Javier Sotomayor

Javier Sotomayor Sanabria, né le à Limonar, est un athlète cubain, spécialiste du saut en hauteur. Champion olympique en 1992, et champion du monde à six reprises (deux fois en extérieur et quatre fois en salle), il est l'actuel détenteur du record du monde de la discipline avec 2,45 m, performance établie le lors du meeting de Salamanque. Il détient également le record du monde en salle avec un saut à 2,43 m réalisé durant l'année 1989.

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Javier Sotomayor

Javier Sotomayor en 2009.
Informations
Disciplines Saut en hauteur
Période d'activité 1984-2001
Nationalité Cubain
Naissance
Lieu Limonar
Taille 1,93 m (6 4)
Surnom Soto el Magnifico, Le Prince des hauteurs
Entraîneur Jose Godoy, Guillermo de la Torre
Records
Actuel détenteur des records du monde du saut en hauteur : 2,45 m en extérieur (27/07/1993) et 2,43 m en salle (04/03/1989).
Palmarès
Jeux olympiques 1 1 -
Championnats du monde 2 2 -
Champ. du monde en salle 4 1 -
Jeux panaméricains 3 - -
Champ. d'Amérique centrale 2 - 1

Considéré comme le plus grand sauteur en hauteur de son époque, le Cubain a franchi à vingt et une reprises une barre supérieure à 2,40 m, et a dépassé 89 fois la hauteur de 2,35 m. Il a réalisé sept des dix meilleurs sauts de tous les temps en plein air, et quatre des dix meilleurs sauts en salle. Durant ses dix-huit années de carrière au plus haut niveau, il a figuré en tête des bilans mondiaux de l'IAAF à huit reprises, et s'est classé onze fois parmi les trois meilleurs sauteurs en hauteur de l'année.

Suspendu deux ans par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) à la suite d'un contrôle positif à la cocaïne intervenu en 1999, Javier Sotomayor voit sa peine réduite de moitié pour « circonstances exceptionnelles ». En , alors qu'il vient de prendre sa retraite sportive, il est déclaré positif à la nandrolone à la suite d'un contrôle effectué en . Il est suspendu à vie de toute compétition. En 2015, il est naturalisé espagnol[1],[2].

Carrière sportive

Débuts (1984-1987)

Né à Limonar, petite ville de 25 000 habitants à une centaine de kilomètres à l’est de La Havane, Javier Sotomayor est un enfant d'ouvriers employés dans les grandes plantations de cannes à sucre[3]. Il commence le saut en hauteur en 1982 après avoir été repéré par Jose Godoy[4], l'un des meilleurs techniciens de l'athlétisme cubain[5]. Auteur d'un saut à 2,00 m l’année de leur collaboration, il obtient une bourse d'études à l'École supérieure des sports de La Havane[6]. Il établit durant quatre ans tous les records du monde de toutes les catégories d'âge entre quinze et dix-neuf ans. Il franchit 2,17 m en 1983, avant d'enchaîner en début d'année suivante, et en l'espace de quatre mois seulement, 2,20 m, 2,23 m, 2,24 m, et 2,31 m[7]. Le à La Havane, le jeune Sotomayor établit un nouveau record du monde junior avec un saut à 2,33 m, améliorant du même coup le record national senior de son compatriote Francisco Centelles d'un centimètre. Figurant à l'âge de dix-sept ans parmi les meilleurs spécialistes mondiaux, il doit néanmoins renoncer aux Jeux olympiques d'été de 1984 de Los Angeles à la suite du boycott des démocraties populaires soutenu par les autorités cubaines. Il poursuit néanmoins son apprentissage en entamant une tournée de meetings européens, réalisant notamment 2,30 m à Londres et 2,28 m au Mémorial Van Damme de Bruxelles[7].

Il fait ses débuts sur la scène internationale en 1985 à l'occasion des Jeux mondiaux en salle de Paris-Bercy, première compétition internationale en salle organisée par l’IAAF. Sotomayor y gagne la première médaille de sa carrière en se classant deuxième du concours avec 2,30 m[8], à deux centimètres du Suédois Patrik Sjöberg. De retour à Cuba au mois de mars, il améliore d’un centimètre son record personnel en franchissant 2,34 m lors d’une réunion à La Havane. Il maintient cet état de forme durant l’été en remportant toutes les compétitions disputées sur le territoire européen, dominant notamment Hennadiy Avdyeyenko à Rome et Francisco Centelles à Turin. Il connaît son premier échec de l’année durant les Universiades d’été de Kōbe, en prenant seulement la dixième place de la finale avec 2,20 m[7]. Sélectionné dans l’équipe des Amériques lors de la Coupe du monde des nations disputée en fin de saison à Canberra, le Cubain prend la troisième place du concours avec 2,28 m, derrière Patrik Sjöberg et l’Américain Jim Howard[9]. En début d'année 1986, à Santiago de Cuba, Javier Sotomayor établit avec 2,36 m le meilleur saut de sa saison et la deuxième meilleure performance de l'année derrière le Soviétique Igor Paklin[7]. S'enchaînent ensuite sa première victoire lors des Championnats nationaux, puis son succès aux Championnats d'Amérique centrale et des Caraïbes où le Cubain franchit une barre à 2,31 m. Le à Athènes, il devient champion du monde junior avec 2,25 m, devant l'Américain Hollis Conway.

En mars 1987, Javier Sotomayor échoue au pied du podium des Championnats du monde en salle d'Indianapolis avec une barre à 2,32 m. Il s'illustre au mois de juin en égalant son record personnel lors du meeting d'Athènes[7] (2,37 m) mais se blesse ensuite à une cheville[10], écourtant ainsi son programme de meetings en Europe. Il fait son retour au milieu de l'été en remportant pour la première fois la finale des Jeux panaméricains, à Indianapolis, devant le Bahaméen Troy Kemp. Toujours gêné par sa blessure à la cheville, il se classe neuvième des Championnats du monde de Rome avec 2,29 m[11], mettant un terme à sa saison à l'issue du concours.

Premiers records du monde (1988-1991)

Javier Sotomayor à Pékin durant les Jeux olympiques de 2008.

Il fait sa rentrée sur les pistes d'athlétisme durant le mois de février 1988, signant notamment 2,30 m lors du meeting en salle d'Athènes, puis 2,35 m sur son sol, à La Havane. Ayant pour principal objectif de la saison les Jeux olympiques de Séoul, compétition qu'il a manquée quatre ans auparavant, il doit faire face à un nouveau boycott de son pays en soutien du retrait de la Corée du Nord des Jeux olympiques[12]. Le Cubain accepte les décisions des autorités de son pays et déclare alors : « L'amitié de nos amis nord-coréens est plus importante que l'or olympique [...] »[13]. Poursuivant sa saison en Europe, il est devancé par le Soviétique Rudolf Povarnitsyn à Bratislava avec 2,32 m, avant d'établir en juin à Kvarnsveden un nouveau record personnel avec 2,38 m. Il remporte ensuite plusieurs étapes du circuit du Grand Prix de l'IAAF, s'imposant tour à tour à Oslo, Bruxelles, Cologne, Rieti puis Athènes, meeting dans lequel le Cubain efface la hauteur de 2,35 m. Le , lors du meeting Gran Premio Diputación de Salamanque, Javier Sotomayor établit un nouveau record du monde de la discipline en franchissant à son deuxième essai une barre placée à 2,43 m[14]. Ajoutant cinq centimètres à son record personnel, il améliore la précédente meilleure marque mondiale de 2,42 m détenue par le Suédois Patrik Sjöberg depuis le . Second athlète noir après l'Américain John Thomas à s'emparer du record du monde du saut en hauteur, il devient le deuxième Cubain détenteur d'un record mondial en athlétisme après Alberto Juantorena sur 800 mètres en 1976[6].

En mars 1989, Sotomayor obtient le premier titre international de sa carrière en catégorie senior à l'occasion des Championnats du monde en salle de Budapest[15]. Il remporte le concours en passant 2,43 m à son premier essai, et efface d'un centimètre le record du monde en salle détenu par l'Allemand Carlo Thränhardt[16]. Dietmar Mögenburg se classe deuxième de la finale avec 2,35 m, Patrik Sjöberg complétant le podium avec la même hauteur. Vainqueur des championnats nationaux cubains moins d'une semaine plus tard, il remporte onze victoires de rang entre février et [7], signant à plusieurs reprises des performances au-delà des 2,35 m. Battu par Sjöberg lors du meeting de New York, Javier Sotomayor s'illustre le durant les Championnats d'Amérique centrale et de Caraïbes de San Juan à Porto Rico en établissant un nouveau record du monde avec 2,44 m, performance réussie à son deuxième essai. Il devient pour les Anglo-Saxons le premier athlète à dépasser les 8 pieds, limite symbolisée par la hauteur d'une cage de football[17]. Il poursuit sa saison en décrochant la médaille d'or des Universiades d'été de Duisbourg (2,34 m) quelques jours après avoir remporté le meeting de Berlin (2,35 m). Situé en tête des bilans mondiaux de l'IAAF pour la seconde année consécutive, il fait figure de favori lors de la Coupe du monde des nations disputée en fin de saison à Barcelone. Incapable de franchir une hauteur supérieure à 2,25 m, il ne se classe que troisième de la compétition, derrière Patrik Sjöberg et Dalton Grant[18].

Blessé au tendon d'Achille en début de saison 1990, Sotomayor doit subir une intervention chirurgicale importante[17]. Il profite de sa convalescence pour terminer ses études à l'École supérieure des sports et valider ainsi son diplôme dans le domaine des sciences des activités physiques et sportives[6]. Quelques semaines plus tard, il apprend le décès de Jose Godoy[6], l'entraîneur de ses débuts qui l'avait conduit à son record du monde. De retour sur les pistes d'athlétisme fin août sous la direction de Guillermo de la Torre, son nouvel entraîneur[19], le Cubain réalise son meilleur saut de l'année lors du meeting de Jerez de la Frontera avec 2,36 m, et se classe ensuite troisième de la Finale du Grand Prix d'Athènes avec 2,32 m. Toujours gêné par sa cheville, il entame l'année 1991 en montant sur la troisième marche du podium des Championnats du monde en salle de Séville avec 2,31 m, loin derrière les 2,40 m de Hollis Conway. Il remporte un nouveau titre national en mai, avant de passer à deux reprises les 2,35 m dès le mois suivant (à Eberstadt et à Formia)[7]. Le à Saint-Denis, il établit la meilleure performance de l'année avec 2,40 m[20], laissant ses principaux adversaires à plus de vingt centimètres. Il dispute et remporte ensuite les Jeux panaméricains de 1991 disputés à La Havane (2,35 m), signant son deuxième succès de rang dans cette compétition. Les Championnats du monde de Tokyo constituent l'objectif principal de sa saison. Favori de l'épreuve, au même titre que les Américains Charles Austin et Hollis Conway, Javier Sotomayor obtient finalement la médaille d'argent du concours avec 2,36 m, à deux centimètres de Charles Austin[21].

Au sommet de la discipline (1992-1994)

Meilleures performances de tous les temps au saut en hauteur (en extérieur)[22]
# Hauteur Athlète Date Lieu
1 2,45 m Javier Sotomayor 1993 Salamanque
2 2,44 m Javier Sotomayor 1989 San Juan
3 2,43 m Javier Sotomayor

Mutaz Essa Barshim

1988

2014

Salamanque

Bruxelles

4 2,42 m Patrik Sjöberg 1987 Stockholm
Javier Sotomayor 1994 Séville
Ivan Ukhov 2014 Prague
Bohdan Bondarenko 2014 New York
Mutaz Essa Barshim 2014 New York
9 2,41 m Igor Paklin 1985 Kōbe
Javier Sotomayor 1994 La Havane
Javier Sotomayor 1994 Londres

Bien qu'encore amoindri par de nouvelles blessures, Javier Sotomayor commence la saison 1992 par une série de meetings en salle, signant notamment un bond à 2,34 m à Berlin. Après avoir manqué les deux dernières éditions, il déclare vouloir axer sa préparation sur les Jeux olympiques d'été de Barcelone du mois d'août[23]. Profitant d'un recul important de la spécialité, il enchaîne douze victoires successives de mai à , s'imposant tout d'abord lors des championnats nationaux de La Havane en mai, puis réalisant sa meilleure performance de l'année avec 2,36 m lors du Meeting d'Eberstadt, en juillet[7]. En guise de répétition pour les Jeux olympiques, il remporte le concours des Championnats ibéro-américains à Séville. Il rejoint ensuite la délégation cubaine défilant lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux de Barcelone, douze ans après sa dernière participation olympique. Qualifié pour la finale grâce à un saut à 2,26 m réalisé lors des qualifications, il participe deux jours plus tard au Stade de Montjuic à la finale olympique disputée sous une forte chaleur[24]. Cinq athlètes franchissent 2,34 m (dont Patrik Sjöberg, Artur Partyka, Tim Forsyth et Hollis Conway), hauteur que seul Sotomayor réussit à son premier essai[25]. Il remporte ainsi la médaille d'or après avoir tenté en vain une ultime barre à 2,39 m[26], obtenant le titre le plus prestigieux de sa carrière et succédant à Alberto Juantorena, dernier athlète cubain médaillé d'or en athlétisme. Il conclut sa saison 1992 par trois victoires successives lors de trois prestigieux meetings du Grand Prix, à Monaco, Zurich et Berlin. Dépossédé de son titre officieux de « meilleur performeur de l'année » par le jeune Britannique Steve Smith (2,37 m)[27], le Cubain connaît l'un des rares échecs de sa saison en s'inclinant lors de Coupe du monde des nations de La Havane face à l'ex-Soviétique Yuriy Sergiyenko[28].

La carrière sportive de Sotomayor atteint son apogée en 1993, année durant laquelle il remporte le titre mondial en salle et en plein air, et établit un nouveau record du monde de la discipline. Le , il remporte quatre ans après son dernier sacre, la médaille d'or des Championnats du monde en salle de Toronto avec une performance à 2,41 m, soit deux centimètres de mieux que Patrik Sjöberg. Champion de Cuba pour la quatrième fois de sa carrière, il franchit 2,40 m en mai à La Havane et échoue par trois fois à 2,45 m. Le à Salamanque, lieu de son premier exploit planétaire, Javier Sotomayor améliore pour la troisième fois de sa carrière le record du monde du saut en hauteur en passant 2,45 m à sa deuxième tentative[29]. Ce saut est toujours la meilleure marque mondiale de la discipline. Favori logique des Championnats du monde disputés fin août à Stuttgart, le Cubain confirme son rang en établissant un nouveau record de la compétition avec 2,40 m, devançant de trois centimètres Artur Partyka et Steve Smith[30]. Sacré pour la première fois lors de mondiaux en plein air, il demande une barre à 2,46 m mais échoue dans sa tentative d'améliorer son propre record du monde. Après un nouveau titre glané lors des Jeux d'Amérique centrale et des Caraïbes de Ponce, Javier Sotomayor affiche l'un des meilleurs bilans de sa carrière. Il a franchi durant l'année cinq fois la hauteur de 2,40 m, quinze fois les 2,35 m, et a réalisé sept des quinze meilleurs bonds de la saison. Interrogé sur la limite des 2,50 m, Sotomayor affirme : « Je ne crois pas être capable d'atteindre cette hauteur. Ce sera l'affaire d'une autre génération. [...] Je pense pouvoir encore m'améliorer de deux centimètres si je n'ai pas d'ennui de santé... »[23].

En l'absence de toute compétition internationale majeure en 1994, Javier Sotomayor se concentre sur les épreuves du calendrier du Grand Prix de l'IAAF. Il maintient son état de forme de l'année précédente en réalisant au mois de février, en salle, deux sauts à 2,40 mWuppertal et à Birmingham). Le 5 juin, lors du meeting de Séville, il signe avec 2,42 m la meilleure performance de l'année[31], et le quatrième meilleur saut de sa carrière derrière ses trois records du monde[32]. Le Cubain réussit l'exploit de remporter les trente-trois concours qu'il dispute durant l'année 1994, réalisant notamment 2,41 m lors des Championnats nationaux de La Havane, et passant huit autres fois une barre à 2,40 m. En fin d'année 1994, Sotomayor s'impose au Stade Charlety de Paris lors de la Finale du Grand Prix, et permet par ailleurs à l'équipe des Amériques de figurer au troisième rang du classement général de la Coupe du monde des nations de Londres, grâce à son succès dans l'épreuve du saut en hauteur avec 2,40 m[33].

Blessures et nouveaux titres mondiaux (1995-1998)

Artur Partyka, deuxième des Championnats du monde 1997 derrière Sotomayor.

Désormais surnommé Soto el Magnifico (« Soto le magnifique ») ou encore El príncipe de las Alturas Le Prince des hauteurs »)[34] par la presse ibérique, Javier Sotomayor ressent de nouvelles douleurs physiques à l'entame de la saison 1995, notamment à la cheville de son pied d'appel. Dominateur lors des trois dernières saisons, il se fixe comme principal objectif de l'année les Championnats du monde disputés durant l'été à Göteborg. Débutant l'année par des meetings en salle, il se distingue à Liévin en passant 2,38 m puis en échouant par trois fois à 2,44 m. Le à Barcelone, le Cubain obtient pour la troisième fois de sa carrière la médaille d'or des Championnats du monde en salle, devançant avec une barre à 2,38 m le Grec Lambros Papakostas[35]. Deux semaines plus tard, à Mar del Plata, il dispute et remporte ses troisièmes Jeux panaméricains consécutifs avec 2,40 m, l'Américain Steve Smith se classe deuxième du concours avec 2,29 m[36]. Auteur de la meilleure performance de l'année 1995[37], il franchit pour la dernière fois de sa carrière cette hauteur. Il devient une nouvelle fois champion de Cuba, puis réalise une série convaincante lors de sa tournée des meetings européens, s'imposant notamment à Eberstadt et à Salamanque avec 2,37 m[7]. Aux Championnats du monde de Göteborg, Sotomayor ne parvient pas à conserver son titre obtenu deux ans auparavant. Il s'incline au nombre d'essais face au Bahaméen Troy Kemp avec 2,37 m[38], mais s'adjuge son troisième podium dans cette compétition, et sa deuxième médaille d'argent après les mondiaux de Tokyo de 1991.

De nouveau blessé en 1996, Sotomayor ne dispute que quinze concours dans la saison. Il s'impose à Liévin avec 2,38 m, comme l'année précédente, mais reste bloqué à 2,33 m en mai à Atlanta. Vainqueur des Championnats ibero-américains à Medellin (2,20 m), ses meilleures performances de l'année se situent cependant bien au-dessous de ses deux principaux rivaux, Charles Austin (2,39 m) et Artur Partyka (2,38 m)[39]. Diminué lors des Jeux olympiques d'Atlanta, le Cubain ne parvient à pas à conserver son titre et ne se classe que onzième de la finale avec un saut à 2,25 m, loin derrière les 2,39 m de Charles Austin[40]. Mais Javier Sotomayor se relance dès l'année suivante en montant sur la plus haute marche du podium des Championnats du monde de 1997 à Athènes avec un bond à 2,37 m (meilleure performance mondiale de l'année), devançant de deux centimètres Artur Partyka et Tim Forsyth[41]. Disputant son sixième concours de la saison seulement[7], le Cubain devient le premier athlète à remporter deux fois le titre mondial de la hauteur en plein air. Il conclut sa saison par quatre victoires consécutives en meetings, signant 2,35 m à Eberstadt et à Kingston. En 1998 à La Havane, Javier Sotomayor remporte avec 2,35 m son dixième titre national, son premier depuis 1995. Le 20 août, il gagne une nouvelle médaille d'or aux Championnats d'Amérique centrale et des Caraïbes se déroulant à Maracaibo, au Venezuela. Il franchit une barre à 2,37 m, signant pour la dernière fois de sa carrière la meilleure performance de l'année[42]. Toujours embarrassé par des blessures récurrentes au genou et à la cheville[43], il est contraint d'écourter une nouvelle fois sa saison. Il dispute néanmoins deux compétitions majeures au mois de septembre, la Finale du Grand Prix à Bruxelles, qu'il remporte devant le Suédois Staffan Strand avec 2,31 m[44], et la Coupe du monde des nations à Johannesbourg, où le Cubain se classe deuxième derrière Charles Austin avec 2,28 m[45].

Affaire de dopage et fin de carrière (1999-2001)

Javier Sotomayor bénéficie du soutien de Fidel Castro lors de sa suspension pour dopage en 1999.

En début de saison 1999 à Maebashi, Sotomayor gagne la quatrième médaille d'or de sa carrière lors des Championnats du monde en salle, faisant de lui l'athlète le plus titré dans cette compétition. Il enlève le concours avec 2,36 m et devance au nombre d'essais le Russe Vyacheslav Voronin[46]. Il remporte en mai un nouveau titre national avant de s'imposer au début de l'été au meeting Gaz de France de Paris-Saint-Denis avec un bond à 2,34 m, devant Voronin et Forsyth. Le à Winnipeg, au Canada, le Cubain s'adjuge pour la quatrième fois consécutive le titre des Jeux panaméricains en franchissant la hauteur de 2,30 m. Mais, le 4 août, un communiqué de la Commission médicale des Jeux panaméricains fait état d'un contrôle anti-dopage positif à la cocaïne concernant Javier Sotomayor[47]. Peu après une contre-expertise confirmant le dopage avéré du Cubain, l'IAAF décide de lui retirer sa médaille d'or et de le suspendre de toute compétition sportive pendant deux ans, soit jusqu'au . Soutenu par Fidel Castro, le chef du gouvernement cubain, et par Alberto Juantorena, président de la Fédération cubaine d'athlétisme, et après une longue bataille juridique menée par les instances sportives cubaines, Javier Sotomayor voit, le , sa peine réduite à un an pour « circonstances exceptionnelles »[48] afin de lui permettre de disputer les Jeux olympiques d'été de 2000. Selon les instances internationales, ces circonstances exceptionnelles prennent en compte la carrière du Cubain, et le fait qu'en quinze années au plus haut niveau, ce dernier ait subi trois cents tests de dopage, tous négatifs[49].

Il fait son retour sur les sautoirs le à l'occasion du meeting de Montauban, remportant le concours avec 2,28 m, puis s'impose lors du meeting Herculis de Monaco avec 2,30 m[7]. À Sydney, il participe à ses troisièmes Jeux olympiques consécutifs, le Cubain ayant manqué ceux de 1984 et 1988 pour cause de boycott. Qualifié pour la finale grâce à un bond à 2,27 m, Javier Sotomayor établit le son meilleur saut de l'année avec 2,32 m, se classant deuxième du concours derrière le Russe Sergey Klyugin (2,35 m) et devant l'Algérien Abderrahmane Hammad (2,32 m)[50]. En début d'année 2001, Sotomayor ne prend que la cinquième place des Championnats du monde en salle avec 2,25 m, soit six centimètres de moins que son record de la saison établi quinze jours auparavant à Athènes. De retour à Cuba, il remporte le 27 mai à La Havane son douzième et dernier titre national en plein air[7]. En août, il participe à Edmonton à ses sixièmes Championnats du monde, échouant au pied du podium avec 2,33 m, soit la même hauteur que les Russes Vyacheslav Voronin et Yaroslav Rybakov, médaillés d'argent ex-æquo[51]. Il conclut la saison 2001 en remportant le meeting de Yokohama avec 2,31 m, quelques jours après avoir franchi la barre de 2,35 m à Somosko. Le , quelques jours avant son trente-cinquième anniversaire, Javier Sotomayor annonce mettre un terme définitif à sa carrière d'athlète[52]. Le , les instances internationales confirment une information d'une radio espagnole révélant un contrôle positif à la nandrolone de l'athlète cubain, effectué à l'occasion du meeting de Tenerife du [53]. Le , l'IAAF confirme le dopage de l'athlète cubain et décide de le suspendre à vie de toute compétition sportive[54].

Reconversion

En 2004, Javier Sotomayor est nommé membre du bureau exécutif de la Fédération cubaine d'athlétisme auprès de son président, l'ancien champion olympique Alberto Juantorena. Il exerce par ailleurs la fonction de manager de l'équipe de haut niveau[55].

Style

Javier Sotomayor dispose d'un gabarit adapté à la pratique du saut en hauteur au plus haut niveau. Mesurant 1,93 m, son poids de forme durant sa période d'activité se situe autour des 80 kg. Interrogé en 1989 sur la technique de saut du Cubain, l'ancien détenteur du record du monde Dwight Stones affirme que ses principales qualités résident essentiellement dans la vitesse de sa course d'élan, et de son changement violent de rythme à l'entame de son placement et de son impulsion. L'Américain ajoute par ailleurs que la force de ses tendons permet une détente verticale exceptionnelle[56]. Malgré cette course d'élan très rapide, Javier Sotomayor parvient à maîtriser le passage de l'obstacle en se retrouvant presque parallèle à la barre[57].

Palmarès

Javier Sotomayor est le sauteur en hauteur le plus titré au niveau mondial. Seul athlète à avoir remporté à deux reprises les Championnats du monde en plein air au saut en hauteur (en 1993 et 1997), il obtient quatre médailles d'or lors des mondiaux en salle (1989, 1993, 1995 et 1999), performance que seul le Suédois Stefan Holm a réussi à égaler. Vainqueur des Jeux olympiques de 1992 à Barcelone, et médaillé d'argent à Sydney, en 2000, il a également remporté trois titres consécutifs aux Jeux panaméricains, et s'est imposé deux fois lors des finales de l'IAAF (1994 et 1998). Sur le plan national, Sotomayor est avec ses douze titres en plein air, le sauteur en hauteur cubain le plus récompensé.

International

Année Compétition Lieu Résultat Hauteur
1985 Jeux mondiaux en salle Paris 2e 2,30 m
Coupe du monde des nations Canberra 3e 2,28 m
1986 Championnats du monde juniors Athènes 1er 2,25 m
1987 Championnats du monde en salle Indianapolis 4e 2,32 m
Jeux panaméricains Indianapolis 1er 2,32 m
Championnats du monde Rome 9e 2,29 m
1988 Championnats ibéro-américains Ciudad de México 1er 2,35 m
Finale du Grand Prix Berlin 2e 2,33 m
1989 Championnats du monde en salle Budapest 1er 2,43 m
Universiade Duisbourg 1er 2,34 m
Coupe du monde des nations Barcelone 3e 2,25 m
1990 Finale du Grand Prix Athènes 3e 2,32 m
1991 Championnats du monde en salle Séville 3e 2,31 m
Jeux panaméricains La Havane 1er 2,35 m
Championnats du monde Tokyo 2e 2,36 m
1992 Jeux olympiques Barcelone 1er 2,34 m
Coupe du monde des nations La Havane 2e 2,26 m
1993 Championnats du monde en salle Toronto 1er 2,41 m
Championnats du monde Stuttgart 1er 2,40 m
1994 Goodwill Games Saint-Pétersbourg 1er 2,40 m
Finale du Grand Prix Paris 1er 2,33 m
Coupe du monde des nations Londres 1er 2,40 m
1995 Championnats du monde en salle Barcelone 1er 2,38 m
Jeux panaméricains Mar del Plata 1er 2,40 m
Championnats du monde Göteborg 2e 2,37 m
1996 Championnats ibéro-américains Medellin 1er 2,30 m
Jeux olympiques Atlanta 11e 2,25 m
1997 Championnats du monde Athènes 1er 2,37 m
1998 Goodwill Games New York 1er 2,33 m
Jeux d'Amérique centrale et des Caraïbes Maracaibo 1er 2,37 m
Finale du Grand Prix Moscou 1er 2,31 m
Coupe du monde des nations Johannesbourg 2e 2,28 m
1999 Championnats du monde en salle Maebashi 1er 2,36 m
Jeux panaméricains Winnipeg DQ dopage
2000 Jeux olympiques Sydney 2e 2,32 m
2001 Championnats du monde en salle Lisbonne 5e 2,25 m
Championnats du monde Edmonton DQ dopage
Goodwill Games Brisbane DQ dopage

National

Javier Sotomayor a remporté douze titres lors des Championnats de Cuba d'athlétisme en plein air, de 1986 à 1989, de 1991 à 1995, ainsi qu'en 1998, 1999 et 2001.

Statistiques

Records

Javier Sotomayor a amélioré à quatre reprises le record du monde du saut en hauteur, trois fois en extérieur et une fois en salle. Le premier record du monde est établi le lors du meeting de Salamanque avec 2,43 m, soit un centimètre de mieux que la précédente meilleure marque mondiale du Suédois Patrik Sjöberg. Le Cubain réalise deux nouveaux records mondiaux l'année suivante, 2,43 m en salle lors des mondiaux en salle de Budapest, le , puis 2,44 m le à San Juan. Son dernier exploit, accompli quatre ans plus tard, le , de nouveau à Salamanque, est de 2,45 m et constitue l'actuel record du monde en plein air de la discipline.

Durant ses dix-huit années de carrière au plus haut niveau, Sotomayor a franchi à vingt et une reprises une barre supérieure à 2,40 m, et a dépassé 89 fois la hauteur de 2,35 m. Il a réalisé sept des dix et quatorze des vingt meilleurs sauts de tous les temps en extérieur[58], et quatre des dix meilleurs sauts de tous les temps en salle[59].

Progression

En plein air
Âge Hauteur Date Lieu
152,17 m La Havane
162,20 m San José de las Lajas
2,23 m La Havane
2,24 m Santiago de Cuba
2,31 m La Havane
2,33 m La Havane
172,34 m La Havane
182,36 m Santiago de Cuba
2,37 m  Athènes
202,38 m Kvarnsveden
2,43 m Salamanque
212,44 m San Juan
252,45 m Salamanque
En salle
Âge Hauteur Date Lieu
172,30 m Paris
192,32 m Indianapolis
212,37 m Simmerath
2,43 m Budapest

Meilleures performances de l'année

En dix-huit années de carrière au plus haut niveau, Javier Sotomayor a toujours figuré parmi les dix meilleurs athlètes aux bilans mondiaux établis chaque année par l'IAAF, se classant dans le top 3 à onze reprises, et obtenant huit fois le titre de « meilleur performeur mondial de l'année », en 1988, 1989, 1991, 1993, 1994, 1995, 1997 et 1998[60].

En plein air
Année Hauteur Date Lieu Rang[61]
19842,33 m La Havane8
19852,34 m La Havane6
19862,36 m Santiago de Cuba2
19872,37 m Athènes4
19882,43 m Salamanque1
19892,44 m San Juan1
19902,36 m Jerez de la Frontera5
19912,40 m Paris1
19922,36 m Eberstadt2
19932,45 m Salamanque1
19942,42 m Séville1
19952,40 m Mar del Plata1
19962,33 m Atlanta7
19972,37 m Athènes1
19982,37 m Maracaibo1
19992,34 m Paris5
20002,32 m Sydney10
20012,35 m Somosko3
En salle
Année Hauteur Date Lieu
1984Aucune performance répertoriée
19852,30 m Paris
1986Aucune performance répertoriée
19872,32 m Indianapolis
19882,30 m Athènes
19892,43 m Budapest
1990Aucune performance répertoriée
19912,34 m Osaka
19922,34 m Berlin
19932,41 m Toronto
19942,40 m Wuppertal
19952,38 m Liévin
19962,38 m Liévin
1997Aucune performance répertoriée
1998Aucune performance répertoriée
19992,36 m Maebashi
2000Aucune performance répertoriée
20012,31 m Athènes

Notes et références

  1. (es) « Javier Sotomayor, recordman mundial de altura, se nacionaliza español », sur elmundo.es, .
  2. (es) « Madrid concede la nacionalidad española a los atletas Javier Sotomayor y Orlando Ortega », sur diariodecuba.com, (consulté le ).
  3. Sotomayor veut toujours dominer le monde, la Dépêche.fr<, 13 août 2000
  4. (es) José Godoy: el viejo genio de las alturas, juventudrebelde.cu, 12 janvier 2010
  5. Robert Parienté et Alain Billouin, La Fabuleuse Histoire de l'athlétisme, Paris, Minerva Press, 2003, (ISBN 2830707273)
  6. (es) Biografia de Javier Sotomayor, biografiasyvidas.com, consulté le 2 janvier 2010
  7. (it) [PDF] Détail de carrière de Javier Sotomayor, winalltime.it
  8. (en) Résultats des Jeux mondiaux en salle 1985, gbrathletics.com, consulté le 1er janvier 2010
  9. (en) Résultats de la Coupe du monde des nations 1985, gbrathletics.com, consulté le 1er janvier 2010
  10. Robert Parienté et Alain Billouin, op. cit., p.569
  11. (en) 2nd IAAF World Championships in Athletics Roma 28-Aug/06-Sep-87, site de l'IAAF, consulté le 1er janvier 2010
  12. Ouverture des Jeux olympiques de Séoul, perspective.usherbrooke.ca, 17 septembre 1988
  13. Robert Parienté et Alain Billouin, op. cit., p.568
  14. (en) Progression du record du monde du saut en hauteur, apulanta.fi, consulté le 1er janvier 2010
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  16. (en) Records du monde du saut en hauteur en salle, site de l'IAAF, consulté le 1er janvier 2010
  17. Robert Parienté et Alain Billouin, op. cit., p.569
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  19. [PDF] Javier Sotomayor : la hauteur conquise, Enrique Capetillo, La revue Olympique, 1994
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  37. (en) Meilleures performances de l'année 1995, apulanta.fi, consulté le 3 janvier 2010
  38. (en) Résultats des Championnats du monde de 1995, site de l'IAAF, consulté le 3 janvier 2010
  39. (en) Meilleures performances mondiales de l'année 1996, apulanta.fi, consulté le 4 janvier 2010
  40. (en) Détail du concours des Jeux olympiques de 1996, todor66.com, consulté le 4 janvier 2010
  41. (en) Résultats des Championnats du monde 1997, site de l'IAAF, consulté le 4 janvier 2010
  42. (en) Meilleures performances de l'année 1998, apulanta.fi, consulté le 4 janvier 2010
  43. Robert Parienté et Alain Billouin, op. cit., p.571
  44. (en) Résultats de la Finale du Grand Prix 1998, site de l'IAAF, consulté le 4 janvier 2010
  45. (en) Résultats de la Coupe du monde des nations 1998, site de l'IAAF, consulté le 4 janvier 2010
  46. (en) Détail du concours des Championnats du monde en salle 1999, site de l'IAAF, consulté le 4 janvier 2010
  47. (en) Pan-American Games: Sotomayor is linked to positive drug test, The Independant, 5 août 1999
  48. Carrière de Javier Somayor, L'athlé du Net, consulté le 9 janvier 2010
  49. Javier Sotomayor blanchi pour les JO, Le Nouvel Observateur, 3 août 2000
  50. (en) Détail du concours du saut en hauteur des Jeux olympiques de 2000, todor66.com, consulté le 4 janvier 2010
  51. (en) Résultats des Championnats du monde 2001, site de l'IAAF, consulté le 4 janvier 2010
  52. (en) Sotomayor suspend son vol, l'Humanité, 15 octobre 2001
  53. La nandrolone, aussi, pour Sotomayor, dhnet.be, 26 novembre 2001
  54. (es) La IAAF confirma el positivo de Sotomayor en Tenerife, abc.es, 10 janvier 2002
  55. (es) Sotomayor desafiado por otro listón, trabajadores.cu, 28 octobre 2008
  56. (en) One Giant Leap, sportsillustrated, 7 août 1989
  57. Techniques du saut en hauteur - Franchissements, Jean-François Thirion, Dossiers de l'Équipe, consulté le 8 janvier 2010
  58. (en) Outdoor High jump all time, site de l'IAAF, consulté le 2 janvier 2010
  59. (en) Indoor High jump all time, site de l'IAAF, consulté le 2 janvier 2010
  60. (en) Yearlist of the past, apulanta.fi, consulté le 1er janvier 2010
  61. Classement établi par l'IAAF en fonction des meilleures performances de l'année

Liens externes

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