Jean-Claude Lozac'hmeur

Jean-Claude Lozac'hmeur (né en à Toulon) est un linguiste, critique littéraire et essayiste français.

Médiéviste, professeur émérite à l'université Rennes 2 Haute Bretagne depuis 1964[1], il est également l'auteur d'ouvrages antimaçonniques.

Biographie

Jean-Claude Lozac'hmeur est né en à Toulon (Var), et a grandi sur l'île de Molène, dont il conserve la nostalgie.

Ses principaux axes de recherche portent sur les origines celtiques et mythologiques des romans arthuriens et la littérature galloise médiévale. Il est également un essayiste.

Il a été membre de la Société de Langue et de Littérature médiévales d'Oc et d'Oïl, de la Société internationale arthurienne et de la Société de linguistique romane.

Keith Busby, professeur émérite de littérature française médiévale à l'Université de Wisconsin-Madison, soulignait en 1998 combien l'apport de Jean-Claude Lozac'hmeur fit avancer la recherche, en ce qui concerne l’étude des éléments celtiques dans la légende arthurienne. Dans sa préface du livre The Evolution of Arthurian Romance[2], il écrit :

« À côté de Gwénolé Le Menn, nous devons aussi évoquer le chercheur Jean-Claude Lozac’hmeur, dont la contribution importante à l’étude des éléments celtiques dans le roman arthurien n’est plus à prouver. C’est avec Shigemi Sasaki, que Lozac'hmeur revient sur l'hypothèse antérieure de R. S. Loomis concernant les relations entre les contes celtiques de vengeance et de souveraineté, et le Perceval de Chrétien de Troyes, concluant, contre Frappier, que Loomis avait essentiellement raison[3]. Dans son article sur les aventures de Gauvain, le professeur Lozac’hmeur reprend ces mêmes conclusions, avant d’étudier ingénieusement la nature celtique de cette partie du récit (sur Gauvain), justifiant finalement sa position globale par rapport au roman[4]. Des préoccupations similaires inspirent une troisième contribution dans laquelle Lozac'hmeur souligne également la nature ésotérique, indo-européenne, des origines de la légende du Graal et sa relation avec les rites indo-européens d'initiation royale[5]. Ce retour à l'étude des origines celtiques est caractéristique de la démarche universitaire en général, dans la mesure où des approches et des méthodes autrefois considérées comme obsolètes sont renouvelées après une période d’abandon, à la lumière de nouvelles découvertes dans des domaines autres. Beate Schmolke-Hasselmann [dont Keith Busby préfaçait le livre] ne traite pas des questions celtiques dans son livre, mais il est extraordinaire de constater comment la matière celtique a été transformée dans la langue française pour effectivement devenir une histoire de vengeance. »[2]

De même, dans La voix du cor, la relique de Roncevaux et l'origine d'un motif dans la littérature du Moyen Âge, XIIe – XIVe siècles,[6] Ásdís R. Magnúsdóttir cite Lozac'hmeur, page 59, et résume ainsi sa progression :

« Dans une série d'articles, J.-C. Lozac'hmeur a évoqué la possibilité selon laquelle des erreurs de traduction ont pu être à l'origine des changements importants lors de la transmission écrite des légendes celtiques, ce qui aurait par la suite donné des passages confus.[7] En ce qui concerne la « Joie de la Cour », il pense, comme G. Paris, R. S. Loomis et H. Newstead, que l'obscurité de cet épisode chez Chrétien de Troyes serait due à un « accident » de ce type[8]. Cependant, il ne faut pas substituer le mot cor(n) (< lat. cornu) au mot cor(t) (< lat. cortem) mais plutôt considérer la « Joie de la Cour» comme une tentative d'interprétation d'une expression originelle comportant les termes Joie et Cort. À cause de la date tardive du manuscrit qui mentionne la corne de Bran, il recourt plutôt à la « Joie de Bran» du Mabinogi de Branwen pour expliquer le deuxième terme, car c'est bien Bran lui-même qui prédit et assure l'abondance et la gaieté dont jouissent les sept survivants gallois. Comme le mot gallois bran ou vran signifie "corbeau", le nom Bendigeit Vran, "Bran le Béni", aurait facilement pu être traduit en ancien français par Cor(b) benoit (< lat. corvum), "le Corbeau béni" donnant ainsi une « Joie de Cor(b) » trop énigmatique pour être comprise et qui serait, pour cette raison, devenue la « Joie de la Cour ». Chrétien, ou plutôt son prédécesseur, aurait eu affaire à une expression traduite qu'il n'aurait pas mise directement en relation avec l'élément Bran de Brandigan. Cette explication pourrait confirmer le lien entre Bran le Béni et le Roi Pêcheur, lien déjà établi, car le nom du riche château du Roi Pêcheur, Corbenic, dans lequel R. S. Loomis voyait un Cor Benoit ("cor béni"), remonterait ainsi à Cor(b) benoit, traduction possible de Bendigeit Vran. Cette hypothèse, note J.-C. Lozac'hmeur, permettrait de comprendre le passage du Cor(b) benoit à l'Hostie, le Cor Beneit ("corps béni") de la liturgie catholique, qui aurait remplacé la tête de Bran dans le Graal. Mais comment une tête coupée peut-elle avoir les mêmes qualités qu'un récipient merveilleux? Comme le note Claude Sterckx, les mutilations sont compensatoires: le dieu émasculé ou décapité (symboliquement castré) est un réservoir de vie - comme la tête ou le phallus - ce qui permet d'assimiler la tête coupée à une source ou à un récipient d'abondance. Il remarque à ce propos que dans plusieurs langues indo-européennes on constate une équivalence sémantique entre crâne et coupe, évoquant la coutume de boire dans le crâne des ennemis. » [6]

De religion catholique, il est également connu pour ses livres antimaçonniques[9].

Œuvres

Essais

Ouvrages

  • Jean-Claude Lozac'hmeur, Maud Ovazza, La chanson d'Aiquin, présentation, traduction et notes, Paris, éditions Jean Picollec,1985, (ISBN 2-86477-064-4)
  • Récits et poèmes celtiques, Domaine brittonique, VIe XVe siècles, en collaboration avec Léon Fleuriot et Louis Prat, préface de Pierre-Jakez Hélias, Éditions Stock, collection Moyen Âge, Paris, 1980 ; rééd. 1992.
  • Avec Bernaz de Karer, De la Ré-Volution : essai sur la politique maçonnique, Éditions Sainte Jeanne d'Arc, 1992, (ISBN 9782950491442)
  • Dafydd ap Gwilym, un barde gallois du XIVe siècle, petite anthologie d'un grand poète, en collaboration avec Diarmuid Johnson (en), éd. Wodan, Reineke Verlag, Greifswald, 1994
  • Fils de la veuve : essai sur le symbolisme maçonnique, Éditions Sainte Jeanne d'Arc, 1990 (ISBN 2-9504914-0-5) (notice BnF no FRBNF35106885)[10], Éditions de Chiré 2002.
  • L'énigme du Graal : aux origines de la légende de Perceval, Éditions Mens Sana, 2011 (ISBN 979-1-09044-702-8)
  • De la Gnose au Graal, Éditions Des Cimes, 2013 ( (ISBN 9791091058070))
  • Les origines occultistes de la franc-maçonnerie, Éditions des Cimes, 2015.

Autres essais et articles

Liste ici et ici

Notes et références

  1. « présentation des médiévistes du département », sur sites-recherche.univ-rennes2.fr
  2. (en) Beate Schmolke-Hasselmann, The Evolution of Arthurian Romance: The Verse Tradition from Chrétien to Froissart, (Cambridge University Press), , 376 p. (ISBN 9780521411530, lire en ligne), Foreword, page 34
  3. Jean-Claude Lozac'hmeur, Shigemi Sazaki, « À propos de deux hypothèses de R. S. Loomis: éléments pour une solution de l'énigme du Graal », Bulletin bibliographique de la Société Internationale Arthurienne, tome XXXIV (BBIAS 34), , p. 207-221 (lire en ligne)
  4. Jean-Claude Lozac'hmeur, « Origines celtiques des aventures de Gauvain au pays de Galvoie dans le Conte du Graal de Chrétien de Troyes », Actes du Congrès International Arthurien, vol. 1, no 14, , p. 406-422 (ISBN 2-86847-002-5, lire en ligne)
  5. Jean-Claude Lozac'hmeur, « Recherches sur les origines indo-européennes et ésotériques de la légende du Graal », Cahiers de civilisation médiévale, no 30, , p. 44-63 (lire en ligne)
  6. R. Magnúsdóttir, La voix du cor : La relique de Roncevaux et l'origine d'un motif dans la littérature du Moyen Age, XIIe-XIVe siècles, Amsterdam, Rodopi, coll. « Internationale Forschungen », , 432 p. (ISBN 90-420-0602-1), p. 59-60
  7. Collectif, Mélanges de langue et de littérature françaises du Moyen Âge et de la Renaissance offerts à Charles Foulon, t. I, Rennes, Institut de français Université de Haute-Bretagne, , 427 p. (notice BnF no FRBNF34673756, SUDOC 000472948), p. 217-225 "Le problème de la transmission des thèmes arthuriens à la lumière de quelques correspondances onomastiques"
  8. Jean-Claude Lozac'hmeur, « À propos de l'expression la « Joie de la Cour » dans Érec et Énide », Études celtiques, vol. 18, , p. 245-248 (lire en ligne)
  9. C’est à lire, Fils de la veuve, par Eric Arzel
  10. Quelques extraits

Liens externes

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