Yitzhak Rabin

Yitzhak Rabin (en hébreu : יצחק רבין, /jitsˈχak ʁaˈbin/ ), né Rubitzov à Jérusalem le et mort assassiné à Tel Aviv le , est un militaire et homme d'État israélien, Premier ministre de 1974 à 1977 puis de 1992 à sa mort.

Pour les articles homonymes, voir Rabin (homonymie).

Yitzhak Rabin
(he) יצחק רבין

Yitzhak Rabin en 1994.
Fonctions
Premier ministre d'Israël

(3 ans, 3 mois et 22 jours)
Président Chaim Herzog
Ezer Weizman
Gouvernement 25e
Prédécesseur Yitzhak Shamir
Successeur Shimon Peres

(3 ans et 17 jours)
Président Ephraïm Katzir
Gouvernement 17e
Prédécesseur Golda Meir
Successeur Menahem Begin
Ministre de la Défense

(3 ans, 3 mois et 22 jours)
Premier ministre Lui-même
Gouvernement 25e
Prédécesseur Moshe Arens
Successeur Shimon Peres

(5 ans, 5 mois et 25 jours)
Premier ministre Shimon Peres
Yitzhak Shamir
Prédécesseur Moshe Arens
Successeur Moshe Arens
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Jérusalem (Palestine sous mandat britannique)
Date de décès (à 73 ans)
Lieu de décès Tel Aviv (Israël)
Nature du décès Assassinat
Sépulture Mont Herzl
Nationalité Israélienne
Parti politique Mapaï (1968)
Parti travailliste (1968-1995)
Conjoint Leah Rabin
Religion Athéisme juif[1]


Premiers ministres d'Israël
Prix Nobel de la paix 1994

En 1941, il commence une carrière militaire au sein du Palmach puis s’engage dans l'armée israélienne en 1948. Il participe à la guerre israélo-arabe de 1948-1949, puis poursuit sa carrière militaire : il atteint le grade de général et occupe le poste de chef d'État-Major à la suite de la guerre des Six Jours.

Il se lance ensuite en politique, devenant une figure du Parti travailliste. Il exerce la fonction de ministre de la Défense de 1984 à 1990 puis de 1992 à 1995, et celle de Premier ministre d'Israël de 1974 à 1977 puis de 1992 à son assassinat en 1995 par un extrémiste juif.

En 1994, il reçoit le prix Nobel de la paix, notamment pour son rôle actif dans la signature l’année précédente des accords d'Oslo.

Jeunesse

Rabin enfant et sa mère.

Yitzhak Rabin naît à Jérusalem le sous le mandat britannique mais il grandit à Tel Aviv dès l'âge d'un an. Ses parents sont Nehemiah Rubitzov (1886 – 1971) et Rosa (née Cohen; 1890 – 1937), des émigrants de la troisième Aliyah, faisant suite aux nombreux pogroms s'étant déroulés dans l'Empire russe. Son père est né dans un Shtetl de l'Oblast de Kiev(Ukraine). A l'âge de 18 ans, dans le cadre de la politique volontaire du mouvement sioniste d' avoir des noms hébreux en lieu et place des anciens noms juifs européens, il change son nom en Rabin, émigre d'abord aux États-Unis comme plus d'un million de Juifs résidant alors dans les pays composant l'Empire russe, puis plus tard, il quitte les États-Unis afin de se rendre en Palestine mandataire . Sa mère, Rosa Cohen, est née à Mahiliow en Biélorussie. Son père est rabbin mais l'envoie néanmoins dans une école catholique à Gomel. En 1919, celle-ci part pour la Palestine mandataire et s'installe dans un Kibboutz proche de Galilée, où ses parents la rejoignent en 1920. Nehemiah Rubitzov et Rosa Cohen se rencontrent à Jerusalem en 1920[2].

Yitzhak Rabin dans sa jeunesse.

Yitzhak Rabin poursuit son cursus scolaire à l'adolescence dans un lycée agricole jusqu'en 1940, se destinant à devenir ingénieur agricole spécialisé dans l'irrigation. En 1941, il rejoint dans les premiers le Palmach, unité militaire sioniste destinée à combattre avec les Britanniques les forces armées de l'Axe, qui étaient alors présentes sur le territoire égyptien, et suit notamment les formations d'abord de soldat puis de sous-officier au kibboutz Ramat-Yohanan. Il devient ensuite officier au sein du Palmach en 1947, avant l'indépendance et la création de l'Etat d'Israël, le 14 mai 1948. Il se marie en 1948 avec Leah Schlossberg.

Carrière militaire

Yitzhak Rabin en 1957.

Au cours de la guerre israélo-arabe de 1948-1949, Yitzhak Rabin commande la brigade Harel du Palmah. Jusqu'au mois de juin, celle-ci est déployée le long de la route entre Sha'ar HaGai (Bab al-Oued) et Jérusalem. Il participe à l'opération Maccabée et à l'opération Yoram contre Latroun, puis à l'opération Dani puis à des opérations dans le Néguev.

En 1964, il est nommé chef d'État-Major de l'armée israélienne par le Premier ministre Levi Eshkol qui, peu expérimenté militairement, choisit de lui laisser une grande liberté d'action.

Sous son commandement, l'armée de défense d'Israël est victorieuse de l'Égypte, de la Syrie et de la Jordanie lors de la Guerre des Six Jours en 1967. Après la prise de la vieille ville de Jérusalem, Rabin est l'un des premiers à la visiter. Il prononce alors un discours célèbre à l'Université hébraïque sur le Mont Scopus[3].

Parcours politique

Rabin quitte Tsahal puis devient ambassadeur aux États-Unis en 1968. En 1973, il est élu député travailliste à la Knesset. Il rejoint le gouvernement en tant que ministre du Travail puis est élu dirigeant de son parti politique. Il succède le à Golda Meir à la tête du gouvernement, en tant que Premier ministre.

Premier mandat de Premier ministre

Le principal événement marquant de son premier gouvernement est le célèbre raid d'Entebbe, lors duquel les militaires de Tsahal, en Ouganda, procèdent au sauvetage des passagers d'un avion détourné par un groupe de terroristes Palestiniens.

Deux crises finissent par amener Yitzhak Rabin à démissionner :

  • la rupture de sa coalition gouvernementale lorsque quatre avions F-15 sont livrés un jour de Chabbat ;
  • la révélation de l'existence d'un compte en banque en dollars américains, au nom de son épouse, ce qui était interdit à l'époque par les lois monétaires israéliennes.

Yitzhak Rabin reconnaît être titulaire de ce compte bancaire et démissionne.

Dans l’opposition

Menahem Begin et le Likoud sont portés au pouvoir en 1977, à la suite de la démission de Rabin qui devient alors membre de l'opposition de gauche.

En 1984, il obtient le portefeuille de ministre de la Défense dans plusieurs gouvernements d'union nationale. Il est connu notamment pour les mesures radicales qu'il prend, à ce poste, pour contrer la première Intifada.

Second mandat de Premier ministre

Yitzhak Rabin, Bill Clinton et Yasser Arafat durant les accords d'Oslo le .

Rabin est réélu Premier ministre en juillet 1992 mais dès le mois d'octobre, à la suite du crash du vol 1862 El Al sur le quartier néerlandais de Bijlmermeer (banlieue d'Amsterdam), il doit faire face à une crise diplomatique majeure[réf. nécessaire].

Le mandat de Rabin prend une dimension historique lorsqu'il signe les accords d'Oslo en 1993, créant ainsi l'Autorité palestinienne et cédant pour la première fois un contrôle partiel de certaines zones de la bande de Gaza et de la Cisjordanie aux Palestiniens. Sous son mandat, Yasser Arafat renonce officiellement au recours à la violence et reconnaît Israël dans une lettre officielle. Rabin reconnaît en retour l'OLP le .

Rabin signe également le traité de paix israélo-jordanien en 1994.

Le prix Nobel de la paix est décerné en 1994 aux dirigeants politiques qui ont permis les accords d'Oslo : Yitzhak Rabin, Shimon Peres et Yasser Arafat.

Ces accords, qui lui attirent la sympathie d'une partie de la population, lui suscitent par ailleurs la haine des militants d'extrême-droite. Si certains le célèbrent comme un héros de la paix, d'autres le perçoivent comme un traître ayant renoncé à une part de terre promise au peuple juif dans la Torah.

Le gouvernement Rabin se maintient toutefois grâce aux députés arabes israéliens de la Knesset.

Assassinat et conséquences

Tombe d'Yitzhak et Leah Rabin.

Le , Yitzhak Rabin, âgé de 73 ans, est touché par deux balles tirées à bout portant dans son dos[4]. Ce meurtre intervient après qu'il a prononcé un discours lors d'une manifestation pour la paix sur la place des rois d'Israël, à Tel Aviv, aujourd'hui rebaptisée place Yitzhak Rabin. Mortellement blessé, Rabin meurt sur la table d'opération de l'hôpital Ichilov de Tel Aviv quelques heures plus tard. Son assassin est Yigal Amir, un Israélien juif étudiant en droit et opposé aux accords d'Oslo, conclus en 1993 avec les Palestiniens. La date de cet assassinat est commémorée sur la place où il fut tué et qui porte désormais son nom, tout comme un grand nombre de rues et d'associations israéliennes.

Le processus de paix israélo-palestinien a été grandement freiné à la suite de l'assassinat de Rabin. Ce meurtre eut également pour conséquence un élargissement de la fracture dans la société israélienne entre les religieux et les laïcs.

Dix ans après son assassinat, deux cent mille Israéliens se sont rassemblés le à Tel Aviv sur la place Yitzhak Rabin, désormais symbole de paix. De nombreuses personnalités étaient présentes comme le président israélien Moshe Katsav, la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice, l'ancien président américain Bill Clinton et son épouse Hillary Clinton, alors sénatrice de l'État de New York.

Détail des mandats et fonctions

Publication

  • Yitzhak Rabin, Mémoires, Buchet/Chastel, 1980

Dans la culture

Au cinéma
  • Le film Rendez-vous à Atlit de Shirel Amitaï, sorti en 2015. Il raconte les espoirs de paix d'une famille juive à travers les personnages de trois soeurs militantes et opposées à la guerre. Dans les dernières séquences du film, elles suivent le discours du 4 Novembre 1995 à la télévision. Émues et réjouies par les propos de Rabin, elles décident d'aller se joindre aux manifestants qui célèbrent son discours, mais alors qu'elles chantent dans la voiture, elles remarquent que de nombreux automobilistes se sont arrêtés sur le bas côté. Elles allument l'autoradio et entendent l'annonce de l'assassinat de Yitzhak Rabin. Choquées et en larmes, elles sortent du véhicule et déambulent en croisant du regard de nombreuses personnes visiblement abattues.
  • Amos Gitaï : Le Dernier Jour d'Yitzhak Rabin, sorti en France le , en DVD 2016.
  • Le film Incitement, de Yaron Zilberman, a pour sujet les causes de l'assassinat d’Yitzhak Rabin par Yigal Amir.
Dans la musique
  • Yves Duteil rend hommage à Yitzhak Rabin en 1997 dans sa chanson Grand-Père Yitzhak.
  • Dans la chanson Branleur[5], le rappeur Vald dit :

« Mais quand vas-tu prendre ta vie en main ?
Rendre ta mère ravie, te mettre à taffer ?
Au lieu de tenter de ressusciter Yitzhak Rabin. »

  • Dans la chanson Des hommes de paix, le groupe de reggae français Danakil lui rend hommage en lui consacrant un couplet.

Notes et références

  1. Uri Avnery, The Real Rabin, Ma'ariv.
  2. Yitzhak Rabin – from soldier to Nobel Peace Prize Laureate Dadalos
  3. Le 28 juin 1967. Lire en ligne.
  4. « Rabin et le mystère de la 3e balle », site de TF1-LCI, 4 novembre 2005.
  5. (en) Vald – Branleur (lire en ligne)

Liens externes

  • Portail de la politique
  • Portail sur le conflit israélo-arabe
  • Portail du prix Nobel
  • Portail d’Israël
  • Portail de la paix
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.