Jacqueline Coutras

Jacqueline Coutras, née en , est une géographe française, chercheuse au CNRS, pionnière de la géographie du genre en France.

Biographie

Jacqueline Coutras, pionnière en géographie du genre[1],[2] et « référence importante pour toute géographe féministe »[3], est chercheuse CNRS[4] à l’Institut de recherche sur les sociétés contemporaines – Iresco. Elle est également agrégée de géographie[2].

Elle soutient sa thèse de troisième cycle en sous la direction de Jacqueline Beaujeu-Garnier, sur les « zones d’activité économique et développement dans l’Ouest de la région parisienne »[2].

Travaux

Dès la fin des années 1970, Jacqueline Coutras publie des études féministes sur les femmes, leurs pratiques urbaines et leurs comportements spatiaux[2].

Avec Jeanne Fagnani (sociologue), elles vont tenter de faire une géographie du genre tout en restant dans le courant de la géographie sociale[5], et font émerger l'objet de recherche "femmes" dans le cadre académique. Elles interviennent par exemple dans Les Cahiers du Grif, haut lieu de la pensée féministe européenne jusqu’à sa disparition en 1982. Leurs approches sont marquées par un discours féministe et marxiste[2].

Lors du colloque national « Femmes, féminisme et recherches » rassemblant près de 900 personnes à Toulouse en décembre 1982, J. Coutras anime et synthétise un débat intitulé « Femmes et espaces ». En 1982 toujours, au colloque de Lyon de géographie sociale, elle intervenant sur « la ville au féminin » lors de la séance sur « le comportement des groupes sociaux »[2].

Elle prend part avec Jeanne Fagnani à l’institutionnalisation de la géographie féministe internationale en participant par exemple à la « table ronde » sur « les femmes en géographie » organisée et modérée par Janice Monk et Maria Dolors García Ramón, lors de la conférence régionale sur les pays méditerranéens de Barcelone de septembre 1986[2].

Dans son ouvrage de 1996 Crise urbaine et espaces sexués[6], elle utilise le prétexte de la crise urbaine en France pour approfondir la question des dissymétries spatiales sexuelles[7]. Elle montre que, grâce au travail salarié et à l'utilisation de la voiture, les femmes ont repoussé les limites qui leur étaient traditionnellement associées (espace résidentiel) pour conquérir la ville fonctionnelle, sans pour autant parvenir à accéder à la ville socialisatrice[3]. Nicole Brais résume en mentionnant que « La ville de l'intersubjectivité est celle des rencontres, des hasards, de l'aventure, celle du flânage. Cela suppose un sentiment de sécurité dans « l'autre », une certaine forme d'anonymat. C'est dans la conjonction de ces deux éléments, sécurité et anonymat, qu'on peut expliquer que les flâneurs ne sont pas des flâneuses. Les femmes n'expérimentent pas, dans l'espace public, la sécurité nécessaire pour être disponibles et disposées aux rencontres, à l'insolite. »[3]

Du fait de la non constitution d'un champ spécifique de géographie du genre ou féministe en France, ses travaux ont été ensuite occultés[2]. Elle explique en 1999 que « Peut-être aurions-nous dû chercher à créer une « géographie féministe » comme nos collègues anglo-saxonnes et québécoises. Cela n’a pas été le cas. Cette attitude a été typiquement française, les autres disciplines l’ont appliquée aussi. Elle a été adoptée par crainte de ghettoïsation. »[8]

Publications principales

  • Jacqueline Coutras, Les peurs urbaines et l'autre sexe, Paris ; Budapest ; Torino, l'Harmattan, , 242 p. (ISBN 2-7475-5237-3)
  • Jacqueline Coutras et Rosa Ester Rossini, Mobilité quotidienne des femmes, notion de genre et études urbaines : comparaison Paris-Sao Paulo, Paris, Institut de recherche sur les sociétés contemporaines, , 116 p.
  • Jacqueline Coutras, Crise urbaine et espaces sexués, Paris, Armand Colin, , 156 p. (ISBN 2-200-01374-4)
  • Jacqueline Coutras, Des villes traditionnelles aux nouvelles banlieues. L'espace public au féminin, Paris, SEDES, , 174 p.[5]

Notes et références

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Brais Nicole, « Jacqueline Coutras - Crise urbaine et espaces sexués. (1996). Paris. Armand Colin », Cahiers du GEDISST (Groupe d'étude sur la division sociale et sexuelle du travail), no 18 « Hommes et femmes dans le mouvement social », , p. 177-179 (lire en ligne)
  • Coutras Jacqueline, « Espaces sexués et géographie française : bon heur et malheur d’une géographe », in Chivallon, C., Ragouet P. et Samers M. (dirs) Discours scientifiques et contextes culturels. Géographies françaises et britanniques à l’épreuve postmoderne. Talence, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, , p. 75-90
  • Ginsburger Nicolas, « Femmes en géographie au temps des changements. Féminisation et féminisme dans le champ disciplinaire français et international (1960-1990) », L’Espace géographique, , p. 236-263 (DOI https://doi.org/10.3917/eg.463.0236, lire en ligne)
  • Hancock Claire, « Les études de genre ont-elles transformé la géographie française ? », Histoire de la recherche contemporaine, Tome IX - n°1, , p. 45-54 (lire en ligne)

Références

  1. Claire Hancock, « Les études de genre ont-elles transformé la géographie française ? », Histoire de la recherche contemporaine. La revue du Comité pour l’histoire du CNRS, no Tome IX - n°1, , p. 45–54 (ISSN 2260-3875, DOI 10.4000/hrc.4182, lire en ligne, consulté le )
  2. Nicolas Ginsburger, « Femmes en géographie au temps des changements », Espace géographique, vol. 46, no 3, , p. 236 (ISSN 0046-2497 et 1776-2936, DOI 10.3917/eg.463.0236, lire en ligne, consulté le )
  3. Nicole Brais, « Jacqueline Coutras - Crise urbaine et espaces sexués. (1996). Paris. Armand Colin », Les Cahiers du Genre, vol. 18, no 1, , p. 177–179 (lire en ligne, consulté le )
  4. « Jacqueline Coutras », sur data.bnf.fr (consulté le )
  5. Bondue Jean-Pierre, « Jacqueline Coutras : Des villes traditionnelles aux nouvelles banlieues. L'espace public au féminin », Espace, populations, sociétés « Sexe et espace - Sex and space », , p. 144 (lire en ligne)
  6. Jacqueline Coutras, Crise urbaine et espaces sexués, Paris, Armand Colin, , 155 p.
  7. « Collages féministes : se réapproprier l'espace public », sur lvsl.fr - Tout reconstruire, tout réinventer, (consulté le )
  8. Coutras, in Chivallon et al., 1999, 85, cité in Hancock, 2020.

Liens Externes

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