Jean Broc

Jean Broc né le à Montignac (Dordogne) et mort en 1850 à Lopatyn (localité polonaise alors dans l'Empire russe et aujourd'hui en Ukraine) est un peintre français.

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Artiste de l'école néoclassique, il est un des membres du groupe des Barbus.

Biographie

Né à Montignac, en Dordogne, Jean Broc est enrôlé par les armées révolutionnaires en 1793 et participe à la guerre de Vendée. Il devient l'élève de Jacques-Louis David dès fin 1797, dans l'atelier duquel il fait partie du groupe des « Barbus » ou « Penseurs », ou « Primitifs ». Il est logé dans un entresol du palais du Louvre concédé à David, et partage le logement avec les frères jumeaux Jean-Pierre et Joseph-Boniface Franque. Il quitte l'atelier de David avant 1801 et loge à cette date rue de l'Observance.

Il présente au Salon de 1800 L'École d'Apelle (Paris, musée du Louvre)[1], œuvre qui devient le manifeste du groupe des Barbus. Au Salon de l'année suivante, il expose La Mort d'Hyacinthe (Poitiers, musée Sainte-Croix), autre manifeste esthétique des Primitifs. Il reçoit par la suite quelques commandes officielles, dont un Portrait du maréchal Soult en 1805 pour le salon des Maréchaux du palais des Tuileries[2], et expose jusqu'au Salon de 1833.

Il donnait des cours de dessin en 1814, et compta Guillaume Bodinier (1795-1872) parmi ses élèves. Entre 1820 et 1823, il donne des dessins sur le thème de Paul et Virginie pour des papiers peints gravés par Mader et imprimés par Dufour, sous le nom de tableaux-tentures. Sa fille Aline avait épousé le général polonais Józef Dwernicki.

Salons

Liste d'œuvres

Tableau Titre Date Dimensions Notes Lieu de conservation
L'École d'Apelle1800375 × 480 cmParis, musée du Louvre
Ulysse chez les Phéaciens, ou Le Lancement du disque (ancien titre)entre 1800 et 1805Attribution[4]Dijon, musée Magnin
La Mort d'Hyacinthe1801Poitiers, musée Sainte-Croix
Mort du général Desaix. 1806322 × 450 cmVersailles, musée national du château
La Magicienne consultée181990 × 116 cmBayeux, musée Baron-Gérard
La France triomphante1831localisation inconnue
Les Envoyés de Dieu1833Yvré-l'Évêque, église Saint-Germain
La Révolution de 18301835localisation inconnue[5]
La Paix et la Justicevers 1837Valence, musée d'Art et d'Archéologie[6]
La Justice entourée d'enfants et d'animaux symboliques1850-1851Inachevé à la mort du peintre, sa fille Mme Dwernicka a demandé à le terminer[7]localisation inconnue

Œuvres décoratives

  • Les Monuments de Paris, 1814, papier peint panoramique en 30 lés, dessiné pour la manufacture Dufour.
  • Paul et Virginie, 1823, papier peint panoramique en 23 lés, camaïeu de gris, dessiné pour la manufacture Dufour.

Réception critique

Les Envoyés de Dieu (1833), Yvré-l'Évêque (Sarthe), église Saint-Germain.

Selon une coutume habituelle des salonniers, Auguste Jal fait parler des visiteurs imaginaires commentant les œuvres exposées, nous avons ici un ultra Romain, un homme aux lunettes, un petit vieillard, une marquise. Après avoir discuté d’un tableau de Guichard[8], ce groupe se dirige vers Les Envoyés de Dieu  qu'ils appellent ici Les Anges  de Jean Broc :

« Le petit Vieillard. – Ce n’est pas mal dessiné assurément ; mais si M. Guichard, que je crois un jeune homme, avait pu apprendre à dessiner chez M. David avec nous, il serait autrement élégant et correct. Tenez, si vous voulez voir le sentiment de notre école élevé à sa dernière puissance, voyez les Anges de Broc.

Le groupe fait quelque pas à gauche.
La Marquise. – Nous demandions tout à l’heure ce que signifiait la scène de M. Guichard ; c’est bien de ceci qu’on peut demander ce que cela veut dire.
Le Vieillard. – C’est Dieu, sous la figure de trois archanges : Gabriel, qui représente la prophétie ; Raphaël, qui représente la bienfaisance, et Michel la force. L’idée est très ingénieuse, comme vous voyez.
L’Homme aux lunettes. – Un peu trop subtile, pour être bien comprise.
L’Ultra-Romain. – La pensée ne me fait rien. Je vois en ces trois anges trois figures. Qu’ils marchent sur le terrain du paradis terrestre ou sur le tapis vert de Versailles, peu m’importe, ils sont sans pureté de forme, sans précision de silhouette, sans grandeur ; voila tout ce qui me frappe. Allez voir notre divin Raphaël !
Le Vieillard.- Monsieur est de l’école de Ingres, sans doute.
L’Ultra-Romain.- Mais, je m’en flatte.
Le Vieillard.- Oh ! alors il n’y a pas d’espoir de vous faire revenir.
L’Ultra-Romain.- Non, pas à propos de cette grande galette, toujours.
Le Vieillard- Un des plus beaux morceaux de l’école de David !
L’Ultra-Romain.- Tant pis pour elle.
Le Vieillard.- L’ouvrage d’un homme consciencieux qui le fait depuis dix ans peut-être.
(plus loin…)
Le petit Vieillard. – Mais, monsieur, savez-vous bien que Broc, dont vous traitez si cavalièrement une œuvre remarquable, a eu beaucoup de renommée ?
L’Ultra-romain. – J’irai chanter sous sa fenêtre : « Vous étiez ce que vous n’êtes plus ; vous n’étiez pas ce que vous êtes. »

 Auguste Jal, Les Causeries du Louvre : Salon de 1833, pp. 199-200[9].

Élèves

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • Michel Soubeyran, « Sur le peintre Jean Broc », Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, tome 102, 1975, p. 165 ([PDF] lire en ligne).
  • Sylvain Laveissière, Le tableau du mois, no 139, À la mémoire de Robert Rosenblum (1927-2006), notice éditée par le musée du Louvre à l'occasion de la présentation de L'École d'Appelle au « Tableau du mois » du au .
  • Brigitte et Gilles Delluc, « Jean Broc et Pierre Bouillon, deux peintres périgourdins du temps de David », Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, tome 134, 2007, pp. 445-466, ill.
  • Anne Benéteau, Cécile Le Bourdonnec et Daniel Clauzier, Jean Broc, La mort d'Hyacinthe (1801), éd. Musées de la Ville de Poitiers, 2013.

Liens externes

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