Jean-Luc Brunel

Jean-Luc Brunel, anciennement Benchamoul[1],[2][source insuffisante], né en 1946 à Paris, est un entrepreneur français du mannequinat.

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Il est l'objet de plusieurs enquêtes pour viols, harcèlement, et participation à un réseau de trafic sexuel de mineurs en lien avec l'affaire Epstein.

Biographie

Jean-Luc Brunel est né à Paris en 1946 de René Benchamoul et de Jeanine Brunel dans une famille originaire d'Alger. Son père dirigeait une importante société du secteur immobilier[3].

Carrière

Jean-Luc Brunel commence sa carrière dans les années 1970 comme attaché de presse chez Air Tour, une filiale du tour opératour Jet Tours, avant de devenir « découvreur français de mannequins »[n 1] à l'agence Karin Models à Paris. Il en prend la direction en 1978[4].

Avec son frère, Arnaud Brunel, il fonde en 1988 Next Management Corporation. L'année suivante ils forment, avec Faith Kates, l'entreprise de mannequinat Next Management Company. Les deux frères détiennent 25 % de la société. Jean-Luc Brunel quitte la société en avec les mannequins de Miami. Next Management Company intente un procès contre les frères Brunel[3]. Entre-temps, il crée l'agence Karin Models of America en 1995[5]. Karin est alors liée à la toute puissante agence Ford[6].

Jean-Luc Brunel est considéré comme un découvreur talentueux, ayant recruté de nombreux mannequins dont certaines sont devenues célèbres telles que Christy Turlington, Sharon Stone et Milla Jovovich[7].

Il est mis en cause, avec Claude Haddad, dans l'émission 60 Minutes à cause de témoignages concernant de la drogue et des viols au sein de son agence[6]. Quelque temps après, il est contraint de quitter son agence européenne, en 1999, après de nouvelles révélations diffusées par l'émission de la BBC MacIntyre Undercover du journaliste Donal MacIntyre (en)[7].

Au début des années 2000, il quitte l'Europe pour s'installer aux États-Unis[8].

Les témoignages de viols à son encontre conduisent d'anciens partenaires à l'empêcher d'utiliser désormais le nom de Karin Model. Il transforme le nom de son agence américaine en MC2 Model Management. Ne pouvant plus compter sur ses soutiens habituels, notamment de son frère et d'Étienne des Roys, il obtient un financement de Jeffrey Epstein. MC2 possède des bureaux à New York, Miami et Tel Aviv[9],[7].

Les deux hommes ont été mis en contact par Ghislaine Maxwell[7] que Brunel connaît depuis les années 1980. Jeffrey Epstein finance la nouvelle agence de Brunel « jusqu'à un million de dollars »[9]. Il choisit le nom de sa société pour rappeler l'équation d'Albert Einstein : E=mc2[3],[7]. Les clients de MC2 incluent Nordstrom, Macy's Inc., Saks Fifth Avenue, Neiman Marcus, J.C. Penney Co., Kohl's Corp., Target Corporation, Sears et Belk (en)[10]. La société est dissoute le [11].

En 2019, Jean-Luc Brunel aide à la création de deux agences : The Identity Models à New York et 1Mother Agency à Kiev, en Ukraine[3].

Accusations de viols et de participation au réseau Epstein

Accusations de viols

En 1988, Jean-Luc Brunel est l'objet d'une enquête journalistique approfondie qui fait l'objet d'une diffusion dans l'émission de télévision américaine 60 Minutes. L'enquête, menée par le producteur Craig Pyes et la journaliste Diane Sawyer, dure sept mois. Le chapitre « American Models in Paris » (Mannequins américains à Paris) met en lumière les agissements de Jean-Luc Brunel et Claude Haddad[12]. Brunel est confronté à des allégations d'agressions sexuelles s'étalant sur trois décennies[13]. Deux mannequins l'accusent de les avoir droguées et violées alors qu'elles étaient mineures. Les témoignages décrivent ces pratiques comme généralisées[8],[14].

Dans un entretien, Eileen Ford, de la Ford Modeling Agency de New York, qui avait envoyé des mannequins auprès de Brunel à Paris, nie avoir eu connaissance des multiples plaintes d'exploitation sexuelle et d'abus de drogues[12]. Malgré les dénégations de Brunel, l'agence Ford rompt ses liens avec lui[12]. Brunel admet par la suite avoir consommé de la cocaïne pendant des années, mais pas en journée, et affirmant n'avoir pas de problème de drogue puisqu'il s'abstenait de consommer cette substance pendant la journée[12].

Ses agissements sont à nouveau dénoncés par le journaliste irlandais Donal MacIntyre (en) sur la BBC en 1999[7].

Ses anciens associés, dont Ruth Malka qui a repris l'agence Karin Models, affirment n'avoir été au courant de rien[8].

En 2002, la top-model Karen Mulder décrit dans la presse la culture des comportements sexuels inappropriés et la manipulation répandue dans l'industrie du mannequinat. Brunel échappe à toute accusation criminelle[3]. Douze victimes affirment avoir été victimes d'abus sexuels prescrits en France[15].

Implication présumée dans le réseau de Jeffrey Epstein

Virginia Roberts Giuffre, l'une des accusatrices de Jeffrey Epstein, affirme en 2014 dans un dossier judiciaire que MC2 était une couverture pour le trafic sexuel[4]. L'objet de la société était de fournir des jeunes filles à Epstein. Elle écrit qu'Epstein s'est vanté devant elle « d'avoir couché avec plus de 1000 filles de Brunel »[16]. Brunel déclare : « Je nie fermement avoir commis un seul acte illicite ou seul un acte répréhensible dans le cadre de mon travail en tant que découvreur ou directeur d'agences de mannequins ». Dans des documents judiciaires publiés en , elle nomme Brunel comme l'un des hommes avec lesquels Ghislaine Maxwell lui avait ordonné, alors qu'elle était adolescente, d'avoir des relations sexuelles[17].

Il est accusé d'avoir recruté des jeunes femmes et d'avoir participé au réseau sexuel présumé d'Epstein[16].

Brunel apparaît à 25 reprises comme passager dans les journaux de vol de l'avion privé d'Epstein entre 1998 et 2005[3]. Il rend visite à Epstein à au moins 70 reprises quand ce dernier est emprisonné en 2008[18].

Alors qu'il travaille ensemble depuis l'an 2000, Brunel se retourne en 2015 contre Epstein et porte plainte contre lui, affirmant que lui et MC2 avaient « perdu plusieurs contacts et affaires dans le secteur du mannequinat à cause des actions illégales d'Epstein »[19],[20]. Il dénonce également son ancien partenaire pour entrave à la justice pour avoir empêché sa déposition devant le département de police de Palm Beach[20]. Ces accusations ont été rejetées.

Arrestation et mise en examen

En 2019, la police nationale française ouvre une enquête sur Brunel après le déclenchement de l'affaire Epstein. Il est soupçonné de s'être caché en Thaïlande[21] ou en Amérique du Sud[22]ou de s'être « fait discret » après la mort de ce dernier, ce que nie son avocate d'alors, affirmant que son client se tient à la disposition de la justice.

Le , il est arrêté à l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle alors qu'il s'apprête à embarquer pour le Sénégal. Il est mis en examen pour viols sur mineur et pour harcèlement sexuel et placé en détention provisoire. Il est également placé sous le statut de témoin assisté dans le cadre du réseau présumé de l'affaire Epstein accusé, selon l'acte d'accusation, pour avoir « organisé le transport et l'accueil de jeunes femmes pour le compte de Jeffrey Epstein », selon l'acte d'accusation officiel[15],[23]. Il est écroué dans la foulée[24],[16],[23].

Son avocate, Corinne Dreyfus-Schmidt, abandonne sa défense après son arrestation alors qu'il tentait de fuir[23].

Des crimes présumés ne pourront être examinés par la justice du fait des délais de prescription. À la suite du témoignage de Thysia Huisman, onze autres femmes ont affirmé avoir été victimes d'abus sexuels commis par Jean-Luc Brunel[15],[23].

En juin 2021, il est mis en examen une seconde fois pour viol aggravé sur une mineure. Elle résulte du témoignage d'une femme qui déclare avoir été droguée et violée en 2000 après une soirée en discothèque alors qu'elle était une jeune mannequin âgée de 17 ans.

Les enquêteurs suspectent à cette date Jean-Luc Brunel d'être impliqué dans une dizaine d'agressions sexuelles, la plupart prescrites. Ses avocats, Marianne Abgrall et Mathias Chichportich, dénoncent une « accusation qui surgit près de 20 ans après et sans la moindre preuve est une nouvelle illustration du lynchage médiatico-judiciaire que subit Jean-Luc Brunel depuis le suicide de Jeffrey Epstein »[25],.[26].

Vie privée

Brunel a été marié à Helen Hogberg, une mannequin suédoise, un des modèles de David Hamilton ; ils divorcent en 1979. En 1988, il épouse le mannequin américain Roberta Chirko avec laquelle il était en couple depuis deux ans. Ils ont divorcé depuis[3]. Outre son frère, Arnaud, avec lequel il a travaillé, il a également une sœur[24].

Notes

  1. Dans le mannequinat, le terme de « scout » est utilisé pour celui qui trouve puis recrute de nouveaux talents.

Références

  1. Changement de nom en 1961. Faits & Documents n°472.
  2. RMC, « Affaire Epstein: le profil trouble de Jean-Luc Brunel, patron d'agence de mannequins, mis en examen », sur RMC (consulté le )
  3. (en) Linda Robertson, Julie K. Brown et Nicholas Nehamas, « Did a Miami-based modeling agency fuel Jeffrey Epstein’s ‘machine of abuse’? », Miami Herald, (lire en ligne)
  4. (en) Jon Swaine, Jon Henley et Lucy Osborne, « Jean-Luc Brunel: three former models say they were sexually assaulted by Jeffrey Epstein friend », sur the Guardian, (consulté le )
  5. (en-GB) Kim Bhasin et Jordyn Holman, « Modelling Agency With Ties to Epstein Names Macy’s, Nordstrom as Clients », sur The Business of Fashion, (consulté le )
  6. (en) Michael Gross (en), Model : The Ugly Business of Beautiful Women, W. Morrow, (réimpr. 2003, 2011), 524 p. (ISBN 9780688126599, présentation en ligne), p. 13
  7. (en) Bradley J. Edwards, Relentless Pursuit: My Fight for the Victims of Jeffrey Epstein and Ghislaine Maxwell, Simon and Schuster, (ISBN 978-1-9821-4815-7, lire en ligne)
  8. Frédéric Autran et Ismaël Halissat, « Jean-Luc Brunel, le rabatteur qui aimait «les drogues et le viol silencieux» », sur Libération.fr, (consulté le )
  9. (en) Conchita Sarnoff, « Jeffrey Epstein Pedophile Billionaire and His Sex Den », The Daily Beast, (lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Kim Bhasin et Jordyn Holman, « Epstein-Linked Modeling Agency Claimed Nordstrom, Macy’s as Clients », Bloomberg.com, (lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Kate Briquelet, « Epstein’s Pal Jean-Luc Brunel Quietly Sells Off His Infamous Modeling Biz », The Daily Beast, (lire en ligne, consulté le )
  12. Gross, Michael, 1952-, Model : the ugly business of beautiful women, HarperCollins e-books, (ISBN 978-0-06-207612-0 et 0-06-207612-4, OCLC 778095488, lire en ligne)
  13. Elaine Cobbe, « Ex-model accuses Jeffrey Epstein's friend of rape », CBS News, (lire en ligne, consulté le )
  14. Halperin, Ian., Bad & beautiful : inside the dazzling and deadly world of supermodels, Citadel, (ISBN 0-8065-2456-1 et 978-0-8065-2456-6, OCLC 52457932, lire en ligne)
  15. « Affaire Epstein : Jean-Luc Brunel mis en examen et placé en détention provisoire », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  16. (en-US) Amanda Arnold, « What We Know About Jean-Luc Brunel, One of the Men Closest to Epstein », sur The Cut, (consulté le )
  17. (en) Dan Mangan, « Jeffrey Epstein's alleged madam Ghislaine Maxwell was a guest at a Jeff Bezos-hosted retreat in 2018, report says », sur CNBC, (consulté le )
  18. (en) Emily Shugerman,Kate Briquelet,Lachlan Cartwright, « Jeffrey Epstein’s Modeling Ties Go Much Deeper Than Victoria’s Secret », The Daily Beast, (lire en ligne, consulté le )
  19. (en-GB) Jon Swaine, Jon Henley et Lucy Osborne, « Jean-Luc Brunel: three former models say they were sexually assaulted by Jeffrey Epstein friend », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  20. Patterson, James, 1947- et Malloy, Tim (Journalist),, Filthy rich (ISBN 978-0-316-27405-0, 0-316-27405-4 et 978-1-4555-4264-2, OCLC 939705296, lire en ligne)
  21. Valérie Cantié, « Affaire Epstein : une ex-mannequin affirme que Jean-Luc Brunel, proche du milliardaire, l’a agressée sexuellement », sur Franceinfo, (consulté le )
  22. Par Jean-Michel Décugis et Ronan Folgoas et Jérémie Pham-Lê Le 24 septembre 2019 à 21h43, « Affaire Epstein : Jean-Luc Brunel localisé en Amérique du Sud », sur leparisien.fr, (consulté le )
  23. (en) Kevin G. Hall, Ben Wieder, Philippe Berry et Thibaut Chevillard, « Jean-Luc Brunel, agent who allegedly procured girls for Jeffrey Epstein, needs a new lawyer », The Miami Herald, (lire en ligne) :
    « Dreyfus-Schmidt parted ways with her client following his attempt at leaving France last week. »
  24. Philippe Berry et Thibaut Chevillard, « Comment l’enquête sur Jeffrey Epstein et Jean-Luc Brunel s’est accélérée », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
  25. Louise Colcombet et Jérémie Pham-Lê, « Affaire Epstein : l’ex-agent de mannequins Jean-Luc Brunel mis en examen pour un deuxième viol », sur leparisien.fr, (consulté le )
  26. « L'ex-agent de mannequins Jean-Luc Brunel de nouveau mis en examen pour viol sur mineur », sur Le HuffPost, (consulté le )

Article connexe

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