Jacques Tourneur

Jacques Thomas, dit Jacques Tourneur[1] (parfois anglicisé en Jack Turner), est un réalisateur franco-américain, né à Paris 12e, le , et mort à Bergerac (Dordogne) le [2]. Il a fait l'essentiel de sa carrière à Hollywood, et a obtenu la nationalité américaine en 1919.

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Jacques Tourneur
Naissance
Paris, France
Nationalité  Français
 Américain
Décès
Bergerac, Dordogne, France
Profession Réalisateur
Films notables La Féline
Vaudou
La Griffe du passé
Un jeu dangereux - Wichita
Rendez-vous avec la peur

Biographie

Jacques Tourneur est le fils de Maurice Tourneur, illustrateur et réalisateur lui-même et de Fernande Petit. Il suit son père aux États-Unis à l'âge de dix ans et tous deux rentrent en France en 1925.

Carrière

Il débute dans le cinéma au début des années 1930, comme monteur des films de son père (dont Les Gaietés de l'escadron), ou d'autres metteurs en scène. Il réalise quatre films en France à partir de 1931, avant de partir pour Hollywood en 1934. Il n'y réalise d'abord que des courts-métrages, puis dirige les secondes équipes de films plus importants. Dans ce cas il n'apparaît pas au générique, les secondes équipes n'étant pas créditées à l'époque. They All Came Out (1939), un documentaire romancé sur les prisons, lui permet d'accéder à la réalisation de longs métrages.

Imposé par le producteur Val Lewton à la RKO, il va exceller dans le film fantastique, mais il va réaliser également de remarquables films dans tous les genres, des westerns, Un jeu risqué, Le Passage du canyon, Le Gaucho, Stars in My Crown, des films d'aventures, La Flèche et le Flambeau, La Flibustière des Antilles et des films noirs, Nightfall, La Griffe du passé (ou Pendez-moi haut et court), The Fearmakers jusqu'à la fin des années 1950. Dans ses films fantastiques, mais pas seulement, il se distingue en jouant avant tout sur le non-dit et la suggestion, l'inquiétude pour susciter l'angoisse ; il est l'inventeur de l'effet-bus. Dans Wichita, la brusque apparition de Wyatt Earp, au sommet d'une colline à la tombée du jour (un plan suffit) suscite parmi les hommes une vive inquiétude qui ne cessera pas jusqu'à la fin. Le film sera considéré par Budd Boetticher comme " à la fois le plus pur et le plus étrange western jamais réalisé..."

La scène de la piscine, du film La Féline est un bon exemple de sa « méthode », scène reprise telle quelle dans le remake réalisé quarante ans plus tard par Paul Schrader. Tourneur suscite une forte tension en jouant sur l'éclairage, les zones d'ombre, l'instabilité de l'environnement (l'eau de la piscine, les reflets de l'eau sur les murs), les prises de vue en plongée et contre-plongée, et la réverbération du son qui enveloppe totalement le spectateur, un tour de force avec les bandes-sons mono de l'époque. Il passa d'ailleurs deux jours à enregistrer le son de cette scène dans la piscine (pour une durée de tournage totale de vingt-et-un jours).

Il réalise d'autres chefs-d'œuvre, Vaudou (1943), L'Homme Léopard (1943), Angoisse (1944) Berlin Express (1948), Rendez-vous avec la peur (Night of the Demon) (1957) et plus tard en 1963 Night Call, épisode de Twilight Zone.

Il travaille ensuite pour la télévision, notamment les séries Bonanza et réalise un célèbre court-métrage de La Quatrième Dimension : Nightcall.

En 1966, il revient en France et s'installe en Dordogne, près de Bergerac, il y reçoit quelques amis d'Hollywood, notamment Dana Andrews un de ses comédiens d'élection. Malheureusement ses derniers projets ne suscitent l'intérêt d'aucun producteur français ; pour Murmures dans un corridor lointain Tourneur projetait d'enregistrer les bruits réels, de filmer à l'aide de caméras infra-rouges les traces de fantômes dans un château hanté d'Écosse. En 1977, quelques mois avant sa mort, il reçoit FR3 Aquitaine pour une dernière interview[3].

Le film La Mort en direct de Bertrand Tavernier lui est dédié.

Mariage

Jacques Tourneur épouse Marguerite (dite Christiane) Virideau. Née à Pessac (Gironde) le (acte n° 43), elle décède à Lamonzie Saint Martin (Dordogne) le . Tous deux n'ont pas d'enfant.

Filmographie

Courts métrages

  • 1936 : A Miniature: The Story of 'The Jonker Diamond'
  • 1936 : Harnessed Rhythm
  • 1936 : Master Will Shakespeare
  • 1936 : Killer-Dog
  • 1937 : The Grand Bounce
  • 1937 : The Boss Didn't Say Good Morning
  • 1937 : The Rainbow Pass
  • 1937 : Le Roi sans couronne (The King Without a Crown)
  • 1937 : Romance of Radium
  • 1937 : The Man in the Barn
  • 1937 : What Do You Think?
  • 1938 : What Do You Think? (Number Three)
  • 1938 : Mort d'un bateau (The Ship That Died)
  • 1938 : Un visage derrière un masque (The Face Behind the Mask)
  • 1938 : What Do You Think?: Tupapaoo, sur Tabou de Murnau
  • 1938 : Un nimbe de gloire (Strange Glory)
  • 1938 : Think It Over
  • 1939 : Yankee Doodle Goes to Town
  • 1942 : L'Étranger mystérieux (The Incredible Stranger)
  • 1942 : L'Alphabet de la santé (The Magic Alphabet)
  • 1944 : Reward Unlimited

Longs métrages

Télévision (réalisateur)

Assistant Réalisateur ou Monteur

    • 1929 : Le Navire des hommes perdus (Das schiff der verlorenen menschen), réalisé par Maurice Tourneur
    • 1930 : Accusée, Levez vous, réalisé par Maurice Tourneur
    • 1931 : Maison de danses, réalisé par Maurice Tourneur
    • 1931 : Partir, réalisé par Maurice Tourneur
    • 1932 : Au nom de la Loi, réalisé par Maurice Tourneur
    • 1932 : Les Gaités de l'escadron, réalisé par Maurice Tourneur (Monteur)
    • 1933 : Les Deux Orphelines, réalisé par Maurice Tourneur (Monteur)
    • 1993 : Lidoire, réalisé par Maurice Tourneur.
    • 1933 : Obsession, réalisé par Maurice Tourneur (uncredited)
    • 1933 : La Fusée, réalisé par Jacques Natanson (Monteur)
    • 1933 : Le Voleur, réalisé par Maurice Tourneur
    • 1933 : Rothschild, réalisé par Maurice Tourneur (Monteur)
    • 1935 : Le Marquis de Saint-Evremont, (A Tale of Two Cities), réalisé par Jack Conway, (la séquence de la prise de la Bastille réalisée par Jacques Tourneur).

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Entrées sur les films de Jacques Tourneur, dans Dictionnaire des films, Jacques Lourcelles, Bouquins Robert Laffont, 1992.
  • The Cinema of Nightfall, Jacques Tourneur, (en) Chris Fujiwara, Johns Hopkins University press, 2000.
  • Jacques Tourneur ou la magie de la suggestion, Michael Henry Wilson, éditions du Centre Pompidou, 2003
  • Écrits de Jacques Tourneur, Jacques Manlay (dir.), Rouge Profond, 2003 (comprenant un DVD avec une interview du cinéaste).
  • Vaudou de Jacques Tourneur, Marcos Uzal, Crisnée, Yellow Now, 2006.
  • Jacques Tourneur, les figures de la peur, Frank Lafond, édition Presses Universitaires de Rennes, 2007.
  • Jacques Tourneur, Fernando Ganzo (dir.). Nantes, Capricci. Avec les textes suivants: « Préface », Pierre Rissient; « Un cinéma de frontière, entretien avec Jacques Tourneur », Patrick Brion et Jean-Louis Comolli (); « La France », Pierre Jailloux; « La période MGM », Mathieu Macheret; « Fantastique et suspens », Haden Guest, Chris Fujiwara, Peter Král et Carlo Chatrian ; « La guerre », Pierre Gabaston; « Westerns », Fernando Gonzo, Mariano Llinásè « Les territoires du thriller », Jean-François Rauger, Patrice Rollet ; « Le malaimé », Paola Raiman ; « Série noire », Hervé Gauville; « Contrebande », Pierre Eugène; « Période finale », Rinaldo Censi ; « Télévision », Chris Fujiwara. 2017.

Liens externes

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