Jacopo Bassano

Jacopo Bassano, ou Jacopo dal Ponte ou même Jacopo Bassano l'Ancien (Bassano del Grappa, 1510 - Bassano del Grappa, ) est un peintre italien maniériste de l'école vénitienne. Le plus âgé et le plus connu des peintres de la famille Dal Ponte.

Pour les articles homonymes, voir Bassano et Ponte.

Biographie

Il est né et mort à Bassano del Grappa, village proche de Venise, dont il tire son nom. Son père Francesco Bassano l'Ancien se définissait comme un « artiste paysan ». Dans ses toiles, pissenlits et mauvaises herbes sont décrits avec minutie. Jacopo adopta des éléments de son style, qu'il mit à profit pour réaliser des peintures religieuses innovantes incluant par exemple des animaux, des fermes et des paysages.

Après avoir débuté à l'atelier de Bonifacio de' Pitati à Venise, il étudia également en autodidacte auprès des autres artistes de son époque dans d'autres villes italiennes. Ses relations avec eux étaient variables : Jacopo Bassano dépeignit ainsi Le Titien en agent de change dans sa Purification du Temple. Il s'intéressait à la « manière moderne » des nouveaux artistes arrivés à Venise et surtout aux gravures provenant de Rome. Il conserva toutefois son goût pour le naturalisme chromatique et un sens prononcé des volumes et des formes, caractéristiques des peintures de cette époque.

Quand il revient à Bassano, il habite près du pont et on le nomme Jacopo dal Ponte. Sa renommée lui vaudra de prendre le nom de sa ville – où il travaille avec ses quatre fils : Francesco Bassano le Jeune (1549 -1592), Gerolamo (1566-1621), Giovanni Battista (1553-1613) et Leandro (1557-1622). Les Bassano ont mis au point un système étonnant de double signature: sur les copies ou variantes exécutées par ses fils, Jacopo appose son paraphe, comme un label de qualité. De ce fait tous partagent de nombreuses similitudes stylistiques et quelques œuvres sont difficilement attribuables.

Entre le milieu des années 1540 et la fin des années 1550 il crée une version personnelle du maniérisme qui était en faveur à Venise[1]. Les corps étirés et les grands effets de composition balancée ne lui font pas pour autant abandonner les robes de ses puissants animaux. À la fin de sa carrière le genre pastoral qui avait fait sa célébrité lui est commandé par des collectionneurs vénitiens. Il les compose dans un paysage crépusculaire rythmé par les effets presque théâtraux du clair-obscur. Dans l'une des toute dernières toiles, La Déposition du musée de Lisbonne (ci-dessous) W. R. Rearick[2] « pense que Jacopo l'envoya sans doute à Venise pour qu'elle serve de modèle dans l'atelier de son fils Francesco, d'où sont sorties la plupart des versions connues du thème (dont la version du Louvre)[3] ».

L'introduction du quotidien dans la peinture religieuse, a rencontré la faveur des commanditaires et a eu un grand succès au XVIIe siècle, y compris à la cour de Louis XIV, grâce à Richelieu. Au XIXe siècle, quand on commence à porter attention à la qualité intrinsèque de chaque œuvre, l'inégalité de leur facture apparaît. Les Bassano rejoignent en nombre les réserves des musées et sont un peu oubliés.

Jacopo figure dans le groupe des musiciens des Noces de Cana de Véronèse.

Œuvres dans les collections

Le Christ se révélant aux pèlerins d'Emmaüs. Cathédrale de Citadella, près de Bassano. v. 1538. Huile / toile, 235 × 250 cm.
La Dernière cène, v. 1546. Huile / toile, 168 × 270 cm. Galerie Borghèse
La montée au calvaire, vers 1550-51. Huile / toile, 94 × 114 cm. Musée des beaux-arts de Budapest
Le calvaire, v. 1575. Huile sur ardoise. 49 × 29 cm.Musée national d'art de Catalogne.


Non datés

Copies

  • L'Annonce aux bergers, XVIIe siècle, huile sur toile, 86 × 115 cm. Musée d'Évreux
  • Marchandes de volailles et chasseurs (copie partielle), XVIIe siècle, huile sur toile, 25,9 × 34,5 cm, Musée d'Évreux

Notes et références

  1. Peter Humfrey 1996, p. 219
  2. Le siècle de Titien 1993, p. 634
  3. L'image sur le site du Louvre
  4. Nancy Grubb, Figures d’anges : Messagers célestes à travers les arts, Editions Abbeville, , 320 p. (ISBN 2-87946-082-4), p. 89
  5. Mina Gregori, Le Musée des Offices et le Palais Pitti : La Peinture à Florence, Editions Place des Victoires, , 685 p. (ISBN 2-84459-006-3), p. 271
  6. Giovanna Nepi Sciré, La Peinture dans les Musées de Venise, Editions Place des Victoires, , 605 p. (ISBN 978-2-8099-0019-4), p. 310
  7. Vincent Pomarède, 1001 peintures au Louvre : De l’Antiquité au XIXe siècle, Paris/Milan, Musée du Louvre Editions, , 589 p. (ISBN 2-35031-032-9), p.324
  8. Carlo Falciani et Pierre Curie (dir.), La Collection Alana : Chefs-d'œuvre de la peinture italienne, Bruxelles, Fonds Mercator, , 216 p. (ISBN 978-94-6230-154-2)
    Ouvrage publié à l'occasion de l'exposition au musée Jacquemart-André du 13 septembre 2019 au 20 janvier 2020, notice de Carlo Falciani p. 186.
  9. Wolfgang Prohaska, Le Kunsthistorisches Museum de Vienne : Peinture, C.H. Beck/Scala Books, , 128 p. (ISBN 3-406-47459-4, lire en ligne), p. 30
  10. Véronique Prat, Chefs-d'œuvre secrets des grandes collections privées, Albin Michel, (ISBN 2-226-03427-7), p.12
  11. Renaissance du Musée de Brest, acquisitions récentes : [exposition], Musée du Louvre, Aile de Flore, Département des Peintures, 25 octobre 1974-27 janvier 1975, Paris, , 80 p.

Voir aussi

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Paolo Berdini, The religious art of Jacopo Bassano : painting as visual exegesis, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 1997, 208 p. (ISBN 0-521-56170-1)
  • (fr) Jean-Pierre Habert et Catherine Loisel-Legrand, Bassano et ses fils dans les musées français, Réunion des musées nationaux, 1998, 119 p. (ISBN 9782711836697)
  • Raphaël Pic, « Fous de Bassano », Muséart, no 98, , p.28-33
  • Peter Humfrey (trad. de l'anglais), La peinture de la Renaissance à Venise, Paris, Adam Biro, (1re éd. 1995), 319 p. (ISBN 2-87660-175-3)
  • Michel Laclotte dir., Le siècle de Titien. L'âge d'or de la peinture à Venise, Paris, Réunion des Musées Nationaux, , 745 p. (ISBN 2-7118-2610-4), p. 745

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la peinture
  • Portail de l’histoire de l’art
  • Portail de la Renaissance
  • Portail de l’Italie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.