Janet Sobel

Janet Sobel, née Jeannie Lechovsky en 1894, morte en 1968, est une artiste américano-ukrainienne, qui a commencé à peindre au milieu de sa vie. Sa production a été classée dans l'expressionniste abstrait, ou dans l'art outsider. Elle est généralement considérée comme ayant inventé une technique qui a marqué la peinture du XXe siècle, le dripping, éclipsée dans cette approche par Jackson Pollock qu'elle a influencé[1].

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Parcours

Vers 1937, à 43 ans[2], alors qu'elle est une modeste ménagère mère de quatre enfants à Brooklyn, Sobel commence à dessiner, encouragée par l'un de ses fils qui commence des études dans une école d'art (ou pour l'encourager, on ne sait trop). Interviewé en 1962, ce fils déclare : « Elle a entendu une voix lui dire qu'elle devait peindre. Elle s'est alors mise à la peinture à l'huile avec autant de facilité que la plupart des femmes font cuire des muffins[3]. »

Ses œuvres sont remarquées par John Dewey et d'autres passionnés de peinture ou collectionneurs. De 1943 à 1946, elle devient une figure du milieu artistique new-yorkais. Elle expose au musée de Brooklyn de 1943 à 1945. Ses œuvres sont incluses dans une exposition itinérante d'envergure, « Abstract and Surrealist Painting in America » (La peinture abstraite et surréaliste aux États-Unis), qui traverse le pays en 1944. Cette même année, Sobel a l'opportunité de réaliser sa première exposition personnelle[3]. En 1946, elle et sa famille déménagent de New York vers la banlieue de la ville, dans le New Jersey. Cet éloignement contribue à la faire passer au second rang[4].

En raison d'une allergie à la peinture, Janet Sobel doit travailler au crayon à partir de 1948. À sa mort en 1968, son œuvre est un peu oubliée. Son nom réapparaît dans un article de William Rubin sur Jackson Pollock, dans Artforum en 1967[2].

Son apport

Les peintures de Sobel ont évolué d'un art figuratif assez primitif, qui rappelle les débuts de Marc Chagall ou de Jean Dubuffet, à un art abstrait comme beaucoup d'autres expressionnistes à l'époque. Ces artistes ont exprimé les mêmes thèmes dans leurs œuvres abstraites, mais d'une manière plus universelle[4].

Sobel a bouleversé les techniques de la peinture en inventant l'all-over et le dripping, couvrant de motifs, de couleurs, ou de gouttes de peinture toute la surface de ses toiles (peintes étendues sur le sol, dans son modeste salon), rappelant quelquefois la tapisserie persane par la richesse et la complexité des motifs et des traits[3]. Elle a utilisé des matériaux de toutes sortes, y compris du sable[2].

Jackson Pollock a découvert ces créations en 1944, à la galerie new-yorkaise de Peggy Guggenheim « Art of This Century » (L'art de ce siècle)[5],[6], et s'en est inspiré[1].

L'historienne de l'art Béatrice Joyeux-Prunel suggère qu'« une juive immigrée, mère de quatre enfants, ne correspondait pas à l'image d'une révolution picturale : seul un homme pouvait incarner le mythe de l'avant-garde américaine »[1].

Notes et références

Notes

    Références

    Voir aussi

    Bibliographie

    • (en) Kim Sweeney, « The Forgotten Female Artist: Janet Sobel’s Struggle within the Abstract Expressionist Movement », Artifice Magazine, (lire en ligne).
    • Marie Zawisza, « L'art est un bastion sexiste », Le Monde, (lire en ligne).
    • (en) Gail Levin, « Janet Sobel: Primitivist, Surrealist, and Abstract Expressionist », Woman’s Art Journal, .
    • (en) Edward M. Gomez, « Janet Sobel », Raw Vision, (lire en ligne).
    • (en) Roberta Smith, « Janet Sobel », The New York Times, (lire en ligne).
    • (en) Pepe Karmel, Jackson Pollock: Interviews, Articles, and Reviews, Beacon Press, , 283 p. (lire en ligne).
    • (en) Ann Eden Gibson, Abstract Expressionism : Other Politics, Yale University Press, , 248 p., p. 2-6.
    • (en) Clement Greenberg, Art and Culture : Critical Essays, Beacon Press, , 278 p. (lire en ligne).

    Webographie

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