solide amitié se noua entre les deux hommes mais aussi entre leurs épouses respectives. Dans la maison de Passy où il s’était retiré après son retour du Nord, il recevait aussi Anacharsis Clootz, « l’orateur du genre humain » partisan de la République universelle et Ronsin, chef du club des Cordeliers[5].

Le , à l’expiration de son contrat de trois ans, il démissionne de la banque Sartorius-Chockard. À la mi-, il fut accusé au Comité de Salut Public d’être un agent de Pitt le Jeune ou d’avoir tenté de faire libérer des prisonniers. Arrêté à son domicile, le , il fut conduit à la ConciergerieFouquier-Tinville l’inculpa[5]. L’acte d’accusation dressé le l’accusait d’avoir tenu des conciliabules contre le gouvernement, et, surtout, d'avoir été l’ami du traitre Dumouriez[5]. Comparu au procès de Jacques René Hébert et des Hébertistes commencé le 1er germinal, il fut condamné à mort et guillotiné l’avant-dernier, entre Vincent et Anacharsis Clootz, avec Hébert et les Hébertistes, le 4 germinal an II[5]. Environ dix jours après l’exécution, Fouquier-Tinville se présenta en personne au domicile de Passy et, apparemment attendri par le rire du fils du condamné, alors âgé de dix mois, ordonna que sa veuve puisse continuer à occuper son domicile jusqu’au sevrage de son enfant[5].

Notes et références

  1. Willem Bilderdijk, « Geschiedenis des vaderlands »,
  2. Son père était commandant en second du corps libre d’Heusden et soutenait son fils à Wijk bij Duurstede. Mémoires de Gijsbert Jan van Hardenbroek, vol. VI, p. 297.
  3. (nl) « Patriotten en Orangisten » (consulté le ).
  4. (en) Simon Schama, Patriots and Liberators, Revolution in the Netherlands 1780-1813, New York, Alfred A. Knopf, , 745 p. (ISBN 978-0-394-48516-4), p. 121.
  5. Paul de Kock, Mémoires de Ch. Paul de Kock écrits par lui-même, Paris, Édouard Dentu, , 372 p. (lire en ligne), « 1er ».

Sources

  • Marina Grey, Hébert : le père Duchesne, agent royaliste, Paris, Éditions Perrin, (ISBN 978-2-262-00300-5), 385 p.
  • Paul de Kock, Mémoires de Ch. Paul de Kock écrits par lui-même, Paris, Édouard Dentu, , 372 p. (lire en ligne), « 1er ».
  • (nl) Joost Rosendaal, De Nederlandse Revolutie. Vrijheid, volk en vaderland 1783-1799, Nimègue, Vantilt, 2005, 256 p., (ISBN 978-9-07750-318-8), p. 247, 295, 343-344, 360-361, 411-420, 521-523, 562, 578.
  • (nl) Joost Rosendaal, Joannes Conradus de Kock : held van de Nederlandse revolutie ?, Amsterdam, Bert Bakker, 2007.

Liens externes

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